III. Deux énigmes techniques
Comme je l’ai rappelé en introduction, il existe un faisceau d’indices conduisant à présumer Israël coupable de l’opération du 11 Septembre. Cependant, il y a aussi une objection technique majeure à cette conclusion : même en admettant qu’Israël soit infiltré dans tous les rouages de l’administration étasunienne, y compris au Pentagone, on a peine à imaginer qu’un réseau sioniste ait pu disposer des moyens techniques pour réaliser l’opération. Faisons abstraction du Pentagone, puisque cette partie de l’opération pourrait correspondre à la participation étasunienne. Ignorons également le crash de Shanksville, qui est presque un non-événement. Reste le World Trade Center. Cette partie de l’opération implique, d’une part, deux avions, civils ou militaires, probablement pilotés à distance ; et d’autre part, la démolition contrôlée des deux Tours jumelles, qui suppose une préparation longue et complexe, par un personnel expert nombreux, et l’utilisation d’une quantité énorme de matériaux explosifs. Dans cette troisième partie, nous allons répondre à ces objections, en abordant successivement la question de la démolition contrôlée et celle des avions. Nous aurions pu commencer par là, mais les questions techniques que nous allons aborder nous donneront l’occasion de vérifier la validité du paradigme de la double fausse bannière.
Démolition à la nano-thermite ou explosion nucléaire ?
Penchons-nous d’abord sur la Tour 7 du World Trade Center, un gratte-ciel de 47 étages voisin des Tours jumelles, qui s’est effondré à 5 h 20 de l’après-midi. Sa chute, filmée sous plusieurs angles, s’est produite à la vitesse de la chute libre, en sept secondes, d’une manière parfaitement symétrique et verticale, qui ressemble en tout point à une « démolition contrôlée ». Les médias sont restés si discrets sur ce troisième gratte-ciel que peu de gens ont entendu parler de son effondrement. La FEMA le mentionne dans son rapport de 2002, pour conclure qu’un incendie qui s’y était déclaré a dû provoquer l’effondrement, mais que « Les détails des feux dans la Tour 7 et comment ils ont provoqué l’effondrement du bâtiment restent inconnus à ce jour. […] la meilleure hypothèse n’a qu’une faible probabilité de se produire [1] » ; une formulation étrange qui sonne comme l’aveu embarrassé d’un mensonge.
La question des véritables coupables des attentats du 11 Septembre est intimement liée à la question technique de la méthode employée pour détruire les Tours jumelles. C’est l’arme du crime qui conduit au criminel. Or, l’effondrement de la Tour 7 est une démolition contrôlée classique. Une telle opération requiert des semaines ou des mois de préparation. Elle suppose, dans le cas d’un gratte-ciel à structure d’acier de cette taille, des dizaines de milliers de tonnes de produit explosif placés sur les poutres en acier. Qui a pu préparer le dynamitage de la Tour 7 ? Certainement pas une équipe d’agents secrets du Mossad.
La confirmation de l’usage d’explosifs au World Trade Center est venue en février 2009, lorsqu’une équipe internationale de neufs chimistes menée par les professeurs Niels Harrit de l’université de Copenhague et Steven Earl Jones de l’université Brigham Young (Utah) publièrent, après examen des échantillons de poussière du WTC, un article dans la revue scientifique Open Chemical Physics Journal sous le titre « Active Thermitic Material Discovered in Dust from the 9-11 World Trade Center Catastrophe ». La nano-thermite (ou super-thermite) dont ils ont découvert la trace dans la poussière du WTC est un matériau énergétique de très haute température utilisé pour sectionner des poutres en acier dans les opérations de démolition contrôlée des structures d’acier.
