Avant-hier, mardi 8 juin 2021, un homme, sur la commune de Tain-l’Hermitage, a giflé Emmanuel Macron, président de la République française. Il comparaît aujourd’hui devant ses juges. Je précise que je ne suis pas son avocat et que je m’exprime ici en tant que citoyen. Le Conseil national des barreaux s’est déjà exprimé au nom de tous les avocats de France.
Sur CNews hier, Éric Zemmour a dit que le chef de l’État était l’incarnation de la France (dixit : « Gifler le Président, c’est évidemment gifler l’incarnation de la France »).
Il faut donc corriger. Il y a là une hérésie. Un seul homme, sur Terre, a jamais été l’incarnation de quelque chose. Cet homme, né sous Ponce Pilate, s’appelait Jésus de Nazareth et les registres du cens romain ont indiqué son nom : Fils de Dieu. Il n’y a que l’Incarnation dans le sein de la Vierge Marie qui puisse réaliser une incarnation.
Le président de la République occupe une fonction. Il représente l’auctoritas dans l’État. Sauf article 16, il n’a pas même la potestas, qui revient à son Premier ministre. Le Christ, vicaire de son Père, était représenté, sous l’Ancien Régime, par le Roi (tout comme le Pape). Un président de la République n’est donc qu’un intendant, un suppléant, un subrogé tuteur qui assure l’interim entre le départ et le retour du roi de France. Trève de sottise. Macron n’incarne pas la France.
L’union des deux natures, Dieu et homme, parfaite dans le Christ, est donc très imparfaite chez notre chef de l’État. On peut clairement distinguer en lui deux corps. Il y a, lorsqu’il remplit sa fonction, le Président. Et il y a Emmanuel Macron, un monsieur comme les autres. Ni plus, ni moins. Quand il embrasse un éphèbe en sueur, dans les îles, est-ce le Président qui agit ? Et lorsqu’il accomplit le devoir conjugal sur le corps de la Première dame, est-ce la France qui copule ?
Non. Il faut être sérieux. Un amoureux de la France, un royaliste, n’a pas pu gifler le chef de l’État. Respectueux de la fonction, il n’a pu souffleter que l’homme Macron, le politicien en campagne.