II. La fausse bannière réversible et le complot piraté
La fausse bannière réversible
D’une certaine manière, la thèse Inside Job, qui dénonce le 11 Septembre comme une opération sous fausse bannière, fonctionne elle-même comme une fausse bannière, dans la mesure où elle cherche à exacerber l’anti-américanisme tout en protégeant les vrais maîtres d’œuvre de l’opération, qui appartiennent réellement à une autre nation. C’est cette constatation qui nous amène à formuler un nouveau paradigme pour comprendre le 11 Septembre. Ce nouveau paradigme est celui de la « double fausse bannière », ou de la « fausse bannière réversible », présentant, cousu sous le mensonge primaire, un second mensonge, destiné à ceux qui s’aviseraient de soulever un coin du premier.
L’un des buts de la manœuvre est de forcer les dirigeants américains à faire semblant de croire au masque de Ben Laden, sachant que soulever ce masque ferait apparaître un second masque portant les traits de l’Oncle Sam, et que, n’ayant plus la maîtrise des médias, ils n’auraient pas les moyens de soulever ce second masque pour faire apparaître le visage du vrai coupable. Ils seraient morts politiquement avant même d’essayer.
Mais contrôler la pensée dominante et la gauche contestataire traditionnelle ne suffit pas. Il faut encore contrôler le mouvement 9/11 Truth. Il apparaît que ce dernier n’a pas été simplement infiltré et contaminé, mais organisé et orienté dès le départ par les comploteurs sionistes eux-mêmes. Tandis que les grands médias corporatifs défendent mordicus la thèse officielle Al-Qaïda, l’opposition contrôlée s’en tient strictement à la thèse du complot interne (inside job). Israël, qui contrôle l’un et l’autre, exerce ainsi sur les plus hautes autorités états-uniennes un chantage pour les forcer à couvrir leur crime. Chacun comprend l’enjeu : si un jour, sous la pression de l’opinion publique ou pour tout autre impératif, les grands médias décident d’abandonner la thèse officielle, la contestation populaire, massivement mobilisée autour du slogan « 9/11 was an inside job », se déchaînera contre son propre gouvernement, et Dieu sait ce qu’il adviendra des États-Unis si, entre-temps, le gouvernement n’est pas parvenu à désarmer ses citoyens à coup d’opérations psychologiques du type Sandy Hook. Le gouvernement américain n’a donc d’autre choix que de défendre à tout prix la thèse d’Al-Qaïda. Le chantage repose essentiellement sur le pouvoir médiatique détenu par les sionistes, pouvoir dont l’ampleur se mesure au fait que nul n’ose l’évoquer publiquement.
En formulant ce paradigme de la fausse bannière réversible, je ne prétends pas apporter une révolution copernicienne en « 11-septembrologie ». Je ne fais que synthétiser sous un concept simple des observations et déductions que d’autres ont émises bien avant moi (comme l’idée d’opposition contrôlée). Le concept n’est qu’un moyen d’englober ces observations dans une vue d’ensemble cohérente. Mais je crois que c’est aussi une représentation adéquate du plan élaboré par les cerveaux de l’opération. Mettons-nous à leur place. Imaginons qu’un réseau sioniste veuille mettre au point une opération sous faux drapeau pour attirer les États-Unis dans une guerre de civilisations au profit d’Israël. Ont-ils les moyens de tromper l’énorme machine du Renseignement américain ? Non. Mais ils ont les moyens de tromper l’opinion publique par leur contrôle des médias, et ils peuvent s’arranger pour obliger suffisamment de dirigeants américains (à la Maison Blanche, au Pentagone, au Département d’État, au Conseil de Sécurité) à faire semblant d’y croire. Du moins pendant un certain temps. C’est à cette fin qu’ils placent soigneusement le drapeau US sous la bannière d’Al-Qaïda, comme un double voile autour du vrai coupable. De la sorte, quiconque se risquerait à arracher le voile extérieur portant le portrait de Ben Laden, ferait d’abord apparaître le portrait des Bush, Rockefeller et autres boucs émissaires WASP, tandis que la vraie bannière israélienne (le portrait de Netanyahou) resterait protégée. Pour les dirigeants américains, ce serait comme ouvrir la Boite de Pandore. Les Bush et les Rockefeller le comprennent mieux que quiconque. L’opposition contrôlée du premier type (Amy Goodman), ainsi que l’opposition contrôlée du deuxième type (Alex Jones) leur rappellent constamment que leur portrait se trouve juste dessous celui de Ben Laden. Cela explique pourquoi les éléments incriminant le président Bush et sa famille, mais aussi le Pentagone, la CIA et d’autres instances du pouvoir, sont inscrits dans le plan au même titre que les éléments incriminant Ben Laden (et ses prétendus soutiens saoudiens). Les adhérents sincères à la thèse Inside Job prennent ces éléments pour argent comptant, sans réaliser l’énormité des maladresses qu’ils supposent de la part des coupables visés. Mais, sous sa forme simple, la thèse Mossad Job reste elle aussi impuissante à les expliquer de manière convaincante.
