Le repoussoir populiste ne fonctionne plus. À entendre nos politiques affolés, le spectre de la droite – pire, de l’extrême droite – hanterait les isoloirs, vestibules des urnes où, le 25 mai, les eurosceptiques déverseront leur excès de bile.
Avec l’échéance européenne – une fuite en avant dans la déconstruction des nations – s’ouvre en France la perspective d’une fin de monde politique bipolaire. À savoir la fin du condominium PS/UMP. Contraintes et forcées, les vierges effarouchées de l’antifascisme se voient, par conséquent, dans l’obligation de changer de registre. L’épouvantail ne sème plus la peur comme jadis.
Bref, les anathèmes ont fait long feu. Aussi vient-on de voir, plutôt discrètement, le « front républicain » de la bien-pensance voler en éclats. Mais ne comptez pas sur les grands médias pour s’en indigner comme hier ils le faisaient encore. Mieux vaut émettre des nuages d’encre en surmédiatisant le marcheur Kerviel… ce commode bouc émissaire utile à masquer les turpitudes systémiques de la Société générale. Des défaillances chroniques qu’une justice presbyte n’est pas parvenue à discerner.