Bonjour,
J’ai 23 ans et suis fils d’agriculteur, issu d’une modeste exploitation laitière en Bretagne.
Étant exaspéré par le contexte économique, financier et politique de ce pays, et compte tenu des actuelles manifestations paysannes, je me permets de vous contacter pour vous proposer le papier joint à ce mail.
Je vous laisse libre de donner suite à cette proposition de diffusion.
Souhaitant apporter ma pierre à l’édifice.
Bonne réception.
A.
Agriculture en crise : la réussite d’un (du) système
Si vous pensiez que la situation économique agricole est inquiétante, détrompez-vous ! Elle ne s’est jamais aussi bien portée. Enfin pour ceux qui ont mis en place le système et en perçoivent les fruits…
Crise porcine, crise laitière, crise bovine… Il y en a pour tous les goûts ! Mais ce terme est-il employé à juste titre ? En toute logique, non. Sa répétition effrénée n’est que le reflet de l’aboutissement d’un modèle économique et financier, qui touche d’ailleurs plus largement les travailleurs français de tous secteurs.
Le premier volet du système, celui de la dette, touche les paysans depuis la sortie de la Seconde Guerre mondiale. Dans un objectif d’autosuffisance alimentaire au niveau national, la France accepte le Plan Marshall. Ce dernier vise à moderniser les exploitations par voie de mécanisation, fertilisation, irrigation…
Autrement dit, les autorités d’époque incitent les paysans à contracter des emprunts pour développer leur ferme. Avec des taux d’intérêt allant jusqu’à 20%, le paysan ne travaille plus pour lui mais pour le remboursement de la dette.
Notons tout de même que l’application de ce modèle a été réalisée dans un cadre protectionniste. En effet, l’Europe des Six a décidé de mettre en place la PAC (Politique agricole commune). Cette dernière a établi un cadre permettant aux paysans de ne pas être impactés par les importations de marchandises sur le territoire. De plus, par un soutien financier, elle permet aux agriculteurs d’exporter leurs produits à un tarif concurrentiel.
Ce système a réellement joué son rôle protectionnisme. Mais au fil des années il s’est révélé de plus en plus couteux, alors même que les agriculteurs n’ont pas vu leurs revenus augmenter !
Pire encore, afin de conserver un même niveau de salaire, l’agriculteur est forcé d’agrandir sans cesse son exploitation. La dette bancaire devient alors omniprésente.
Cette absence de recettes a pour origine l’emprise totale des industriels et distributeurs sur les produits agricoles, deuxième volet du système. David contre Goliath. Jamais les autorités n’ont impliqué les paysans à la commercialisation de leurs produits. On leur demandait seulement de produire. La transformation et la commercialisation sont l’affaire de grands groupes.
Ainsi l’agriculteur est isolé, individualisé et pris en tenaille. D’un côté les dettes s’accroissent, de l’autre les produits n’augmentent pas. La captation des richesses se réalise donc par l’organisme bancaire, les industries agro-alimentaires et les distributeurs.
Au fil des années l’Union européenne (UE) et la zone Euro comptent de plus en plus de pays en leur sein. Le traité de Maastricht, grand frère du traité de Rome, entérine un modèle économique libéral. Ce dernier aura pour effet de donner le pouvoir à l’Économie (à l’hyper-classe financière) sans que le politique ne puisse intervenir. Le second est alors sous contrôle du premier.
Les politiques ne deviennent plus que des pantins médiatiques. D’un point de vue agricole cela se caractérise par un abandon total du protectionnisme. On crée ainsi une grande zone de libre-échange sans harmonisation des normes en pratique. L’actuelle UE à 28 est ainsi source de concurrence déloyale.
Les différentes réformes de la PAC, sous influence américaine, soumettent de plus en plus les agriculteurs aux marchés mondiaux et à la concurrence étrangère.
Pour les centrales d’achat des distributeurs, qui sont aujourd’hui au nombre de 4, la croissance des marges est de plus en plus forte. Quoi de plus normal dans une économie libérale d’acheter au coût le plus bas pour revendre au prix le plus haut possible. Leur absence totale de patriotisme est d’ailleurs fortement compatible avec ce modèle économique. Les coûts de transport ne représentant qu’une part infime de leurs charges, autant acheter là où les produits sont les moins onéreux.
Par la manipulation des cours des matières premières et les effets de la spéculation, un alignement vers le bas est rendu possible.
Ce rapport de force, totalement déséquilibré, entraîne le paysan dans une entière soumission au transformateur et au distributeur. Et ce, alors même qu’il est le seul à prendre l’ensemble des risques (climatiques, sanitaires, alimentaires, environnementaux…).
De par la production de denrées rapidement périssables, les plus soumis sont les éleveurs. Ce sont d’ailleurs les moins à même de défendre leurs intérêts au vu de leurs journées bien chargées. C’est ainsi que le premier syndicat agricole français, la FNSEA, n’a été dirigé que par des céréaliers.
On ne peut même pas les qualifier d’agriculteurs au vu de leur emploi du temps très bureaucratique. Symbole de l’aboutissement de cette dérive, l’actuel président n’est autre que Xavier Beulin, PDG du groupe AVRIL (anciennement SOFIPROTEOL), poids lourd des huiles et protéines végétales.
Il ne souhaite en aucun cas maintenir une agriculture familiale en France, il la préfère industrialisée. Les agriculteurs de demain ne seront donc officiellement que des salariés de grands groupes. Ce n’est d’ailleurs qu’une question de temps, puisque le Traité transatlantique, élargissant la zone de libre-échange à l’Amérique du Nord et harmonisant leurs réglementations sur les nôtres, scellera le sort de nos paysans.
Ainsi, jamais la FNSEA, à l’instar de la CGT, ne défendra sa base sur les crises actuelles. C’est un leurre absolu, d’autant que Xavier Beulin est dans les petits papiers des politiques. C’est l’Emmanuel Macron de l’agriculture.
Ce constat général est donc applicable à l’ensemble des secteurs d’activités en France.
Il n’y a rien à espérer des politiques en place, totalement sous l’égide de Bruxelles, elle-même à la cheville des grandes multinationales, fortes de leur lobbying intense dans les couloirs du Parlement européen.
Pour s’en sortir, il conviendra de mettre à mal ce système. Cela passera nécessairement par un abandon de l’UE et de la zone euro à profit d’une France qui retrouve sa souveraineté.
La seule issue possible est donc le renversement rapide de l’échiquier politique par le peuple. Ce dernier œuvra pour l’élaboration de ses propres lois, à son service, tel que le défini finalement le concept de Démocratie.
L’agriculture écrasée par le mondialisme, sur E&R :