De ces deux éléments – les images de l’effondrement de la Tour 7, et la découverte de nano-thermite sur le site du WTC – Le mouvement 9/11 Truth dans son ensemble conclut que les Tours jumelles ont été détruites par nano-thermite, selon une technique de démolition contrôlée. C’est un raisonnement défaillant. Ce qui est passé sous silence, c’est la différence radicale entre l’effondrement de la Tour 7 et celui des Tours jumelles. Il suffit de regarder les images pour constater que les techniques diffèrent totalement. C’est ce que remarqua l’expert danois en démolition Danny Jowenko, lorsqu’on lui montra les images sans savoir qu’elles avaient été filmées à New York le 11 Septembre 2001 : « C’est une demolition contrôlée. […] C’est un travail professionnel, par une équipe d’expert. » Mais il fait aussitôt remarquer que la chute de la Tour 7 est totalement différente de celle des Tours jumelles [2]. Cette distinction est curieusement occultée dans la plupart des sites de type Reopen911. Elle est pourtant cruciale.
L’expert Danny Jowenko certifie que la Tour 7 a fait l’objet d’une démolition contrôlée :
Certains savants actifs dans la recherche de la vérité prétendent que la nano-thermite explique parfaitement la destruction de la Tour 7, mais possède un pouvoir explosif bien trop faible pour rendre compte de la puissance des explosions observées dans les Tours jumelles et de la pulvérisation en fine poussière de la quasi-totalité de leur béton. La nano-thermite n’est pas à proprement parler un explosif, mais un matériau énergétique ; elle diffuse une intense chaleur, mais pas la pression nécessaire à une véritable explosion. La pile de débris qui reste à la base des tours ne ressemble en rien à ce qu’on observe après une démolition contrôlée. La nano-thermite n’explique pas les températures atteignant 800°C dans les décombres du WTC jusqu’à six mois après le 11 Septembre. Les coulées pyroclastiques de poussière qui se sont engouffrées à grande vitesse dans les rues après l’effondrement, et qui rappellent des images de volcan, indiquent un mélange à haute température de gaz brûlants et de particules solides relativement denses, un phénomène impossible par simple effondrement [3]. La nano-thermite explique encore moins les profonds cratères trouvés sous les Tours jumelles, ainsi que dans la Tour 6, un bâtiment de 8 étages voisin de la Tour Nord, qui présente deux trous inexplicables s’étendant sur toute sa hauteur.
Une démolition « contrôlée » ?
Pour ces raisons et d’autres, plusieurs scientifiques rejettent la thèse de la nano-thermite et se tournent vers l’hypothèse de l’utilisation de mini-bombes à neutrons (mini-nukes) placées près des colonnes centrales des bâtiments [4]. La thèse est cohérente avec le fort pourcentage de résidus de réactions de fusion/fission mesuré dans les décombres (barium, strontium, thorium, uranium, lithium, lanthanum, yttrium, chromium, tritium), et avec le taux élevé de cancers rares (thyroïde, leucémie, myélome multiple) parmi les personnes travaillant sur les décombres, cancers typiques des irradiations.
Il est évident que l’usage de mini-bombes nucléaires tend à renforcer la piste israélienne ; contrairement aux États-Unis, Israël n’a jamais signé le Traité de non-prolifération, et son arsenal nucléaire n’est soumis à aucun contrôle. De plus, ce n’est pas le seul cas dans lequel Israël est soupçonné d’avoir utilisé ce genre de bombes dans une opération sous fausse bannière. Le 12 octobre 2003 à Bali (Indonésie), un engin explosif placé dans une canalisation souterraine détruisit une boite de nuit fréquentée par des Australiens, faisant 187 morts et plus de 300 blessés. L’attentat, mis sur le compte d’islamistes, stoppa net en Australie un puissant mouvement de protestation contre la guerre en Irak. Selon l’investigateur australien Joe Vialls, la force de la déflagration, qui endomagea et mit le feu à 27 bâtiments alentours, est l’indice d’un engin nucléaire, tout comme le fait que 30 personnes ont été totalement vaporisées par l’explosion, et que des centaines d’autres alentours ont reçu des brûlures que les médecins australiens déclarèrent n’avoir jamais vues. Vialls conclut à l’usage d’une bombe à fission au plutonium, qui ne laisse derrière elle que des radiations alpha indétectables par les compteurs Geiger, et il accuse l’État d’Israël [5].
