Jean-Ma et Marine, de l’eau dans le gaz
Le premier mai, comme chaque année le Front national fêtait Jeanne la Pucelle selon une mise en scène devenue rituelle devant l’Opéra.
Soudain, Le Pen Père tout de rouge vêtu surgit comme un beau diable sur le podium où il n’était pas convié, et se fit acclamer par la foule des fidèles et des infidèles. Belle ovation !
Le pourpre du manteau était pour marquer sa dignité de souverain.
Mais ce nouveau Roi Lear tombera bientôt de la pourpre cardinalice dans la noirceur du paria. Parce que le lendemain, exaspéré, le politburo sans foi ni autre loi que la loi Gayssot eut le front de l’exclure, lui le père du mouvement !
Le principal grief fait au Menhir c’est d’avoir récidivé dans l’histoire du détail.
Passons sur les trois autres reproches, qui ne sont là que pour faire nombre. Quand même il aurait dit Hommage à Pétain, Viva el mundo del Blanco et Merde à la chambre des députés, s’il avait battu trois fois sa coulpe dans la chambre du Détail, ça aurait pu gazer.
Dans cette histoire du détail on est dans le bobard absolu ! Parce que le détaillant obsédé qui y revient sans arrêt, y fait sans cesse allusion, qui en fait toute une histoire, et une histoire permanente, et une histoire personnelle, ce n’est pas Jean-marie Le Pen, mais d’abord et avant tout le Journaliste !
« Cette histoire de juifs, n’en faites pas une affaire personnelle ! » [1]
Hitler ? connais pas !
Au fond que signifie vraiment dire chambres à gaz = « détail » de l’Histoire ? ça veut dire Merde à la culpabilité éternelle !
C’est l’arrogant et libertaire Hitler connais pas de la jeunesse allemande des années soixante qui revient aujourd’hui dans la bouche d’un autoritaire français.
Qui sait que moins de vingt ans après la chute du nazisme, l’âpre vouloir-vivre de la jeunesse allemande, par haine d’un passé qui ne les concernait plus, clamait fièrement Hitler connais pas ?
Et que c’est le magnat de la presse ultra-sioniste Axel Springer, responsable de l’attentat contre le chef de la jeunesse insurgée Rudi Dutschke, qui militait au contraire pour la nécessité du « ne jamais jamais jamais oublier » !
Et nos journalistes (qui sont avant tout des imbéciles choisis à concurrence de leur imbécillité, afin de mieux ânonner les poncifs avec la même nov-langue abâtardie et laide), sont les émules contemporains du fasciste Springer.
Le contact avec cette pourriture ne peut qu’infecter irrémédiablement quiconque s’y frotte souvent. Non seulement on doit leur rendre des comptes, on entre dans les salles d’interviouve comme dans des commissariats, mais il faut parler leur langue vulgaire et dégradante.
Or le langage c’est la pensée. Même ceux qui gardent par devers eux « une pensée de derrière », comme dit Pascal, ne dureraient pas longtemps face à des petits flics de la pensée et à leur méthode de basse police. Même s’il tiennent le coup quelques temps, ils s’épuiseront vite parce qu’ils devront en permanence se surmonter.
Les plus idoines dans l’exercice seront nécessairement les plus dociles et les plus homogènes à l’engeance questionnante.
D’où l’inéluctable féminisation.
Nietzsche a dit : Encore un siècle de journalisme – et tous les mots pueront.
Près d’un siècle et demi plus tard l’odeur de lisier des rédactions est d’une telle force que seuls des individus sans odorat pourront tenir en face de ces porcs.
Ainsi sans qu’il le veuille ou qu’il s’en rende compte, une contre-sélection s’établit spontanément dans un parti qui aspire à la reconnaissance médiatique. Ce seront les plus aptes à supporter le contact, donc les plus proches, spirituellement parlant, de la racaille journaliste qui passeront au premier plan.
En dehors de toute idée politique, du pourquoi du comment, ce contact mondain avec le pire suffirait à expliquer la mutation du Front en cet agrégat affadi, où l’on pousse des cris très aigus en grimpant sur les tables devant l’expression d’un peu de courage viril, comme une femme quand elle aperçoit une souris.
Diabolise à Sion
Un sondage BVA-Orange-i>TELE : « Près d’un Français sur trois (32%) souhaite que Marine Le pen ait davantage d’influence dans la vie politique française ! »
Les Charlie, écrasés par l’Apartheid qu’ils font subir aux immigrés, en ont assez ! Ils veulent le « vivre-ensemble », sans coup de couteaux et de machettes, ni tirs d’AK47 ! Ils sont de plus en plus nombreux à désirer ardemment virer de bord avec la Marine nationale.
Sans compter que s’en prendre au politburo du Front c’est de l’antisémitisme, du sexisme et de l’homophobie.
