Djamel a du talent, oui, mais celui que l’on pense... c’est avant tout un animateur (comme l’oublié Lagaffe de la télé). Rien à voir avec le talent des authentiques comédiens qui bossent pendant des années les fondamentaux du théâtre et dont certains passent à la télé ou au ciné parce qu’à l’évidence ça rapporte beaucoup plus que le théâtre vivant.
L’époque à fabriqué des profils hystériques, voire tout simplement histrion. Cela va avec la société du spectacle Deborienne. Quand on naît immergé dans l’image omniprésente et dans la mise en scène d’absolument tout on trouve normal d’adopter le même comportement d’histrion.
Culotté, gonflé, provocateur sont les mamelles des profils d’aujourd’hui qui font dire souvent de la part des géniteurs de ces histrions que leur rejetons "a toujours été doué pour faire le rigolo". Le comportement théâtral est devenu courant dans notre société consumériste dont la consommation perpétuelle ne repose que sur la mise en scène mensongère des produits, fussent-ils des humains.
Debouze a effectivement été un produit du système, mais il est infichu d’incarner un autre rôle que lui-même. Ces quelques tentatives théâtrales ont été des fiascos achevés (comme pour Foresti qui entame sa descente). Faire l’acteur n’exige jamais que l’on incarne vraiment un rôle. Delon, devenu lucide sur ce point avec l’âge, le rappelle à l’occasion. "Je joue ce que je suis" rappelle-t-il quand certains lui reprochent de jouer toujours de la même façon.
Les humoristes, dans la grande majorité, font du "seul en scène" parce que précisément ils ne veulent ni ne savent jouer en collectif. Debouze, de surcroît, a fait ses premiers pas de rigolo dans la Ligue d’Impro de Marcq en Barœuil... une discipline que je connais très bien (je suis une vétérante en France de cet art) mais qui a la fâcheuse tendance d’accentuer le jeu en individualiste... malgré l’apparence des matchs censés fonctionner en coopération.
Souvenez-vous de Smaïn qui fut, lui aussi, en son temps, "l’arabe de service" dans une France qui commençait à se rendre compte que la communauté beur, oubliée par les élites, commençait à bouger dans les banlieues. Le rigolo de service à disparu totalement des écrans... sans surprise.
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