Le résultat du scrutin législatif de jeudi en Algérie est sans surprise. Pour les critiques, il ne s’agit que d’une « pirouette démocratique » à l’attention de l’étranger.
Dans une Algérie sclérosée, le principal enjeu des élections législatives du jeudi 4 mai n’était pas de savoir qui l’emporterait. Que les partis au pouvoir, le FLN (164 sièges) et le RND (97) aient gagné la majorité absolue, laissant un lot de consolation aux islamistes (67), n’a étonné personne. Le résultat le plus attendu était le taux de participation : 38,25%, d’après les chiffres officiels (sans tenir compte du vote des Algériens de l’étranger). Il fallait éviter de faire moins qu’en 2007 (35,65%), même s’il était impossible, vu la faible affluence dans les bureaux de vote, de prétendre atteindre le seuil de 2012 (42,9%).
« Pirouette démocratique »
« Les élections en Algérie sont à usage externe, explique à L’Express Omar Benderra, ancien cadre du gouvernement et membre du site d’opposition en exil Algeria Watch. C’est une pirouette démocratique, une figure imposée, destinée à montrer aux grandes puissances, la France, les États-Unis, l’Union européenne, que l’Algérie n’est formellement pas une dictature. »
Le loupé d’une campagne publicitaire lancée par le ministère de l’Intérieur, censée convaincre les Algériens de se rendre aux urnes, est apparu comme un révélateur : les visages des « citoyens algériens » brandissant une carte d’électeur ont été achetés dans des banques d’images en ligne. Photoshopés pour paraître plus algériens, les portraits ont été pris en Afrique du Sud, en Estonie ou en Ukraine...
Algérie escroqueri
Ces visages que vous voyez partout et qui vous incitent à aller voter ? Ils ne sont pas Algérienshttps://t.co/r7oNiBcg4v ?— FreeAlgérie (@harf19dz) 17 mars 2017
De quoi renforcer, au contraire, la mobilisation ... contre le vote, sur le seul espace où cela n’était pas impossible, alors que les autorités ont interdit la promotion de l’abstention. Les appels au boycott se sont multipliés sur les réseaux sociaux, comme le souligne le site Maghreb émergent.
Rappeurs et youtubeurs, à l’instar de Lotfi dk, DZjoker, Anes Tina ou Kamal Labiad ont posté des vidéos pour appeler leurs fans à déserter les bureaux de vote. La vidéo du musicien DZjoker a fait plus de 4,4 millions de vues en quelques jours.
(À Ain Mlila, wilaya de Oum El Bouagui, ce sont des jeunes qui ont divulgué un vieux subterfuge utilisé par l’administration algérienne : l’extinction des feux ! Dans le noir total, les fraudeurs après avoir coupé l’électricité de tout un centre, s’adonnent à la fraude et au partage des voix. Ils ne supporteraient sans doute pas la lumière, ni la lanterne de la vérité.)