Egalité et Réconciliation
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La grande peur des intellectuels français

Nous avons choisi, parmi les intellectuels honnêtes actuellement médiatisés, trois exemples d’autolimitation sur la question sioniste. Non pas que nous soyons obnubilés par celle-ci, mais elle demeure un excellent marqueur de la liberté de pensée. Ceux qui creusent tombent nécessairement sur cette couche de roche dure ; les uns s’arrêtent, les autres font semblant d’être arrivés. Car la roche, à travers la pioche, rend coup pour coup dans les bras du mineur.

 

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Todd, Zemmour et Halimi tombent sur un os

 

Onfray, Badiou, Boniface, Zemmour, Halimi, Finkielkraut, Michéa, Todd, ces intellectuels ont tous fatalement approché le grand rocher interdit, qui fait mal à la pioche et au bras. Mais se sont arrêtés à la ligne rouge. Il n’est pas question ici d’analyser le rapport de ces intellectuels au sionisme en convoquant leur éventuelle judaïté. Aucun intérêt, même si on entend d’ici le gros son de cloche « l’antisionisme est aussi aux mains des juifs ». Ce qui compte, c’est l’architecture conceptuelle et la relation qu’elle entretient avec le sionisme (et précisément le pouvoir sioniste en France), saisi comme élément de pensée politique. Une brique de la pensée comme une autre – libéralisme, féminisme, nationalisme, fascisme, individualisme, collectivisme, marxisme –, nécessaire pour comprendre le monde qui nous entoure. Un jour ou l’autre, quand ils ont donné leur coup de pioche dans la roche, tous ces intellos ont été traités d’antisémites ou d’antisionistes. Pour éviter de transformer un article en livre, nous allons focaliser sur Halimi, Zemmour et Todd.

 

Todd et la République égoïste

 

Essayons de synthétiser en quelques phrases le dernier livre de Todd, et les réactions à ce livre. Ou du moins d’en sortir les idées forces, avec des mots simples. Pour Todd, les manifs du 11 janvier à travers le pays, au-delà de l’émotion nationale bien compréhensible, expriment la voix d’une France qui n’est pas habitée que de bons sentiments. Certes, en manifestant contre le Mal, on se trouve automatiquement du côté du Bien, même si ce dernier rassemble Valls, Hollande, Sarkozy et Netanyahu. Un assemblage douteux qui sent la démocratie modifiée. Ce que dit Todd, en substance, c’est que la démocratie française existe bien, mais pour cette France-là, qui peut se permettre le luxe de souffrir d’un attentat… contre ses valeurs. Qui sont la liberté de la presse, de blasphème, d’expression, d’opinion… alors même que les réprouvés de ce système en souffrent.

La France qui a défilé est la France sûre de son bon droit, de son confort de vie et de sa retraite. Les autres, le lumpen, les racailles, les Arabes, les Noirs, les pauvres, les petits Blancs, les fachos, tous dans le même sac, se sont abstenus. Pas parce qu’ils manqueraient de cœur, non, mais pour deux raisons : un, ils en chient déjà assez avec la crise, et deux, ils morflent sur ordre de ce système gentil, à travers notamment Charlie Hebdo et son contenu anti-beaufs et anti-musulmans, ou Canal+ et ses émissions anti-pauvres et anti-ploucs. La France des pauvres et des ploucs, qui s’en prend plein la gueule depuis 10 ans – depuis l’avènement de l’euro et la chute du niveau de vie – est restée l’arme aux pieds. Ce sont les néobourgeois qui ont fait la révolution du 11 janvier, et ça, Todd l’a bien compris, même s’il est lui-même un rejeton de la bonne bourgeoisie intellectuelle de gauche, ce qu’il ne nie pas. Effort d’autant plus méritoire : je sais d’où je parle.

« Ce bloc majoritaire continue d’exprimer de merveilleuses valeurs européennes et universelles, mais il accepte en pratique un fantastique durcissement interne de la société… Le bien-être de cette classe émane d’un système social non seulement égoïste, mais hypocrite puisque ses représentations officielles nient les relations de force, d’exploitation, d’exclusion et de répression ». »

(Extrait de Qui est Charlie ?, rapporté par Mediapart, le 7 mai 2015)

 

La France Charlie, qui crache sans vergogne sur la France pas-Charlie, ne doit donc pas s’étonner de l’absence du pays d’en bas dans les manifs grotesques post-attentats bidon, où l’on piétine quatre heures derrière les organisateurs-récupérateurs ! C’était la manif des fans de Jane Birkin, qui s’émeut d’une injustice en Asie, mais qui méconnaît la souffrance sociale qui sévit à trois kilomètres à vol d’oiseau de son nid douillet. C’est cette France égoïste et hypocrite que fustige Todd, et qui met les critiques de son livre dans l’embarras ; nous pas. On vous passe les calculs, variables, statistiques et autres comparaisons qui ont abouti à sa théorie des deux France parce que nous, ces deux France, il y a longtemps qu’on les a distinguées, et longtemps qu’on essaye de les recoller, de les réconcilier, et c’est bien pour ça qu’on se prend la répression dans le bide, parce que les activistes radicaux du système trouvent leur intérêt dans la séparation, l’éclatement du pays ! Elle est là, la trahison ! Excusez-nous pour cette parenthèse qui peut paraître simpliste, mais le débat se situe sur cette faille riches/pauvres, dominants/dominés (non, non, rien n’a changé), éduqués/sous-éduqués, sionistes/antisionistes, cette dernière fracture s’élargissant depuis le début des années 2000 : seconde Intifada, travail d’image d’Israël, révélation et montée du pouvoir sioniste en France, répression médiatico-politique.

