Egalité et Réconciliation
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La Shoah éternelle et l’ingénierie dialectique de l’histoire

Depuis la formulation par Hegel de la loi dialectique de l’histoire, il existe deux sortes de disciples de Hegel : il y a ceux qui cherchent à comprendre le passé à la lumière de cette loi, et il y a ceux qui cherchent à appliquer cette loi pour maîtriser l’avenir. Karl Marx appartient à cette seconde catégorie ; bien qu’il ne prétendît qu’annoncer une révolution inéluctable, il contribua à la provoquer. Marx comprenait peut-être mieux cette mécanique de l’histoire que Hegel lui-même, et il se pourrait bien que, dans son milieu d’origine, elle ait été connue avant Hegel. Car la maîtrise de l’histoire, plutôt que le salut de l’âme, est depuis toujours la grande affaire du judaïsme. Et jamais cette maîtrise ne fut plus grande que durant le « siècle juif » [1].

 

C’est en s’opposant dialectiquement que les grands mouvements juifs des 19e et 20e siècles ont été capables d’infléchir l’histoire mondiale de façon redoutablement efficace. Avant de poser la question de l’intelligence supérieure qui a impulsé et actionné ces forces antagonistes au sein de la communauté juive mondiale (Yahvé ou le B’nai B’rith, pour simplifier), identifions-les précisément. On peut distinguer très nettement trois mouvements juifs nés vers le milieu du 19e siècle : le judaïsme réformé, fruit du mouvement assimilationniste du siècle précédent (Haskala) ; le communisme révolutionnaire et internationaliste de type bolchevique, qui sous l’impulsion de Marx a pris l’ascendant sur tous les autres socialismes ; et le sionisme.

 

Le judaïsme réformé et la Shoah éternelle

Selon Jean Daniel, la « prison juive » possède trois murs : L’Élection, la Shoah, et Israël [2]. L’Élection, dans sa version religieuse classique, est en ruine. La majorité des juifs ne croit plus être le « peuple élu » au sens strict. Ils restent persuadés de la supériorité des juifs, mais ils se font une idée évolutionniste de cette supériorité : c’est leur histoire millénaire qui a rendu les juifs plus intelligents et plus solidaires [3]. Et cette histoire est considérée principalement sous l’angle de la persécution. Selon la formule de Leo Pinsker, auteur du premier manifeste sioniste et précurseur de Theodor Herzl : « les Juifs sont le peuple élu par la haine universelle [4] ».
Aujourd’hui, l’Élection se confond donc avec la Shoah. La Shoah est à son tour la justification de la création d’Israël. Mais pour continuer à justifier la violation permanente du droit international par Israël, il faut que la Shoah soit éternelle. « Les gens pensent que la Shoah est terminée, mais elle ne l’est pas. Elle continue tout le temps », déclarait Benzion Netanyahu en 2009, en faisant campagne pour son fils Benjamin [5].

L’essence de la théologie shoatique est l’assimilation d’Israël au Christ crucifié. Dans cette narration inversée, ce ne sont plus les juifs qui ont crucifié le Christ (selon le raccourci évangélique [6]), mais les chrétiens qui ont crucifié les juifs.

Cette idée n’est pas apparue soudainement, telle une révélation, dans l’après-guerre. Elle a été élaborée par le « judaïsme réformé » à la fin du 19e siècle. Elle procède de la fusion entre les deux thèmes bibliques du Peuple élu (élection collective) et du Messie (élection individuelle), ce qui fait d’Israël le « Messie des nations ». Le concept a été affiné par le rabbin germano-américain Kaufmann Kohler (1843-1926), dont les idées furent adoptées à la conférence de Pittsburgh de 1885 et devinrent normatives pour le judaïsme réformé « classique » aux États-Unis. Kohler écrit dans son ouvrage synthétique de Théologie juive (1918) :

« les dirigeants du judaïsme réformé au milieu du 19e siècle […] ont transféré le titre de Messie à la nation juive. Le judaïsme réformé a donc adopté la croyance qu’Israël, le Messie souffrant des siècles, deviendra, à la fin des temps, le triomphant Messie des peuples [7]. »

La conception particulière du Messie à laquelle se réfère Kohler est celle du Serviteur souffrant d’Isaïe 53, qui a été mise en valeur par le christianisme, mais que les rabbins médiévaux avaient déjà repris à leur compte en l’appliquant à Israël. Le résultat est une vision d’Israël comme « peuple martyr », que l’on est en droit de considérer comme un plagiat de la christologie et de la liturgie chrétiennes :

« Le judaïsme moderne proclame avec plus d’insistance que jamais que le peuple juif est le Serviteur du Seigneur, le Messie souffrant des nations, qui a donné sa vie en sacrifice expiatoire pour l’humanité et qui a offert son sang en guise de ciment pour construire le royaume de vérité et de justice [8]. »

« Israël est le champion du Seigneur, choisi pour se battre et souffrir pour les valeurs suprêmes de l’humanité, pour la liberté et la justice, la vérité et l’humanité ; l’homme du malheur et du chagrin, dont le sang fertilise le sol avec les graines de la vertu et l’amour de l’humanité [9]. »

À l’époque où écrivait Kohler, le thème de la « crucifixion » des juifs trouvait un écho retentissant dans la presse occidentale. Depuis les années 1880, la Russie tsariste était accusée de massacrer les juifs innocents. Le 25 mars 1906, le New York Times avait évoqué en ces termes le sort des « 6 millions de juifs de Russie » : « La politique envisagée par le gouvernement russe pour la “solution” de la question juive est l’extermination systématique et meurtrière. » Après la Révolution d’Octobre 1917, pourtant menée principalement par des juifs, la guerre civile permettait encore au New York Times d’écrire, le 20 juillet 1921 : « Les six millions de juifs de Russie font face à l’extermination [10]. »
The American Hebrew publiait le 31 octobre 1919 un article intitulé « La crucifixion des juifs doit cesser ! » invoquant « la menace d’un holocauste de vie humaine » sur « six millions » de juifs européens (chiffre répété sept fois dans l’article), victime de « la terrible tyrannie de la guerre et la soif fanatique de sang juif [11] ».

