Origines et fonctions de Daech
Un article de Youssef Hindi en exclusivité pour le site E&R !
Sommaire
- Le contexte de la naissance de Daech
- Les créateurs de Daech
- Les financements et l’armement de Daech
- Daech survit à son État
- Le terrorisme comme arme des États-Unis contre ses rivaux
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L’attentat du 22 mars dernier à Moscou remet la question du terrorisme au cœur de l’actualité et des polémiques. Ceux qui ont ingurgité des décennies de propagande occidentale croient et affirment avec aplomb que le terrorisme trouve son origine dans l’islam. Or, le terrorisme, sous ses différentes formes, est un phénomène moderne antinomique de l’islam dont le droit de la guerre est très strict ; l’islam interdit toute initiative guerrière qui ne soit celle de l’autorité politique légitime [1].
Retracer la généalogie du terrorisme nécessiterait un ouvrage volumineux. Ici, nous nous limiterons au cas de Daech dont l’histoire et l’instrumentalisation illustrent parfaitement le rôle du terrorisme contemporain en tant qu’outil de l’hégémon américain et de ses alliés.
Le contexte de la naissance de Daech
Daech, en tant qu’État, est né précisément dans un pays qui fut la cible de la série de guerres américaines, sous influence israélienne [2], ayant pour objectif de remodeler le monde arabe, l’Irak. Le Printemps arabe de 2010-2011 fut le moyen de l’expansion du terrorisme dans le monde arabo-musulman ; période durant laquelle le gouvernement de Sarkozy envoya en Libye des agents de la DGSE [3] pour diriger sur le terrain des mercenaires financés par le Qatar, coordonnant les attaques aériennes avec l’avancée des « rebelles ».
Le gouvernement de François Hollande poursuivit sur cette lancée en armant les groupes terroristes de Syrie, comme l’ASL, liée aux Frères musulmans, qui démarra les hostilités en 2011 contre l’État syrien. Se confiant au journaliste Xavier Panon [4], le président de la République François Hollande a déclaré, durant son mandat, avoir livré dès 2012 des armes lourdes (canons de 20 mm, mitrailleuses, lance-roquettes, missiles antichars) aux groupes rebelles en Syrie, malgré l’embargo européen [5].
Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères (de 2012 à 2016), a fait l’éloge d’Al-Nosra (Al-Qaïda) qui perpétrait des massacres en Syrie :
« Al-Nosra fait du bon boulot. » (décembre 2012)
Le 14 août 2014, loin de revenir sur sa déclaration de décembre 2012, Laurent Fabius annonçait dans un tweet que des armes très performantes étaient sur le point d’être livrées aux combattants terroristes en Syrie. Ce que François Hollande a d’ailleurs confirmé à Xavier Panon.
Le journaliste rapporte également dans son livre les propos d’un responsable du Quai d’Orsay :
« François Hollande et son ministre [Laurent Fabius] ont été bien imprudents sur la Syrie et l’embargo. Faute d’avoir la capacité d’influer réellement sur le rapport de forces, la posture reste morale. Or, la morale est rarement bonne inspiratrice en politique étrangère. Livrer des armes sans garantie de destination, c’est être cobelligérant. Il y a davantage de raisons de ne pas le faire que de le faire. » [6]
Ce qui explique en partie pourquoi les combattants de Daech utilisaient, entre autres, des armes françaises. Missiles anti-chars, fusils d’assaut de type AK, M16 ou encore fusils semi-automatiques Bushmaster, lance-grenades GP-25, missiles transportables antiaériens légers : la liste des armes dont dispose Daech est longue. Et « dans cet arsenal, Amnesty International est catégorique : il y a des armes de fabrication franco-allemande » [7].
« On sait que la France a armé les rebelles modérés en Syrie (ceux qui combattent Daech et le régime de Bachar el-Assad). François Hollande l’avait déclaré en août 2014 », rappelle Aymeric Elluin, chargé de campagne Armes et Impunité pour Amnesty International France.