« Qui est Charlie ? Charlie c’est cet être collectif, ces classes moyennes, fortement teintées de catholicisme zombie, qui considèrent que la société française actuelle est normale. Et qui n’éprouve pas le besoin, ainsi que le suggérait Joxe, de faire les choix économiques ou de chercher les solutions économiques qui permettent d’apaiser les souffrances de l’autre moitié de la population française. »

(Arretsurimages.net, 22 mai 2015)

 

En écoutant attentivement la longue émission de Daniel Schneidermann à Emmanuel Todd consacrée, nous avons sursauté. L’analyse toddienne des deux France fonctionne quand soudain, le chercheur dérape sur l’antisémitisme, et change sa panoplie de scientifique neutre (si d’aventure on peut l’être) pour celle du juif inquiet. Étrange, de la part de cet intellectuel indépendant, qui fut longtemps le compagnon de route d’une Marianne (l’hebdomadaire) néonationaliste, républicaine, et anticommunautaire. Époque révolue, puisque aujourd’hui le titre a sombré, entre autres, dans l’islamophobie la plus compatible avec l’idéologie dominante. Du néocon encore un tantinet antilibéral, faut bien vendre sa soupe au peuple de gauche, ou à ce qu’il en reste. Attaqué par le CEVIPOF – ce réacteur du libéralisme – et la meute sioniste, Patrick Cohen en tête (est-il naïf ou en service commandé ?), ou par ce pauvre Jean-Marie Le Guen qui invoque « la haine de soi », Todd prouve qu’on peut difficilement échapper à la binarité quand on a un pied dedans, un pied dehors. Voici l’articulation en question :

« Il y a une chose dont on n’a pas parlé et dont on a du mal à parler, plutôt sur lequel j’ai du mal à m’exprimer en détails, c’est cette question de la dialectique de l’interaction contre l’islamophobie et l’antisémitisme. Le livre plaide fondamentalement pour un accommodement avec l’islam, je dirais que je suis à ce niveau dans mon rôle habituel, y a des périodes où je faisais des blagues sur moi-même en disant mais oui, je suis l’intellectuel organique des gosses d’origine maghrébine, à l’époque où je me fritais avec Sarkozy… et je ne suis pas sorti de ce rôle d’une certaine manière, mais je crois que ce qui m’a donné la force, l’énergie d’écrire ce livre, qui a été vraiment une épreuve physique pour moi, ça a été le truc de l’Hyper Casher. C’est-à-dire que j’ai fait partie de ces Français optimistes qui pensaient… que le retour de l’antisémitisme en France n’était pas possible. J’ai un peu vécu comme un imbécile heureux sur ce plan. J’ai encaissé l’affaire Merah comme un malheureux accident, j’ai commencé à avoir des doutes avec l’histoire du musée juif de Bruxelles, tout ça commis par des Français d’origine maghrébine, et en fait avec l’Hyper Casher j’ai craqué, c’est-à-dire que j’ai admis ce que d’autres avaient vu bien avant moi, et que j’avais du mal à accepter, c’est-à-dire la diffusion de l’antisémitisme dans une partie des populations jeunes d’origine maghrébine des banlieues. J’en ai fait autre chose…

Le truc qui tombe sous le sens c’est quand vous êtes dans une atmosphère qui se répand, en particulier dans les classes moyennes, et arabophobes des milieux populaires, vous dites ben une preuve de plus de ce qu’il y a un problème avec l’islam. J’ai essayé d’aller plus loin et de démonter dans le livre l’interaction perverse qu’il y a entre la montée de l’islamophobie et la montée de l’antisémitisme… D’abord il y a un truc qui tombe sous le sens : si vous êtes dans une société où une passion religieuse ou antireligieuse augmente, vous aurez toutes les passions antireligieuses qui vont monter. Donc il est évident que toute accentuation de l’islamophobie va aboutir à une accentuation de l’antisémitisme. C’est pour ça que je suis très en colère que les gens qui se réclament et qui se disent athées défenseurs de la République et qui se disent menacés par l’islam et qui font de l’islam un problème qu’il n’est pas, je suis très en colère qu’ils fassent semblant de ne pas voir qu’en fait ils mettent les juifs en danger, les juifs pratiquants en danger. »