 

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En 1919, The Americain Hebrew invoque « la menace d’un holocauste » de « six millions » de juifs européens (chiffre répété sept fois)

 

Étrange prophétie de « l’Holocauste », qui arrive avec une guerre d’avance et se trompe de pays, mais connaît le nombre de victimes. Ce qui est particulièrement significatif est que ces prophéties émanent davantage des milieux révolutionnaires et sionistes que des juifs réformés : The American Hebrew est un journal notoirement procommuniste. Et c’est Max Nordau, cofondateur avec Theodor Herzl de l’Organisation sioniste mondiale, qui est souvent tenu pour un prophète pour avoir prédit en 1903 une guerre mondiale d’où sortirait « une Palestine libre et juive », et déclaré au Congrès sioniste de 1911 que les gouvernements européens préparent la « complète annihilation de six millions de gens [juifs] [12] ». Il y a là une fructueuse complémentarité entre le judaïsme réformé et le sionisme, sur laquelle nous reviendrons. Mais il y a aussi, peut-être, une leçon sur la véritable nature de la prophétie juive.

La christologie proto-shoatique de Kohler n’est pas faite que pour les juifs. Mais pour qu’elle pénètre dans la mentalité des Gentils, pour que ceux-ci soient enclins à considérer Israël comme le Messie souffrant pour la rédemption de l’humanité, un long travail de transformation du christianisme sera nécessaire. Selon l’historien du judaïsme Daniel Lindenberg,

« la Réforme juive ne veut pas seulement s’ “assimiler” unilatéralement au monde moderne chrétien. En quelque sorte, elle vise à le “réformer”, lui aussi. […] En fait, il s’agit, comme on le perçoit chez beaucoup d’auteurs, de réveiller la “racine” hébraïque dans un christianisme […] réconcilié avec les Droits de l’homme. [13] »

Il ne s’agit pas seulement de neutraliser l’antijudaïsme des Évangiles, en effaçant la responsabilité collective juive dans la mort de Jésus ; il s’agit aussi de rendre le christianisme judéophile, et même de le réabsorber dans le judaïsme d’où il est issu, en mettant l’accent sur la judéité de Jésus. Le programme est tracé par Heinrich Graetz dans sa monumentale Histoire des Juifs (publiée en allemand à partir de 1853), qui aura une grande influence sur les juifs réformés aussi bien que sionistes :

« Jésus n’a nullement cherché à ébranler le judaïsme existant ; il ne s’est posé ni en réformateur de la doctrine judaïque, ni en fondateur d’une secte nouvelle, mais il voulait simplement amener les pécheurs à la vertu et à la sainteté, leur apprendre qu’ils étaient, eux aussi, enfants de Dieu, et les rendre dignes de participer à l’ère messianique. »

Par conséquent, continue Graetz, Jésus a « péri victime d’un malentendu. Sa mort est devenue la source d’innombrables souffrances, de supplices de toute nature, pour les enfants de son peuple [14] ». Notons l’habile inversion : la crucifixion, malencontreux malentendu, est la source des supplices endurés par le peuple juif.

Ce travail préparatoire accompli par des théologiens et des historiens juifs parfaitement intégrés au monde universitaire, portera ses fruits après la Seconde Guerre mondiale, c’est-à-dire après la réalisation de la prophétie. C’est alors que les juifs seront en position d’exiger de l’Église qu’elle se réforme selon leurs plans. Jules Isaac, fondateur de l’Amitié judéo-chrétienne en 1948, s’est attelé à cette tâche dans les années conduisant à Vatican II (1962-65). Il appelle les catholiques à renoncer à leur antijudaïsme et à reconnaître les juifs comme leurs « frères aînés », sur la base d’une vision de Jésus identique à celle de Graetz. Après la mort de Pie XII, Isaac prononce le 15 décembre 1959 une conférence à la Sorbonne intitulée « Du redressement nécessaire de l’enseignement chrétien concernant Israël », plus tard publiée sous le titre L’Enseignement du mépris. Pour le satisfaire, Jean XXIII nomme le cardinal judéophile Augustin Bea à la tête du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, qui s’occupe également des relations avec le judaïsme. Les deux adjoints immédiats de Bea, Mgr Baum et Mgr Oesterreicher, sont des juifs convertis, et un article de Look du 25 janvier 1966 évoque des réunions secrètes entre Bea et le Comité juif américain [15].

