Or donc, l’agence de notation Standard & Poor’s, qui, soit dit en passant, devrait plutôt se nommer Standard of Rich’s, vient de serrer d’un cran le corset de fer de la principale puissance impérialiste du monde.
Au bas mot : AA+ au lieu d’AAA, Ô c’est bas pour ObAmA !
Qu’est que c’est que ces agences de notations internationales ?
Pour réussir leur politiques, comme ces plans dits « de relance » (qui consistent à déverser des dizaines de milliards dans les coffres des banques), les États doivent trouver de l‘argent. Alors ils empruntent auprès des « marchés financiers » en échange de bons du Trésor ou d’obligations, garanties par eux. En période de crise, ces bons et ces obligations émis deviennent des valeurs refuges et font l’objet d’une spéculation forcenée. Cette spéculation provoque la constitution de bulles, aussi gigantesques qu’artificielles. Tout cela parce que les banques nationales comme la Banque de France depuis 1983, ne sont plus souveraines. Les États sont ainsi contraints de recourir aux usuriers privés, vampires qui sucent le sang des nations. [1]
Ainsi va se constituer un véritable marché des dettes publiques. Et les États, les Pays, selon qu’ils sont réputés plus ou moins bons payeurs, seront notés en conséquence par les agences de notations.
Ce sont ces fumeuses officines qui ont rétrogradé la note de la Grèce en BB, provoquant les événements que l’on sait. (B.B ça ne veut pas dire Brigitte Bardot, mais Bourses-Bréneuses, c’est-à-dire remplies de titres et d’obligations qui puent.)
Ce furent ces mêmes agences, qui avaient distribué des AAA à tire larigot à tous les Lehman Brothers, les Goldman Sachs, et autres fripouilles d’Enron qui croulaient sous leurs actifs pourris, et qui, avec leurs comptes truqués ont jetés 2,5 millions d’américains à la rue, les débarrassant des soucis de la propriété.
Le plan de la « Bande des six »
Le 18 juillet dernier les sénateurs de la « Bande des six »( trois démocrates et trois républicains) ont concocté un projet pour réduire le déficit fédéral de 3700 milliards sur les dix prochaines années. La plupart des sénateurs des deux partis se sont ralliés à cette proposition.
Aussitôt le parti démocrate a désavoué pour moitié cette politique. Le parti républicain s’est également déchiré sur cette question. Les Tea Party, pour qui l’ombre du commencement du plus infime budget social est un crime de lèse-libéralisme, se sont heurtés avec la fraction du parti républicain qui a voté avec Obama le fameux compromis de Washington.
Car finalement le 1er août, la chambre des représentants a voté le compromis tant attendu, permettant à l’Etat fédéral américain de s’endetter de 2100 milliard de dollars supplémentaires.
En conséquence sont prévues 2500 milliards de coupes budgétaires cumulées sur les dix prochaines années, c’est-à-dire tailler à la hache dans les dépenses publiques. « À ce stade, tout sera sur la table » a prévenu M. Obama. « Tout » c’est-à-dire Medicare, Medicaid, le minimum retraite et d’une manière générale toutes les dépenses de ce qui aux États-Unis s‘appelle « Social Security ».
Le fardeau des réductions va reposer exclusivement sur les épaules de la classe moyenne et des familles ouvrières. C’est d’ailleurs le principal grief des dirigeants syndicaux de l’AFL-CIO et de Change to Win, qui reprochent à ce plan d’écarter la moindre hausse d’impôts sur les plus riches. En réalité, quand on examine le plan de la « Bande des six » de plus près on s’aperçoit qu’il s’agit même d’une énorme réduction d’impôts pour les riches et le grosses entreprises.
Dean Baker, codirecteur du CEPR [2] écrit : « c’est un plan qui devrait plaire aux riches, puisqu’il prévoit de fortes réduction d’impôts… dans les décennies à venir. Pour l’ensemble des autres, le pays ressentira les effets des réductions d’allocations des minima vieillesse et indemnités pour les malades et handicapés en plus d’autres réduction dont nous ne connaissons pas le détail. »
Pourquoi cette rétrogradation de la note américaine ?
Le compromis sur la dette n’a pas convaincu parce que Wall Street ne croit pas dans les capacités du gouvernement Obama à l’imposer.
Même si ces rapaces jugent par ailleurs ce plan tout a fait insuffisant, c’est essentiellement des motifs politiques qui fondent leur défiance.
Standard & Poor’s a justifié sa décision par « le fossé entre les partis politiques » et la « prévisibilité des décisions de la politique américaine. » Traduction : Obama n’est pas équipé pour vaincre la résistance des travailleurs américains.
Sans doute, tout en désavouant le plan d’Obama, les démocrates dirigeant de l’AFL-CIO et de Change to Win se sont refusés à toute mobilisation contre lui. Ils sont d’accord sur le principe, tout en réclamant une réduction des coupes et un partage plus équitable des sacrifices.
Mais la base syndicale ne marche pas. Le barrage des directions démocrates craque de toute part. Pendant les semaines de gesticulations politicardes qui ont précédés l’adoption du compromis, des centaines de déclarations remontaient du fin fond des instances syndicales aux directions : « pas touche à Social Security Medicare, Medicaid ! ».
Tout dépend maintenant des capacités des travailleurs américains à rompre les liens traîtres qui les attèlent au parti démocrate, et à s’organiser pour dire « Halte là ! Cette crise n’est pas la nôtre. Nous ne devons rien, nous ne paierons rien ! » [3]
Telle est la racine de l’inquiétude des représentants de la classe capitaliste.
Félix Niesche