Dans cette série en trois parties, je vais dévoiler les crimes du régime de Morales en Bolivie et démontrer qu’il a été un atout de l’impérialisme, plutôt qu’un opposant.
Partie un : un écologiste narcotrafiquant menant une guerre
contre la classe ouvrière
L’éviction du président bolivien Evo Morales le 10 novembre dernier par l’opposition de droite soutenue par les États-Unis, a été décrite comme étant un coup d’État classique de la CIA. Etant donné la reconnaissance immédiate du gouvernement par intérim de Jeanine Anez Chávez, le changement de régime semble être une victoire pour l’administration Trump.
Lors d’un discours adressé au Forum de Sao Paulo, l’ancien Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero l’a appelé « golpe de Estado », coup d’État. Les grands médias sont divisés sur la question. Par exemple, certains journalistes du Washington Post disent que c’est un coup d’État et alertent sur les dangers d’un régime d’extrême droite s’emparant du pays. D’autres chroniqueurs ne sont pas d’accord mais est-ce vraiment un coup d’État ?
Evo Morales a démissionné en tant que président ; et, pour que sa démission soit légale, une majorité de sénateurs ont dû accepter sa démission. Mais comme il avait ordonné aux autres membres du parti MAS (Mouvement pour le socialisme) de démissionner, cela veut dire que sa démission n’a pas été approuvée par le protocole requis.
Ainsi, Morales pourrait encore être décrit techniquement comme le président de la Bolivie. Étant donné les protestations de masse qu’il y a eues contre lui et les irrégularités aux élections dont il a admis l’existence, Morales aurait-il délibérément conspiré pour l’utiliser techniquement pour rester au pouvoir ?
Si Morales avait vraiment gagné l’élection, pourquoi a-t-il démissionné ? Il a dit avoir démissionné pour éviter un bain de sang mais est-ce vraiment crédible ? Morales demande maintenant le soutien de son ami le Pape François et des Nations unies pour faire la médiation dans la crise bolivienne. Comme nous le verrons dans la deuxième partie, le rôle du Vatican a été bien plus important que ce qui a pu être révélé au public anglophone.
Mais tout d’abord, tournons-nous vers les circonstances qui ont mené au changement de régime et ensuite, nous observerons les aspects troublants de l’histoire ouvrière bolivienne jusqu’ici ignorés ou déformés par la presse bourgeoise de gauche, avant de discuter des crimes du régime de Morales.
Morales ne s’est pas opposé à l’accord sur le lithium avec une société allemande
Beaucoup de journalistes évoquent les vastes ressources de lithium du pays comme une raison possible du coup d’État. La Bolivie possède jusqu’à 70% des réserves mondiales de lithium dont on a besoin pour les batteries électriques. Les défenseurs de Morales affirment qu’il avait refusé de négocier avec des sociétés étrangères qui cherchaient à exploiter les réserves de lithium.
Mais le gouvernement avait déjà signé un accord avec la société allemande ACI, malgré d’importantes protestations de travailleurs, dont certains ont fait la grève de la faim pour protester au sujet du manque de bénéfice pour la communauté locale. Morales a encore dit que c’était un complot ourdi par l’opposition pour le discréditer avant les élections. Morales voulait clairement brader les ressources du pays à l’ACI. Par conséquent, le fait que le nouveau régime soutenu par les Américains a donné le feu vert à l’ACI ne signifie pas grand-chose.
Rencontres secrètes avant le coup d’État
Quelques mois avant le coup d’État, le chef de l’armée bolivienne, le général William Kalimans, a rencontré l’ambassadeur cubain en Bolivie, Carlos Raphael Zamora Rodríguez, que ses ennemis surnomment El Gallo, le coq. Quel était l’objet de cette rencontre ?
Zamora est considéré comme l’un des ambassadeurs cubains les plus éminents et les plus expérimentés. Ancien officiel de haut rang du directoire du renseignement cubain (DI), il a présenté ses références au président bolivien le 8 mars 2019. Il a servi une mission diplomatique cubaine pour les Nations unies à New York de 1974 à 1977 mais cette information est curieusement absente de son CV.
L’ambassadeur cubain Zamora « El Gallo »
Selon la journaliste Roxana Lizárraga, Zamora a eu des rencontres avec les syndicats de cocaleros (producteurs de coca) dans la province du Chapare quelques semaines avant le coup d’État, laissant à penser que c’était douteux. Le Chapare est la principale région productrice de coca. Alors qu’il était là-bas, il a aussi rencontré le directeur de l’Organisation des États américains, Luis Almagro. Almagro est considéré comme l’homme le plus influent d’Amérique latine. Beaucoup le suspectent d’être un opérateur de la CIA. Ancien ministre des Affaires étrangères pour le gouvernement uruguayen (2010-2015), il a été un acteur clé du comité exécutif qui a légalisé les drogues en Uruguay en 2013.