Le résultat de ce lobbying fut la naissance d’un nouveau catéchisme judéophile, promu par des personnalités telles que le cardinal Lustiger, « devenu chrétien par la foi et le baptême » en 1940, mais « demeuré juif comme le demeuraient les apôtres » selon ses dires, et convaincu que « l’on ne peut recevoir l’Esprit de Jésus qu’à la condition stricte de partager l’espérance d’Israël ». Formé au judaïsme réformé, Lustiger écrit que « la figure du Messie est en même temps la figure d’Israël [16] ». Tel est le terrain sur lequel a pu être greffé la religion shoatique que l’on voit progressivement remplacer le christianisme en Occident. Israël a porté la croix pendant deux mille ans, est mort à Auschwitz, puis ressuscité la troisième année à Jérusalem, et règnera bientôt sur le monde dans toute sa gloire.

 

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Paul Giniewski, La Croix des juifs : « Pendant les deux mille ans de son exil du Pays d’Israël, le peuple juif a porté la plus lourde des croix. »

 

Le sionisme contre le judaïsme réformé

Le sionisme apparaît en Europe occidentale dans le même milieu intellectuel que le judaïsme réformé, et de manière presque simultanée. Il doit beaucoup également à L’Histoire des Juifs de Heinrich Graetz. Cette œuvre influença Moses Hess, qui influencera à son tour Theodor Herzl, lequel donnera au nationalisme juif le nom de sionisme. Hess commence son livre Rome et Jérusalem. La dernière question des nationalités (1862) par un témoignage personnel sur sa conversion d’une conception religieuse à une conception nationale de sa judéité :

« Une pensée que je croyais avoir pour toujours étouffée s’impose de nouveau à moi avec vigueur : la conscience de ma nationalité juive. Elle est inséparable de l’héritage de mes pères et de la terre sainte. »

Pour Hess, « les Juifs sont autre chose que les “fidèles d’une religion” : ils sont une communauté, un peuple, une nation [17] ». C’est là, en apparence, une déclaration de guerre contre le judaïsme réformé, qui était parvenu au bout d’un siècle d’effort à faire accepter le judaïsme comme une religion comme les autres. Il n’est donc pas étonnant que les rabbins réformés se désolidarisent ostensiblement du nationalisme juif de Hess et de sa mouvance. Le rabbin Kohler condamne le « sionisme politique » (qu’il distingue d’un « sionisme religieux » qu’il ne définit pas) qui prétend faire d’Israël une nation comme les autres « en lui déniant le caractère spécifique d’un peuple-prêtre et d’une nation sainte avec une mission religieuse pour l’humanité [18] ». De manière plus radicale, les rabbins réformés émettent à la Conférence de Pittsburgh de 1885 la déclaration officielle suivante :

« Nous ne nous considérons plus comme une nation, mais comme une communauté religieuse, et par conséquent nous n’attendons ni un retour en Palestine, ni la restauration d’un culte sacrificiel par les Fils d’Aaron ou d’une quelconque loi concernant l’État juif. [19] »

Ils réitèrent leur condamnation du sionisme un an après la publication de L’État des Juifs de Herzl (1896), par cette résolution de la Central Conference of American Rabbis, en 1897 :

« Nous désapprouvons toute tentative d’établir un État juif. Nous réaffirmons que l’objet du judaïsme n’est ni politique ni national, mais spirituel, et se préoccupe de la croissance continue de la paix, de la justice et de l’amour dans la race humaine, vers un temps messianique où tous les hommes reconnaîtront qu’ils forment “une grande fraternité” pour l’établissement du royaume de Dieu sur la Terre. [20] »

Les rabbins réformés maintiendront cette position officielle pendant une cinquantaine d’années. Mais durant tout ce temps, la propagande sioniste, qui justifie la nécessité d’un État juif par l’antisémitisme éternel et universel, s’est nourrie de l’image façonnée par le judaïsme réformé du peuple messie œuvrant dans la souffrance pour le salut du monde. À partir de 1947, les rabbins réformés cessent de protester contre le sionisme et, après 1967, ils se mettent à soutenir ardemment Israël, voyant dans l’issue de la Guerre de six jours un miracle divin. Seule une minorité de rabbins « orthodoxes », réfractaires à la Réforme, restera antisioniste, tandis qu’on voit fleurir, chez les rabbins réformés, des déclarations comme :

« L’État d’Israël et la diaspora, dans un dialogue fructueux, peuvent montrer comment un peuple transcende le nationalisme tout en l’affirmant, établissant ainsi un exemple pour l’humanité. [21] »

On chercherait en vain un meilleur exemple de stratégie de maîtrise des processus dialectiques de l’histoire, et la question se pose de savoir dans quelle mesure l’opposition entre le judaïsme réformé (la judéité comme religion) et le sionisme (la judéité comme nation) n’a pas été, durant toute cette période, un simple numéro de théâtre à l’intention des Goyim : pendant que les rabbins jouaient la carte religieuse en parasitant le paradigme christique pour faire d’Israël, sur un plan vaguement abstrait, le martyr sauveur de l’humanité, les sionistes jouaient la carte du nationalisme en prétendant vouloir « une nation comme les autres ». La synthèse hégélienne de cette opposition dialectique, nous l’avons aujourd’hui : une nation bien réelle qui n’a renoncé ni à son statut de martyr, ni à son destin de centre du nouvel ordre mondial.