Dans le cas du WTC, une poignée d’individus, en deux ou trois jours seulement, ont pu aisément dissimuler des mini-bombes nucléaires, tous les cinq ou dix étages à proximité des colonnes centrales, et les mêmes personnes ont pu déclencher la séquence d’explosions. Scott Forbes, un administrateur de Fiduciary Trust dont les bureaux se trouvaient dans la Tour Sud, rapporta que durant le weekend précédent les attentats, il y eut une coupure d’électricité pendant 36 heures du 48ème au dernier étage, officiellement pour le remplacement du câblage de la tour. La société a été notifiée trois semaines à l’avance de cette coupure. Rien de tel n’avait jamais été nécessaire depuis la construction des tours.
« Sans électricité, il n’y avait pas de cameras de sécurité, pas de verrous de sécurité sur les portes, et beaucoup, beaucoup d’ “ingénieurs” allant et venant dans la tour [6]. »
Un weekend a pu suffire pour placer quelques centaines de bombes nucléaires pas plus grosses qu’une pomme. En revanche, la démolition des mêmes Tours jumelles par de la nano-thermite aurait nécessité des centaines de gens travaillant pendant des mois, faisant des dégâts à tous les étages pour fixer les explosifs sur les colonnes centrales. Le professeur Neils Harrit a estimé la quantité nécessaire de nano-thermite entre 29 000 et 144 000 tonnes. L’estimation minimale aurait demandé plus d’un millier de camions, dont le simple déchargement aurait mobilisé une équipe à plein temps pendant plus d’un mois. La discrétion, dans ces conditions, est purement et simplement inconcevable.
Et cependant, la théorie de la « démolition contrôlée » des Tours jumelles par nano-thermite continue d’être promue par les personnalités et les associations les plus en vue au sein du « mouvement pour la vérité sur le 11 Septembre ». La Tour 7 est systématiquement invoquée comme preuve de démolition contrôlée des Tours jumelles, sans que soit jamais soulignée la différence entre l’effondrement de la Tour 7 par le bas et l’explosion des Tours jumelles par le haut. Cela soulève de pénibles questions. Jim Fetzer, fondateur de l’association de savants Scholars for 9/11 Truth, fait l’objet de tentatives de marginalisation au sein du mouvement depuis qu’il s’est prononcé en faveur de l’hypothèse des mini-bombes nucléaires et en a déduit la probable culpabilité d’Israël [7]. Au contraire, Steven Jones, co-fondateur de la même association, récolte un écho beaucoup plus large depuis qu’il s’est séparé de Fetzer pour fonder l’association concurrente Scholars for 9/11 Truth and Justice, qui défend exclusivement la thèse de la nano-thermite.
L’effondrement de la Tour 7 constitue bien la preuve irréfutable qu’il y a une part d’inside job, car la démolition contrôlée est manifeste et ne peut être l’œuvre d’Al-Qaïda. Mais ce qui est moins souvent souligné, c’est que cet événement constitue aussi une énigme, car il est difficile de s’expliquer le mobile de son dynamitage. Si la destruction des Tours jumelles était faite pour choquer l’opinion publique et la préparer à la guerre contre le terrorisme, quel était l’intérêt de dynamiter la Tour 7, qu’aucun avion n’avait heurtée, pour ensuite passer sous silence cet effondrement suspect ? Certains investigateurs soupçonnent que la Tour 7 devait disparaître parce qu’elle avait servi de quartier général aux conspirateurs. Elle abritait en effet l’Emergency Command Center du maire de New York Rudolph Giuliani, ainsi que des annexes du Département de la Défense, de la CIA et du Secret Service. Mais faire disparaître les traces du complot d’une manière aussi ostentatoire paraît pour le moins contradictoire. La Tour 7 logeait également l’Internal Revenue Service et la Security and Exchange Commission, qui détenait tous les dossiers de l’enquête sur ENRON. Or, avant que ses dirigeants fussent mis en examen pour fraude massive, ENRON avait été le plus gros donateur de la campagne de Bush Junior. La destruction de la Tour 7 serait-elle, comme l’explosion au Pentagone, destinée accessoirement à détruire les preuves d’une gigantesque corruption dans laquelle les Bush étaient mouillés ?
