« Et en dernière instance, je ne suis pas démocrate, je pense qu’il est honteux de prendre le pouvoir par les urnes. » Alain Soral
I
J’étais à Lyon lors du congrès du Front national. Je ne dis pas que j’étais à Lyon pour assister à ce congrès ; en vérité je me trouvais fortuitement dans la Cité des Quenelles pour des affaires n’ayant que peu de rapport avec le front, puisqu’elles se situaient nettement plus bas, dans la cage thoracique (ou dans la cavité pelvienne, selon la hauteur de notre point de vue).
Car au fond je n’ai rien à voir avec ce parti politique bourgeois, les dessous du Front ne me regardent pas.
Comme tous les autres partis politiques, quels qu’ils soient, au demeurant.
Tous sont des latrines publiques, dont le seul horizon est l’Urnoir, qui n’est plus qu’une pissotière d’auberge espagnole pour dames énamourées. La confiscation de la révolte sociale pour le seul bénéfice de la sangsue politicarde, le parasitisme public dans sa plus abjecte manifestation.
Rien de bon, jamais, n’est sorti de l’Urne, la voie électorale ne mène nulle part ailleurs que dans la servitude ratifiée. [1]
[2]
Quant au « Changement », c’est le parti qui voudrait changer quelque chose qui devra au préalable se changer, jusqu’à paraître dans la livrée du domestique, s’il veut accéder enfin aux « affaires ». Telle est l’essence véritable de la « doctrine » Chauprade, qui paraît une légitimation grandiloquente de l’opportunisme.
Certes on peut établir des distinguos dans l’Incurable. Les Verts, par exemple, répugnent davantage que le Front. Au Front il y a quand même le Menhir Jean-Ma, et monsieur Gollnisch, et d’autres qui leur ressemblent. Tandis que chez les vers, n’est-ce pas.....
Mais tout de même, la Cour des Bouffons de la Reine lève le cœur. Aussi, car nous sommes bien élevés, dorénavant nous nous essuierons la bouche avec leurs bulletins.
Voyez ces messieurs, courir se réfugier dans les jupes de la Justice pour faire des procès minables, faute de noblesse, faute de réparties, comme de vulgaires féministes "harcelées" !
Pourtant quand certains de ces gens plastronnent à la Radio, ils se la jouent Vieille Droite et ne jurent que par Léon Daudet ou Maurras ! Qui, pour ce qui est de l’insolence et l’Invective, furent de grands maîtres.
Ce n’est plus un changement tactique quand la tradition même a été changé.
Voilà qui augure bien de ce que serait notre sort avec ce Front new-look au pouvoir. À l’Intérieur Thooris. Au quai Chauprade. Passez-moi la cuvette.
N’oublions pas que la première réaction de la présidente Marine Le Pen à l’annonce du nouveau gouvernement Valls fut de proposer dissolution et cohabitation avec Hollande ! Personne n’a tenu a relever suffisamment cette prise de position. Cohabiter ? Sur quel programme ? Nécessairement appliquer le Pacte de responsabilité et se laver les mains de la loi Taubira ! Forcément ! Sinon on ne peut cohapiner.
C’est cette soumission qu’on appelle la Realpolitik sans doute, parce que ça fait allemand, parce que ça fait viril.
Bon appétit messieurs-dames.
II
Cependant, esseulé en la vieille capitale des Gaules, ayant à tuer quelques heures pesantes, plutôt que d’ajouter de la lourdeur à la pesanteur en allant entendre le fausset du Chauprade, j’ai préféré aller au Spectacle.
Aller admirer l’art de la manœuvre, combinant ordre oblique et formation de ligne, des légions de la Contre-manif antifa, ou de l’Anti-manif contrefa si l’on veut du contrepet. Du contrepet pas du tout rhétorique, car il s’agissait bien de la mise en scène d’une anti-révolte par d’authentiques faux-culs.
Mais la vérité sort toujours de la bouche des petits truqueurs, et les scansions itératives des sycophantes du Nouveau Parti anticapitaliste trahissaient leur véritable arrière-pensée politique.
Ainsi ils allaient, gueulant :
« Le Pen, Soral, Manuel Valls / Et hop tout ça à la poubelle »
« Finkielcraut, Hollande, Dieudo / Et hop tout ça à la poubelle »
Était-ce là une variante antifa du jeu « Cherchez l’intrus » ?
En ce cas la réponse est facile : dans la première liste, mademoiselle Le Pen & monsieur Valls ont ceci de commun qu’ils se sont éternellement liés. Conjugalement pour l’un, acoquinement pour l’autre, qu’importe le contrat pourvu qu’on ait l’alliance.
Cependant qu’Alain Soral est si parfaitement délié qu’il en devient d’essence zyclonique.
Dans la seconde liste, Finkelcrot et Hollande ont ceci de semblable qu’ils sont des comiques ratés qui ne font rire qu’à leurs dépens.
Cependant que Dieudonné remplace aisément le gaz hilarant.
L’incongruité de ces inventaires faisait ressortir les intrus, dévoilant qui était vraiment visé par les supplétifs gauchistes : Soral et Dieudonné.
Les autres n’étaient nommés que pour noyer le poison, et se donner l’air transcendant de ceux qui surplombent les clivages admis. Il s’agissait bien d’une manif contre Soral & Dieudonné au prétexte d’une manif anti-FN.
C’est-à-dire, n’est-ce pas, un soutien indirect à Valls, Hollande, Finkelcrot, etc,.
Déjà, aller s’insurger contre le seul Front national quand on a du Valls au pouvoir, c’est plus que douteux, mais dénoncer Soral et Dieudo c’est pis que de la collaboration de classe, c’est de la basse police supplétive.
Un observateur attentif aurait aussi remarqué un semblant d’ordre caché sous le désordre manifeste d’une manifestation antifa, car une véritable division du travail était à l’œuvre dans ce pandémonium de drôles, de flics et d’abrutis.
Et cette division des tâches s’effectuait de la manière la plus classique, entre d’une part le travail intellectuel, et de l’autre le travail manuel Valls.
Voici comment.
Après que les Intellectuels NPA ont gueulé « Et hop tout ça à la poubelle », aussitôt, prenant le relais, les éboueurs anarchistes passaient à la pratique, en mettant le feu à toutes les poubelles malencontreusement placées sur leur parcours. « Libérez nos camarades ! »
Cette haine à l’encontre des poubelles s’expliquerait sans doute en partie par une pathétique autant que vaine tentative symbolique de s’extraire momentanément de leur naturelle habitation mentale. Mais cette psychanalyse de dépotoir ne rend pas suffisamment compte du tableau clinique beaucoup plus polymorphe de la pathologie hystérique de ces déchets.
Car nos pyromanes en profitaient également pour saccager consciencieusement tous les abris-bus, et briser les vitrines des fleuristes et des Caisses d’Épargne qu’ils rencontraient.
Par là les casseurs gauchistes proclamaient : « Nous ne sommes pas là pour attendre patiemment le bus de l’Histoire (qui les mènerait inéluctablement à la Décharge Publique), non plus que pour embellir de fleurs imaginaires la dictature des petits épargnants. »
Félix Niesche