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Mort de l’un des derniers géants, Quincy Jones, à l’âge de 91 ans

Nous n’avons pas oublié le décès de Quincy Jones, ce 3 novembre 2024 à l’âge de 91 ans, mais il est vrai que l’actualité internationale, en particulier les élections américaines, nous ont laissé peu de temps pour parler de ce géant de la musique jazz, puis pop, de la seconde partie du XXe siècle.

 

Quincy Jones laisse derrière lui un héritage musical inégalé, marqué par plus de sept décennies d’une carrière extraordinaire. Il n’était pas simplement un musicien ou un producteur, mais un véritable pilier de l’industrie musicale, dont l’influence s’est étendue bien au-delà des frontières du jazz, du R&B et de la pop. Sa polyvalence artistique et son flair visionnaire ont redéfini le paysage de la musique contemporaine, faisant de lui l’un des créateurs les plus respectés de tous les temps.

Né à Chicago le 14 mars 1933, Quincy Delight Jones Jr. a grandi dans un environnement difficile avant de déménager à Seattle avec sa famille. Enfant prodige, il a rapidement découvert sa passion pour la musique et a appris à jouer de la trompette. Il rejoint ensuite le Berklee College of Music, mais interrompt ses études pour partir en tournée avec le légendaire Lionel Hampton, marquant le début d’une carrière professionnelle fulgurante. Ses talents d’arrangeur et de compositeur attirent rapidement l’attention des grands noms du jazz, comme Count Basie, Sarah Vaughan et Duke Ellington.

 

Pour le grand public (« composé en 20 mn ! »)

 

Pour les amateurs de big band

 

Durant les années 1950 et 1960, Quincy Jones s’impose comme un arrangeur et chef d’orchestre de génie, collaborant avec des icônes du jazz telles que Dizzy Gillespie, Miles Davis et Ray Charles, qu’il avait rencontré à l’adolescence à Seattle. Sa capacité à fusionner différents styles musicaux et à orchestrer des arrangements complexes le rend rapidement incontournable dans l’industrie. En 1964, il devient l’un des premiers Afro-Américains à occuper un poste exécutif dans une maison de disques (Mercury Records), ce qui symbolise un tournant majeur pour les artistes noirs aux États-Unis.

 

Quintessence (1961)

 

L’analyse par le patron de l’harmonie, Etienne Guéreau :

 

Le tournant décisif dans sa carrière survient dans les années 1970, lorsqu’il se tourne vers la production d’albums pop et soul. C’est avec Michael Jackson que Quincy Jones réalise ses projets les plus emblématiques. Leur collaboration commence en 1979 avec l’album Off the Wall, qui connaît un succès phénoménal. Cependant, c’est Thriller (1982), produit par Jones, qui deviendra l’album le plus vendu de tous les temps avec plus de 100 millions d’exemplaires écoulés à ce jour (comme pour d’autres sujets, les chiffres varient beaucoup...). La combinaison de grooves irrésistibles, de lignes de basse percutantes et d’arrangements sophistiqués a fait de cet album un chef-d’œuvre intemporel. Le duo récidive avec Bad (1987), solidifiant leur place au panthéon de la musique.

Quincy Jones n’était pas seulement un producteur de talent, mais aussi un maître de la collaboration. Il a travaillé avec des artistes aussi divers que Frank Sinatra, Aretha Franklin, Paul Simon, Stevie Wonder et Donna Summer. En 1985, il orchestre l’enregistrement du célèbre single de charité We Are the World, écrit par Michael Jackson et Lionel Richie, pour lutter contre la famine en Afrique. Ce projet monumental, réunissant une constellation de stars de la musique, reste l’un des plus grands succès caritatifs de tous les temps. Les moins jeunes de nos lecteurs ne peuvent pas l’avoir oublié (le pendant français fut Ethiopie – 1985)

 

 

Outre sa carrière dans la musique, Quincy Jones a également marqué le monde du cinéma et de la télévision. Il a composé des bandes originales pour des films classiques tels que In the Heat of the Night, The Italian Job et The Color Purple, ce dernier lui valant une nomination aux Oscars. Jones a aussi produit la série télévisée Le Prince de Bel-Air, qui a lancé la carrière de Will Smith. Son flair pour repérer et soutenir de nouveaux talents a permis à de nombreuses étoiles montantes de percer dans l’industrie.