Pour résumer, la fausse bannière réversible est utilisée par les médias de trois manières : les médias de masse ne montrent que la face Al-Qaïda ; le mouvement 9/11 Truth sous contrôle montre l’autre face, qui porte les couleurs américaines ; entre les deux, les médias alternatifs de type chomskien affichent la face Al-Qaïda, mais retournent épisodiquement un coin en menaçant d’en montrer plus.
Israël au sens large
L’idée générale étant formulée, il reste à définir de façon plus précise le nouveau paradigme, afin d’éclaircir certains points. Tout d’abord, qu’entend-on par « Israël » ? Il est bien connu que la judéité est une notion à deux faces, religieuse et ethnique : pile, les juifs forment une communauté religieuse, face, les juifs forment un peuple, une nation, voire une race. Cela dépend du vent. De la même manière, Israël est un concept ambivalent : jusqu’en 1947, Israël était une désignation courante de la communauté juive internationale, par exemple lorsque le Daily Express britannique du 24 mars 1933 publia en première page un article intitulé « la Judée déclare la guerre à l’Allemagne », proclamant que « l’ensemble d’Israël à travers le monde s’unit pour déclarer une guerre économique et financière sur l’Allemagne [1] ». Mais en mai 1948, les sionistes donnèrent à la « nation juive » dont ils proclamèrent l’existence en Palestine le nom d’Israël, donnant de facto à ce terme un autre sens. Les deux notions (l’Israël national et l’Israël international) se rejoignent par le fait que tout juif est virtuellement citoyen d’Israël, puisqu’il suffit qu’il en fasse la demande pour l’être réellement. De plus, selon un sondage de 1991, les juifs américains font d’Israël l’un des deux principaux repères de ce que signifie pour eux « être juif », juste après la mémoire de l’Holocauste, avant Dieu ou la Torah [2].
Au sens large, très répandu parmi la communauté juive, Israël réunit donc tous ceux qui, par leurs origines familiales, se sentent « éternellement » ou « inconditionnellement » attachés à Israël. Israël est ainsi une patrie de cœur et non seulement une citoyenneté administrative. Mais lorsque nous attribuons les attentats du 11 Septembre à « Israël », nous visons une réalité intermédiaire entre le sens strict (l’État hébreux) et le sens large (la communauté juive mondiale). Nous n’incluons pas les « juifs du quotidien », mais seulement l’élite qui, au nom d’un rôle représentatif qu’elle s’est arrogé, défend l’intérêt d’Israël de par le monde. Dans ce sens, les 52 organisations représentatives juives américaines, ainsi que la Conference of Presidents of Major American Jewish Organizations qui les coordonne, font partie d’Israël, dans la mesure où elles sont ouvertement dévouées à la défense d’Israël –par exemple quand elles combattent l’antisionisme en le nommant antisémitisme.
De ce point de vue, Israël a deux capitales mondiales : Tel-Aviv et New York. Jacob Neusner compare la communauté juive américaine (american jewry) à celle de Babylone, qui demeura pendant un millénaire le centre du judaïsme universel, et le lieu de rédaction du premier Talmud. Il est bien connu qu’au début du XXème siècle, bien que la presse yiddish embrassât avec enthousiasme la cause sioniste, la majorité des juifs américains se montraient plutôt réservés, estimant qu’Israël se portait très bien sous la forme d’une nation dispersée par le monde, et n’ayant aucune envie d’émigrer en Palestine comme l’exigeait la doxa sioniste. Puis, dans les années 50, « un compromis s’est installé entre l’État juif en Israël et l’État juif en Amérique », selon l’expression de Benjamin Ginsberg [3]. Mais ce n’est qu’après la Guerre des Six jours de 1967 que les juifs américains se mirent à soutenir activement et ostensiblement Israël, et beaucoup de juifs américains peuvent se reconnaître dans le commentaire du rabbin Abraham Joshua Heschel, que jusqu’à ce jour, « je ne savais pas à quel point j’étais juif [4] ». De leur côté, les sionistes reconnurent pleinement la légitimité de servir Israël tout en résidant ailleurs.