Cette ambiguïté inhérente à la judéité est un outil que ne possède aucun autre peuple. « Aujourd’hui encore, écrit Nahum Goldman dans “Le Paradoxe juif” (1976), il n’est guère possible de préciser si être juif consiste d’abord à appartenir à un peuple ou bien à pratiquer une religion, ou encore les deux ensemble. [22] » Selon les circonstances, les juifs sont une religion ou un peuple ; le groupe esquive ainsi toute critique et contourne tout obstacle, à la manière du banc de sardine qui se scinde et se reforme. Cette ambiguïté est inhérente à la judéité parce qu’elle est inscrite dans la Bible hébraïque : pour les Juifs religieux, c’est un livre saint, mais les sionistes athées lui vouent un respect tout aussi grand comme livre d’histoire. Bien des pionniers du sionisme font figure aujourd’hui de véritables prophètes, comme Max Nordau ou encore Nahum Sokolow, président du Comité exécutif sioniste aux côtés de Chaïm Weizmann, qui déclara en 1922 à Londres : « Jérusalem deviendra un jour la capitale de la paix mondiale. [23] »

 

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La kippa est-elle un signe d’appartenance religieuse ? Sinon, de quoi ?

 

Le professeur de psychologie sociale Kevin MacDonald définit le judaïsme comme une « stratégie évolutionnaire de groupe parmi les peuples » et voit dans la double nature de la judéité la clé de ce processus. Pour lui, l’assimilation, qui a permis aux juifs de survivre et prospérer en se coulant extérieurement dans le moule religieux du christianisme, tout en maintenant leur communautarisme endogame, est comparable à une forme de cryptisme au sens darwinien [24]. Malheureusement, cette stratégie, une fois percée à jour par les Gentils, constitue l’une des sources principales du retour récurrent de la judéophobie. Constatant que le peuple juif forme partout « un État dans l’État », Adolf Hitler écrivait dans Mon Combat (1923) :

« C’est l’un des tours de passe-passe les plus ingénieux au monde que d’avoir fait naviguer cet État sous l’étiquette de “religion”, et de lui assurer ainsi la tolérance que l’Aryen est toujours prêt à accorder à la croyance religieuse. En réalité, la religion de Moïse n’est rien d’autre que la doctrine de la conservation de la race juive. [25] »

Le communisme contre le sionisme

La relation dialectique entre le sionisme et le communisme est tout aussi intéressante que celle entre le judaïsme et le sionisme. Notons pour commencer que Moses Hess et Karl Marx sont très proches. Le premier a même diffusé, pour le compte du second, des calomnies contre Bakounine après le Congrès général de l’Internationale à Bâle (5-12 septembre 1869) [26]. C’était sept ans après la publication de Rome et Jérusalem, dans lequel Hess se disait convaincu que la « lutte des races » était plus importante dans l’histoire que la lutte des classes [27]. Marx et Hess ont en commun la rupture avec le religieux. Mais tandis que, chez Marx, cette rupture, consommée avec le baptême, est aussi sur le plan social une rupture avec la judéité, chez Hess, c’est au contraire un retour vers la judéité vue comme identité ethnique et non plus comme religion. Tandis que le père de Marx, Herschel Levi, changea son nom pour le déjudaïser, Moses Hess, né Moritz Hess, fit la démarche inverse.

Communisme et sionisme sont en principe incompatibles : le premier est un internationalisme tandis que le second est un nationalisme. Or, c’est un fait historique que Herzl a fait progresser le sionisme en s’appuyant dialectiquement sur le pouvoir du communisme. Lorsqu’il rencontra le Kaiser Guillaume II en 1898, ce fut pour lui présenter le sionisme comme un moyen de détourner les juifs du communisme. Lorsqu’il rencontra les ministres des Finances et de l’Intérieur russes à Saint-Pétersbourg en 1903, c’était aussi pour leur venter l’intérêt du sionisme comme solution au problème de la subversion révolutionnaire : « Soutenez mon projet, je vous débarrasserai de vos révolutionnaires juifs. [28] » Et c’est la même logique que lui et ses successeurs emploieront auprès des autorités britanniques. L’argument s’apparente à une forme de chantage, comparable à celui que Herzl employa, en vain, auprès du sultan ottoman : « Que le Sultan nous donne ce morceau de terre et, en échange, nous remettrons ses finances en ordre et nous influencerons l’opinion publique en sa faveur dans le monde entier. [29] »

Rien n’illustre mieux l’effet de l’opposition dialectique communisme/sionisme sur la politique étrangère britannique que la position affichée par Winston Churchill dans un article du Illustrated Sunday Herald paru le 8 février 1920 sous le titre « Zionism versus Bolshevism : A struggle for the soul of the Jewish people ».
Reconnaissant le rôle déterminant des juifs dans « dans la création du bolchevisme et dans l’avènement de la révolution russe », et décrivant le bolchevisme comme un « complot mondial pour le renversement de la civilisation », Churchill prend parti pour le sionisme comme alternative positive. Les sionistes sont « les bons juifs » et les communistes les « mauvais juifs », et il faut donc favoriser les uns contre les autres [30]. Les choix de Churchill dans la Seconde Guerre mondiale prouveront que son sionisme était plus fort que son anticommunisme. Alors qu’il qualifiait le bolchevisme de « pestilence » en 1919, il réserverait ce terme au nazisme vingt ans plus tard, en acceptant de livrer la moitié de l’Europe à Staline. « Je suis, bien entendu, un sioniste, et l’ai toujours été depuis la Déclaration Balfour », confiera-t-il peu après sa retraite en 1955 [31].

