La panique est-elle en train de gagner de nombreux responsables de l’Union européenne depuis le référendum néerlandais du 6 avril ? C’est le sentiment que l’on peut retirer de plusieurs rencontres ces derniers jours à Bruxelles.
Il y a une prise de conscience de l’accumulation de crises au sein de l’UE, mais aussi, et peut-être surtout, du fait que la stratégie adoptée depuis ces dernières années est un échec flagrant. C’est ce qui explique le pessimisme de nombreux acteurs, un pessimisme teinté même de panique dans un certain nombre d’autres cas.
Le tournant vers la post-démocratie ?
On observe aujourd’hui la radicalisation d’une tendance qui était présente depuis des années à Bruxelles : la volonté de construire l’Union européenne hors de toute démocratie. C’est une tendance qui a été théorisée par des auteurs largement subventionnés par l’UE, comme Andras Jakab. Elle était explicite dans les déclarations de MM. Barroso et Juncker.
On doit désormais noter les déclarations multiples, de Martin Schultz le président « socialiste » du Parlement européen aux commissaires européens, qui désormais appellent ouvertement l’UE à entrer dans la « post-Démocratie », c’est à dire un système où l’on ne demande plus son avis aux peuples.
Cela se comprend, les peuples pourraient leur donner tort ! Comme aux Pays-Bas, par exemple, où les électeurs ont rejeté massivement le traité entre l’Union européenne et l’Ukraine. Mais, on voit bien que ce qui occupe désormais l’esprit de ces « responsables », c’est le référendum britannique du mois de juin prochain. La perspective du « Brexit » plonge ces dits « responsables » dans l’effroi. On comprend mieux les enjeux si l’on pense aux débats qui se déroulent aujourd’hui sur le futur de l’Euro.
La crise de l’Euro va faire un retour remarqué sur la scène politique européenne d’ici cet été. D’ailleurs c’est bien de l’Euro qu’il est (indirectement) question avec le Brexit. On voit bien que les britanniques sont aujourd’hui inquiets de l’évolution politique de l’Union, mais cette évolution politique est impulsée par l’aiguillon de la crise de l’Euro.
Des incohérences allemandes
Cette crise proviendra, en partie, de la réaction de l’Allemagne à la politique de la Banque Centrale Européenne. Une partie de la classe politique allemande reproche à la BCE sa politique de taux d’intérêts négatifs. On peut le comprendre. Compte tenu du système de financement des retraites en Allemagne, où la capitalisation joue un rôle bien plus grand qu’en France, des taux négatifs se répercutent immédiatement sur la capacité de financement des organismes de retraite.
On comprend donc les soucis des dirigeants allemands, soucis dont ne sont pas exclus des perspectives plus politiciennes et plus électoralistes. C’est aussi pourquoi ces mêmes dirigeants s’opposent toujours à la perspective d’une forte réduction de la dette grecque, réduction qui est pourtant essentielle à la survie de ce pays. Le blocage que font les dirigeants allemands sur ce point, et le conflit qu’ils ont avec le FMI, risque de provoquer l’insolvabilité de la Grèce d’ici début juillet.