Les complotistes non versés dans la musique électrique à tendance hard-rock n’y verront que le nom de ceintures difficilement franchissables par une navette lunaire, mais Van Halen est aussi (et surtout, dirions-nous) le nom d’un guitariste historique de très grand renom et celui du groupe éponyme né au cours des années 70.
Eddie Van Halen, né le 26 janvier 1955 aux Pays-Bas, fonde avec son frère Alex, batteur, le groupe américain Van Halen dans le début des années 70. Mais c’est en 1978 que le premier album du groupe sort (nommé peu créativement Van Halen). Nos lecteurs seniors s’en rappellent encore, mais cet album nous mit à l’époque une sacrée claque aux oreilles. Aussi on évitera la nécrologie classique pour préférer se souvenir de l’oeuvre musicale.
Le premier morceau Runnin’ with the devil lance la face A de façon assez classique lorsque survient Eruption, petite introduction instrumentale de moins de 2 minutes. Pourtant assez simple à jouer rétrospectivement (le tapping étant souvent surtout de l’esbrouffe), les jeunes adolescents que nous étions n’en revenaient pas ! Une telle façon de jouer était assez méconnue, même si le tapping, qui consiste essentiellement à taper sur les cordes avec sa main droite, n’était pas nouveau. Mais sa mise à jour dans l’univers du hard-rock était novatrice et surtout, l’aisance d’Eddie Van Halen sur son manche de guitare, sa capacité à jouer à volonté de son vibrato pour détendre les cordes puis les tendre et faire hurler ainsi ses notes dans de grands glissandos rapides, doublés parfois d’harmoniques tonitruantes, achevèrent de lui donner un style unique. Un mythe était né.
Avec le recul et 40 années plus tard, on s’esbaudira d’avantage de l’écoute d’un I’m the One, le 5ème morceau de l’album, où Eddie Van Halen laisse jouer toute son énergie et son aisance dans des riffs en mouvement permanent sur la magnifique voix de David Lee Roth et durant des solos vraiment novateurs (nous ne sommes qu’en 1978 !) :
On ne peut passer sous silence la reprise des Kinks, You really got me, considéré par beaucoup comme un des premiers morceaux de hard-rock (on ne parlait surtout pas de metal à cet époque et pas avant la New Wave of British Heavy Metal des années 80’). Que l’on considère la version des Kinks puis l’energique et typiquement Van Hale-sque version d’Eddie :
Le deuxième album, Van Halen II, sorti peu de temps après, n’innove pas particulièrement. On retiendra le morceau phare que tout quinqua aura entendu sur vinyle, sur une cassette à bande ou à la radio, même si le hard-rock y avait une place dérisoire dans les années 70 et 80.
Tout guitariste de l’époque se souviendra du court mais mémorable Spanish Fly, qui fut beaucoup appris, copié, et surtout massacré dans la joie et la bonne humeur (et quelques énervements et maux de doigts tout de même !) :
Les 3 albums suivants sont de qualité très inégales et retranscrivent assez bien l’ambiance exécrable qui régnait dans un groupe sous grande tension entre ses membres, auquel s’ajoutaient des problèmes de drogues et d’alcool. C’est avec le 6e album, 1984, que Van Halen renoue avec le succès, même si l’on pourra rester mitigé sur la direction plutôt synthétique du titre phare Jump, mais que l’on pardonnera rapidement dès que résonne la première note du solo (court, mais quelle entrée ! Typiquement Eddie) :
Deux titres connaîtront un succès important : Panama, et le très entraînant Hot for Teacher, deux morceaux renouant avec le meilleur du Van Halen de la première époque.
Le suite du groupe, avec le départ de David Lee Roth, le chanteur, est assez inintéressante à notre goût, avec parfois le pire du son des années 80 – d’ailleurs déjà présent en germe dans un Jump.
Pour la fine bouche et pour conclure de belle manière ce court article-hommage, on n’oubliera pas le mythique solo de Beat it, dont l’excellent riff de guitare était joué par Steve Lukather (du groupe Toto), ce qu’il convient de rappeler aussi.
Un solo de guitare d’Eddie Van Halen sur un morceau pop de Mickael Jackson était improbable. Nous n’aurions pas parié à l’époque un kopeck sur la cohérence des deux univers. Et pourtant l’improbable s’est réalisé, et probablement un des plus beaux solos de guitare (malgré sa toute petite durée) est né ainsi. L’exposition fut énorme en cette année 1983, en raison du succès interplanétaire du Roi de la pop. Depuis 40 ans on ne s’en est encore jamais lassé.