 

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« Le sionisme contre le bolchevisme » : un exercice de dialectique par Churchill, qui choisit le sionisme mais s’alliera avec Staline pour le faire triompher

 

Là encore, la question se pose : l’opposition dialectique entre le communisme et le sionisme a-t-elle été un processus aveugle de l’Histoire, une volonté du Dieu tout-puissant, ou bien une stratégie délibérée de certaines élites cognitives ? Selon Gilad Atzmon, la plupart des juifs « ne sont pas conscients de leur rôle particulier dans le système tout entier, de même qu’un organe n’est pas conscient de son rôle dans la complexité d’un organisme [32] ». Mais on sait que, côté financement, bien des ficelles de l’un et de l’autre mouvements se rejoignent : « Jacob Schiff, Felix Warburg, Otto Kahn, Mendel Schiff, Jerome Hanauer, Max Breitung et un des Guggenheim » financèrent le bolchevisme, selon un document du département d’État américain, et plusieurs parmi eux furent aussi d’ardents sionistes [33].

Au niveau des militants de base, il est également difficile de séparer les deux mouvements. C’est parmi les juifs ashkénazes résidant en Russie ou récemment immigrés en Allemagne et Autriche-Hongrie, que le sionisme et le communisme sont devenus de véritables raz-de-marée au tout début du 20e siècle. Chaïm Weizmann raconte dans son autobiographie (Trial and Error, 1949) que les juifs de Russie étaient alors divisés, parfois au sein d’une même famille, entre révolutionnaires-communistes et révolutionnaires-sionistes. Ces divisions, cependant, étaient relatives et changeantes ; non seulement les pionniers du sionisme étaient souvent marxistes, mais de nombreux juifs communistes devinrent d’ardents sionistes à partir de 1947.

Là se trouve d’ailleurs l’explication du retournement de Staline contre les juifs durant cette période. Jusqu’en 1947, les sionistes avaient habilement exploité la rivalité entre les empires américains et soviétiques, afin de convaincre chacun d’eux de soutenir le Plan de partage de l’ONU, puis de reconnaître l’État juif en 1948. Staline espérait qu’Israël pencherait du côté soviétique dans la Guerre froide, car le parti travailliste israélien, majoritaire, était d’orientation collectiviste. Mais il ne tarda pas à s’inquiéter du glissement d’allégeance des juifs soviétiques. Lorsque Golda Meir s’installa à Moscou comme ambassadrice d’Israël, son arrivée suscita un enthousiasme suspect : « chacune de ses apparitions publiques fut accompagnée par des témoignages massifs d’identification des juifs soviétiques avec Israël », rapporte Yuri Slezkine. Golda Meir ne manquait pas une occasion de rappeler aux juifs que l’URSS n’était pas leur vraie patrie, et les demandes d’émigration vers Israël affluaient [34]. C’est dans ce contexte que Staline fit arrêter les chefs de l’influent Comité juif antifasciste et fermer toutes les institutions juives dans le pays. En 1952, il annonça au Politburo : « Tout sioniste est l’agent du service de renseignement américain ». Puis vint le procès retentissant des « médecins juifs » accusés d’empoisonnement, qui déclencha un grand tumulte en Occident. « Staline va réussir là où Hitler a échoué », s’alarma Commentary, organe de l’American Jewish Committee [35]. Le 11 février 1953, l’URSS rompit ses relations diplomatiques avec Israël. Moins d’un mois après, Staline mourut subitement, probablement d’empoisonnement. À partir de 1952, la grande majorité des juifs communistes d’Occident devinrent anticommunistes, comme Annie Kriegel, qui fonda la revue Communisme avec Stéphane Courtois, avec comme objectif manifeste de faire taire toute allusion au rôle des juifs dans le bolchevisme.

 

Le sionisme pro-nazi et le sionisme anti-nazi

On peut trouver des oppositions dialectiques fonctionnant comme des accélérateurs d’histoire à tous les niveaux de la communauté juive, au point qu’on pourrait dire que les juifs sont le « peuple dialectique ». Pour nous limiter à la période étudiée ici, considérons la scission peu connue mais déterminante au sein du mouvement sioniste lui-même. Lorsqu’en 1933, le très sioniste American Jewish Congress déclare publiquement la guerre économique à l’Allemagne et organise le boycott des produits allemands, la Fédération sioniste d’Allemagne condamne cette initiative et adresse « au Nouvel État allemand » un mémorandum (daté du 21 juin) exprimant son souhait de bonne relation avec le gouvernement nazi, « parce que nous aussi sommes contre les mariages mixtes, et pour le maintien de la pureté du groupe juif », et déclarant : « La réalisation du sionisme n’est gênée que par le ressentiment des juifs de l’extérieur contre l’orientation allemande actuelle.  [36] » En retour, Reinhardt Heydrich, adjoint de Himmler, écrivit en 1935 dans l’organe officiel de la SS :

« Nous devons séparer les juifs en deux catégories : les sionistes et les partisans de l’assimilation. Les sionistes professent une conception strictement raciale et, par l’émigration en Palestine, ils aident à bâtir leur propre État juif. […] Nos bons vœux et notre soutien officiel les accompagnent. [37] »

Les sionistes de Palestine, quant à eux, jouaient dans les deux camps. Tout en s’efforçant de rester en bons termes avec l’Angleterre dont elle dépendait, l’Agence juive, proto-gouvernement dirigé par Ben Gourion, nouait des contacts avec les Allemands dans le but de s’affranchir des quotas d’immigrants imposés par l’Angleterre. Les transactions aboutirent au fameux Accord Haavara permettant le transfert des fortunes juives en Palestine. Quelque 60 000 Juifs fortunés bénéficièrent de cet accord, et leurs capitaux furent décisifs dans la colonisation juive de la Palestine [38].