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En 1933, les nazis interdisent les commerces juifs aux aryens

 

Pour ceux qui n’auraient pas compris, Todd évoque l’article de la journaliste du Monde Raphaëlle Bacqué, et là, les points Godwin défilent :

« Le portrait est sympathique mais ce qui ne sort pas c’est que j’ai passé une demie heure à lui expliquer que pour la première fois de ma vie j’étais inquiet de la montée de l’antisémitisme, et que pour la première fois de ma vie je me sentais juif et j’avais écrit un livre en tant que juif, essayant d’avertir à quelque chose. Rien dans l’article… zappé. […] Comment ne pas voir que c’est aussi un livre sur l’antisémitisme ? »

  Schneidermann :

« Le fait que l’antisémitisme aujourd’hui se soit nourri de l’antisionisme et de la critique radicale de la politique israélienne parmi ce qu’on appelle les jeunes des banlieues… Mais vous estimez que cet antisionisme a muté de manière définitive et radicale en antisémitisme ? »

Todd :

« Avant de s’intéresser à ce qui se passe très très loin au Moyen-Orient, si l’on veut étudier des phénomènes de pourrissement idéologique dans la société française, il faut s’intéresser à la dynamique de la société française elle-même, c’est là que ça se résout, parce que si les gens sont heureux économiquement et à l’équilibre psychologiquement, il peut rien se passer de grave, quels que soient les symboles qui arrivent de l’extérieur. Et quand on analyse la société française actuelle… on voit toutes les conditions qui avaient été réunies dans l’Allemagne d’avant le nazisme. Vous avez la combinaison d’une crise religieuse centrale, d’une perte de foi, avant le nazisme entre 1880 et 1930 la croyance religieuse s‘était effondrée dans toute la partie protestante de l’Allemagne, c’est là qu’Hitler a fait toutes ses voix, la religion catholique pratiquante, qui n’était pas zombie à l’époque, avait beaucoup mieux résisté, et ça s’était combiné à la crise de 1929. L’équation magique pour obtenir un déchaînement de passions mauvaises, c’est la perte du sens religieux sur lequel on surimpose une crise économique et un mal-être matériel ou physique de la population.

La France, on est sur un rythme plus lent, la population est plus âgée, on est beaucoup plus riche, l’État social tient, il y a de la sécu, il ne faut pas dramatiser, et tout se passe sur un rythme plus lent… On a une crise de foi, crise métaphysique exactement comme dans l’Allemagne des années 30, Dieu est mort, plus personne croit. Et les Français n’en sont même pas conscients, et veulent vivre avec l’idée que c’est formidable, mais c’est pas vrai ! [...] Dans cette France où plus personne ou très peu de monde croit en Dieu, tout le monde se met à parler de religion… La France est un pays bloqué du point de vue économique, tout le bas de la société est en train de pourrir parce qu’on ne peut plus faire de politique de relance… On ne peut rien sur le plan religieux… On fait de l’islamophobie, on aura de l’antisémitisme, et toute personne qui fait de l’islamophobie pour moi doit se sentir responsable du fait qu’elle fait prendre des risques à la population d’origine juive. »

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Todd après un extrait de la matinale de France Inter : « En fait la citation de Cohen est tronquée parce que c’est blasphémer de façon répétitive et systématique… Y a l’idée de campagne… Blasphémer une fois de temps en temps c’est une chose, faire du blasphème antimusulman son métier c’est autre chose. »

 

À partir d’une classe moyenne globalement pro-euro, Todd prophétise plus d’injustice sociale, plus de violence, plus d’islamophobie et plus d’antisémitisme. Aveuglement ou manière de nier la propagande sioniste islamophobe ? Car l’islamophobie est organiquement liée au sionisme, et non à l’antisémitisme ! Étonnamment, Todd rejoint Attali le catastrophiste sur la situation pré-nazie de la France d’aujourd’hui. Pourfendeur de l’islamophobie, Todd nous avertit de ses dangers en soulignant le risque d’une montée du sentiment antireligieux pour la population… juive de France. On est alors en droit de se demander pourquoi Finkielkraut a attaqué le chercheur avec autant d’agressivité. Résumé par Causeur de la position de l’essayiste :  

« Aux yeux d’Alain Finkielkraut, ce ne sont que calomnies et insultes lancées à la figure des victimes de l’attentat de Charlie Hebdo, parmi lesquelles Charb, Cabu, Wolinski, Tignous et Bernard Maris. La gauche antifasciste ayant été “démentie par le Allahou Akbar des frères Kouachi, elle devient démente” en mettant la lutte contre “l’islamophobie” au centre de ses priorités alors qu’on tue des juifs et des dessinateurs au nom de l’islam. »

 

Acrimed et Monde diplo : libéralisme partout, sionisme nulle part

 

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la bande à Serge Halimi n’ethnicise, ne religiose pas les conflits idéologiques actuels. S’il la rédaction du Monde diplomatique reste anticapitaliste ou antilibérale, pointant chaque mois les excès de l’impérialisme américain ou même français dans ses pages, la critique médiatique halimienne s’arrête toujours aux portes de la synagogue. Pour notre démonstration, nous avons ingurgité le dossier très fouillé de juin 2015 sur le complot, moins malhonnête que celui du Courrier international.