Et que dire du timing de la destruction de la Tour 7, sept heures environ après les Tours jumelles ? La démolition était-elle programmée pour la matinée, de sorte à être rendue invisible par le nuage de poussière dégagé juste avant par les Tours jumelles, mais a-t-elle été retardée par un problème technique ? Cette hypothèse est cohérente avec les témoignages de deux fonctionnaires de la ville de New York, Michael Hess et Barry Jennings, qui se trouvaient dans la Tour 7 vers 9 h 15 et y ont ressenti des séries d’explosions [8]. L’hypothèse est aussi cohérente avec le fait que les télévisions rapportèrent l’effondrement de la Tour 7 bien avant qu’il ait lieu. Alan Dodds, correspondant sur place de CNN, rapporta au téléphone à 11 h 07 qu’un pompier venait de lui apprendre qu’un troisième immeuble de cinquante étages s’était effondré ; la Tour 7 ne s’effondrera que 6 heures plus tard. À 16 h 54, Jane Standley, correspondante de BBC World à New York, annonce que la Tour 7 s’est effondrée, alors qu’on la voit debout derrière elle [9]. Richard Porter, directeur de l’information à BBC World, expliquera cette « erreur » par « the chaos and confusion of the day [10] » (le chaos et la confusion de la journée).
Enfin, il y a le fameux témoignage maladroit de Larry Silverstein [loueur des bureaux situés dans les Tours jumelles, NDLR]. Interviewé pour le documentaire de PBS America Rebuilds en septembre 2002, Silverstein déclara au sujet de la Tour 7 :
« Je me souviens avoir reçu un appel du chef du département des pompiers, me disant qu’ils n’étaient pas sûr de pouvoir maîtriser le feu, et j’ai dit : “Nous avons déjà perdu tant de vies, peut-être que la meilleure chose à faire est de le tirer [pull it].” Et ils ont pris la décision de le tirer [pull] et on a regardé le bâtiment s’effondrer [11]. »
Tout cela fait beaucoup d’anomalies. Dans le cadre de notre paradigme de la « fausse bannière réversible », le soupçon naît que ces anomalies sont des « dérapages contrôlés ». La démolition de la Tour 7 apparaît elle-même comme une anomalie dans le scénario, quelque chose en trop, un élément étranger à l’opération sous fausse bannière. Elle a été tenue relativement à l’écart des grand médias, parce qu’elle n’était pas destinée au grand public, contrairement à l’écroulement des Tours jumelles. Autrement dit, elle ne fait pas partie de la bannière Al-Qaïda, mais de la sous-bannière Inside Job. Elle est l’équivalent d’une arme fumante déposée sur la scène du crime par le criminel, avec les empreintes d’un faux coupable, ou plutôt d’un complice qui doit maintenant se charger de la faire disparaître. De ce point de vue, la démolition de la Tour 7 a deux fonctions : d’une part, elle sert d’appât au mouvement contestataire, ou plutôt d’argument à l’opposition contrôlée pour prétendre, par un raccourci fallacieux, que les Tours jumelles ont aussi été détruites par démolition contrôlées. D’autre part, elle sert d’épée de Damoclès suspendue au-dessus d’une série de têtes dirigeantes, à commencer probablement par Rudy Giuliani. C’est la raison pour laquelle ces informations sont occasionnellement diffusées, à dose homéopathique, par les médias sionistes, qui occasionnellement vont lever un coin du voile Al-Qaïda pour faire apparaître un bout du voile US, avec la menace implicite de lever tout le voile et déclencher une crise constitutionnelle majeure, et peut-être une guerre civile.