« Mais on est incapable de dire ce que la France a fourni comme armes. Néanmoins, on retrouve dans les mains de Daech, des missiles de fabrication franco-allemande, des missiles anti-chars (Milan) », souligne le spécialiste, sous-entendant que les armes fournies par la France aux rebelles « modérés » – des terroristes en fait – ont ensuite pu être récupérées par Daech lors de combats avec les rebelles.
« L’organisation État islamique avait récupéré des stocks d’armes permettant d’équiper l’équivalent de trois divisions, soit environ 40 000 hommes. » [8]
Daech se serait donc procuré seul, par la saisie sur le terrain, une quantité d’armes équivalente à celle d’une armée conventionnelle. Daech a effectivement mis la main sur un stock d’armes et de munitions de l’armée irakienne (qui s’est retirée sans combattre) à Mossoul en juin 2014. Outre les saisies de stocks, « le trafic illégal d’armes et de munition sont également une source d’approvisionnement pour l’organisation terroriste ». « Des armes belges vendues au Qatar ont été interceptées en Libye alors qu’elles s’apprêtaient être transférées vers le Liban. Des armes chinoises ont également été retrouvées. Et on a aussi constaté que, très souvent, ce trafic illicite passe par la Turquie », détaille Aymeric Elluin, qui pointe « des complicités au niveau régional et étatique » [9].
Mais qu’en est-il des milliers de pick-ups Toyota neufs, et des chars ainsi que des blindés que Daech avait en plus grand nombre que l’armée française dès 2014 [10] ?
Pour Amnesty International, il est essentiel que les États s’engagent à renforcer leurs contrôles avant et après livraison et à stopper la fourniture d’armes s’il existe un risque de détournement. En ce qui concerne la France, « il est nécessaire que le gouvernement soit plus transparent sur les armes qu’il a fourni aux rebelles syriens », conclut Aymeric Elluin, ajoutant que l’exécutif français doit être capable d’expliquer « comment des équipements franco-allemands se retrouvent aujourd’hui aux mains de Daech ».
En décembre 2015, le député LR Alain Marsaud, ancien juge antiterroriste, rappelle qu’il a eu « l’occasion de montrer à l’Assemblée nationale des photos de combattants d’al-Nosra en possession de fusils d’assaut français ». Le député socialiste Gérard Bapt, reconnaît que l’aide française aux rebelles en Syrie « et plus généralement le soutien occidental en leur faveur, se sont poursuivis y compris après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher, pourtant revendiqués par al-Qaïda », rapporte le journaliste Ian Hamel [11].
Xavier Raufer, criminologue, spécialiste du terrorisme, souligne la surprenante montée en puissance d’un « groupe inconnu la veille » et qui acquiert du jour au lendemain l’armement et les compétences d’une armée.
« Un groupe terroriste c’est 200 traines-patins avec des kalachnikov et des kéfiés, c’est pas une armée organisée capable de monter une offensive. Monter une offensive avec des blindés ça ne s’improvise pas. Il faut régler les tirs d’artillerie par rapport à l’avance des blindés, autrement vous dézinguez vos propres (blindés). C’est très complexe à monter. Tout montre que tout l’état-major de ce qu’on appelle l’État islamique est composé de colonels et de généraux de Saddam Hussein. »
Et quand on lui demande si ce sont des islamistes, il répond que l’on connaît tous ces officiers supérieurs de Saddam, dont on a les photos. Leurs épouses ne sont pas voilés et ils trinquent avec des verres d’alcool. « Si ce sont des islamistes, moi je suis la reine d’Angleterre. »
Le fondateur de Daech, celui qui a rédigé le code source de l’État, dont nous parlerons plus loin, n’avait chez lui pas un seul Coran. Curieux pour quelqu’un qui est l’architecte d’un État dit « islamique ».
Les créateurs de Daech
Un rapport d’août 2012 du renseignement militaire du Pentagone (déclassifié en mai 2015) écrit que « si la situation se clarifie, une principauté salafiste pourrait s’établir à l’Est de la Syrie […] et c’est exactement ce que veulent les puissances qui soutiennent l’opposition, en ce qu’elles souhaitent isoler le régime syrien – dont elles considèrent qu’il offre une profondeur stratégique pour l’expansion chiite […] l’État islamique d’Irak (EII) pourrait alors proclamer un "État islamique" grâce à son union avec d’autres organisations terroristes en Irak et en Syrie » [12].
