Depuis le basculement du Brésil dans le camp américain, la déstabilisation du Venezuela et de l’Équateur (en cours), voici que la Bolivie semble vivre une révolution orange qui la rapproche de l’Empire.
Les Américains n’ont pas renoncé à leur chasse gardée au sud. Leurs pantins sont déjà prêts à prendre le pouvoir aux anti-impérialistes.
Après trois semaines de violences, le président bolivien a été forcé d’annoncer sa démission, lâché par le chef de l’armée et de la police. L’opposition salue une « leçon au monde », le dirigeant dénonce un « coup d’État ».
« Le coup d’État a eu lieu » : c’est par ces mots que, ce 10 novembre, le vice-président bolivien Alvaro Garcia Linera a commenté la démission du président Evo Morales, annoncée quelques instants plus tôt dans un climat d’émeutes et de violences qui se poursuivent depuis plusieurs jours. Le leader socialiste, dont la réélection est contestée par l’opposition, avait d’abord proposé, en vain, de nouvelles élections pour sortir de la crise et lever les doutes. Mais, lâché par l’armée et la police, il a finalement exposé les raisons de son départ lors d’une allocution télévisée :
« J’ai décidé de démissionner de mon poste pour que [les opposants] Carlos Mesa et Luis Camacho cessent de maltraiter et de porter atteinte à des milliers de frères. » Rappelant ses responsabilités en tant que « président indigène et président de tous les Boliviens », il a ajouté : « J’ai l’obligation de rechercher la paix et cela me fait très mal que nous nous affrontions, entre Boliviens. »
Morales dénonce un « coup d’État » civil, politique et militaire
Selon des propos rapportés par le média bolivien La Razon, le dirigeant a dénoncé un « coup d’État » civil, politique et militaire, mis en oeuvre par des groupes radicaux qui sèment le chaos dans les rues, et a ajouté : « Notre péché, c’est d’être indigène et d’être une gauche anti-impérialiste. » Il a en outre dénoncé comme une « décision politique » l’appel de l’Organisation des États américains (OEA), dont le siège est basé aux États-Unis, à l’organisation d’un nouveau scrutin.
Plusieurs voix de gauche ont réagi à l’annonce d’Evo Morales, à l’image du président élu argentin, Alberto Fernandez, qui a dénoncé sur Twitter :
« En Bolivie a eu lieu un coup d’État produit par l’action conjointe de civils violents, du personnel policier qui s’est démobilisé et de la passivité de l’armée. »
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a pour sa part condamné « catégoriquement le coup d’État survenu contre le frère président Evo Morales », tandis que celui de Cuba, Miguel Diaz-Canel, a évoqué un « coup d’État violent et lâche de la droite contre la démocratie en Bolivie ».
« Demain, la Bolivie sera un nouveau pays »
Du côté de l’opposition, qui ne reconnaît pas les résultats de l’élection présidentielle du 20 octobre donnant Evo Morales vainqueur dès le premier tour, Carlos Mesa, arrivé second lors du scrutin, s’est réjoui : « Nous avons donné une leçon au monde, demain la Bolivie sera un nouveau pays. »
Dans les rues de La Paz, des citoyens sont sortis pour célébrer l’annonce.
#VideoNoticias
Así celebra la gente en el centro paceño tras conocer la renuncia del presidente @evoespueblo y del vicepresidente Álvaro #GarcíaLinera pic.twitter.com/2QQG9IyPQH— La Razón Digital (@LaRazon_Bolivia) November 10, 2019
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Tandis que l’incertitude politique demeure à la tête du pays, de premières arrestations ont été annoncées par le chef de la police, Vladimir Yuri Calderon. La présidente du Tribunal électoral, Maria Eugenia Choque, et son vice-président Antonio Costas ont en effet été emmenés par des soldats cagoulés en vue d’être entendus sur de présumées irrégularités commises durant le scrutin d’octobre.
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Un mandat d’arrêt « illégal » a même été émis contre le président démissionnaire, selon l’intéressé. Si le commandant de la police, Vladimir Yuri Calderon, a démenti l’existence d’un tel mandat d’arrêt, l’un des principaux opposants à Evo Morales, Luis Fernando Camacho, a confirmé son existence.
Incendies, prise d’otages et affrontements
Depuis la victoire contestée d’Evo Morales à la présidentielle du 20 octobre, les incidents se sont multipliés en Bolivie. Dans les deux camps, trois morts et 383 blessées sont à déplorer.
Les épisodes particulièrement violents causés par certains groupes de manifestants aux méthodes criminelles se sont également multipliés, poussant certains membres du gouvernement à annoncer leur départ le 10 novembre avant l’annonce d’Evo Morales.
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Soutien affiché des classes populaires et des populations indigènes dont il est issu, il a notamment mis en œuvre la nationalisation de secteurs clés de l’économie. L’ancien vice-président démissionnaire, Alvaro Garica a d’ailleurs rappelé, lors de son annonce le 10 novembre, ses principaux faits d’armes :
« Nous sommes le gouvernement qui a nationalisé les hydrocarbures, le gouvernement qui a sorti plus de 3 millions de citoyens de la pauvreté. »
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