Illustrons cela par une émission bien connue des 9/11 truthers. Le 13 novembre 2010, le journaliste Geraldo Rivera consacre une partie de son émission Geraldo at Large sur Fox News au 11 Septembre, en donnant la parole au père d’une victime et à un architecte qui contestent la version officielle des faits. Rivera est extrêmement respectueux et s’avoue presque convaincu par leurs arguments. Son programme met justement l’accent sur la Tour 7, dont il nous montre deux fois l’effondrement. Il relaie le témoignage-aveu de Larry Silvertein. Et il insiste lourdement sur le fait que tout cela incrimine le gouvernement américain. Parmi les 9/11 Truthers du monde entier, cette émission a été saluée comme une percée décisive, et a suscité de grands espoirs de voir d’autres chaînes ouvrir le débat. Cependant, quatre ans après, rien n’a vraiment changé. Pourquoi ? Avant de répondre à cette question, il est utile de s’en poser d’autres. En tout premier lieu : comment est-il possible qu’une telle émission soit programmée sur Fox News, qui est la chaîne phare du groupe News Corporation de Rupert Murdoch, sympathisant du Likoud et ami personnel d’Ariel Sharon, la chaîne qui, plus que toute autre, a servi de relais à la propagande guerrière des néoconservateurs ? Qu’il s’agisse d’une bavure est inconcevable. S’il y a une chaîne qui contrôle l’information sur le 11 Septembre, c’est bien la Fox. D’ailleurs, Rivera n’a pas été viré ni même sanctionné. On n’est pas trop surpris d’apprendre à son sujet, dans Wikipedia, que sa mère est issue d’une famille de juifs ashkénazes originaires de Russie et que son éducation a été « essentiellement juive ».
Geraldo Rivera sur Fox News :
En résumé : si vous êtes crédule, vous faites confiance à la thèse officielle et vous croyez que les Tours jumelles se sont écroulées à cause des deux avions de lignes pilotés par des terroristes islamiques, et vous accusez Ben Laden et Al-Qaïda. Si vous êtes sceptique, vous vous renseignez sur les sites conspirationnistes (ou sur la Fox) et vous croyez que les Tours jumelles ont fait l’objet d’une démolition contrôlée par de la nano-thermite, et vous accusez le gouvernement américain en criant Inside Job. Dans les deux cas, vous vous êtes fait avoir. Tel est le principe de la double fausse bannière. Seule une grande détermination, accompagnée du labeur et du courage intellectuels que cela suppose, vous permettra de lever ces deux voiles.
Drones militaires ou avions fantômes ?
Nous allons aborder pour finir la seconde question technique qui divise la communauté des chercheurs sur le 11 Septembre. Et puisque nous venons de parler de Fox News, commençons par évoquer un autre programme du même réseau télévisé. Le 4 mars 2001, la chaîne Fox TV diffusa le premier épisode de sa série The Lone Gunmen, « The Pilot », vu par 13 millions d’Américains. Des pirates informatiques agissant pour le compte d’une cabale interne au gouvernement parviennent à détourner un avion de ligne par commande à distance, et le dirigent droit sur le WTC, tout en faisant croire à un détournement classique par des terroristes islamiques suicidaires, dans le but de déclencher une guerre mondiale contre le terrorisme [12]. Comment interpréter l’incroyable coïncidence de ce scénario avec le scénario favori du mouvement 9/11 Truth pour expliquer les événements ayant eu lieu six mois plus tard ? Un scénariste de la Fox aurait-il essayé d’alerter l’Amérique ? Peu crédible ! Car en effet, la thèse que les avions qui se sont écrasés sur les Tours jumelles ont été piratés électroniquement est presque unanime dans la communauté des chercheurs sur le 11 Septembre. Parce que les listes de passagers se sont révélées largement fictives, cette thèse a progressivement évolué vers l’idée que les drones en question n’étaient pas les avions de lignes remplis de passagers, mais des drones militaires déguisés. La thèse des drones restent cependant la vulgate du mouvement 9/11 Truth. Elle est contestable.