Aujourd’hui, il y a peu de différence, au niveau des élites, entre juifs américains et juifs israéliens quant à leur loyauté envers l’ « État juif » (comme Israël se définit par sa Constitution). Beaucoup d’Israéliens se sentent très proches des États-Unis, et y font de fréquents séjours. Par exemple, Benjamin Netanyahou, petit-fils d’un rabbin émigré de Lituanie en Palestine en 1920 et fils d’un militant sioniste (Ben Zion Netanyahu, né Mileikowsky), a vécu, étudié et travaillé principalement aux États-Unis de 1960 à 1978, excepté durant son service militaire. Il a publié aux États-Unis dans les années 1980 (International Terrorism : Challenge and Response en 1982 et Terrorism : How the West can Win en 1986), et apparaissait régulièrement sur CNN dans les années 1990, contribuant à transformer cette chaîne en instrument de propagande sioniste [5]. Inversement, de nombreux juifs américains sont des Israéliens de cœur et ont la double nationalité. C’est le cas d’un nombre significatif de néoconservateurs de l’administration Bush II, qui ont de la famille en Israël ou y ont résidé eux-mêmes. Certains sont ouvertement proches du Likoud, et plusieurs ont même conseillé officiellement Benyamin Netanyahou.
Rappelons que le néoconservatisme est un mouvement politique américain fondé par des intellectuels juifs issus pour la plupart de l’extrême gauche, mais devenu au début des années 70 de fervents défenseurs de l’impérialisme et du militarisme américain. Le journal qui leur servit à répandre leurs idées, Commentary, est l’organe de presse de l’American Jewish Committee. Irving Kristol, ancien trotskiste devenu l’intellectuel phare du néoconservatisme, écrit en 1973 dans la revue de l’American Jewish Congress :
« Les juifs n’aiment pas les gros budgets militaires, mais il est maintenant dans l’intérêt des juifs d’avoir un grand et puissant appareil militaire aux États-Unis. [...] Les juifs américains qui se préoccupent de la survie de l’État d’Israël doivent dire “non, nous ne voulons pas réduire le budget militaire, il est important de garder un gros budget militaire, afin de pouvoir défendre Israël” [6]. »
C’est dans de telles déclarations destinées aux juifs qu’il faut lire la vraie motivation du néoconservatisme, et non dans le pompeux patriotisme américain qu’ils afficheront ensuite pour la galerie lorsqu’ils auront accédé à des responsabilités politiques.
La duplicité des néoconservateurs est rendue manifeste par un document dont la teneur a été révélée en 2008 par des auteurs tels que James Petras, Stephen Sniegoski ou Jonathan Cook. Il s’agit d’un rapport publié en 1996 par le think tank israélien Institute for Advanced Strategic and Political Studies (IASPS), intitulé A Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm, et adressé au nouveau chef du gouvernement israélien, Benjamin Netanyahou [7]. L’équipe responsable de ce rapport était dirigée par Richard Perle et incluait Douglas Feith, David Wurmser et son épouse israélienne Meyrav Wurmser. Or la même année, ces hommes signaient aux États-Unis le manifeste fondateur du PNAC (Project for a New American Century) et, quatre ans plus tard, ils se positionneraient à des postes clés de la politique militaire et étrangère étasunienne. Comme son titre l’indique, le rapport Clean Break invite Netanyahou à rompre avec les accords d’Oslo de 1993, qui engagent Israël à restituer les territoires occupés depuis 1967 et à démanteler les colonies illégales. Le nouveau Premier ministre devrait au contraire « consacrer toute l’énergie possible à la reconstruction du sionisme » en réaffirmant le droit d’Israël sur la Cisjordanie et la bande de Gaza.
