Voici quatre ans qu’Hugo Chávez est mort, quatre ans depuis lesquels le Venezuela s’enfonce dans la crise. Les médias internationaux accusent Nicolás Maduro, le successeur d’Hugo Chávez, d’être le responsable de ce marasme. Est-ce aussi simple que cela ?
Pour ne rien comprendre à la situation dans laquelle se trouve le Venezuela, il suffit d’allumer la télé : les Vénézuéliens font la queue pour se procurer des produits de base – dans un climat de violence de surcroît –, la faute à la révolution initiée par le fantasque Hugo Chávez. Le récit est simple, tous les enjeux géopolitiques sont évacués, un coupable est désigné : Nicolás Maduro « qui s’accroche au pouvoir ». Bien sûr, la réalité est beaucoup plus complexe que cela. Et le premier coupable n’est pas celui que l’on croit.
Tout d’abord, il s’agit de ne pas confondre les causes et les conséquences : le Venezuela est dans la position d’un pays étranglé par l’Empire pour insoumission.
Rappelons qu’Hugo Chávez a courageusement tenté durant 14 ans de rendre au peuple vénézuélien ce qui lui appartient : les plus grandes réserves de pétrole au monde qu’autrefois les États-Unis contrôlaient totalement. Pour cela, il dut affronter les plus grandes puissances financières, industrielles, médiatiques et politiques de la planète : en augmentant drastiquement les taxes demandées aux multinationales exploitant le pétrole au Venezuela, en ressuscitant l’OPEP, en créant une solide alliance sud-américaine fondée sur le respect de la souveraineté des nations, en dénonçant à haute voix – et sa voix portait loin – les stratégies de l’Empire et de ses affidés – au premier rang desquels se trouve Israël qu’il maudissait pour ses crimes impunis – tout cela plaça Hugo Chávez dans le collimateur de l’Empire, au point qu’il y laissa sa vie.
Et depuis la mort d’Hugo Chávez, la pression s’est accrue sur le Venezuela.
Profitant de la disparition du charismatique président vénézuélien, l’Empire a redoublé ses coups contre la nation insoumise : attaques spéculatives sur la monnaie nationale accentuant l’inflation, stratégie d’éclatement de l’OPEP pour faire chuter le prix du pétrole, infiltration de paramilitaires colombiens à la frontière, déstabilisation institutionnelle par une stratégie de blocage systématique à l’Assemblée nationale, pression médiatique internationale hors de toutes proportions, effectivement le Venezuela se trouve aujourd’hui au bord du gouffre.
Mais si on ne peut exclure totalement la responsabilité du gouvernement vénézuélien – il est vrai qu’Hugo Chávez puis Maduro n’ont pas su résoudre le problème gigantesque de la dépendance du pays à l’égard de sa manne pétrolière, mais qui aurait pu le faire dans le temps imparti et dans ce contexte ? – les premiers coupables sont évidemment ceux-là même qui accusent la révolution bolivarienne d’inefficience : les forces impériales qui veulent à tout prix récupérer le contrôle de la richesse monumentale dont le Venezuela est le gardien.
Et si demain, par exemple vous qui lisez ces lignes, étiez placé à la tête du Venezuela, feriez-vous mieux que Maduro ? La réponse serait contenue dans votre comportement à l’égard de l’Empire : debout et digne, l’étranglement économique, politique et médiatique se poursuivrait jusqu’à votre renversement probable ; soumis et traître à votre peuple, les mains assassines vous laisseraient respirer, un temps au moins.
Au fond, l’histoire du Venezuela nous informe du prix de la liberté en tant que Nation. Elle est aussi peut-être le reflet de notre propre avenir.
Préparons-nous.
Événement en Martinique, avec Kontre Kulture :
Chávez en 2012 : « Je ne dépends d’aucun pouvoir impérial »