Dès octobre 2011, Barack Obama autorise David Petraeus, le directeur de la CIA, à lancer une guerre secrète en Syrie, baptisée Timber Sycamore, impliquant une quinzaine d’autres services spéciaux, notamment des services européens, en particulier britanniques et français. « Au fil des ans, cette campagne devint gigantesque au point que le Washington Post la décrivit en juin 2015 comme "l’une des plus vastes opérations clandestines" de l’histoire de la CIA, dont le financement avoisinait alors le milliard de dollars annuels », écrit Maxime Chaix, journaliste auteur du livre La guerre de l’ombre en Syrie - CIA, pétrodollars et djihad (2019).
Un gigantesque réseau d’approvisionnement en armes destinées à la rébellion est ainsi mise en place par David Petraeus, puis par John Brennan, son successeur à la tête de la CIA, « en coordination avec leurs alliés turcs, pétromonarchiques, européens et israéliens ». Ce qui fait dire à Christopher Davidson, qui a mené des recherches sur Timber Sycamore, dans son livre Shadow Wars, que « Daech n’était pas considéré comme un ennemi par le cabinet Obama et ses principaux partenaires, mais comme un turbulent "atout stratégique" » [13].
Le 28 septembre 2013, le New York Times a publié une nouvelle carte du Moyen-Orient ayant pour titre « How 5 countries Could Become 14 » [14] (Comment 5 pays pourraient en devenir 14). Sur cette carte (ci-dessous) publiée quatre mois avant l’émergence, sous forme d’État au sens territoriale de Daech, on voit un État appelé « Sunistan » à cheval sur la Syrie et l’Irak ; le territoire qui sera conquis par Daech. Ce « Sunistan », qu’incarnera Daech en 2014, est la « principauté salafiste qui pourrait s’établir à l’Est de la Syrie » dont parlait le rapport du Pentagone en 2012, cité plus haut.
Le général américain Wesley Clark, ancien commandant des forces armées de l’OTAN, a déclaré à la chaîne de télévision américaine CNN que Daech avait été « créé grâce au financement de nos amis et de nos alliés … dans le but de se battre jusqu’à la mort contre le Hezbollah » [15].
Wesley Clark est celui qui avait déclaré le 2 mars 2007 qu’on lui avait présenté au Pentagone, quelques semaines après le 11 septembre 2001, une note indiquant comment l’administration américaine devait envahir sept pays dans un délai de cinq ans, en commençant par l’Irak, suivie de la Syrie, du Liban, de la Libye, de la Somalie, du Soudan, et pour finir de l’Iran. Le général Clark a précisé qu’à cette époque ce projet était classé secret d’État [16].
En septembre 2014, l’ancien président cubain, Fidel Castro a pointé du doigt le soutien des États-Unis à Israël, accusant le sénateur américain John McCain, en tant qu’allié le plus inconditionnel d’Israël, d’avoir participé à la création de Daech [17].
Mis à part les commanditaires américains et israéliens, voyons qui furent les architectes, sur le terrain, de cette organisation étatique qui a « subitement » émergée sous les yeux ébahis du monde entier au premier semestre 2014, alors que la Russie venait de stopper net (septembre 2013) les Américains dans leur volonté de bombarder la Syrie [18].
Le 18 avril 2015, le journal allemand Der Spiegel, publia une enquête édifiante sur les origines et l’organisation de l’État terroriste (Daech) [19] Les journalistes d’investigations allemands ont rapporté des documents, qu’ils ont achetés en Syrie à des membres d’un groupe rebelle, qu’ils ont eux-mêmes trouvé dans la maison de l’organisateur de Daech. Ces documents prouvent que cette organisation fut « fondée et structurée par un officier du renseignement de Saddam Hussein… qui a planifié la prise de contrôle de la Syrie ». Organisation dont « la religion et son fanatisme n’est qu’une façade qui est en réalité froidement calculatrice ».
