Hier à 12h15, l’armée atlantico-ukrainienne a lancé 5 missiles américains ATACMS sur les plages de Sébastopol. Un dimanche d’été. Plus de 150 personnes touchées dont une trentaine d’enfants, heureusement seulement 4 morts. Quatre missiles ont été interpelés par le système de défense aérienne russe, un a explosé en vol, il contenait des sous-munitions pour toucher un maximum de civils. Voici la réponse apportée au « plan de paix » de Poutine. Il va bien falloir à un moment donné accepter cette réalité.
Les pays atlantistes ne veulent pas de la paix, ils veulent la victoire. Ce qui implique la disparition au moins politique de la Russie, sinon physique. Hier, les États-Unis ont frappé les plages de Crimée, site stratégique militaire bien connu. Selon le communiqué publié hier par le ministère russe de la Défense :
« Aujourd’hui, à 12h15, une attaque terroriste délibérée a été menée contre la ville de Sébastopol par cinq missiles opérationnels et tactiques américains ATACMS équipés d’ogives à fragmentation.
Lors du refoulement de l’attaque de missiles par les forces de défense aérienne en service, quatre missiles américains ATACMS ont été interceptés. L’explosion de la tête à fragmentation du cinquième missile américain dans les airs a fait de nombreuses victimes parmi les civils à Sébastopol.
Toutes les missions de vol des missiles opérationnels et tactiques américains ATACMS sont saisies par des spécialistes américains sur la base de données de reconnaissance satellitaire américaines.
Par conséquent, la responsabilité de l’attaque délibérée de missiles contre des civils à Sébastopol incombe principalement à Washington, qui a fourni ces armes à l’Ukraine, ainsi qu’au régime de Kiev, depuis le territoire duquel cette attaque a été lancée. »
Des familles sur la plage le dimanche, 27 enfants touchés. Comme on peut le voir, il s’agit des « cibles militaires stratégiques » dont l’Ukraine et l’Occident nous parlent.
Comme le déclarent les autorités russes, que ce soit le Kremlin ou le ministère de la Défense :
« De telles actions ne resteront pas sans réponse. »
L’ambassadrice des États-Unis a été convoquée au ministère des Affaires étrangères ce matin, où il lui a été signifié, que les États-Unis étaient considérés comme devenus partie au conflit et qu’ils portaient une responsabilité égale à celle de Kiev dans ce crime.
Puis nous entrons dans le registre macronien tristement (pour nous) célèbre du « en même temps ». Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov déclare, d’une part, que la Russie comprend qui est derrière les attaques contre la Crimée et que cela ne pourra rester sans réponse, sans oublier que la doctrine nucléaire de la Russie est en cours de modification pour tenir compte des nouvelles réalités. D’autre part, il fait cette réponse surprenante :
« La proposition de paix de Poutine reste en vigueur après l’attaque des forces armées ukrainiennes contre Sébastopol. »
Si l’on part du principe qu’un porte-parole porte effectivement la parole et ne la crée pas, cela veut dire que pour des raisons particulièrement obscures (en France l’on dirait « complexes »), ni le discours, ni la ligne politique au sommet de l’État n’ont changé, même après la réponse sanglante apportée au « plan de paix » de Poutine.
Même si les élites dirigeantes russes sont prêtes à discuter de paix, sans très bien savoir avec qui d’ailleurs, ce n’est pas forcément la peine de le crier sur tous les toits, surtout dans ces conditions. Une autre formulation, plus floue, n’aurait-elle pas pu être trouvée, que cette grosse Bertha médiatico-diplomatique du « on est toujours prêts à négocier » ? Surtout si réellement vous voulez avoir une chance de conduire des négociations, qui vous soient favorables, un peu plus de retenue serait la bienvenue.
Par ailleurs, pour être convaincant, le changement de discours doit s’accompagner d’un changement d’axe politique. Soit il s’agit d’une opération militaire pour « sécuriser une zone » et mettre en place une parodie étatique en Ukraine (dans ce cas on discute, avant de se reprendre des missiles sur la tête), soit il s’agit de la libération de la Terre russe (dans ce cas on donne confiance à ceux qui se battent pour elle, donc on ne les négocie pas).
Il est évident que la réponse à apporter à ces actes doit l’être sur le front. Les déclarations, même tonitruantes, n’effaceront pas la dette de sang. Pour autant, le discours politico-médiatique doit être, lui aussi, adapté aux nouvelles réalités. Il semble de plus en plus décalé et faible. Combien de fois n’a-t-on pas entendu « cela ne restera pas sans réponse », combien de fois a-t-on entendu prononcer cette étrange formulation des tirs en « réponse » comme s’il n’y avait pas de stratégie militaire, combien de « lignes rouges » – délavées avec le temps ? Le problème est-il rhétorique ou politique ?
Si une réponse est annoncée, elle doit être compréhensible et dissuader de devoir être utilisée une seconde fois. Si une ligne rouge est tracée, elle doit être défendue pour être effectivement infranchissable. Sinon, les déclarations politico-médiatiques ne participent pas de la stratégie de dissuasion, au contraire elles affaiblissent leur auteur. Autrement dit, s’il n’est pas possible de faire ce dont on menace, il vaut mieux se taire. Car face à ces atermoiements, on voit le discours politico-médiatique dangereusement se polariser entre les deux extrêmes du « négocions la paix » et de la fantasmagorie de la guerre nucléaire. Pourtant, c’est entre ces deux radicalités, que l’on trouve tout un panel politique à développer. Mais pour cela, il doit s’appuyer sur une véritable volonté politique et vision stratégique à long terme. Une vision nationale et étatique.
En attendant, Sébastopol et la Crimée sont en deuil aujourd’hui. Et avec eux toute la Russie. Et avec nous, tous ceux qui espèrent la fin de cette dictature atlantiste criminelle et sanglante. Et nous sommes légion.