L’un des chefs de file du sionisme allemand était alors Joachim Prinz. Dans son livre Wir Juden (« Nous les Juifs »), publié à Berlin en 1934, il prenait parti pour la coopération avec le nazisme :

« Un État fondé sur le principe de la pureté de la nation et de la race ne peut qu’être honoré et respecté par le juif qui déclare son appartenance à son propre peuple. […] Car seul celui qui honore ses origines et son propre sang peut respecter et honorer la volonté nationale des autres nations. [39] »

Prinz a-t-il été ostracisé par la communauté juive après la guerre ? Allons donc ! Il a été élu en 1958 président de l’American Jewish Congress, l’organisation même qui avait lancé le boycott de l’Allemagne nazie. Tout est dialectique !

Notes

[1] Yuri Slezkine, Le Siècle juif, La Découverte, 2009.

[2] Jean Daniel, La Prison juive. Humeurs et méditations d’un témoin, Odile Jacob, 2003, p. 53.

[3] Lire la dernière section de mon article « Généalogie du darwinisme », sur www.egaliteetreconciliation....

[4] Léon Pinsker, Autoémancipation. Avertissement d’un juif russe à ses frères (1882), Éditions Mille et Une Nuits, 2006, p. 16-17 et 20-21.

[5] Cité dans Alan Hart, Zionism, The Real Ennemies of the Jews, vol. 3 : Conflict Without End ?, Clarity Press, 2010, p. 364.

[6] Thessaloniciens 2,15 ; Actes 4,10 ; 2,23.

[7] Kaufmann Kohler, Jewish Theology, Systematically and Historically Considered, Macmillan, 1918 (sur www.gutenberg.org), p. 392.

[8] Kaufmann Kohler, Jewish Theology, op. cit., p. 380.

[9] Kaufmann Kohler, Jewish Theology, op. cit., p. 378.

[10] Benton Bradberry, The Myth of German Villainy, Authorhouse, 2012, p. 198.

[11] Lire l’article original en photo sur en.wikipedia.org/wiki/The_American_Hebrew. Voir d’autres articles similaires de cette période sur Youtube, « "Six million Jews" reference in ten newspapers between 1915-1938 ».

[12] Cité dans Ben Hecht, Perfidy, 1961 (sur www.hirhome.com), p. 224. Benzion Netanyahu, The Founding Fathers of Zionism (1938), Balfour Books, 2012, kindle e. 1614-20

[13] Daniel Lindenberg, Figures d’Israël. L’identité juive entre marranisme et sionisme (1649-1998), Fayard, 2014, p. 17.

[14] Heinrich Graetz, Histoire des Juifs, A. Levy, 1882 (sur fr.wikisource.org), tome 2, p. 269, 277.

[15] Martin Peltier, L’Antichristianisme juif. L’enseignement de la haine, Diffusion Internationale Édition, 2014, p. 197-209.

[16] Jean-Marie Lustiger, La Promesse, Parole et Silence, 2002, p. 99 et 57.

[17] Moses Hess, Rome et Jérusalem (1862), Albin Michel, 1981, p. 65, 97, 101.

[18] Kaufmann Kohler, Jewish Theology, op. cit., p. 393.

[19] Cité dans Alfred Lilienthal, What Price Israel ? (1953), Infinity Publishing, 2003, p. 14.

[20] Cité dans Naomi Cohen, The Americanization of Zionism, 1897-1948, Brandeis University Press, 2003, p. 43.

[21] Cité dans Kevin MacDonald, Separation and its Discontents : Toward an Evolutionary Theory of Anti-Semitism, Praeger, 1998, kindle 2013, e. 5463-68.

[22] Nahum Goldmann, Le Paradoxe juif. Conversations en français avec Léon Abramowicz, Stock, 1976, p. 9.

[23] « Says Jews of World will back League », New York Times, 28 août 1922, sur query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf ?res=9B07E2DE1039EF3ABC4051DFBE668389639EDE

[24] Kevin MacDonald, A People That Shall Dwell Alone : Judaism as a Group Evolutionary Strategy, with Diaspora Peoples, Praeger, 1994, kindle 2013.

[25] Adolf Hitler, Mein Kampf (Mon Combat) (1923), Kontre Kulture, 2016.

[26] Voir la réponse de Bakounine, « Aux citoyens rédacteurs du Réveil », sur Wikisource.org

[27] Moses Hess, Rome et Jérusalem (1862), Albin Michel, 1981, p. 105.Moses Hess, Rome et Jérusalem (1862), Albin Michel, 1981, p. 105.

[28] Theodor Herzl, Journal, 1895-1904, Calmann-Levy, 1994, p. 387.

[29] The Complete Diaries of Theodor Herzl, edited by Raphael Patai, Herzl Press & Thomas Yoseloff, 1960, vol. 1, p. 362-363, 378-379, et vol. 3, p. 960. Voir Alain Boyer, Théodore Herzl, Albin Michel, 1991, p. 88-89.

[30] Sur en.wikisource.org/wiki/Zionism_versus_Bolshevism.

[31] Brandon Martinez, Grand Deceptions : Zionist Intrigue in the 20th and 21st Centuries, Progressive Press, 2014, kindle, e. 2314-21.

