On me presse de pisser un peu de copie sur un étron. Je trouve ça parfaitement dégoûtant, mais, sans la moindre envie, entrons dans ces lieux d’aisance et laissons un samizdat dans la sanisette.
Moi, si j’étais Moix, hé bien je n’aurais pas demandé grâce.
L’Immense Philosophe de France-inter dont l’œuvre supplante celle de Platon, d’Aristote, de Kant, de Hegel et des autres, additionnés en mesure centimétrique dans les rayons des marchands de livres, car Onfray, (c’est de lui qu’il s’agit, vous l’aurez reconnu) n’est pas seulement un performeur sexuel, comme il dit des autres [Nietzsche, Freud] qu’ils ne le sont pas, il en a aussi une grosse. Dans les librairies et les bibliothèques municipales, sa rangée de livres est impressionnante. Plus de 3 mètres 50, chez Marguerite Duras la bibli du 20e arrondissement !
Or donc, le gros philosophe gonflé à l’hélium médiatique, celui qui a réellement achevé la métaphysique occidentale, remplaçant la philosophie par le bon gros Bon Sens, a dit à Moix « j’ai toujours pensé que vous étiez un excellent écrivain. »
hé bien, si j’étais Luix, je serais parti de là, je veux dire je me serais campé solidement sur cette position d’écrivain remarquable, où l’on n’est ni couché, ni debout, mais bien assis, et j’aurais tenu à ces larves gluantes qui secrètent en ce moment sur moi leur moraline en quantité double, à peu près ce langage :
« Messieurs, bonjour !
De deux choses l’une :
- Ou bien je suis ce que vous disiez que je suis, soit un très grand écrivain, ce qui ne peut s’effacer ; une œuvre de qualité traduit forcément certaine qualité chez l’auteur.
- Ou bien je ne le suis plus, donc pour vous les œuvres sont comme les hommes, choses délébiles, lavables en machine à penser, programme à 60° de réchauffement pour les esprits bréneux.
Nous savions que vous prostituez l’opinion, la morale, la justice, que vous changiez l’or en plomb, que vous souillez l’innocence, mais en plus vous prostituez l’attribution du talent, son taux étant indexé à la mesure du taux de servitude.
Et cela à la face jaune des Français.
En outre me rabaissant, vous rabaissez aussi l’Angot ! Votre venin rejaillit sur Christine !
Dans la lucarne à gogoy on ne dépareille pas, on assortit, on n’aurait, pour rien au monde, accouplé un pauvre miteux qui ne peut même pas se payer une lame Gillette, avec cette lame tranchante de la pensée inique qu’est Christine.
On n’assied pas côte à côte devant Ben Camera deux écrivants, surtout quand l’un est une écrivaine, qui seraient en dissonance. Ce serait une erreur de casting, on n’accouple pas dans la pornographie mémorielle une virago des lettres pleine de fureur, de furor uterinus, avec un minable plumitif plein de Führer. »
Et de fait, Moit et Angox formaient ensemble ce duo classique de l’ordre établi, la chienne de garde et le fox à poil dur, le Yin et le Yang. Ainsi sont très Yang et Yin, respectivement, la Milice cagoulée qui fait sauter les yeux pour pleurer
des français désarmés, à peine piquetée ça et là, de fliquettes méchantes comme des tiques, et le Prétoire, véritable appareil féminin qui saigne à mort ceux qui pensent de travers, à peine épongé par quelques robes de burnes.
Ainsi nous avançons dans l’enceinte d’Injustice de l’Etablissement Pénitentiaire France, avec ses obscènes murs de cons et sa Chiourme à la lourde trique.
Moite et Angox, c’était comme Moet et Chandon, Black et Decker, Charybde et Scylla, une paire indéfectible assise sur un tandem parfait. Une Hystérique exaspérée et un imbécile hérissé, la pas Belle et le très Bête, l’in-Femme et le Sous-Homme.
Et plus avant, plus en arrière, plus dans le derrière, l’anathème rejaillit aussi par ricochet sur le duo précédent, Moix et Salamé, qui marchait si bien lui aussi, qui tournait si rond, comme leurs yeux similairement écarquillés.
Qui pourra jamais oublier s’il les a vu une seule fois, les yeux globuleux extraordinairement écarquillés de Léa, exorbités comme s’il voulaient jaillir de leur orbite, pour laisser voir au delà le vide incommensurable.
Vous souvenez vous, hommes de peu de Mémoire, de la Vestale scandalisée et de son Cerbère apprivoisé, ouvrant de grands yeux étonnés devant l’ombre d’une pensée propre, propre à contredire le Beau et le Bon et le Vrai, selon le Grand Sanhédrin, la paire indissociable d’argousins de « l’insupportable police juive de la pensée », pour reprendre respectueusement les termes de Madame Annie Kriegel en 1990 dans les colonnes blindées du Figaro.
— On a pas couché !
Et alors qu’est-ce que ça prouve ? Que Moix aurait du goût ? Il vient de le prouver par son œuvre picturale de jeunesse, providentiellement réapparue.
Oui, si j’étais Moix j’aurais dit :
— « Qu’est-ce que vous me cassez les texticules avec les noirs dessins de ma jeunesse nazie ! L’est pas avec les nazis BHL en Ukraine peut être ? »
Et, pris d’une ardeur toute rimbaldienne, [1] j’aurais ajouté :
— « Moi, on me lira ! Je reviendrai devant vous les joues en paille de fer, l’œil furieux ; sur mon masque, on me jugera d’une race forte. J’aurai de l’or : je serai oisif et brutal. Les femmes soignent ces féroces antisémites sur le retour ! Je serai mêlé aux affaires politiques, j’irai chez Soral ! Je serai maudit ! »