Du Sahel à la zone guinéenne ou à la région péri-tchadique, l’ouest africain est en crise :
Au Mali où la question nord-sud n’a pas été réglée et où l’islamisme est d’abord la surinfection d’une plaie ethnique, les attentats se multiplient et le chaos menace, s’étendant au centre du pays et débordant sur le Burkina Faso. En plus de ses propres crises, le Niger subit les conséquences des conflits malien et libyen. Quant au Tchad, il est saigné par la perte de ses revenus pétroliers, ce qui y réveille les vieux démons…
Plus au sud, la Guinée risque de voir renaître ses oppositions ethniques à la faveur du prochain scrutin présidentiel, cependant que la Côte-d’Ivoire ne parvient toujours pas à surmonter ses divisions.
Dans le golfe de Guinée, le Nigeria est en pleine incertitude avec un président malade qui ne dirige plus un pays devenant peu à peu une sorte de bateau-ivre. En dépit de ses problèmes linguistiques, le Cameroun connaît un calme relatif avant la tempête qui risque de s’abattre sur lui à l’occasion de la campagne présidentielle de 2018.
Dans tous ces pays la « communauté internationale » (lire les Occidentaux), a imposé des élections en postulant qu’elles allaient y régler les crises. Sans tenir compte des leçons du passé et sans remettre en cause leur credo philosophique, les dirigeants des pays du Nord continuent de parler de « bonne gouvernance » et de démocratisation. Tétanisés par les dogmes qui les corsètent, ils nient ou ils refusent de prendre en compte les grandes réalités qui sont pourtant au cœur des problèmes africains : nous sommes en effet face à des sociétés communautaires et enracinées alors que le démocratisme est une idéologie individualiste, universaliste et hors sol.
Comment, dans ces conditions, prétendre que la démocratisation pourra ramener un semblant de stabilité dans des pays où le système du « One man, one vote » débouche sur l’ethno-mathématique, à savoir le triomphe automatique des représentants des ethnies les plus nombreuses, les plus prolifiques ?
Dans les Afriques où la criante nécessité d’États forts est une évidence, l’impératif démocratique décrété à la Baule par le président François Mitterrand le 20 juin 1990 a eu des conséquences désastreuses dont nous n’avons fini de mesurer les dégâts. Le multipartisme y a en effet affaibli des États en gestation et réveillé les luttes de pouvoir à travers des partis qui ne sont, dans leur immense majorité, que des habillages ethniques.
C’est pourquoi il importe de permettre à l’Afrique de reprendre au plus vite ce « raccourci autoritaire » qui traumatise tant les démocrates européens, mais qui, seul, est peut-être susceptible, un jour, de provoquer une coagulation nationale[1].