 

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Frédéric Lordon exprime dans l’article du Monde diplo que le peuple accède à une majorité dans la pensée politique non contrôlée par la dominance, ce qui explique les résistances de cette dernière, et l’accusation de conspirationnisme.

 

Parler sérieusement de politique en France aujourd’hui sans parler du lobby sioniste, c’est comme parler de politique en 1712 sans évoquer la monarchie, ou de l’Allemagne de 1935 en oubliant le parti nazi.

Si Le Monde diplo et Acrimed s’attaquent aux méfaits du libéralisme dans la politique et les médias, assez vite, ces deux titres honorables s’arrêtent à une ligne délimitée par le… pouvoir (même si la bande à Halimi a souvent été prise pour cible par la bande à BHL). Il suffit tout simplement de la franchir pour savoir qui vous tire dessus. Pour les sceptiques, on précise notre pensée : les associations communautaires antiracistes et anti-antisémites ou anti-antisionistes, les médias dominants et leurs servants appartenant à des grands groupes industriels ou à des milliardaires, et les représentants de la société civile (les personnalités) qui montent au créneau pour défendre le système qui les a faits rois. Dans les sept pages du volumineux dossier « Vous avez dit complot ? », alors qu’il s’agissait, selon Lordon, de comprendre et critiquer politiquement le complotisme au lieu de le jeter aux orties en ricanant, le journaliste Julien Brygo s’en prend rapidement à Soral, en ces termes :

« Sébastien, un réceptionniste en intérim qui prend en charge des travaux de traduction et de sous-titrage des films mis en ligne par ReOpen911, précise sa pensée : “Je ne dis pas que ce sont les Américains qui l’ont fait, ou le Mossad ; je dis que je ne crois pas à la version officielle. Il y a certainement beaucoup de conspirationnistes dans cette association. Mais on est aussi très nombreux à formuler seulement des doutes sur les incohérences manifestes du rapport officiel. La plupart des membres sont surtout frappés par l’impossibilité d’un débat public. Regardez Mathieu Kassovitz, Marion Cotillard... Le 11-Septembre est un dogme.” Assez vite, Sébastien évoque Alain Soral, “l’idiot utile à qui on nous compare souvent et qui nous a tout volé en rajoutant à la fin le mot ’juif’” ». »

Ainsi, il y aurait les bons et les mauvais complotistes, ceux qui vont trop loin, ou qui mentent pour les besoins de leur cause. Les bons seraient les sceptiques qui pensent que le 11/09 ne sent pas très bon ; les mauvais, ceux qui passent à l’attaque ad judeum. On résume, n’est-ce pas. Les membres de ReOpen911 passant au mieux pour des handicapés de la pensée, au pire pour de sombres abrutis. Il suffit de re-voir la vidéo de « l’avion » qui percute le Pentagone pour que la tour conceptuelle des anti-conspirationnistes sur le 11/09 s’effondre… Mais bon, là n’est pas le débat. Il repose sur la problématique du franchissement de la ligne de démarcation… des bons et des mauvais penseurs, des penseurs acceptables et des penseurs dangereux. On va nommer les choses : est considéré comme dangereux tout penseur qui utilise l’expression « lobby sioniste » comme brique de sa pensée.

 

 

Il y a bien sûr des moyens de franchir cette frontière invisible, sans recevoir la rafale promise. Il suffit pour ça d’un peu d’imagination, et d’utiliser la série des euphémismes qui ne trompent plus grand monde : Pascal Boniface arrive ainsi à tourner autour du pot en plongeant au cœur du sujet, la politique d’Israël et son relais médiatique quasi-totalitaire en France. On décortique « lobby juif » ou « lobby sioniste » pour le reconstituer à partir d’une base de mots qui, pris un par un, devraient passer les barrages, et ne pas déclencher la sirène du logiciel de surveillance généralisé : puissance, communauté, CRIF, Netanyahu, minorité, influence, associations, avocats, cause, défense, Israël, boycott, frontières de 67, ONU… Malheureusement, le logiciel de surveillance, qu’il ne faut pas prendre pour un con, a aussi inclus le nuage lexical autour de « lobby juif ». Du coup, cette petite ruse ne trompe personne, et si ça évite quelques tirs de défense directs, ça n’évite pas le ciblage. Évidemment, personne n’est obligé de foncer tête baissée dans les miradors, ni de parler clairement et courageusement comme E&R, mais il faut comprendre que toute personne intelligente ET honnête ne peut qu’arriver aux mêmes conclusions : aujourd’hui, il n’y a pas de pouvoir français, cette expression n’a pas de sens. Il y a un pouvoir pro-sioniste en France. Après, chacun peut tortiller du bulbe selon son éducation (une carrière universitaire éloignée de la vie de voyou), ses peurs (l’opprobre, le déclassement, la pauvreté) et ses informations (plus ou moins poussées), et faire semblant de ne pas voir la vache dans le couloir.

