Bolloré, accusé de tuer la liberté d’expression sur Canal, chaîne des fausses libertés, est passé devant le CSA. Une mise en scène pour satisfaire les journalistes du Système.
Depuis des années, le CSA passe son temps à rémunérer grassement ses fonctionnaires, qui viennent y pantoufler (quand ils ne sont pas en « colloque »), et compter les temps de parole à la seconde près (pff) du faux débat droite/gauche, alors que le débat sionistes/antisionistes serait plus intéressant à rééquilibrer.
Mais ce n’est pas le débat.
D’ailleurs ce n’est jamais le débat.
Depuis l’annonce de son harponnage de la baleine Canal, un groupe qui pèse plus lourd que celui de TF1, et qui a un pouvoir d’influence certain, malgré ses audiences faiblardes, Bolloré est l’objet d’attaques en série venues de la gauche éditoriale, qui tient à protéger « la liberté d’expression ».
Or il s’avère que ces mêmes aboyeurs sont les premiers à censurer tous ceux qui ne pensent pas comme eux ! En réalité, ce ne sont pas quelques docs trappés, notamment un sur le Crédit Mutuel, qui ont déclenché ce tsunami de bonnes âmes prêtes à mourir la plume à la main pour la Déontologie. C’est surtout que le libéralisme brutal, qui les commande tous, se montre un peu trop dans la petite lucarne. Merde, au moins avec la gauche culturelle aux commandes, on avait l’impression d’une petite liberté. Mais là, point d’hypocrisie avec le tycoon breton. Un coup de rame dans la gueule, pas d’excuses, et dégage ta race de là. Il faut savoir que les journalistes de Canal ont une longue pratique de l’interventionnisme du service juridique (SJ). C’est un peu pour ça que Paul Moreira et ses copains ont fondé l’agence Première Lignes, et qu’ils travaillent maintenant pour d’autres diffuseurs, avec un peu plus de liberté dans le choix des sujets. On précise que de réaliser un doc sur la Palestine (on n’a même pas dit « pour ») constitue un chemin de croix pour un enquêteur, que ce soit sur France 2 ou Canal, les deux gros diffuseurs d’enquêtes.
Mais, à l’arrivée – on a refait pour vous le boulot qu’aurait dû faire le CSA – le rapport – c’est un exemple, n’est-ce pas – antisionisme/sionisme est toujours de 1 pour 99. Pourquoi cet exemple ? Parce qu’il détermine les limites de la liberté éditoriale en télé, c’est comme ça, ne nous demandez pas pourquoi. Le dernier carré de journalistes non alignés de France 2 (qui peuvent aussi travailler pour Envoyé Spécial) produisent des documentaires équilibrés, qui ne vont pas toujours dans le sens de l’idéologie dominante. Mais c’est une exception. Chez Canal, ils sont quasiment tous passés à l’ennemi, entendez « ennemi de l’information ». La production de cette chaîne en matière d’investigation depuis trois ans fait peur : on casse du catho, du dissident, du mal-pensant, du pseudo-facho, du Dieudo, du Soral. Un matraquage qui signe la mort de l’ouverture d’esprit sur la chaîne de la subversion, et aussi son corollaire, la baisse de l’intérêt du téléspectateur. C’est le prix à payer de la soumission au diktat BHLien.
De « l’indépendance » plein la bouche
Alors les pleurnicheries venues de la caste bien-pensante devant les élagages du coupeur de têtes breton, ça nous fait sourire. L’activisme est de retour avec le collectif Informer n’est pas un délit. Écoutons-les et écoutons leur requête :
« Nous estimons que le principe d’indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l’actionnaire principal du Groupe Canal +, Vincent Bolloré… Face à l’ingérence de l’actionnaire dans la ligne éditoriale des chaînes du Groupe Canal +, il est du devoir du CSA de demander des réponses aux questions essentielles suivantes :
[Nous nous sommes permis de répondre à ces questions bateau, et de corriger quelques coquilles, NDLR]
1/ Pourquoi un documentaire consacré au Crédit Mutuel et programmé par Canal + le 18 mai 2015 a-t-il été censuré ?
E&R : Parce que ça dérange Bolloré et probablement le pool bancaire qui le soutient.
2/ Pourquoi un documentaire inédit sur François Hollande et Nicolas Sarkozy programmé par Canal + le 28 septembre 2015 vient-il d’être déprogrammé sans motif, et ce, au profit d’un film déjà diffusé ?
E&R : Parce que Bolloré sait comme tout tycoon jouer de ses amitiés à droite et à gauche. Il a accueilli Sarkozy (éreinté par la campagne présidentielle de 2007) sur son yacht, tandis que Hollande a loué ses projets économiques.
3/ Pourquoi un projet de documentaire sur la BNP Paribas, accepté par le comité d’investigation de Canal +, est-il actuellement "gelé" sur ordre de la direction de Canal + ?
