Après avoir passé des années à refuser de chiffrer le problème, Uber a révélé avoir enregistré près de 6000 agressions sexuelles aux États-Unis en deux ans. Le géant du secteur a publié le 5 décembre un rapport détaillé sur la sécurité, qui révèle que 5981 agressions sexuelles ont été dénoncées par des utilisateurs, des conducteurs, ou des tiers sur le territoire américain en 2017 et 2018. Ce chiffre comprend attouchements, tentatives d’agression et viols. Le même rapport dénombre 19 homicides sur la même période.
« Cette année, il y a eu chaque jour près de 4 millions de trajets sur Uber aux États-Unis », remarque Tony West, le directeur juridique du groupe. « La plateforme reflète le monde dans lequel nous opérons, avec ses bons et ses mauvais aspects ».
Ce rapport, le premier du genre, s’attache à mettre en perspective les incidents – en mentionnant l’importance des risques de violences sexuelles – et insiste sur les efforts entrepris pour lutter contre ces menaces. Pas sûr que cela suffise à rassurer les utilisateurs, qui appellent souvent une voiture précisément pour se déplacer en sécurité.
En France, les témoignages de femmes agressées lors de trajets en VTC (véhicule de tourisme avec chauffeur) se multiplient depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, sous la bannière #UberCestOver (Uber c’est fini).
"Je rentre chez moi la culotte descendue... "
Après une soirée, Anaïs commande un Uber pour rentrer en sécurité. Sur le trajet, son chauffeur va la violer.Aujourd'hui avec d'autres victimes, elles témoignent avec #UberCestOver pic.twitter.com/imNgNhyETV
— Konbini news (@konbininews) December 2, 2019
Victime de harcèlement sexuel pendant un trajet dans la voiture d'un chauffeur Uber, Camille a interpelé la compagnie avec le hashtag #ubercestover. Son témoignage ⤵️ #Quotidien pic.twitter.com/5YjxkfPaIC
— Quotidien (@Qofficiel) November 28, 2019
« On vous rembourse la course »
La tourmente n’épargne pas Lyft, le rival d’Uber aux États-Unis, qui avait pourtant cherché à se positionner comme un acteur plus responsable. Depuis septembre, 34 femmes ont porté plainte à San Francisco contre Lyft pour des agressions sexuelles commises dans les véhicules de chauffeurs affiliés à la société californienne.
Caroline Miller, l’une des plaignantes, s’est endormie à l’arrière d’une voiture après avoir fêté son anniversaire. « Quand je me suis réveillée, il était en train de me violer », a raconté la jeune femme lors d’une conférence de presse le 4 décembre.
Le chauffeur en question a été arrêté, mais Lyft n’a pas présenté d’excuses, selon elle. « Ils ont juste offert de lui rembourser sa course », a expliqué Michael Bomberger, l’avocat des 34 femmes.
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Depuis cette année noire, et après plusieurs cas rapportés de violences sexuelles, Uber a rompu avec la stratégie d’étouffement des affaires.
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« Juste du marketing »
Côté sécurité, Uber et Lyft ont rendu plus difficile l’usurpation d’identité par des conducteurs, renforcé les contrôles pour détecter des criminels déjà condamnés et ajouté dans leurs applications un bouton permettant de signaler un problème pendant le trajet.
« Ce bouton, c’est une blague », réagit Michael Bomberger pour l’AFP, ajoutant : « Qui peut se servir de son smartphone pendant une agression ? C’est juste du marketing. » L’avocat prône l’enregistrement systématique des courses pour que les chauffeurs se sentent surveillés, une meilleure coopération avec les autorités et des vérifications plus minutieuses du passé des conducteurs.
« Lyft ne prend pas au sérieux la sécurité de ses passagers. [...] La plateforme est conçue sur mesure pour des prédateurs sexuels », a-t-il asséné lors d’une conférence de presse.
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