« “Dans cette Révolution française, tout, jusqu’à ses forfaits les plus épouvantables, tout a été prévu, médité, combiné, résolu, statué ; tout a été (...) mené par des hommes qui avaient seuls le fil des conspirations longtemps ourdies dans les sociétés secrètes, et qui ont su choisir et hâter les moments propices au complot.” À la fin du XVIIIe siècle, quand l’abbé Augustin de Barruel écrit ces lignes, ceux qui voient des complots partout avancent à visage découvert. Ils parlent de conspiration, de société secrète, de combine. Aujourd’hui, le vocabulaire a changé. “Je crois que ce mot-là [complot] n’est jamais employé dans mon livre. En fait, moi, je parle de ’projet de domination’, de ’réseau de domination’”, explique Alain Soral le 23 mars 2011 sur RFI. Comme ses alliés Dieudonné et Thierry Meyssan – deux autres fers de lance du conspirationnisme français –, il prétend surtout qu’il se méfie des “versions officielles” et qu’il propose des “informations alternatives”. » [...]

« “Qui a réellement commis cette attaque ?”, interroge le site de Dieudonné, Quenel Plus, au sujet des attentats de Charlie Hebdo. “Qui l’a commanditée ? A qui profite le crime ?” En permettant de désigner un responsable pour chaque événement, cette dernière question est à la source de toutes les théories du complot. »

(Le Monde diplomatique, juin 2015)

Question(s) pourtant légitime(s). Et pour qui s’intéresse, même superficiellement, à la géopolitique parallèle des services de renseignement, gober ou faire gober la version officielle d’un attentat ne peut qu’être l’œuvre d’un aveugle, d’un idiot ou d’un escroc, le temps finissant par pulvériser l’écrasante majorité de ces versions : la remise en cause et l’enquête qui en découlent sont le cœur de toute réflexion et de toute action politiques sérieuses ! Les réseaux Foccart en Afrique faisaient-ils du tourisme pour admirer les lions et les antilopes ? L’élimination de Kennedy est-elle l’œuvre d’un excellent tireur isolé ? Les événements de Mai 68 en France sont-ils tombés du ciel ? Les meurtres imputés à Mohamed Merah un mois avant le premier tour des élections présidentielles de 2012, perdues (malgré les attentats) par Sarkozy, ainsi que la gestion catastrophique des négociations lors de l’affaire Ilan Halimi, sont-elles de malheureuses coïncidences ?

 

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Le 20 mars 2015, trois ans après les faits, hommage rendu aux victimes juives de Mohamed Merah dans l’école toulousaine

 

Si Benoît Bréville du Diplo a raison de lister les théories du complot les plus folles, même si c’est pour disqualifier les vraies problématiques (l’étonnante chaîne des disfonctionnements de la sécurité intérieure française avant les « attentats » du 7 janvier), il est faux de dire que le conspi de base refuse toute contradiction, ou en fait un élément conspirationniste de plus. Tout le monde n’est pas si borné. Des gens cultivés, raisonnables, voire brillants, cherchent une rationalité dans des évènements qui sentent la paire de ciseaux et le pot de colle. Au final, ce que le système (à travers ses représentants) appelle « complotisme » n’est que la tentative, parfois maladroite, reconnaissons-le, d’un peuple frustré de vérité, condamné à apprendre à penser par lui-même. L’attractivité des théories dites du complot s’explique par la lourdeur de la propagande et des vérités très biodégradables qu’elle génère. Plus prosaïquement, le public a tellement été gavé de contre-vérités qu’il est prêt à choisir ses propres hypothèses ou erreurs, quitte à les abandonner si elles aboutissent à une impasse logique. Songez seulement aux promesses du socialisme hollandais, puis à la réalité de la France najataubiratisée : un véritable empilement de salades propagandistes, régulièrement démenties par le réel.

Curieusement, c’est par le dossier sur le complotisme que Le Monde diplo livre une partie de son idéologie : antilibérale, mais jusqu’à un certain point. Car le système ne se découpe pas : il intègre aujourd’hui, en France, le libéralisme et le sionisme. S’en prendre à l’un sans toucher à l’autre expose à des complications littéraires : il manque la moitié du plan d’ensemble. On peut évidemment comprendre qu’il faille se distinguer des épouvantails que sont Quenel+ et Égalité & Réconciliation. Mais il serait honnête de reconnaître l’effort de recherche de la vérité, en dépit de toutes les attaques, de tous les amalgames, de toutes les contre-vérités. Un chemin sauvage, hérissé de buissons épineux, qui sent pourtant meilleur que les autoroutes de l’information, balisées par le pouvoir, et que tout le monde ou presque emprunte, malgré quelques sorties de route.