Le problème principal du paradigme Inside Job, c’est qu’il ignore totalement la loyauté israélienne des néoconservateurs. Webster Tarpley, par exemple, voit en eux des « taupes » d’un « gouvernement invisible » contrôlé depuis Wall Street, alors qu’ils sont, à l’évidence, des taupes d’un gouvernement étranger (qui est aussi, d’une certaine manière, un gouvernement invisible logé aux États-Unis, mais contrôlé depuis Tel-Aviv). Le seul gouvernement étranger que détecte Tarpley parmi les comploteurs du 11 Septembre, c’est la Grande-Bretagne (sans la moindre preuve) :
« Le service secret étranger qui a apporté le plus gros soutien indirect au 11-Septembre est indiscutablement le MI-6 britannique [8]. »
Certes, les néoconservateurs ne sont pas tous juifs : ils ont des alliés à leur solde parmi les goyim, comme Dick Cheney et Donald Rumsfeld, qui les ont introduits dans la Maison Blanche et le Pentagone, ou encore John Bolton au Département d’État. Ils emploient aussi quelques intellectuels goyim de façade, comme Samuel Huntington, à qui l’on attribue la paternité du concept de « choc des civilisations », parce qu’il aurait été plus difficile à vendre sous le nom de son véritable inventeur, Bernard Lewis. Néanmoins, il n’échappe plus à aucun observateur attentif que les néoconservateurs sont des idéologues crypto-sionistes qui avancent sous le masque de l’hégémonisme américain, mais qui en réalité œuvrent pour le Grand Israël.
Les néocons et les Bush
La véritable loyauté des néoconservateurs étant comprise, il reste encore à comprendre leur relation complexe avec les Bush, pour élucider le mystère du 11 Septembre. Le paradigme classique ne fait aucune différence entre ces deux clans. Mais la vérité historique est que les Bush et les néoconcervateurs sont rivaux depuis toujours. Nous aimons nous représenter le monde avec tous les méchants du même côté et les bons de l’autre. Mais il n’est pas nécessaire d’éprouver de la sympathie pour les Bush ou les néoconservateurs pour comprendre la nature de leur inimitié.
Elle remonte à la présidence de Bush père, qui fut perçue, non sans raison, comme hostile à Israël. Mais déjà avant cela, Bush avait appris à se méfier des néonconservateurs. Durant son passage à la direction de la CIA en 1976 (sous le président Ford), il avait observé comment Richard Pipes et Paul Wolfowitz avaient réussi à doubler la CIA pour produire, avec leur Team B, un rapport alarmiste de la menace soviétique destiné à empêcher tout apaisement de la Guerre froide. Lorsqu’il était vice-président de Reagan, Bush avait encore pu observer leur mainmise sur la politique extérieure ; il les surnommait the Crazies [les fous, NDLR]. Lorsqu’il succéda à Reagan, il se débarrassa d’un grand nombre d’entre eux. Et après l’opération Desert Storm contre l’Irak en janvier 1991, il refusa de céder à leur pression d’envahir l’Irak. Cette même année, Bush résista à une campagne du lobby israélien réclamant une aide de 10 milliards de dollars pour l’immigration en Israël de juifs venus de l’ancienne URSS. Il se plaignit dans une conférence de presse télévisée le 12 septembre que « mille lobbyistes juifs sont montés au Congrès contre pauvre de moi », ce qui provoqua la réaction scandalisée du directeur exécutif de l’AIPAC Tom Dine : « Le 12 septembre 1991 restera un jour d’infamie [9]. » Mais surtout, Bush et son secrétaire d’État James Baker mirent fin à la politique pro-Israël de Reagan, peu regardante sur l’expansionnisme israélien. Au lendemain de la Guerre du Golfe, ils coordonnent la Conférence de Madrid, première tentative de la communauté internationale d’engager un processus de paix au Proche-Orient, en impliquant la Syrie, le Liban, la Jordanie et les Palestiniens. Aux yeux d’Israël, Bush et Baker se montrèrent beaucoup trop réceptifs aux propositions arabes. Pour toutes ces raisons, le lobby pro-Israël sabota les chances d’un second mandat de Bush et soutint le candidat démocrate Bill Clinton (exactement comme il avait saboté les chances de Jimmy Carter contre Reagan).
Non seulement Bush père apparaît aux néoconservateurs comme anti-Israël, mais en plus, il se montre très pro-Saoud. Or l’Arabie Saoudite est depuis toujours l’ennemi le plus redoutable d’Israël, précisément parce qu’elle est l’allié le plus fidèle des États-Unis, et par conséquent l’État du Moyen-Orient que les Américains protégeront coûte que coûte de tout « printemps arabe » ou autre manœuvre de déstabilisation. Il est vrai qu’Israël a réussi à exploiter à son avantage, sur la scène internationale, l’islamisme wahhabite financé par les Saoud. Il est vrai également que l’Arabie Saoudite a toujours joué un rôle ambivalent, souvent plus préoccupée d’affaiblir ses rivaux musulmans, l’Égypte et l’Iran, qu’Israël. Et l’on parle aujourd’hui de son possible rapprochement avec Israël. Mais c’est là le résultat récent et fragile de bientôt quinze ans de bouleversements géostratégiques. Fondamentalement, et en tout cas jusqu’au 11 Septembre, l’Arabie Saoudite et le jihadisme qu’elle exportait étaient fondamentalement anti-Israël. Israël et l’Arabie Saoudite, terres saintes respectivement du judaïsme et de l’islam, sont deux ennemis qui se disputent l’amitié des États-Unis, depuis le jour où le président Truman, en reconnaissant Israël en 1948, trahit la promesse écrite de Roosevelt au roi Ibn Saoud de ne rien faire « qui pourrait s’avérer hostile au peuple arabe [10] ». Depuis cette époque, Israël a pour objectif de corroder l’alliance des États-Unis avec tous les pays arabes, et en premier lieu avec l’Arabie Saoudite, avec l’espoir de se retrouver un jour dans la position de leur unique allié dans ce secteur.