Quincy Jones était aussi un infatigable défenseur de la justice sociale et des droits civiques. Il a souvent utilisé sa notoriété pour faire avancer des causes humanitaires et promouvoir les talents dans le monde du spectacle. Son engagement pour l’éducation musicale et son soutien aux jeunes talents se sont concrétisés par la création de la fondation Quincy Jones Music Consortium, dédiée à l’accès à l’éducation musicale pour les jeunes défavorisés.

Au cours de sa carrière, Quincy Jones a remporté 28 Grammy Awards sur plus de 80 nominations, faisant de lui l’un des artistes les plus récompensés de tous les temps. En 2013, il a été honoré d’un Grammy pour l’ensemble de sa carrière.

Son impact sur la musique moderne est immense, non seulement en raison de ses succès commerciaux, mais aussi pour son approche novatrice et sa capacité à transcender les genres. Son héritage perdurera à travers les générations d’artistes qu’il a inspirés et les millions de personnes qui continuent d’écouter ses créations ou ses productions.

Nécrologies musicales

 






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36 Commentaires

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  • Je conseille, modestement, a tous les lecteurs amoureux du beau . l’album Smackwater Jack de 1971 accompagné de
    Toots Thielemans harmonica
    Jimmy Smith - Orgue
    Joe Sample - Fender Rhodes
    Hubert Laws - Flûte
    Milt Jackson - Vibraphone
    Freddie Hubbard - Trompette
    Ray Brown - Basse
    Que du beau monde pour un chef d’œuvre musical incontournable dans l’esprit jazz groove électrique des années 70 aux notes suave, parfait album a écouté en cette saison automnale en regardant tombé les feuilles morte tout en sirotant une fine en laissant son esprit voyager au son mélodieux de l’harmonica de Toots Thielemans .
    Merci à égalité et réconciliation de rendre un hommage à cette immense artiste. Reposes en paix Quincy
    Ps Mario Biondi le chanteur soul jazz sur le label italien schéma records physiquement ressemble beaucoup à Alain Soral

     

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  • #3451275

    De ça à jul...comprendre le soucis de nos gamins.

     

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  • #3451401

    La véritable création musicale s’est arrêtée au milieu du siècle dernier, avec les Russes...Depuis c’est que du "réchauffé"...C’est aussi vrai pour l’écriture quelques dizaines années plus tard, et le cinéma plus récemment...

     

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  • Pour reprendre Etienne Guéreau sur MJ en terme de comparaison, pour que les jeunes d’aujourd’hui comprennent, c’est que cela est incomparable, Taylor je ne connais pas, MJ, tout le monde le connaissait, du fin fond de l’Asie ou de l’Afrique, en URSS ou au pole nord, MJ était une star mondiale, dans le sens de l’idolâtrie pour beaucoup

     

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  • #3451454

    L’empreinte immense qu’il a laissée sur la musique populaire parle pour lui. Rien à ajouter, ça se passe de commentaires...

     

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  • Ses compositions pour les films "In the heat of the night" de Norman Jewison et "Getaway" de Sam Peckinpah sont absolument splendides.

     

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  • #3451511

    J’avais découvert ce génie , adolescent, dans le film The Getaway de Sam Peckinpah (1972) avec Steve McQueen et Ali Macgraw. Son solo à l’harmonica interprété par Toots Thielmans m’avait pris aux tripes.