Alors Stop !
D’ailleurs ajoute BAVE d’Orange et de tunes : Jean-Marie Le Pen voit sa « cote d’influence » plonger à 2 %. Et une cote qui plonge c’est pour Jean-Marie « un tissu de coups de poignards qu’il lui faut boire goutte à goutte ». [2]
BVA souligne encore que Marine Le Pen a « su utiliser cette séquence pour poursuivre son entreprise de dédiabolisation du FN, en marquant la distance avec son père ».
« Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père », Jésus Christ cité par Jean 8.44.
Sauf que Jésus disait ça aux Juifs ! Alors que maintenant ce sont eux qui le disent à Marine.
Or donc si l’on comprend bien se dédiaboliser c’est devenir Prolem sine patre creatam, une créature née sans père.
Ce qui confirme la PMA-GPA et tout le reste.
Marion Maréchal, nous voilà !
M. Gollnisch, qui symbolise au Front la droiture et la fidélité, inquiet pour l’avenir du parti, s’est exprimé au sujet des récentes péripéties. Pour étayer son appel à la raison et au calme, il cite la petite-fille du Président :
« Si ça continue comme ça, je n’irai pas, je ne veux pas me retrouver dans un truc où je peux me prendre un coup. Je ne vais pas assumer toutes les déclarations, toutes les haines, les querelles d’une force invraisemblable qui risquent de se produire. »
Inquiétudes qu’on ne saurait reprocher à une jeune femme, mais qui démontre à l’envie l’incompatibilité de la vraie politique avec le sexe féminin. Le risque de recevoir des coups et la necessité d’en donner est le B.A-BA de la politique, qui est la continuation de la guerre par d’autres moyens. Tout le monde n’est pas Jeanne d’Arc.
Les journaux : « La jeune députée du Vaucluse a été choquée par la virulence de son grand père Jean-Marie Le Pen à l’encontre de Marine Le Pen lors du bureau exécutif du parti lundi. » Elle a déclaré ne pas vouloir être « prise en otage par Jean-Marie Le Pen ! ».
Elle aussi a choisi son camp, et aurait voté pour l’exclusion si l’on en croit le journal.
Après l’ingratitude de la Fille, puis de la petite fille, le coup de pied de l’âne : maître Wallerand de Saint-Just : « Aujourd’hui, Jean-Marie Le Pen est un poids d’âne mort pour le Front national. »
Tout ça n’est pas bien beau.
R. N.
L’issue serait la scission évidemment, un parti se renforce en s’épurant.
« Un parti se prouve comme le parti vainqueur seulement parce qu’il se scinde à son tour en deux partis. En effet, il montre par là qu’il possède en lui-même le principe qu’il combattait auparavant et qu’il a supprimé l’unilatéralité avec laquelle il entrait d’abord en scène. [...]
De cette façon, le schisme naissant dans un parti, qui semble une infortune, manifeste plutôt sa fortune. » Hegel. [3]
À l’évidence le Front National possédait en lui même originellement « le principe qu’il combattait », le nier serait vouloir rester aveugle.
Que ce principe s’incarne maintenant au grand jour dans la propre fille du Vieux Chef n’est que la transmissibilité héréditaire de sa faute, son péché originel.
Au commencement thatchérien, reaganien, ultralibéral de type pinochiste, JMLP a longtemps géré sa formation comme une PME, et ne semble pas avoir voulu réellement bâtir un appareil de combat pour la prise du pouvoir.
Par contre il a tout fait pour favoriser celle de Marine à la tête du Front, bien qu’il connût l’aversion de cette dernière pour les idées premières de la Droite.
Ainsi de caché, le schisme originel apparaît maintenant sur la scène. Va-t-il se consommer par une scission politique ?
Avec d’un côté le parti gouvernemental de la Marine Anti-Voile dédiabolisée à toute vapeur, et de l’autre le parti des dissidents qui nous rejoindraient par la Route Nationale ?
En attendant, je crains que toute cette pantomime ne soit que pour faire élire Valls au 2ème tour..
Bio-Futilité
Je regrette pour mon humble part que notre nouveau-né RN ait vu le jour avec une tâche de naissance sur son logo : je parle des trois presse-agrumes qui le surplombent.
Sont ils une manière de marquer notre adhésion empressée aux thèses liquides de Thierry, et à sa nostalgie des chasseurs-cueilleurs qui mâchaient des baies, et sautaient gaiement de branches en branches, en lâchant régulièrement de sveltes bouses, peu compactes et peu odoriférantes ?
Mais comment aller à selle trente cinq fois par jours dans l’Entreprise ? On voit bien qu’il ne faut plus de travail, plus d’entreprises, plus d’État.
C’est la contre-révolution du néolithique inférieur.
Félix Niesche