- Harry Truman recevant un rouleau de la Torah des mains du premier président d’Israël Chaim Weizman
Il est intéressant de citer ici ce que Isser Harel, le « père du Renseignement israélien », a dit à Michael Evans dans une interview de 1980, qu’Evans évoqua dans un éditorial du Jerusalem Post publié le 30 septembre 2001, et à nouveau dans une interview avec Deborah Caldwell en 2004 :
« Il m’a dit que l’Amérique avait développé une alliance avec deux pays, Israël et l’Arabie Saoudite, et que l’alliance avec l’Arabie Saoudite était dangereuse et finirait par engendrer une tolérance pour le terrorisme chez les Américains. Il a dit que si cette tolérance persistait, les fondamentalistes islamiques finiraient par frapper l’Amérique. J’ai demandé : “Où ? ” Il m’a dit : “Dans la théologie islamique, le symbole phallique est très important. Votre plus gros symbole phallique est New York City et le plus haut bâtiment sera le symbole phallique qu’ils frapperont.” »
En partageant cette conversation au lendemain du 11 Septembre, Evans, un fervent chrétien sioniste, espère faire passer Harel pour un prophète, mais le lecteur moins mystique en tirera une autre conclusion (surtout s’il a quelques notions de théologie islamique) [11].
Les relations triangulaires entre les États-Unis, Israël et l’Arabie saoudite éclairent la relation entre les néoconservateurs et les Bush. Le clan Bush a cherché à renforcer l’alliance avec l’Arabie Saoudite, et s’est placé à la tête du camp pro-Saoud dans l’administration américaine, tandis que les néoconservateurs représentent le camp pro-Israël. Ces deux camps s’affrontent à de multiples niveaux, tant au département d’État que dans les services de Renseignement. Chacun tente d’affaiblir l’alliance que l’autre tente de renforcer. Chacun a sa propre vision du « Nouvel Ordre mondial » souhaité. Celui qu’envisageait Bush dans son fameux discours de septembre 1990 est fondé sur un axe Washington-Riyad, tandis que celui pour lequel intriguent les néoconservateurs est un axe Washington-Tel-Aviv. Ce sont deux projets géopolotiques qui s’affrontent.
N’oublions pas, d’ailleurs, que Bush prononça son discours du 11 septembre 1990 après avoir libéré le Koweit et refusé d’envahir l’Irak : il se posait en protecteur des souverainetés nationales. Nous ignorons qui a soufflé à Bush l’expression « Nouvel Ordre mondial », qu’Alex Jones et ses émules ont ensuite remplie d’un fatras de clichés conspirationnistes. Mais nous savons qui a inventé cette expression : c’est le géopoliticien Robert Strausz-Hupé, en 1957, dans le premier numéro de sa revue Orbis, qui deviendra l’un des creusets du néoconservatisme, lorsque Richard Pipes en deviendra rédacteur en chef en 1986. Strausz-Hupé assimilait ce Nouvel Ordre mondial destiné à « enterrer les États-nations » à « l’empire universel américain » :
« L’empire américain et l’humanité ne seront pas opposés, mais simplement deux noms pour un même ordre universel sous le signe de la paix et du bonheur : Novus orbis terranum (Nouvel Ordre Mondial) [12]. »
Maintenant que vous voyons clair dans le double jeu des néoconservateurs, nous comprenons mieux la duplicité ironique de ce discours. Toute la ruse du sionisme consiste à chevaucher et exciter le cheval de l’impérialisme américain tout en lui laissant croire qu’il galope de son plein gré, jusqu’à ce qu’un jour il tombe mort d’épuisement pour laisser Sion maître du jeu. C’est d’ailleurs pourquoi les néoconservateurs ont préféré l’expression « Nouveau Siècle américain » en 1996. Mais dans leur Déclaration de Jérusalem de 2003, signée par Richard Perle, ils ont inscrit leur détermination à faire d’Israël « le centre d’une nouvelle unité des nations, qui mènera à une ère de paix et de prospérité, annoncée par les prophètes [13] ». « Nouveau Siècle américain » est la fausse bannière patriotique dont se drapent les crypto-sionistes néoconservateurs, tandis que « Nouvel Ordre mondial » est la fausse bannière qu’agite la sphère complotiste sous contrôle sioniste. C’est un slogan antimondialiste du même type que « McWorld [14] », destiné à détourner l’attention du seul projet mondialiste porté par une élite cosmopolite et fondé sur une idéologie millénaire, et à préserver ainsi l’invisibilité dans laquelle réside une large part de sa puissance.