- Luis Almagro
La légalisation des drogues est soutenue par le financier milliardaire versé dans l’ingénierie sociale, George Soros, et d’autres oligarques importants. Comme Almagro était un médiateur important dans l’amélioration des relations entre Washington et La Havane sous la présidence Obama, il connaît probablement bien Zamora mais il y a une forte présomption que les mondialistes, autrement dit les officiels liés à la haute finance et les Nations-unies, mettent en avant un agenda pro-drogue. Cuba est accusé par l’opposition à Morales d’être impliqué dans le trafic de cocaïne.
Le général Kaliman était un participant clé dans le renversement de Morales. C’est un diplômé de la tristement célèbre École militaire des Amériques qui a crée de nombreux régimes militaires de droite en Amérique latine pendant la Guerre froide. Selon Jep Sprague, jusqu’à huit militaires majeurs ont été formés là. Mais comment est-il possible qu’un gouvernement supposé être « anti-impérialiste » nomme au plus haut niveau des officiers qui ont été entraînés par les États-Unis ?
Il semblerait évident que les États-Unis veulent renverser un président socialiste dans un pays d’Amérique latine. Le socialisme et la démocratie populaire menacent les intérêts des entreprises américaines ; Washington a une longue histoire de renversements de gouvernements démocratiquement élus, remplacés par des dictatures militaires ou des régimes capitalistes impopulaires mais il y a un autre angle dans cette histoire qui a été complètement ignoré et qui concerne le passé nébuleux d’Evo Morales et ses liens avec des intérêts américano-israéliens.
Ce qui va suivre ne va pas plaire à de nombreux lecteurs. Ce n’est pas écrit pour ceux qui divisent le monde en gentils contre les méchants ; c’est plutôt une tentative de dévoiler la vérité sur un acteur crucial de ce qu’on appelle la « marée rose » en Amérique latine, des nouveaux régimes de gauche qui ont émergé dans les dernières décennies : le président Evo Morales Ayma.
Morales et les cocaleros
Lorsque Morales s’est emparé du Secrétariat général du syndicat des Cocaleros (producteurs de coca) du Chapare en 1984, il a commencé à saboter les efforts qui étaient en cours pour développer une agriculture alternative à celle de la production de coca. En fait, le gouvernement bolivien octroyait des fonds aux paysans pauvres pour produire d’autres récoltes qui auraient aussi aidé à nourrir la population locale. Morales est devenu président des six Fédérations des tropiques de Cochabamba en 1996, et a gagné ainsi de l’influence sur les autres syndicats importants tel que la Confédération syndicale unifiée des travailleurs ruraux de Bolivie, Confederación Sindical Única de Trabajadores Campesinos de Bolivia (CSUTCB).
Morales a éloigné l’organisation de la lutte des classes pour la rapprocher des « droits indigènes » mais son principe/programme était de s’opposer aux efforts d’éradiquer la production de coca en affirmant que c’était une partie de la tradition et de la culture locales et par conséquent justifiée.
Les paysans qui avaient obtenu du gouvernement des fonds pour des cultures alternatives, ont reçu des menaces de mort de la part des hommes de main de Morales. Loin du héros de la lutte de classe comme les gauchistes aiment bien le voir, beaucoup de paysans du Chapare le considèrent comme un agent des intérêts du trafic de stupéfiants soutenus par l’aile libérale de gauche de l’élite américaine au pouvoir.
Selon le journaliste Jaime Bayly, Morales a augmenté la production de coca au Chapare après avoir pris le pouvoir en 2006. 94 % du coca produit sur place est transformé en cocaïne. Morales a utilisé l’argent du contribuable pour construire des laboratoires de cocaïne. La cocaïne est ensuite vendue aux cartels mexicains, en particulier le cartel de Sinaloa du seigneur de la drogue notoire Joaquim Guzman Loeria alias El Chapo. Bayly affirme également que Morales a vendu de la drogue au Colombien Pablo Escobar dans les années 1980.
Dans son documentaire Dictatura Sindical, le journaliste d’investigation et prêtre catholique Ricard Romero Cossio interroge plusieurs leaders de syndicat de cocaleros de la région du Chapare. Ils évoquent des menaces de mort contre eux et leurs familles de la part de Morales. Ils disent qu’il a complètement aboli la liberté de parole dans les syndicats et les utilise uniquement pour obtenir du pouvoir et du prestige tout en masquant un programme de trafic de drogue.
Cossio a reçu des menaces de mort de la part du régime bolivien et de la CIA après la sortie de son film. Il dit que la CIA et la communauté du renseignement des États-Unis sont pleinement derrière Morales.
Franklin Guttierez – le véritable leader des producteurs de coca
L’opposition des cocaleros au régime de Morales augmente depuis quelques années. Franklin Guttierez, le président de l’Association départementale des producteurs de coca (Adepcoca), s’est opposé à la légalisation par Morales des récoltes de feuilles de coca dans les zones qui avaient été auparavant utilisées par les narcotrafiquants. Lui, ainsi que plusieurs autres dizaines de personnes, ont été arrêtés en 2018 lorsque le gouvernement a envoyé les militaires occuper leurs quartiers généraux – un acte clairement illégal et non démocratique.