Cet architecte de l’ombre était dénommé Abd Muhammad al-Khlifawi (mort en janvier 2014 lors d’une fusillade avec des rebelles), mais seulement connu sous le pseudonyme de Haji Bakr. Il était un ancien colonel du renseignement dans l’armée de l’air de Saddam Hussein.
Les documents confidentiels rédigés de la main de Haji Bakr constituent un dossier comprenant des organigrammes, des listes et des programmes qui exposent les moyens d’assujettir un pays progressivement. Der Spiegel décrit ce dossier comme suit :
« Ces 31 pages révèlent une structure à plusieurs niveaux et des directives opérationnelles, dont certaines déjà testées et d’autres nouvellement conçues pour s’adapter à l’anarchie régnant dans les zones sous contrôle rebelle. En un sens, ces documents constituent le code source de l’armée terroriste la plus efficace de l’histoire moderne. »
En réalité, il s’agit de la réplique de l’État baasiste qui était, entre autres, un appareil de sécurité omniprésent et dont les généraux même étaient espionnés. D’ailleurs, Haji Bakr n’était pas le seul des hauts dirigeants de Daech à être un ancien officier supérieur de l’armée de Saddam Hussein ; un autre des dirigeants était un officier faisant partie d’une unité de services secrets rattachée à la division anti-aérienne, et un autre leader de Daech était un officier de haut rang du renseignement irakien. En fait, les chefs de Daech issus de l’armée de Saddam étaient des dizaines, comme le précise Xavier Raufer [20].
Ce groupe d’anciens officiers baasistes, laïques, voire athées, en 2010, ont fait d’Abu Bakr al-Baghdadi l’émir puis le « Calife » de Daech. Comme l’écrit Der Spiegel : « Ils pensèrent que Baghdadi, un prêtre instruit, donnerait une image religieuse au groupe », et d’ajouter : « l’État islamique a peu en commun avec ses prédécesseurs comme Al-Qaïda, à part l’étiquette djihadiste. Il n’y a fondamentalement rien de religieux dans ses actions, sa planification stratégique, ses changements d’alliances sans scrupules et ses récits de propagande élaborés avec précision. La foi, même dans ses formes les plus extrêmes, n’est qu’un des nombreux moyens d’arriver à ses fins. La seule maxime constante de l’État islamique est l’expansion du pouvoir à n’importe quel prix. »
Tout ce beau monde, mêlant terroristes d’Al-Qaïda, anciens officiers supérieurs de l’appareil d’État de Saddam Hussein, a noué des liens, notamment à partir de 2006, dans la prison américaine d’Abu Ghraib ; mais aussi et surtout dans le camp de Bucca, où, selon plusieurs témoignages, Daech fut constitué sous le regard bienveillant des militaires américains [21].
Les financements et l’armement de Daech
Ce dont Der Spiegel ne parle pas, ce sont les provenances des financements et des armes de Daech… Comme par exemple les milliers de Toyota neuves tombées du ciel. En effet, les Américains et les Britanniques ont avoués avoir largué « accidentellement » des armes à Daech.
En avril 2015, l’agence iranienne Fars a cité le chef d’état-major de l’armée iranienne, Hassan Firouzabadi, qui a déclaré : « Nous avons reçu des rapports attestant que des avions américains atterrissaient et décollaient des aéroports contrôlés par l’EI. Les États-Unis n’auraient pas dû livrer des armes, de l’argent et de la nourriture au groupe "État islamique" pour ensuite demander pardon de l’avoir fait par erreur. » [22]
Cette réalité fut confirmée par Vladimir Poutine en personne, qui a, lors du sommet du G20 (15-16 novembre 2015), déclaré publiquement que Daech recevait des financements provenant de 40 pays, y compris des membres du G20.
Les Russes ont aussi apporté les preuves du trafic de pétrole mené par Daech avec la participation active de la Turquie qui le revendait à des pays européens. Accusations graves démenties par aucun pays concerné ; ni même par le principal acheteur de ce pétrole daechien qu’est Israël, à hauteur de 75 % [23].
