J’ai cru remarquer depuis quelque temps que notre nouveau président souffrait d’un certain désamour de la part de la population, ce qui n’a surpris que ceux qui ne connaissent pas la capacité éminente de ceux qui sortent de l’ENA et de l’inspection des finances à foutre en l’air une situation parfaitement calme. À l’origine de cette chute de popularité on trouve de la part du président un mépris visible et total pour ce qu’il faut bien appeler le peuple, ce qui semble avoir déclenché un puissant mouvement de fraternisation des populations à la sortie de chaque ville de gens déguisés en jaune et que rien ne semble réunir si ce n’est la détestation qu’ils ont pour celui qui à l’évidence les trouve inutiles dans son projet de la « start-up France » parce qu’ils ne comprennent rien au tableur Excel…
La mauvaise nouvelle pour monsieur Macron est que non seulement sa popularité est en chute libre, mais qu’en plus sa start-up, à la place de décoller en laissant tout le monde sur place est en train de piquer du nez et va sans doute s’écraser au sol. Comme le disait le regrettable président Chirac : « les emmerdements, ça vole toujours en escadrille ». Pour monsieur Macron, les ennuis ne font cependant que commencer. Car l’économie française est sans doute en train de rentrer en récession à nouveau, et voir un président sans aucune crédibilité avoir à faire face à ce qui pourrait être une crise économique très grave me semble un peu inquiétant.
Fort bien va me dire le lecteur sceptique et toujours macronien (si, si, il en reste), mais pourquoi devrions-nous avoir une récession maintenant ? La réponse est simple ; parce que les entrepreneurs/hommes d’affaires sont en train de perdre confiance, comme le montre notre premier graphique. Et comme la croissance ne dépend en rien du gouvernement (malgré ce qu’en dit Keynes) mais en tout du moral des entrepreneurs, chacun peut voir que nous sommes vraiment mal partis.
Explications pour le premier graphique.
La ligne rouge représente la variation du « moral » des chefs d’entreprise d’après l’INSEE sur les 12 mois précédents, et l’on voit que ce moral est passé de +2 au moment de l’élection, ce qui n’était guère fameux à -8 aujourd’hui, ce qui confine au sauve qui peut. Comme le disent nos amis suisses, les chefs d’entreprise français « n’ont pas été déçus en bien ». Si l’on en juge par les épisodes précédents, une récession quelque part en 2019 est une quasi-certitude en France, compte tenu de ce que je sais aujourd’hui.
La ligne bleue représente les variations de la production industrielle française sur les 12 derniers mois et là aussi, on peut s’attendre à une baisse en termes absolus de la production industrielle dans les mois qui viennent. Remarquons pour les férus de statistique que la production industrielle française est aujourd’hui plus basse qu’en 1998, alors qu’en Allemagne elle est de 40 % supérieure aujourd’hui à ce qu’elle était en 1998. Merci Delors, Trichet, merci Bruxelles, merci l’Euro…
Et enfin, les périodes hachurées en gris représentent les moments ou l’économie française a été en récession, c’est-à-dire ceux où la richesse produite par le secteur privé se contracte d’une année sur l’autre. Tout semble indiquer que je vais devoir hachurer mon graphique en 2019…
Fort bien, va me dire le même lecteur toujours sceptique mais pourquoi cela aurait-il de l’importance ? Bonne question, et la réponse est la suivante : parce que les récessions déclenchent une baisse des marges des sociétés et que cette baisse des marges entraîne une hausse du chômage quelques mois après, comme le montre le deuxième graphique.
Il est tout à fait stupéfiant de constater que le théorème dit de Schmidt (ancien chancelier Allemand) : « les profits d’aujourd’hui sont les dépenses d’investissement de demain et les emplois d’après-demain » se vérifie dans tous les temps et dans tous les pays et que les seuls qui ne soient pas au courant soient les inspecteurs des finances et les diplômés de l’ENA. Si vous voulez faire baisser le chômage, il faut et il suffit de prendre des mesures favorables aux entrepreneurs (mais pas automatiquement aux sociétés du CAC 40), ce que la technocratie française refuse de faire depuis quarante ans, parce qu’elle sait que dans un monde où les entrepreneurs sont prospères, le prestige des énarques s’effondre.
Et quand les marges des sociétés baissent, il se passe un phénomène curieux, très peu étudié par les économistes français : le chômage augmente, les dépenses de l’état augmentent, le déficit budgétaire et la dette explosant du même coup. Et donc, comme le secteur privé dans notre beau pays n’est pas autorisé à se développer, le poids de l’État dans l’économie augmente sans cesse, nécessairement financé par un accroissement du déficit budgétaire, et la dette en pourcentage du PIB ne cesse de monter comme le montre notre troisième et dernier graphique. Nous nous soviétisons lentement mais sûrement, mais heureusement Gorbatchev est au pouvoir, et va sauver le communisme.
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