Les premiers comptes-rendus du procès Zemmour qui se tient au tribunal correctionnel de Paris, confirment ce que l’on pouvait penser depuis le début. Les organisations (SOS Racisme, LICRA, MRAP et autres) qui ont porté plainte contre lui pour avoir dit, sur Canal Plus que » la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait » ont commis une double faute.
Première faute.
Les propos de Zemmour ne relèvent probablement pas de l’incitation à la haine raciale entendue au sens juridique. Cela pourra surprendre ou choquer, mais, à titre de comparaison, ils ne sont pas de même nature que ceux de Brice Hortefeux, qui, s’agissant des arabes, estimait que : « Un, ça va, c’est quand il y en a plusieurs qu’il y a des problèmes ». Zemmour prétend établir un fait en liant délinquance et immigration, il ne juge pas des personnes et de leur nocivité délinquante en raison de leur origine, mais de la condition sociale qui leur est faite et des conséquences qui en résultent. Nuance. Que cela soit faux ou pas, c’est une autre question, à débattre. Maitre Jakubowicz, président de la LICRA, déjà à la pointe des poursuites contre Siné dans l’affaire Charlie Hebdo et aujourd’hui à la manoeuvre contre l’éditorialiste du Figaro n’a toujours pas révisé sa jurisprudence en matière de droit de la liberté d’expression, c’est dommage. Si Zemmour sort victorieux de ce procès, on imagine le triomphe romain qu’il va s’empresser d’organiser ! Précision : ce raisonnement ne vaut que pour la fameuse phrase sur les délinquants noirs ou arabes, merci de le noter. On sera moins catégorique sur les propos relatifs aux joies de la discrimination à l’embauche. Là, le dossier est moins favorable à Zemmour. On lui reproche d’avoir, sur France O, justifié les discriminations à l’embauche en soutenant que des employeurs avaient le droit de refuser des noirs et des arabes pour ce qu’ils sont.
Deuxième faute.
Le débat initié par Zemmour n’a pas à se tenir dans un prétoire transformé en annexe de plateau de télévision. La justice est une chose bien trop sérieuse pour qu’on lui fasse perdre du temps à juger des polémistes auxquels il est loisible de répondre sur d’autres plateaux de télévision. Un peu de bon sens, non ? Ce que dit Zemmour mérite d’être contesté par qui en a l’envie ou le besoin, mais il n’est pas nécessaire de mobiliser l’enclume judiciaire pour écraser une mouche.
Autant dire les choses comme elles sont : quoi qu’il advienne, qu’il sorte blanchi du tribunal correctionnel ou qu’il en sorte condamné à une peine de principe, Eric Zemmour a déjà gagné. Dans le premier cas, il couvrira de ridicule ceux qui l’ont trainé en justice pour rien ; dans le second il criera à la justice vendue au « politiquement correct » et se drapera dans la toge du César assassiné par les sénateurs de l’antiracisme. Ca promet.
Pour reprendre une formule célèbre, Zemmour sera juridiquement minoritaire mais politiquement majoritaire, ce qui revient à dire que ses contempteurs l’auront eux-mêmes porté en triomphe. Bravo !