Mes parents n’ont pas fait 68, à peine trop jeunes et, surtout, pas étudiants à la Sorbonne. Mais pas trop vieux pour absorber comme des éponges les slogans publicitaires de 68, toutes les modes et réformes sociétales de cette époque, de l’anti-catholicisme aux Beatles, en passant par le rejet du mariage, le féminisme, l’éloge de la paresse et bien d’autres... alors, l’inversion des valeurs que vous évoquez si souvent, je peux affirmer qu’elle existe bel et bien, car je l’ai vécue dans ma chair !
Ma grand mère maternelle fût en avance sur son temps. Elle avait déjà été trompée par la mode naissante des femmes « libérées » et invitant à en faire de même. Elle n’a eu qu’une fille, élevée sans père, qu’elle confia le plus souvent à ses parents pour réussir sa carrière professionnelle.
Mon père provient d’une famille de trois enfants, un peu le modèle type de la famille chrétienne. Sa mère, femme au foyer dévouée et fière de l’être, fût élevée au couvent car orpheline très jeune, un père cheminot, des gens simples qui ne roulaient pas sur l’or mais qui avaient suffisamment pour offrir un environnement soigneux, organisé et confortable à leur progéniture. Eux, ils ne se vantaient pas de faire du « bio » avec trois tomates, mais la cave était remplie de conserves de légumes du jardin et le sirop de fruits rouges était « maison ».
Leurs trois enfants, dont mon père, n’en ont fait que deux ! Et ce n’était pas un problème économique, il y avait encore facilement du travail à cette époque. Non, ce fut bel et bien la « mode » qui était au rejet de ses propres traditions, culture, religion et mode de vie. Faire plus d’un seul enfant, c’était pour les beaufs. Être fier de transmettre son nom, son savoir-faire ou son héritage, c’était un truc de fachos nationalistes !
Quand certains parlent d’un génocide organisé des chrétiens, j’y crois car notre famille en est une preuve.
À la maison, le simple mot de Dieu n’a jamais été prononcé, c’était un blasphème. L’ordre et la discipline, c’était du « fascisme ». Avoir des placards pour ranger les choses à leur place, c’était être un maniaque bourgeois. Pourvoir de portes les lieux intimes de la maison, chambres, salle d’eau, c’était du terrorisme.
Forcé à faire du nudisme avec eux dans des endroits déserts, c’était « natuuuurel » et j’étais bien bête d’avoir honte comme ils m’ont répondu les rares fois où je tentais de leur exprimer mon malaise d’être nu devant eux et de subir leur nudité.
Et tout cela sous couvert d’une prétendue « ouverture d’esprit » et ouverture au dialogue, dont j’ai mis longtemps à comprendre qu’il n’existait uniquement que si j’allais dans le sens de leur délire.
Plus tard, ayant quand même réussi à survivre à tout ce marasme, j’ai pu aussi, et c’est encore le cas aujourd’hui, constater au travers de mes expériences, l’incohérence et les contradictions de certains de mes contemporains.
Des copines « féministes » me traitant de macho (ce qui fait bien rire quand on sait d’où je viens) alors qu’elles présentaient elles mêmes toutes les « tares » que l’on prête habituellement au macho, colériques, intolérantes, narcissiques et j’en passe. Des voyous de cités cherchant à me dépouiller en se déculpabilisant à coup de « oh mais t’es raciste ou quoi ? ». Des gosses de riches tenant à tout prix à me dire qu’ils étaient bien plus pauvres que moi en me présentant leur relevé de compte sur leur dernier mobile écran 9 pouces, mémoire de 900 Go.
Bref, pendant longtemps je me suis posé des questions sur toutes ces incohérences, et j’en avais déduis qu’il y avait en effet un énorme bug quelque part !
Et la clef de compréhension, c’est vous qui me l’avez offerte.
Alors, merci E&R et merci Alain.
P.