L’épisode prémonitoire de The Lone Gunmen :
Toute personne réinformée a compris qu’aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre 2001, pas plus qu’à Shanksville en Pennsylvanie. La preuve en a été faite par Thierry Meyssan dès 2001 dans L’Effroyable Imposture. Certains vont plus loin et affirment qu’aucun avion ne s’est écrasé sur les Tours jumelles du World Trade Center à New York. Le professeur Morgan Reynolds fit sensation en 2005 en affirmant que les images des crashs, où l’on voit les avions pénétrer entièrement dans les tours comme si leur carcasse et leurs ailes en aluminium léger coupaient les colonnes d’acier, défient les lois physiques. Par conséquent, ces images ne peuvent être que des effets spéciaux assez grossiers. Il n’y aurait pas eu d’avion s’écrasant sur les Tours jumelles. La majorité des 9/11 truthers estiment cette théorie ridicule, et soupçonnent qu’elle ne sert qu’à discréditer la recherche sérieuse. C’est d’ailleurs dans ce but évident que le professeur Reynolds fut invité sur la chaîne Fox News en septembre 2006. J’ai moi-même longtemps pris cette théorie no plane pour une supercherie, avant de prendre le temps d’étudier les arguments et les critiques qu’on leur a opposées.
Il est impossible de résumer ces arguments, car ils reposent sur une analyse des images des crashs. Je conseille vivement à chacun de visionner le film d’Ace Baker intitulé 9/11 American Psy Opera, et tout particulièrement les chapitres 6, 7 et 8, aujourd’hui disponibles avec sous-titres français sur le site d’Égalité & Réconciliation [13]. Baker montre par exemple que, sur les images de Fox 5 diffusées en semi-direct, le nez de l’avion UA175 émerge clairement de l’autre côté de la Tour Sud, comme si ce nez en résine peu résistant (qu’un oiseau suffit à cabosser) avait pu traverser l’acier et le béton des tours sans dommage. Ace Baker nomme cette anomalie, qui n’a jamais été rediffusée : « le nez de Pinnochio ». Les images en question ont été filmées par Kai Simonsen, qui avant d’être embauché par la Fox vendait ses services comme expert en video compositing (synthèse d’images) en temps réel. Baker illustre de façon parfaitement convaincante les techniques infographiques ayant servi à falsifier les images télévisées pour y ajouter des avions.
Le « nez de Pinocchio » vu par Ace Baker (en anglais non-sous-titré) :
Baker a été contredit sur des points de détail mais, à ma connaissance, aucune critique sérieuse n’a invalidé ses arguments clés. Au contraire, de nombreux arguments peuvent être ajoutés à sa démonstration. Ainsi, concernant le premier avion AA11, crashé sur la Tour Nord, l’authenticité de l’unique film du crash, miraculeusement saisi par les frères Jules et Gédéon Naudet et diffusé à la télévision quelques jours après, est mise en doute par de nombreux enquêteurs, pour des raisons techniques aussi bien qu’en raison de soupçons pesant sur l’identité des mystérieux frères Naudet. Autre argument en faveur de la thèse no plane : parmi les huit boites noires des quatre avions prétendument crashés ce jour-là, quatre n’ont officiellement jamais été retrouvées : il s’agit de celles des deux avions censés avoir percuté les Tours jumelles [14].
La principale réticence à admettre la thèse no plane vient du fait que « des milliers » de témoins avaient les yeux fixés sur les Tours jumelles au moment où la seconde a explosé. « S’il n’y avait pas eu d’avion, cela se saurait », dit le sens commun. Répondre à cette objection présuppose quelques recherches sur le pouvoir de manipulation mentale collective de la télévision, ce que Baker ébauche dans son dernier chapitre. Pensons, par comparaison, au vol TWA 800, qui s’écrasa au large de New York le 17 juillet 1996 : 736 témoins ont vu un ou deux missiles se diriger vers l’avion et le percuter ; pourtant, les médias n’ont pas questionné la version officielle de l’incident mécanique, et l’opinion publique s’y est massivement rangée. Or, si le témoignage de quelqu’un qui « a vu » est difficile à ignorer, celui de quelqu’un qui « n’a pas vu » est, presque par définition, sans valeur. Que pèsent quelques milliers de gens déclarant n’avoir pas vu d’avion percuter les Tours jumelles le 11 septembre 2001, face aux plus de deux milliards de gens à travers le monde qui ont vu le second avion en direct en mondovision ? Quelques sayanim déclarant à l’antenne l’avoir vu suffiront largement à étouffer les quelques voix de ceux qui s’obtineront à parler de ce qu’ils n’ont pas vu (et il y en a). Prenons comme exemple le témoignage de Mark Walsh, un employé de la Fox, qui témoigne devant la caméra de la Fox. Il n’a pas seulement vu l’avion s’encastrer dans la Tour Sud et les deux tours s’effondrer ; il a été « témoin de leur effondrement dû à une défaillance structurelle causée par un feu intense [15] ». Combien d’acteurs comme lui peut-on recruter à New York ?