 

Zemmour : sionisme partout, lobby nulle part

 

Un qui est rentré dans le dur, reconnaissons-le, c’est Éric Zemmour. Chahuté dans les médias de gauche, qui voient en lui une sorte de fasciste moderne, difficile à prendre en défaut, il a osé détacher de gros bouts de roche dans son dernier livre, Le Suicide français. Tous les sujets qui fâchent sont abordés, éclatés, analysés, et livrés à un public avide de références historiques et politiques qui ne le prennent pas pour un enfant. Le résultat : un beau succès d’édition, et un livre-programme pour Marine Le Pen en 2017. Situé sur une ligne E&R prudente, gommée de ses aspects les plus dangereux, Éric arrive à parler du lobby sioniste sans vraiment le nommer, son nationalisme français prenant le pas sur ce qui pourrait passer pour un déterminisme (Zemmour est juif). Fustigeant le communautarisme, il n’hésite pas dans son ouvrage à dénoncer le socle sioniste du gauchisme issu de mai 68, qui prendra le pouvoir culturel puis politique. On vous a concocté une sélection de ces éclats, qui n’ont pas déclenché l’ire du CRIF ou de la LICRA, en tout cas pas ouvertement.

 

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Extrait du film de Marcel Ophüls Le Chagrin et la Pitié (1971)

 

Page 150 :

« Mais dans les années 1970, la détestation de la France se double d’une détestation des Français, surtout des plus humbles d’entre eux ; à la haine de la France s’ajoute la haine du peuple français. Dans le contexte historico-politque – ouvrage de Paxton, Le Chagrin et la pitié, Nuit et brouillard, etc. – remontent en même temps les souvenirs peu glorieux de la guerre, de la collaboration, de l’extermination des Juifs. Cette jeunesse qui n’a pas connu l’Occupation condamne sans savoir le comportement de ses pères, coupables à la fois d’avoir perdu la guerre, collaboré, et donné des Juifs. Les dirigeants des groupuscules gauchistes sont le plus souvent juifs, fils de ces Ashkénazes qui avaient été chassés, ou livrés aux Allemands, parce qu’ils n’étaient pas de nationalité française. Le peuple français est alors accablé de tous les péchés d’Israël ! »

Page 193 :

« La logique est implacable : l’amour de la France, c’est la droite et l’extrême droite ; et l’extrême droite, c’est Vichy ; et Vichy, c’est la rafle du Vel’ d’Hiv’ ; et la rafle du Vel’ d’Hiv’, c’est l’extermination des Juifs. L’amour de la France, c’est donc l’extermination des Juifs. CQFD. »

Page 245 :

« SOS Racisme est fondée le 15 octobre 1984. Julien Dray et ses amis profitent de l’effervescence médiatique autour de la seconde “marche des Beurs”, pour annoncer la naissance de leur nouveau bébé associatif. Les marcheurs sont un peu moins nombreux que l’année précédente, mais les chaînes de télévision se pressent. SOS Racisme inaugure sa brillante carrière par ce putsch médiatique, ce détournement de gloire, cette usurpation. Seul le père Delorme ose dénoncer cette captation d’héritage, et la mainmise de certains groupes juifs sur l’antiracisme militant ; mais BHL le fait taire, jouant sans vergogne de la culpabilité chrétienne à propos de l’extermination des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Terrorisé, le représentant de l’Église se tient coi. Les “Beurs” se retirent alors du jeu, considérant qu’ils ont été floués par les “Feujs”, toujours suspectés d’être plus habiles et privilégiés par les médias. […] L’extrême gauche juive, des mouvements trotskistes à l’UEJF, est aux manettes. Elle effectue un double hold-up politique et idéologique, anticipant et précipitant un basculement du judaïsme français. Le petit peuple des Français de confession juive est piégé. Les dirigeants de l’UEJF et de SOS Racisme (ce sont les mêmes) refusent de différencier l’Israélite français de l’Arabe étranger, les soudant ensemble dans la même posture victimaire et la même hostilité au Français de souche forcément xénophobe et raciste. Ils “défrancisent” ainsi les Juifs français, détruisant un travail d’assimilation vieux de deux siècles. »

Petit hic page 264, où Zemmour associe le lobby juif à un fantasme (CQFD) :

« Hasard ou destin, cette destruction du modèle israélite eut lieu au moment même où débarquaient dans l’Hexagone par millions des populations musulmanes, dont la religion ressemblait beaucoup au judaïsme prénapoléonien, et qui, admirant jusqu’au fantasme la puissance du “lobby juif”, exigeaient les mêmes droits que ceux qu’ils prêtaient aux “Juifs de France”. »

On continue avec la page 381 :

« Épuisé, le jour de son départ de l’Élysée, Mitterrand fulminait encore, à l’oreille de Jean d’Ormesson, contre le “lobby juif” qui l’avait tant tourmenté. L’expression choqua, révulsa, suscita mille traits acides sur l’incoercible antisémitisme du président Mitterrand. Serge Klarsfeld était visé. Mitterrand l’accusait d’avoir remué ciel et terre, Juifs français et américains, pressions nationales et internationales, pour le faire plier. Mitterrand n’avait jamais cédé ; Chirac n’aura jamais résisté. Klarsfeld triomphait. C’était le combat de sa vie. »