[32] Gilad Atzmon, Quel Juif errant ? Anatomie du peuple élu, Kontre Kulture, 2012, p. 37.

[33] Antony Sutton, Wall Street et la Révolution bolchevique (éd anglaise 1976), Scribedit, 2012, p. 311.

[34] Yuri Slezkine, Le Siècle juif, La Découverte, 2009, p. 460.

[35] Norman Finkelstein, L’Industrie de l’Holocauste. Réflexions sur l’exploitation de la souffrance juive, La Fabrique éditions, 2001, p. 20.

[36] Lucy Dawidowicz, A Holocaust reader, Behrman House, 1976, p. 150-155.

[37] Cité dans Heinz Höhne, The Order of the Death’s Head : The Story of Hitler’s SS, Penguin Books, 2001, p. 133.

[38] Tom Segev, Le Septième million. Les Israéliens et le Génocide, Liana Levi, 1993, p. 40-41, 29-30.

[39] Cité dans Israël Shahak, Histoire juive – Religion juive. Le poids de trois millénaires, La Vieille Taupe, 1996, p. 148.

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  • #1847657
    Le 25 novembre 2017 à 09:03 par Lucie
    La Shoah éternelle et l’ingénierie dialectique de l’histoire

    Je pense profondément que tous ces "intellectuels" juifs ont contribué à détruire notre monde.

     

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  • #1847667
    Le 25 novembre 2017 à 09:45 par Bromélia
    La Shoah éternelle et l’ingénierie dialectique de l’histoire

    Il ne s’agit pas seulement de neutraliser l’antijudaïsme des Évangiles, en effaçant la responsabilité collective juive dans la mort de Jésus



    Responsabilité inexistante car effacée par le Verbe : "Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font".

     

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  • #1847745
    Le 25 novembre 2017 à 11:33 par goy pride
    La Shoah éternelle et l’ingénierie dialectique de l’histoire

    Cette dialectique est encore bien présente avec d’un côté des Finkelkraut, Elizabeth Lévy, Goldnadel...et d’un autre des Cohn-Bendit, DSK...cette dialectique est un redoutable piège dans lequel les Gentils tombent systématiquement ! Je pense notamment aux gogos de la droite identitaire qui tombent à pieds joints dans tous les pièges que leur tendent les sionistes de droite...

    Ce qui est remarquable c’est que cette dialectique n’a jamais menacé leur cohésion mais au contraire les renforce et en dernière instance travaille toujours en faveur de leur suprématie. C’est probablement là où réside tout le génie des Israélites. En dernière instance je dirais que les Juifs sont à l’humanité ce que les hommes sont au règne animal : une extraordinaire et unique anomalie.

     

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  • #1847764

    Je tiens ici à tirer mon chapeau à Laurent Guyenot. Je suis toujours très impressionné par la profondeur d’analyse et la qualité de ses articles quelque soit le sujet abordé. Alors que l’essentiel semblait avoir été dit sur le sionisme et le judaisme (je ne compte plus les ouvrages que j’ai pu lire, grâce à Kontre Kulture notamment), il arrive à renouveler profondément le sujet et surtout à nous faire accéder à une véritable compréhension d’un sujet assez difficile. Voire tordu ! Car comment imaginer un groupe qui se situe des deux côtés du manche ? Et donc toujours vainqueur, car ramassant la mise quelque soit le résultat. Stupéfiant et malin. Voire Malin avec un M majuscule, comme l’exige le nom propre.

    Et si je fais un rapprochement entre peuple juif et l’Adversaire, Lucifer, le « porteur de lumière » c’est que ces premiers, le peuple juif semblent suivre les pas de ce dernier par leur orgueil et leur prétention à être à leur tour la « lumière des nations ».

    L’orgueil semble décidément à la racine du mal des origines, puisque le premier Lucifer répondit a Dieu « non serviam », je ne servirai pas, et je hisserai mon trône au-dessus des nuées. C’est moi et non un autre qui serai semblable au Très-Haut. » (je cite en gros de mémoire).
    J’avoue que pour moi, c’est toujours un objet de grande fascination de voir que, comme le dit Soral, en cette époque de Kairos, le plus religieux et le plus matériel, l’immanent et le transcendant se rejoignent et se complètent.

    D’autant que selon certains exégètes chrétiens, l’epreuve de soumission et d’humilité proposée aux anges et à Lucifer, consistait à s’agenouiller devant la vision du Christ qui, en tant qu’homme incarné à venir, était inférieur aux anges, purs esprits. Chose insupportable pour les anges rebelles et pour Lucifer que de s’abaisser devant une créature en apparence de moindre condition. Or le peuple juif, procédant du même orgueil, est ce peuple qui refusa à son tour de s’incliner devant le Christ, et qui, comme les anges rebelles, n’en finit pas de perdurer dans son orgueil et sa puissance, mais aussi dans sa solitude et sa coupure des autres nations depuis 2000 ans ! Et comme pour Lucifer, c’est le matérialisme qui devient une valeur suprême pour ce peuple.

    Le résultat est que c’est un groupe souvent d’une intelligence prodigieuse, mais marqué aussi par une forme de déchéance morale (la double éthique) du fait de son endogamie foncière.

     

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  • #1847791
    Le 25 novembre 2017 à 13:07 par aymard de Chartres
    La Shoah éternelle et l’ingénierie dialectique de l’histoire

    @ l’auteur

    Avez vous eu l’opportunité de lire "L’impérialisme d’Israël" de Roger Lambelin, officier militaire de carrière, paru en 1924 ?