Faut-il croire Mark Walsh de la Fox ? (en anglais non-sous-titré)
S’il est établi que les avions s’encastrant dans les Tours jumelles ne sont que des animations vidéo assistées par ordinateur (et je pense que Baker l’a prouvé), cela modifie radicalement notre interprétation des événements. Car dans ce cas, l’opération n’a nécessité que des complicités très ponctuelles au sein de l’appareil militaire américain. En revanche, elle a nécessité une coordination et un contrôle très serré des grandes chaînes télévisées. Et nous savons très bien quelle communauté organisée contrôle ces grandes chaînes : la même dont font partie Larry Silverstein, Paul Bremer et tous les autres super-sayanim new-yorkais qui ont coordonné la destruction des Tours jumelles.
Les raisons de la marginalisation de la thèse no plane au sein du mouvement 9/11 Truth apparaissent alors clairement. Dès le départ, les concepteurs de l’effroyable imposture du 11 Septembre ont sciemment jeté les bases d’un faux débat destiné à orienter la contestation. C’est ainsi que le film In Plane Site (2004) de Dave von Kleist et William Lewis, qu’on trouvera en français sur Reopen 911 (contrairement au film d’Ace Baker) se focalise sur la question :
« Les avions sont-ils les avions de ligne que prétend la théorie officielle, ou bien des avions militaires ? »
Pour orienter la suspicion vers la seconde solution, ils mettent l’accent sur un flash observé au moment de l’impact, qu’ils expliquent comme un missile tiré par l’avion juste avant l’impact. Cela permet de détourner l’attention de la véritable anomalie, qui se trouve dans les images qui suivent immédiatement, où l’on voit les avions pénétrer dans les tours d’acier comme dans du beurre. De même, si aucun avion n’a percuté les Tours jumelles, pas davantage qu’au Pentagone ou à Shanksville, alors toutes les discussions sur l’échec des défenses aériennes doivent être considérées comme des diversions.
Il est intéressant de noter que la these des « drones militaires » a été subtilement insinuée par Fox News dès la matinée du 11 Septembre, à travers le témoignage d’un autre « employé de la Fox » du nom de Mark Burnback, qui déclara que l’avion crashé dans la Tour Sud « ne ressemblait vraiment pas à un avion commercial. Je n’ai pas vu de fenêtres sur le côté. […] Ce n’était pas un vol normal tel que j’ai pu en voir dans les aéroports [16] ».
Faut-il croire Mark Burnback de la Fox ?