Étant donné l’hostilité réciproque entre Bush père et les crypto-sionistes néoconservateurs, comment expliquer que ces derniers aient investi l’administration de Bush fils en 2001 ? La réponse courte à cette question est : Dick Cheney. C’est lui qui, après s’être imposé comme vice-président, a introduit les néoconservateurs, contre l’avis du clan Bush [15]. Plus importante est la question : comment les néoconservateurs ont-ils réussi à contrôler entièrement Bush Junior, au point de l’isoler de son propre clan ? Je l’ignore, mais il est probable que les événements du 11 Septembre aient été décisifs. La situation particulièrement ridicule dans laquelle a été placé le Président au moment des attentats – lisant The Pet Goat (La Chèvre apprivoisée) à une classe de primaire en Floride – montre bien qu’il a été écarté du contrôle des opérations. Les interminables dix minutes durant lesquelles Bush reste sans réaction après avoir appris que la seconde tour du WTC venait d’être frappée, rendues fameuses par le film Fahrenheit 9/11 de Michael Moore, sont au 11 Septembre ce que le film de Zapruder est à l’assassinat de Kennedy : le moment où Bush est neutralisé, tandis que son vice-président Cheney prend le pouvoir effectif. On a vu que, de son côté, le père Bush était neutralisé par la menace du scandale de la réunion Carlyle en compagnie de la famille Ben Laden.
Bush à l’école primaire :
Quoi qu’il en soit, il est manifeste qu’à partir du 11 Septembre, l’influence de Bush père et de son équipe sur Bush fils est minimale. Au journaliste Bob Woodward qui voulait savoir s’il demandait conseil à « Poppy », Bush fils répondit en 2004 :
« Ce n’est pas le bon père à qui demander conseil. […] Il y a un père plus haut auquel je fais appel [16]. »
Dans les faits, le Président est devenu le prête-nom des néoconservateurs, qui prennent une revanche spectaculaire sur le premier George Bush en contraignant le second à envahir l’Irak. On peut méditer sur cette extraordinaire ironie de l’histoire, qui sans aucun doute procure aux néoconservateurs une intense satisfaction et une grisante sensation de pouvoir. En 2007 à nouveau, George W. a fait exactement le contraire de ce que recommandait le groupe parlementaire Iraq Study Group formé à l’initiative de son père (et présidé par James Baker), qui prônait le désengagement ; il suit au contraire les conseils du lobby néoconservateur Freedom’s Watch, annonçant en janvier 2007 le déploiement de 20 000 soldats supplémentaires. Thomas Neumann, directeur exécutif du Jewish Institute for National Security Affairs (JINSA), pourra alors se féliciter que l’administration Bush soit « la meilleure pour Israël depuis Harry Truman [17] ».
Le complot piraté
Avec une meilleure compréhension des rapports de force au sein de l’administration Bush Junior, nous avons une meilleure chance de comprendre comment l’opération du 11 Septembre a été montée. Dans sa forme la plus classique, la thèse Inside Job suppose une collusion entre plusieurs groupes d’intérêt : l’opération aurait été conçue un peu pour le pétrole, un peu pour le complexe militaro-industriel ; elle émanerait à la fois des Bush, des Rockefeller, du Pentagone, de Wall Street, de Big Oil, sans parler du puissant lobby saoudien. Avec un tel paradigme, on peut même se donner la satisfaction de ne pas avoir à trancher entre la thèse 2 (Inside Job) et la thèse 3 (Mossad Job) : il suffit d’ajouter Israël dans l’équation. C’est à mon avis une illusion. Une opération d’une telle complexité et d’une telle précision requiert une structure pyramidale très rigide. Elle ne peut être élaborée que par un petit nombre de cerveaux au sommet, tous placés à des postes stratégiques, tous unis par un but unique et une loyauté absolue, mais disposant d’un grand nombre de sayanim de toute confiance, qui prêteront main forte sans poser de question.