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Le président de la République française et sa première dame

 

Page 383 :

« La victoire de Serge Klarsfeld et, derrière lui, de tous ceux qui attendaient que la France arrogante des “droits de l’homme” reconnût – enfin – ses crimes, était totale ; mais ce fut une victoire à la Pyrrhus. Après la longue résistance mitterrandienne, cette expiation française serait vécue par certains comme la preuve aveuglante de l’écrasante et impudente domination juive, capable de soumettre le chef de “la cinquième puissance du monde”. Depuis de nombreuses années, la lente érection de la “Shoah” comme crime des crimes, et des Juifs comme victime absolue, avait déjà beaucoup agacé les survivants et héritiers d’autres massacres de l’Histoire. »

On appréciera la prudence de Zemmour, matérialisée par le délicat conditionnel sur « serait vécue par certains comme la preuive aveuglante de l’écrasante et impudente domination juive ». Le penseur de droite ne franchira pas la ligne rouge, et citera même, page 501, le cinéaste de la propagande :

« Les banlieues françaises sont désormais homogènes ethniquement et religieusement : les classes populaires “blanches” ont quasiment disparu ; le cinéaste Alexandre Arcady (présentant son film 24 jours qui retrace le meurtre d’Ilan Halimi à l’émission “On n’est pas couché” du samedi 26 avril 2014) confiait, encore abasourdi : “Savez-vous – je l’ai entendu dire par un responsable académique de la Seine-Saint-Denis – que dans les écoles publiques de ce département,, il n’y a plus un seul élève de confession juive ? Plus un seul ! Ils sont obligés d’aller dans les écoles privées.” L’islamisation des banlieues françaises est totale ou presque. L’assimilation, l’intégration, la mise en conformité au sein de ces quartiers exigent désormais d’être un musulman comme les autres. L’islam est l’horizon identitaire indépassable de ces populations. »

 

Et là, retraite pas très napoléonienne devant la ligne rouge, Zemmour retombe dans la propagande actuelle, qui consiste à faire de l’islam le grand ennemi du Français et de la France. Si personne de sensé ne nie les problèmes identitaires posés par le séparatisme religieux, pourtant traduction d’un séparatisme social bien réel (théorie de Todd), nous ne pouvons que constater le virage à 90 degrés qu’effectuent les penseurs dès qu’ils approchent de la frontière interdite. Or, dès qu’on franchit cette dernière, la crise politico-religieuse que traverse le pays gagne un éclairage nouveau. Crise dont la solution réside, peut-être, de l’autre côté de la ligne rouge.

 

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15 Commentaires

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  • #1218109
    Le 30 juin 2015 à 08:11 par Jeanne
    La grande peur des intellectuels français

    Pourquoi limitez-vous les intellectuels français à ces trois là, autorisés par le système à être sur le devant de la scène (ils sont juifs ou marranes, ça aide) ? Quid des Pierre Hillard, Hervé Ryssen, Alain Soral, Pierre Dortiguer, Thierry Meyssan, Pierre Jovanovic, Marion Sigaut (etc...) qui eux franchissent allègrement la ligne rouge mais sont ostracisés par la même pour cette raison notamment par les médias mainstream...

     

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    • #1218172
      Le Juin 2015 à 09:58 par Josselin
      La grande peur des intellectuels français

      Cet article se concentre sur les intellectuels médiatiques, validés par tous les plateaux télé.
      ER relaie les travaux des auteurs que vous avez mentionné depuis bien longtemps et édite même la plupart d’entre eux.

       
    • #1218193
      Le Juin 2015 à 10:37 par marc schmit
      La grande peur des intellectuels français

      C’est quoi cette question, tu n’as rien compris au but de l’article ?

       
  • #1218121
    Le 30 juin 2015 à 08:34 par jeremy
    La grande peur des intellectuels français

    Excellent article, merci E&R.

     

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  • #1218201
    Le 30 juin 2015 à 10:51 par Fr
    La grande peur des intellectuels français

    Excellente analyse. Bravo à vous et merci pour ce travail éclairant.

     

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  • #1218404
    Le 30 juin 2015 à 15:38 par ancien obs
    La grande peur des intellectuels français

    A quoi bon s’intéresser à ce que peuvent bien écrire ces pseudos "intellectuels" juifs, c’est peine perdue, ils prêchent exclusivement pour leur synagogue comme mon curé prêche pour sa paroisse, il n’y a jamais rien eu et il n’y aura jamais rien de roboratif à en tirer .

     

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  • #1218420
    Le 30 juin 2015 à 16:08 par Alex
    La grande peur des intellectuels français

    Mais Zemmour malgré tous les bonnes choses qu’il dit, il est inoffensif pour le système car il ne remet pas en cause les fondements de ce système à savoir l’idéologie des Lumières. Il en dénonce les effets, mais sans éradiquer les causes.