    Pour comprendre certains aspects et autres particularités ayant trait au mouvement sioniste qui a émergé à la fin du XIXième siècle, je recommande la lecture des ouvrages de Roger Lambelin dont les contenus fourmillent d’exemples éclairants.

    Répondant à la question relative à la définition du terme "juif", Roger Lambelin donne la réponse suivante qui coule de bon sens en tant qu’elle cerne et épouse l’entièreté du cadre concrétisant le champ exact de ladite définition : "Religion, nation, race, ces trois termes exprimant des choses très différentes se pénètrent et se confondent dans le judaïsme. Les israélites ont peine à en convenir et cependant ils s’indignent quant on veut les disjoindre"

    "Le grand Dizzy (sic Benjamin Disraéli) n’avait-il pas aussi prédit (ceci est une parenthèse) que l’impérialisme britannique dont il s’était fait l’artisan, préparerait un jour la voie triomphale de l’impérialisme d’Israël"

     

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  • #1847842
    Le 25 novembre 2017 à 14:34 par Héraclite
    La Shoah éternelle et l’ingénierie dialectique de l’histoire

    Cet article tombe dans l’écueil tristement banal du bolchévisme = communisme. Rappelons-le une fois pour toute ; Marx n’était pas marxiste et Marx était l’anti-lénine et l’anti-staline le plus absolu. La sociale-démocratie n’a jamais été du communisme, mais tout simplement du capitalisme d’état bolchévique qui a joué le rôle d’accumulation primitive du Capital en Russie. Etape fondamentale où l’Angleterre et la France étaient déjà passé. Donc répétons-le encore ; Le communisme ce caractérise par l’absence de hiérarchie sociale, d’État, de politique et d’économie, par l’auto-abolition du proétariat et par son auto-organisation. Donc il est l’antie-nomie la plus radicale de l’Etat bolchévique Russe.

     

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  • #1848123
    Le 25 novembre 2017 à 20:44 par The Médiavengers
    La Shoah éternelle et l’ingénierie dialectique de l’histoire

    Commentaire un peu répétitif, mais tant pis. Je ne vais pas passer 50 lignes de brosse à reluire : Cette analyse de Laurent Guyénot, c’est du lourd.

     

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  • #1848182

    Venter / vanter :
    Les 2 orthographes sont correctes, mais le sens n’est pas le même.

     

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  • #1848818
    Le 27 novembre 2017 à 00:11 par Emmanuelle
    La Shoah éternelle et l’ingénierie dialectique de l’histoire

    Mon 2e commentaire concerne « l’antijudaïsme des Évangiles » que déclare le judaïsme réformé.

    Émanant des Juifs disciples de Jésus, sauf Luc, les Évangiles ne peuvent être antijudaïques. Mais ils sont évidemment antipharisiens. Ces religieux hypocrites, qui font voir de toutes les couleurs au christianisme, dominent et dirigent aussi le judaïsme à l’époque de Jésus. Ils s’opposent férocement à lui, et entreprennent de le lapider plusieurs fois sans y parvenir.
    Pour l’exemple, leur opposition biologique, spirituelle et doctrinale peut être vécue dans Jean 7, 8 et 17.

    Jean 7
    1-12 Il y avait dans la foule grande rumeur à son sujet. Les uns disaient : c’est un homme de bien. D’autres disaient : non, il égare la multitude. 13 Personne, toutefois, ne parlait librement de lui, par crainte des Juifs. 14-15.
    19 Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi ? Et nul de vous n’observe la loi. Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir ?
    Jean 8
    1-2a-b et tout le peuple vint à lui...
    12 Jésus leur parla de nouveau, et dit : Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. 13-18.
    31 Et il dit aux Juifs qui avaient cru en lui :[...] 32 vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. 33 Ils lui répondirent : nous sommes la postérité d’Abraham ; [..]
    34 En vérité, en vérité, je vous le dis, leur répliqua Jésus, quiconque se livre au péché est esclave du péché. 35-37.
    38 Je dis ce que j’ai vu chez mon Père ; et vous, vous faites ce que vous avez entendu de la part de votre père.
    39 Ils lui répondirent : notre père, c’est Abraham. Jésus leur dit : si vous étiez enfants d’Abraham, vous feriez les oeuvres d’Abraham. 40 Mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de Dieu. Cela, Abraham ne l’a point fait. 41 Vous faites les oeuvres de votre père. Ils lui dirent : nous ne sommes pas des enfants illégitimes ; nous avons un seul Père, Dieu. 42 Jésus leur dit : Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez, car c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens ; je ne suis pas venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé. 43-44 Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur et le père du mensonge.

     

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  • #1849946
    Le 28 novembre 2017 à 17:02 par Roland
    La Shoah éternelle et l’ingénierie dialectique de l’histoire

    Encore du très bon travail de Laurent Guyénot. Cet article est vraiment très intéressant.

    Quid de la dialectique actuelle en ce début de 21ème siècle ?

    N’est-elle pas à ce jour d’ordre morale et spirituelle ? On pourrait alors distinguer le juif américain, gauche des valeurs, tendance Sillicon Valley, Facebook, Google, LGBTiste,… du juif orthodoxe russe, droite des valeurs, tendance Habad-Loubavitch,… les deux participants, chacun de leur côté, à l’unification politique, économique et spirituelle de la Terre, avec pour centre Jérusalem et le 3e Temple.

     

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