     

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  • #3451554

    Sans oublier les acolytes de Quincy sur Off the Wall et Thriller (entre autres) qu’etaient Bruce Sweden, le cador ingenieur du son (prise de son et mix) et pionnier à ses heures dans les annees 50 de la stereophonie (carrement) et Rod Temperton, auteur compositeur anglais, ayant composé des joyaux de la pop culture (rock with you, thriller, baby be mine, give me the night de Georges Benson, une liste exhaustive etc...)

     

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    • #3451675

      Bruce Swedien a été un élément crucial dans l’équipe de production des titres souk/funk notemment, de meme que Rod Temperton qui a amené des chansons machées pretes à l’emploi.
      Quincy était souvent absent des studios ; ces/ses equipes étant autonomes.
      C’était un directeur musical pour ces albums là, comme M.Jackson (différemment) lui meme du reste.
      Pour ma part, j’ai une nette préférence pour les albums de Michael, que les productions contemporaines de Quincy : l’exigence est également sonnore et dans l’innovation tous azimuts, notamment sur Thriller et Bad. Et M Jackson était objectivement un chanteur d’exception, avec un timbre de voix particulier lié au mettissage (origines black et amérindienne, et blanche ? (feu son pere avait les yeux clairs).
      (meme principe chez Prince)

      MJ a poursuivi sa collaboration avec Bruce Swedien (du giron Quincy) sur des albums sans Quincy : Dangerous et History.
      Bruce a énormément épaulé MJ pour maintenir la qualité de ses productions.

      Concernant la personnalité de Q : un homme cultivé mais qui aura multiplié les déclarations iconoclastes teintées d’aigreur et d’idéologie.

       
  • #3451567

    Merci E&R pour cette découverte pour moi.
    N’ayant jamais écouté de ’’variété’’, je peux mettre un nom sur certaines choses qui ne m’étaient pas étrangères mais sans en connaître l’origine.

    La musique de la première vidéo me rappelait une émission animalière de ma jeunesse. A l’époque, c’est cette espèce d’étrangeté sonore qui m’avait marqué.
    Le ballet, là, est absolument magnifique à tout point de vue, quelle esthétique et perfection dans les ensembles.
    Je découvre le big band, incroyable aussi, et tout le reste.

    En tant qu’audiophile aussi il doit y avoir de quoi se faire quelques petits plaisirs pour peu que l’on trouve de bonnes captures et les supports qui vont bien, LP en particulier (eh oui, le CD est bien plat à côté).
    Si Stéphane Edouard a quelques tuyaux...

    Merci à AS encore, grâce à qui j’ai commencé à prêter attention aux qualités musicales incroyables des jazzmen alors que je n’écoute jamais ce style.
    Jamais trop tard pour bien faire.

    Je vais aussi suivre les conseils des autres intervenants pour élargir l’horizon...
    Merci.

     

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  • #3451612

    Bravo, bravo, bravo encore une fois aux rédacteurs, très bon article, bien illustré musicalement, oui, un géant comme vous dîtes, un monument rajouterai-je, si vous me le permettez.

    Je pense reconnaître une "patte", celle des auteurs pour le très bel hommage récent, suite à la mort d’un autre musicien plus dans la sphère "classqiue" cette fois !

    J’ai bien compris votre éthique, puisque sur le précédent article vous me l’exposâtes dans une bien sympathique réponse, alors je félicite encore tout le monde, les gars et les filles, quand il s’agit de bonne musique, vous assurez comme des bêtes !

    Si là aussi, vous m’autorisez cette légère familiarité !

    Alors bravo encore, je vous fais une "standing ovation" comme jadis à l’Opéra, dans un autre temps, où tout le public était debout à la fin pour saluer les performances des interprètes et de l’orchestre et merci bien entendu, je pense que Quincy Jones aura lu ce papier d’où il est et l’aura apprécié !

    Bien à vous les plumes, et prenez soin de vous.

     

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