     

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  • #1218497
    Le 30 juin 2015 à 17:43 par la pythie
    La grande peur des intellectuels français

    Mention spéciale à Zemmour, faux patriote qui passe son temps à essentialiser au maximum l’actualité ( compter les détenus musulmans en prison, tribaliser l’espace social...), mauvais géopoliticien, historien passable mais économiste d’une nullité rare, mais allez comprendre pourquoi, le pékin moyen l’adore...ce qui me fait dire que le français moyen est doué pour nombre de choses, sauf la politique : 200 ans qu’il se fait avoir, et il en redemande...

     

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    • #1219019
      Le Juillet 2015 à 12:31 par julienne
      La grande peur des intellectuels français

      Il est encore avec le vieux logiciel, les anciennes données. Il ne prend pas en compte le PIB actuel des pays, les pays émergents, l’ équilibre des puissances, le conseil des nations unies, les vétos, l’ aspect militaro-industriel et militaro-bancaire, la domination spatiale, les alliances, les BRICS, et j’en passe. Entre lui et Hillard c’est le jour et la nuit en même temps c’est pas son domaine donc c’est compréhensible. Il est plus spécialisé sur l’ identité française, son histoire et sa substance de population, le problème c’est qu’il fait des projections sur l’ avenir qui ne sont pas tangibles car il ne prend pas en compte ces nouvelles données.

       
  • #1221216
    Le 4 juillet 2015 à 12:30 par Louis
    La grande peur des intellectuels français

    C’est loin d’être les seuls.

    Essayez de poster un truc (pas un truc agressif, juste un rappel de faits par exemple) dans un sujet impliquant l’état d’Israël ou des personnalités sionistes sur le site d’Olivier Berruyer, vous verrez le résultat :

    Censure immédiate.

    Je ne compte plus le nombre de posts censurés. L’expression parfaite du syndrome "il n’y a pas de lobby sioniste mais comme j’ai peur de ce lobby que je dis ne pas exister je vous censure quand même et fuck la logique sale nazi."

    Bon c’est un actuaire et un blogueur à succès, pas un intello, mais c’est du même acabit. On évite soigneusement les sujets qui fâchent et qui tâchent et on est soudaienement pris de cécité quand on arrive en zone interdite.

     

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  • #1223115
    Le 6 juillet 2015 à 22:29 par foma
    La grande peur des intellectuels français

    J’avais effectivement été choqué à la lecture du dernier bouquin de Todd par le fait que son identité juive (je ne l’ai jamais lu en parler auparavant - j’ai lu tous ses livres mais ne l’ai jamais vu à l’oral) et la question juive en général tombe vraiment comme un cheveu sur la soupe. Je crois que n’importe qui lisant le bouquin (et qui en ait déjà compris l’essentiel, i.e., la très bonne comparaison de cette article entre les manifestants "je suis Charlie" et les fans de Birkin qui ersent des larmes sur l’Asie) ne peut que remarquer ce passage, qui ne s’insère vraiment pas dans la logique globale et saute aux yeux comme une allégeance...Autant je trouve que E&R en fait trop sur la question juive ces dernières années, autant ce genre de détails me fait penser que c’est peut être moi qui me fait des illusions, bercé que je suis encore par mon enfance républicaine durant laquelle je n’ai tout simplement jamais entendu prononcer le terme "juif"...

     

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  • #1224144
    Le 8 juillet 2015 à 18:12 par chaton
    La grande peur des intellectuels français

    L’ arabophobie phantasmatique de Zemmour le discrédite complètement et ses analyses sociologiques, quand elles ne sont pas honteusement pompées, ne volent pas très haut.

    Halimi livre une critique sans concession du libéralisme et de l’État d’Israël, reconnaissons- le, mais il est limité par ce qu’il est, un petit juif intello de gauche bouclé à binocles, et identifie Soral à l’opposé, comme une menace. Dommage, car au fond ces deux-là doivent être d’accord sur à peu près tout.

    Todd, lui, est très habile. Il ne perd jamais une occasion de se déclarer l’ami des gens qu’il emmerde, et son silence assourdissant sur Israël peut presque passer pour une stratégie de communication, une honte à porter. Son inquiétude face à la remontée de l’antisémitisme doit être comprise comme une mise en garde à l’adresse des gens de son monde.

     

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  • #1224383
    Le 9 juillet 2015 à 01:26 par Godwin
    La grande peur des intellectuels français

    « On appréciera la prudence de Zemmour, matérialisée par le délicat conditionnel sur « serait vécue par certains comme la preuive aveuglante de l’écrasante et impudente domination juive ». »

    Ouh là, erreur de compréhension ! Il s’agit d’une bête concordance des temps (conditionnel indiquant un futur relatif au passé), pas d’un conditionnel d’hypothèse.

     

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