L’idée que les Bush aient sciemment coopéré à un complot organisé par les néoconservateurs est peu crédible. Plus généralement, l’idée qu’une opération comme le 11 Septembre puisse impliquer au plus haut niveau une alliance de circonstance entre clans rivaux me paraît hautement improbable. En revanche, il est probable, et même certain, que les conspirateurs ont impliqué un grand nombre de hauts fonctionnaires à leur insu, non seulement parce qu’ils avaient besoin de leur collaboration dans la réalisation de l’opération, mais surtout pour pouvoir s’assurer de leur coopération après l’opération. Et l’on imagine que les comploteurs ont dû en particulier s’assurer qu’ils pourraient contrôler le président Bush et le forcer à avaliser leur version des faits. La difficulté, en effet, est moins la réalisation de l’opération elle-même que l’obstruction à l’enquête : il faut qu’un nombre important de gens, parmi les plus haut-placés, aient intérêt à ce que la vérité ne voit pas le jour, qu’ils comprennent bien que le mensonge officiel sert aussi à les protéger.
L’application la plus simple de ce principe est celle du détournement d’un exercice militaire. Pour réaliser une attaque sous fausse bannière, il suffit de prévoir un exercice militaire qui simule exactement l’attaque que vous voulez accomplir. Le moment venu, on modifie un ou deux paramètres pour que l’attaque soit réelle, ou le paraisse aux yeux des médias. Ceux qui détournent l’exercice de son but ne sont pas nécessairement ses concepteurs ; ils peuvent l’avoir simplement piraté. On sait que le 11 sepembre 2001, le NORAD était occupé à cinq exercices, dont trois, sous les noms de Vigilant Guardian, Global Guardian et Vigilant Warrior, simulaient des détournements d’avion, avec des vols réels et virtuels. Les participants à ces exercices agissent sans connaître la véritable finalité de l’opération. Ce sont des militaires habitués à obéir aux ordres sans poser de question. Certains comprennent après coup qu’on les a utilisés à des fins criminelles, mais ils comprennent simultanément ce qu’ils risquent s’ils soulèvent des objections.
Les exercices du NORAD donnent l’une des clés du mode opératoire du 11 Septembre. Mais ils sont loin de tout expliquer. Il faut peut-être envisager une application plus sophistiquée de ce principe de détournement d’une opération secrète. L’hypothèse à laquelle je pense est celle du « complot piraté » : l’État américain organise une opération sous fausse bannière d’envergure limitée, dans un but limité. Le réseau des néoconservateurs infiltrés dans les rouages de l’État, qui supervise l’élaboration de ce plan ou qui l’a même inspiré, décide secrètement de surenchérir en donnant à l’opération une dimension beaucoup plus grande pour en maximiser l’effet au profit d’Israël. En parasitant une opération inavouable de l’État américain, les comploteurs sionistes forcent ce dernier à jouer le jeu jusqu’au bout. L’idée est de monter dans un bateau que personne ne peut quitter et de s’emparrer de la barre par la force pour changer de destination. Ce scénario du « complot piraté », ou des « complots emboités » (un complot à l’intérieur d’un complot) est un moyen pratique de mettre en œuvre une opération sous double fausse bannière. Il expliquerait l’efficacité avec laquelle les néoconservateurs ont forcé le président Bush et toute son administation à jouer leur script. Les sionistes détiennent les preuves d’un crime doublé d’un mensonge de l’État américain (et les moyens médiatiques de faire éclater le scandale du siècle), et ils s’en servent à la fois pour faire chanter l’État américain et pour détourner les soupçons d’eux-mêmes aux yeux des sceptiques.
Imaginons par exemple que, sur les conseils des néoconservateurs, la Maison Blanche, le Département d’État et le Conseil de Sécurité aient décidé d’en finir avec le régime taliban d’Afghanistan, en mettant un attentat sur le dos de leur hôte Oussama Ben Laden (en plus, cela rendra service aux Saoud, qui cherchent à ce débarrasser de ce mouton noir). Pour justifier une chasse à l’homme en Afghanistan, un seul détournement d’avion par des pirates suicidaires d’Al-Qaïda suffit. (Accessoirement, pour faire d’une pierre deux coups, l’attaque, simulée par un missile dans le Pentagone, tuera les 34 experts du Resource Service de Washington qui, dans leurs bureaux de la face Est s’efforçaient de découvrir qui avait volé les 2,3 trillions de dollars manquant dans les comptes du Pentagone pour l’année 2000 ; et, par une belle démonstration de chutzpah, on prétendra que l’un de ces experts, Bryan Jack, mourra à son bureau… parce qu’il se trouvait dans l’avion AA77 qui s’y écrasa [18].)