E&R : Voir réponse à la question 1.
4/ Comment justifier qu’un reportage sur l’OM, diffusé sur Canal +, ait été retiré du site Internet, au motif qu’ « on ne se fâche pas avec ses partenaires » selon les propos tenus par Vincent Bolloré le 3 septembre dernier lors du comité d’entreprise ?
E&R : Canal+ tient sur deux piliers, le sport et la fiction. Et le sport tient sur un pilier principal : le foot. Et le foot tient sur deux piliers : l’OM et le PSG. Tu touches à un de ces deux piliers, tu fais vibrer toute la maison Canal.
5/ Lors d’une réunion des délégués du personnel du 16 septembre, un membre de la direction, questionné sur les documentaires déprogrammés, a déclaré :
« La direction tient avant tout à défendre les intérêts du Groupe Canal + et estime qu’il est donc préférable d’éviter certaines attaques frontales ou polémiques, à l’encontre de partenaires contractuels actuels ou futurs ».
Allez vous vous servir de Canal + pour protéger les intérêts de vos « partenaires contractuels actuels ou futurs » ?
E&R : Cela paraît logique. Quelle question. Personne n’a envie de se tirer une balle dans le pied. Ni vous, ni nous, ni Bolloré et sa bande.
6/ Les intérêts de votre groupe sont-ils compatibles avec le respect de l’indépendance éditoriale d’un média ?
E&R : Les intérêts d’AUCUN groupe (de pression ou d’influence) ne sont compatibles avec le respect de l’indépendance éditoriale de quelque média que ce soit. Seule la loi du plus fort (et du plus menteur) règne, et les médias principaux sont les obligés de puissances économiques ou financières. Point barre. La preuve : le lobby sioniste en France fait la pluie et le beau temps sur toutes les chaînes, alors camembert.
7/ Les intérêts du Groupe Bolloré touchant de nombreux secteurs, notamment en Afrique, un journaliste de Canal + ou d’i>Télé pourrait-t-il, par exemple, travailler en toute indépendance sur la prochaine élection présidentielle ivoirienne ou sur les conditions de travail dans les plantations contrôlées par la holding luxembourgeoise Socfin dont Vincent Bolloré est actionnaire ?
E&R : Question idiote. Évidemment que non. Au même titre, de manière plus élargie, qu’un journaliste ne pourrait pas effectuer un travail impartial sur la puissance sioniste qui régit les médias français, de manière à la fois directe et non officielle.
La liste de ceux qui sont prêts à mourir pour l’Info
Vous l’avez compris, la gauche journalistique culturelle se refait une santé déontologique sur le dos de Bolloré, ce qui ne fait pas du Breton un romantique frappé de sensiblerie. Ces questions à la con ne changeront rien à la structure imbriquée du système médiatico-politique, avec de vraies puissances qui tiennent les rênes, et qui ne les lâcheront pas. Celles-là, notre collectif Informer n’est pas un délit, ne les a curieusement pas attaquées. Sûrement un oubli. Une coquille.
Parmi les 42 héros signataires (plus les Sociétés des journalistes des principaux médias), qui prennent des risques insensés – devront-ils changer de domicile chaque soir ? – nous avons exfiltré quelques noms intéressants, qui ont résonné dans notre infaillible mémoire.
Plus besoin de présenter Fabrice Arfi, la plume acérée de Mediapart, qui finira au Canard enchaîné, le panthéon des trublions inoffensifs. Normal, il reçoit des dossiers tout cuits des mains de son patron, le trotskard Plenel, qui les reçoit lui-même de l’Élysée. Comme ça, les vaches sont bien gardées.
Après Fabrice en tête de liste, on aperçoit Thomas Laurenceau, le rédacteur en chef de 60 Millions de consommateurs. Un magazine bien utile, mais qui dépend de son éditeur l’INC (Institut national de la consommation), et donc du gouvernement. Difficile alors de publier des sujets douloureux pour l’actionnaire. On appelle ça un grand écart éditorial. Mais nous saluons chaque tentative de s’affranchir de la tutelle économique du niveau d’organisation supérieur. Quand c’est possible.
Nous trouvons ensuite Christophe Nick, à N, à qui l’on doit un gros livre enquête sur les trotskistes, à la limite de l’indigestion, mais surtout une sortie contre les journalistes « d’investigation », qu’il compare à des « flics ». Réalisateur de nombreux documentaires bien-pensants, il s’attaque à la violence et à la télévision, et puis à la violence à la télévision. On a vu le résultat.
Non, les noms les plus intéressants de la liste – pardon pour les autres – sont bien ceux de Karim (Rissouli) et Nicolas (Vescovacci). Ceux-là, on peut vous en parler. Pas des heures, rassurez-vous, mais juste assez pour avoir une idée du pedigree.