La célèbre série des films Loose Change (2005) contribuera plus encore à orienter le mouvement contestataire vers l’hypothèse des drones subtilisés aux avions de lignes AA11 et UA175, et du même coup sur la piste du complexe militaro-industriel américain. L’un des arguments les plus efficaces des trois jeunes juifs qui ont produit ce film (Dylan Avery, Corey Rowe et Jason Bermas) est un parallèle avec l’opération Northwoods dès le début du film. Il s’agit d’un projet d’opération sous fausse bannière destinée à fabriquer un casus belli mensonger contre Cuba. Le général Lyman Lemnitzer, chairman des Joint Chiefs of Staff, le présenta en 1962 au secrétaire à la Défense du gouvernement Kennedy, Robert McNamara, qui le rejeta. Le projet comportait une vague d’actes terroristes faussement attribués à Cuba et l’explosion au-dessus des eaux cubaines d’un avion charter supposé transporter des étudiants américains en vacances. L’explosion aurait été précédée de messages radio de détresse indiquant une attaque par un chasseur cubain. Les passagers réels auraient été secrètement transférés sur un autre avion, mais des funérailles nationales seraient organisées pour eux. L’opération Northwoods a été révélée au public par James Bamford en mai 2001, dans son livre Body of Secrets [17]. Elle suffit à prouver qu’en 1962 déjà, l’appareil militaire étasunien était capable d’une turpitude analogue au 11 Septembre, du moins en théorie.
L’opération Northwoods présentée dans Loose Change :
Il y a toutefois motif à s’interroger sur l’étonnante coïncidence de la révélation du projet Northwoods par James Bamford quatre mois avant le 11 Septembre, et sur la publicité qu’elle reçut immédiatement sur ABC News. Pour son livre Body of Secrets, James Bamford a bénéficié, nous dit son éditeur, d’ « un accès sans précédent à Crypto City [QG de la NSA], aux officiers supérieurs de la NSA, et à des milliers de documents NSA [18] », tout cela grâce à Michael Hayden, directeur de la NSA de 1999 à 2005. Autrement dit, c’est Hayden qui a fourni à Bamford ses sources, y compris, peut-on supposer, le mémorandum Northwoods. On ne sait où il l’a trouvé puisque ce mémo est censé être la copie retrouvée dans les papiers personnels de Lemnitzer. Qui est Michael Hayden ? Il co-dirige aujourd’hui le Chertoff Group, la société de conseil en sécurité de l’ancien secrétaire à la Sécurité intérieure, Michael Chertoff (fils d’un rabbin et d’une pionnière du Mossad) [19]. Par ailleurs, Hayden, qui en 2001 se montre généreux avec Bamford en documents classifiés, est en 2013 un fervent partisan de l’emprisonnement des journalistes qui fuitent des documents « secret défense ».
On doit donc raisonnablement soupçonner que la publicité autour de Northwoods a été calculée pour pré-conditionner le mouvement contestataire sur le 11 Septembre vers la thèse de l’Inside Job impliquant le Pentagone. Certains vont même jusqu’à soupçonner que le document soit un faux [20]. Après tout, Robert McNamara, à qui il était destiné, a déclaré n’en avoir « absolument aucun souvenir [21] ». S’il est répertorié sur le site du National Security Archive Project de l’Université George Washington [22], c’est uniquement, semble-t-il, parce que Bamford ou Hayden leur ont fourni une copie. Je crois personnellement que ce projet d’opération Northwoods, aujourd’hui universellement connu dans le mouvement 9/11 Truth, n’a jamais existé. Fabriquer de fausses archives secrètes est une pratique aisée et certainement plus courante qu’on ne croit dans la guerre de l’information ; elle est relativement peu risquée, car qui croira celui qui démentira l’authenticité du document fuité ? Il est à noter que Bermas et Avery, qui font si grand cas d’une opération qui, de toute manière, n’a jamais été mise en pratique, ne soufflent mot de l’attaque du USS Liberty, qui, elle, a eu lieu, et traitent d’antisémite toute personne évoquant la piste israélienne.
Pour résumer, si vous êtes crédule, vous croyez que des avions de ligne se sont encastrés dans les Tours jumelles, et vous accusez Al-Qaïda. Si vous êtes sceptique, vous regardez de près ces avions (avec In Plane Site), et vous voyez des avions militaires : vous accusez le gouvernement étasunien et vous criez Inside Job. Dans les deux cas, vous vous êtes fait avoir. La vérité est ailleurs, en-dessous de ces deux fausses bannières. La découvrir vous entraîne dans les mystères insondables de la manipulation mentale, et vous n’êtes pas sûr d’en revenir sain d’esprit.
[Fin de la troisième partie]