« Le président algérien Abdelaziz Bouteflika va bien », affirmait il y a encore quelques jours Djamel Ould Abbès le secrétaire général du FLN, le parti au pouvoir en Algérie. Rassurant ? Pas vraiment. Qu’à cela ne tienne, le président souffle ce 2 mars ses 80 bougies.
« Boutef », comme l’appellent familièrement ses compatriotes, est né le 2 mars 1937 à Oujda (Maroc) d’une famille originaire de Tlemcen, dans l’Ouest algérien. Au pouvoir depuis 1999, ce vétéran de la guerre d’indépendance est confronté depuis une dizaine d’années à des ennuis de santé qui l’ont contraint à de longues périodes d’hospitalisation à l’étranger. « Staline est mort, qui va aller le lui dire ? » dit une plaisanterie russe, adoptée ces jours-ci chez de nombreux Algériens.
Un pays plongé dans l’attente
Les spéculations ont été relancées de plus belle avec l’annulation à la dernière minute de la visite prévue le 20 février à Alger de la chancelière allemande Angela Merkel.
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En guise de réponse à ses détracteurs, le président Bouteflika a opéré de profonds changements au sein de l’armée et des services de renseignements. Il a notamment écarté le patron de l’antiterrorisme, le général Hassan (Abdelkader Ait Ouarabi de son vrai nom). En septembre 2015, il congédie le tout-puissant patron des services secrets, le général Mohamed Mediene, dit Toufik, à son poste depuis 25 ans. Des réponses jugées rapidement comme insuffisantes face à l’ampleur des difficultés que traverse le pays.
D’un côté, la crise économique due à la chute des cours des matières premières met la pression au gouvernement pour opérer des réformes profondes. De l’autre côté, la paix sociale longtemps achetée au prix d’importantes subventions connaît un coup d’arrêt. En somme, un cocktail alarmant, entre crise sociale, économique et politique.
Que dit la Constitution ?
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En théorie selon l’article 102 de la Constitution « lorsque le président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement ». C’est donc le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, qui devrait assurer l’intérim le temps d’organiser un scrutin présidentiel. Mais encore faut-il trouver une personne pour faire ce diagnostic...