Les chiens de Bolloré sont aussi les chiens du Système
Rissouli est l’ancien chroniqueur en plateau de Anne-Sophie Lapix sur Dimanche+, hebdo politique diffusé sur Canal en 2009. Depuis, il a pris du galon : Le Grand Journal pour du décryptage politique, et ensuite, tout récemment, Des Paroles et des actes sur France 2, sous l’aile de Pujadas. Rissouli, c’est bien simple : à chaque fois qu’il intervient, c’est pour livrer une dénonciation-système, ou une information tronquée. Rien d’étonnant, quand on a fait ses classes à Europe 1, la station que l’on ne présente plus. Nous avons sélectionné quelques interventions emblématiques du décrypteur.
Voir aussi : « Les effectifs réels de la manif du 13 janvier »
Le 13 janvier 2013, énorme manif anti-mariage gay à Paris. Dimanche+ retransmet en direct des images de son envoyée spéciale, Myriam Encaoua. Pour elle, il y a entre 75 000 et 120 000 personnes (on est en début d’après-midi). En réalité, il y a déjà au moins 500 000 participants. La ministre de la Santé Marisol Touraine, en plateau, se réjouit : « Il y a sans doute moins de manifestants dans la rue que ne l’espéraient les organisateurs... »
Karim Rissouli, souriant, lance : « Ils l’ont un peu mauvaise en ce moment les catholiques... »
Le 27 août 2013, Antoine de Caunes reçoit BHL au Grand Journal. Sujet du jour : le massacre chimique de la Ghouta, dans la banlieue de Damas. BHL parle de « ligne rouge franchie », Hollande dans un discours parle de « punir ». Karim intervient, en posant une question-réponse : « Pourquoi Marine Le Pen refuse de condamner Bachar el Assad, y compris depuis l’attaque chimique de la semaine dernière… »
Le 15 février 2014, dans Le Grand Journal, diffusion d’un discours de Fabrice Robert, du Bloc identitaire : « Ceux qui nous dirigent aujourd’hui à Paris, à Londres, à Bruxelles sont les collabos de l’Islam. Pour repousser l’islamisation, il faudra d’abord neutraliser politiquement ces collabos. Et comme à Poitiers ou à Vienne, nous gagnerons ! »
Karim commente : « Je vous avais prévenus, c’est un peu moins drôle, mais ça donne une bonne idée des fréquentations d’Oskar Freysinger et de l’UDC, ce parti qui a donc séduit plus de 50% des Suisses hier, et à quatre mois des élections européennes ben ça pourrait préfigurer une poussée populiste au Parlement européen. »
Le 16 septembre 2014, Karim montre les muscles du Grand Journal : « Il est de retour alors je peux vous dire qu’il fait hyper attention, aucun dérapage cette fois-ci, faut dire que y avait nos caméras dans les coulisses donc ça incite un peu à la prudence, chez Jean-Marie Le Pen. »
Aphatie ajoute : « Vous devriez y être plus souvent. »
Le 3 avril 2015, toujours au Grand Journal, Karim pose une question politique d’importance, digne d’un journaliste impartial : « Non, franchement, pourquoi est-ce que personne ne demande officiellement sa tête, aujourd’hui ? Il est invirable encore Jean-Marie Le Pen ? »
Le 11 mai 2015, il cueille l’invité Robert Ménard avec un sympathique « j’adore votre ancienne vie ». Enfin, vient la courageuse dénonciation : « On a pensé à une image assez récente, c’était lors du 1er mai lors du défilé du Front national, regardez cette image… Des journalistes des confrères du Petit Journal qui se font frapper alors par Gollnisch, par des militants du FN, est-ce que vous, l’ancien patron de RSF, ces images-là, là qu’on voit en ce moment, elles vous choquent ? »
On a gardé le(s) meilleur(s) pour la fin. Imaginez que dans cette liste de défenseurs de la liberté d’expression (rassurez-vous, il n’y a pas de journaliste E&R dedans, en même temps on ne nous l’a pas proposé) qui réclament la fin de l’immonde censure bolloréenne, il y a la paire – et ils se suivent alphabétiquement – Raphaël Tresanini/Nicolas Vescovacci ! De vieilles connaissances : les Laurel & Hardy du coup de balance Kommandantur déguisé en journalisme ! Le duo de réalisateurs de Manif pour tous : à l’assaut du pouvoir, documentaire à surcharge qui dénonce d’un doigt tremblant de rage tous les mal-pensants du pays. On ne vous la refait pas, le décryptage est là :
« Canal diffuse la liste des terroristes officiels »
On espère confraternellement que Bolloré leur coupera les vivres. Pas par esprit de vengeance, uniquement pour leur apprendre à vivre… dans le maquis, comme vos serviteurs. Nous, on ne craint pas Bolloré : c’est le grand méchant loup des journalistes-système. On le répète pour les confrères durs de la feuille : les larbins, ça finit toujours à la porte. Ou à la poubelle. La liberté, elle n’est pas dans la maison du Maître, elle est dehors.