L’opération n’intéresse pas en soi les néoconservateurs. Qu’ont-ils à faire de Ben Laden et de l’Afghanistan ? Ce qu’ils veulent, c’est une nouvelle guerre contre l’Irak, puis un embrasement du Moyen-Orient conduisant à l’émiettement de tous les ennemis réels ou potentiels d’Israël (les fameuses sept nations, dont l’Afghanistan ne fait pas partie). Ils vont donc, avec l’aide de leurs super-sayanim new-yorkais, donner à l’opération l’envergure qu’ils souhaitent, en prenant tout le monde par surprise. Pour déclencher une guerre de civilisation contre le Moyen-Orient, un avion crashé contre le Pentagone et quelques dizaines de morts ne suffisent pas : il faut quelque chose de beaucoup plus dramatique, comme l’explosion des Tours jumelles et 5 000 morts annoncés. C’est justement l’occasion de régler le problème du désamiantage des Tours jumelles, qui aurait coûté près d’un milliard de dollars par une méthode moins expéditive [19]. Larry Silvertein, Frank Lowy, Lewis Eisenberg et Jeffrey Greenberg sont sur le coup. Grâce à la complicité des médias, les néoconservateurs raflent ainsi la mise face aux petits joueurs que sont George W. Bush, Colin Powell et Condoleeza Rice. Ceux-là n’ont plus qu’à garder la face, embarqués malgré eux dans une machination géopolitique de portée mondiale. Bush se trouve contraint de cautionner l’invasion de l’Irak que son père avait refusée aux sionistes dix ans plus tôt. Une intervention contre l’Iran, sous le même faux prétexte d’armement nucléaire, est aussi au programme. Tous les goyim de l’administration sont pris par surprise, sauf Cheney. (Je doute que Rumsfeld ait annoncé la perte de 2,3 trillions de dollars le 10 septembre, s’il avait su que les experts chargés de les pister mourraient le lendemain ; je crois plutôt que la coïncidence a été planifiée pour l’embarrasser et le placer sous un chantage médiatique.)
L’intervention de Lewis Paul Bremer dans l’après-midi du 11 septembre sur le plateau de NBC est peut-être révélatrice de ce scénario de complot piraté. Rappelons d’abord qui est Bremer : il intervient en tant que président de la National Commission on Terrorism. Mais il est aussi au conseil d’administration de la société d’assurance Marsh & McLennan dirigée par Jeffrey Greenberg, qui occupait les étages 93 à 100 de la tour Nord, c’est-à-dire l’endroit précis où, selon le rapport du NIST (National Institute for Standards and Technology), le Boeing « a fait une entaille de plus de la moitié de la largeur du bâtiment et qui s’étendait du 93ème au 99ème étage. Tous ces étages étaient occupés par Marsh & McLennan, qui occupait également le 100ème étage [20]. » Or, sur NBC, Bremer, apparemment peu affecté par la mort de ses employés (295, officiellement), désigne Ben Laden comme étant « assurément un suspect majeur » (script n°1), mais il ajoute assitôt : « Mais il y en a d’autres au Moyen-Orient, et il y a au moins deux États, l’Iran et l’Irak, qui doivent rester sur la liste des principaux suspects » (script n°2). Puis il déclare que ce jour marque un tournant dans l’histoire : « C’est le jour qui changera nos vies. C’est le jour où la guerre que les terroristes ont déclarée aux États-Unis [...] est venue jusqu’aux États-Unis [21]. » En 2003, Bremer sera promu proconsul à la tête de la Coalition Provisional Authority (CPA) pour superviser le démantèlement des infrastructures du pays sous le prétexte de la « dé-baassification ». Sous sa responsabilité, 9 milliards de dollars disparaîtront en fraudes, corruption et malversations, selon un rapport du Special Inspector General for Irak Reconstruction Stuart Bowen publié le 30 janvier 2005 [22].
Paul Bremer sur NBC (en anglais non-sous-titré) :
[Fin de la deuxième partie]