Daech survit à son État
La défaite de Daech à Mossoul en juillet 2017 a clos une perte de territoire continue depuis le début de l’intervention russe (octobre 2015). Aymenn Jawad Al-Tamimi, spécialiste des questions de terrorisme, a fait, le 16 mai 2017, un état des lieux de la situation en Irak, qui rendait compte de l’affaiblissement irrémédiable de Daech, ce qui explique la défaite à Mossoul.
Al-Tamimi expliquait que la posture de Daech, au moment où il écrivait, qui tente de compenser verbalement son affaiblissement sur le terrain, « contraste avec la poussée de recrutements et la propagande en 2014-2015, au zénith du pouvoir de Daech, où le modèle étatique était affiché avec fierté et les étrangers étaient invités à immigrer dans ce supposé État pour l’aider à le bâtir. Maintenant, l’entrée de recrues étrangères potentielles au cœur de l’Irak ou de la Syrie est objectivement plus difficile dans la mesure où il ne contrôle plus de territoires sur la frontière avec la Turquie. De plus, les pertes territoriales de l’État islamique et la désorganisation de son système administratif mettent à mal sa crédibilité en tant que projet étatique qui était la clé de sa popularité face aux autres groupes djihadistes rivaux. Une chose dont nous pouvons être sûr, c’est que la ruée de milliers de recrues dans les rangs de l’État islamique est finie » [24].
Depuis, l’avenir de Daech en tant qu’État est compromis. Daech est réduit à un réseau de cellules terroristes qui frapperont ici et là dans des villes et checkpoints à travers la Syrie et l’Irak. Toutefois, cela ne signifie pas la disparition de la franchise Daech à l’international, car comme l’explique Aymenn Jawad Al-Tamimi :
« Dans différentes parties du monde, comme en Asie du Sud-Est, l’État islamique s’est déjà dissocié de la notion de contrôle territorial et d’État, évitant toute référence à des nouvelles "provinces". En fait, l’État islamique est là pour rester. »
Daech redevient donc ce qu’il fut originellement : un groupe terroriste parmi d’autres, outil de déstabilisation utilisé par les forces atlantistes et sionistes contre les nations qui leur résistent, et ce jusqu’aux Philippines.
Le terrorisme comme arme des États-Unis contre ses rivaux
Le 1er janvier 2017, partait le premier train de marchandises chinoises dans le cadre des nouvelles routes de la soie, aussi appelé One Belt, One Road (une ceinture, une route). Un voyage de 12 000 km vers Londres depuis la ville industrielle de Yiwu dans l’est de la Chine. Les intérêts des États-Unis sont opposés à ce projet chinois. Washington a d’ailleurs fait pression sur les pays européens pour l’entraver [25]. Deux mois après le départ du train de marchandises chinoises, Daech (qui comptait dans ses rangs plusieurs centaines de combattants ouïghours) a pour la première fois menacé la Chine. L’organisation terroriste avait promis à l’empire du Milieu des « fleuves de sang » prenant prétendument fait et cause pour les Ouïghours [26].
Des menaces qui, comme le souligne le site d’information spécialiste de la Chine Epoch Times, remettaient en cause la sécurité de la nouvelle route de la soie.
La très complexe crise au Myanmar (Birmanie) doit être elle aussi analysée dans le cadre de la guerre géoéconomique sino-américaine.
En effet, la crise que traverse ces dernières années le Myanmar, et les tensions entre les États-Unis et la Corée du Nord, en passant par les Philippines – qui ont été attaqués par Daech après que le président Rodrigo Duterte a annoncé sa rupture avec les Américains et son rapprochement avec la Chine et la Russie – illustre cette guerre qui se traduit par la création d’un arc de crise asiatique, précisément dans ce qui représente la périphérie vitale de la Chine, à savoir l’Asie du Sud-Est [27].
Ces crises asiatiques sont à la Chine ce que la déstabilisation ukrainienne est à la Russie : des foyers allumés à la périphérie des deux grands concurrents des États-Unis qu’il faut, du point de vue de l’hégémonisme américain, contenir, affaiblir, voire détruire.
L’attentat récent à Moscou – avec ses spécificités et le contexte qui lui est propre – entre dans ce cadre général de guerre menée par l’hégémon thalassocratique étasunien contre les puissances continentales rivales.