L’organe international de contrôle des stupéfiants (International Narcotics Control Board – INCB) a demandé récemment au gouvernement bolivien de fournir un rapport sur la production et le trafic de stupéfiants en Bolivie. Selon Guttierez, le gouvernement s’est emparé de l’Adepcoca pour lui faire porter la faute pour le trafic alors qu’en fait, il fournit uniquement le marché intérieur légal de feuilles de coca.
En mai 2018, les cocaleros du Chapare ont décidé d’agir politiquement : Guttierez a annoncé qu’il dirigerait un nouveau parti populiste pour s’opposer à Morales aux élections de 2019. Son plan n’a pas duré longtemps.
En août 2018, un officier de police de l’Unité rurale de patrouille mobile (Umapar), responsable de l’éradication de la cocaïne, a été tué dans le Chapare. Guttierez et ses partisans ont été rendus responsables du meurtre. Guttierez est désormais en prison mais il a nié les accusations portées contre lui et affirme qu’il a été piégé et qu’il est un prisonnier politique.
Lorsque Unitel média a tenté de publier les dizaines d’interviews faites avec des leaders ouvriers qui dénonçaient Morales, leurs quartiers généraux à Yacuiba ont été bombardés. Des documents semblent révéler que le personnel à la sécurité de Morales a été impliqué. Un homme d’affaire local a affirmé que l’ambassade du Venezuela a été aussi impliquée dans l’attaque. Il serait aisé de rejeter de telles affirmations comme étant de la propagande antisocialiste si Morales avait été vraiment un vrai socialiste ou un opposant au mondialisme mais il y a de maigres preuves pour cela.
La guerre de Morales contre les coopératives
Les coopératives financières et industrielles ont eu un rôle majeur dans le développement de la province de Santa Cruz, la plus riche du pays. Le maintien de leur indépendance est un facteur clé qui mène à l’opposition au gouvernement dans cette région mais les coopératives à travers le pays avaient eu des conflits avec le régime de Morales.
Le gouvernement est entré en conflit avec les coopératives financières depuis la création de l’Autorité pour la surveillance du système financier (ASFI) en 2008. Cela s’est effectivement traduit par une prise de contrôle du système de coopératives de la part de l’État, privant les travailleurs de leur autonomie et de leurs droits de négociation des salaires. La corruption de l’ASFI s’est aussi traduite par la perte des économies des familles à bas revenus. Encore une fois, aucun intérêt n’a été montré de la part des leaders acclamés du socialisme du XXIe siècle envers tout cela. En dépit du fait que dix fois plus de coopératives minières ont été créées durant les sept premières années du gouvernement Morales que les sept années qui ont précédé son élection en 2005, l’augmentation a été due largement à une augmentation significative du prix des minerais. Dans sa tentative de s’emparer des coopératives profitables, Morales a été sans pitié dans son écrasement des dissidents.
En août 2016, cinq mineurs ont été abattus par l’armée à Potosi après que le gouvernement ait tenté de s’emparer de la coopérative minière. Les mineurs ont kidnappé et assassiné le Ministre de l’Intérieur bolivien, Rodolfo Illanes.
« Les mineurs qui travaillent dans des coopératives plutôt que dans des compagnies privées ont été frappés par la récession des produits mondiaux et demandaient que le gouvernement soit plus souple dans les restrictions environnementales et augmente les subventions. »
Des restrictions environnementales et un manque de subventions gouvernementales : c’est l’essence de l’éco-socialisme soutenu par l’élite. Les informations internationales ont fait une large couverture sur la mort du politicien mais ont ignoré les morts de mineurs pauvres et désespérés qui les avaient précédeés.
Les conditions dans les mines de Potosi sont parmi les pires du monde et ridiculisent l’idée que la Bolivie est un état « socialiste ».
Vous pouvez avoir une idée de la nature anti-ouvrière du régime de Morales en regardant un reportage de septembre 2016 sur les meurtres de mineurs du libéral Real News Network. Ce qui est intéressant dans ce reportage, c’est que l’analyste américain du média Andean Information Network défend finalement les actions du gouvernement de Morales.
La raison principale du conflit entre les mineurs et le gouvernement bolivien concernait les restrictions environnementales déraisonnables que la prise de contrôle du secteur imposait.
Pour faire plaisir à des milliardaires comme Al Gore et ses sbires, les travailleurs boliviens vont devoir réduire leur « empreinte carbone », par conséquent accepter d’avoir leurs revenus réduits pour le bien de la planète.
Pour détourner l’attention du fait qu’il est une marionnette des intérêts mondialistes, Morales utilise l’argument comme quoi c’était, non pas des coopératives, mais des entreprises privées. Il a ensuite suggéré que les opposants utilisaient le conflit minier pour organiser un coup d’État contre lui mais aucune preuve d’un tel coup n’a jamais été produite. La motivation principale pour le contrôle du secteur minier par l’État est sa conformité avec les régulations environnementales internationales. Cela n’a rien à voir avec l’amélioration des vies de la classe ouvrière.
Lire l’article entier sur gearoidocolmain.org
Le quadruplement de la production de coca pour cocaïne sous Morales :