Cher monsieur Soral,
Avant toute chose, merci. Merci pour l’espoir que vous insufflez aux jeunes que nous sommes.
Nous incarnons une jeunesse un peu particulière, parce que nous avons fait le choix des armes, par idéal d’une certaine vision de la France. Nous avons suivi notre formation d’officiers à l’École spéciale militaire de Saint Cyr (c’est pourquoi vous trouverez joint à cette lettre ce petit « Casoar » sur lequel nous reviendrons). Jeunes officiers, nous avons ressenti une immense fierté d’intégrer cette École, vieille de plus de deux cent ans, et qui a vu passer des noms illustres : de Charles de Foucault à Tom Morel, de Lyautey à de Gaulle... Des noms qui incarnent la grandeur, le courage et le dévouement.
Nous sommes sortis depuis quelques années de cette belle École et avons découvert avec stupeur l’état de délabrement dans lequel notre armée est plongée. Délabrement matériel, humain mais aussi moral. Grâce à vos analyses, que nous suivons avec assiduité, nous avons obtenu les clés de compréhension de cette situation désastreuse (mise en lambeaux de la souveraineté française, etc.) et de notre contexte général (mise en exergue des tensions communautaires, etc.).
Cette lettre n’a pas pour but de reprendre ce que vous vous escrimez à nous répéter depuis des années, mais nous voulions cependant faire entendre la voix qui est la nôtre. Nous sommes de fait issus d’un milieu dit favorisé, et évoluant dans un monde plutôt traditionnel où les schémas de pensées sont assez figés. Néanmoins, adhérant à la nécessité impérieuse d’une Réconciliation Nationale, nous avons pu dépasser ces schémas, voire à notre humble niveau essayer de les faire évoluer autour de nous.
Veuillez trouver avec ce courrier un cadeau qui revêt pour nous une importance particulière. Le Casoar, attribut traditionnel de Saint Cyr, est en fait formé de deux parties : le « shako » qui constitue la partie coiffe, et le « casoar » à proprement parler (les plumes rouges et blanches) qui est très lourd de sens pour nous. Il représente le « panache », c’est-à-dire l’insolente élégance devant le danger, devant l’oppression, voire même devant la mort. Et c’est pourquoi il nous paraissait important de vous remettre cette miniature artisanale, confectionnée avec exactement les mêmes matériaux que les grandeur nature.
Par cette lettre, nous voulions simplement vous témoigner qu’à l’autre bout du spectre social, vos écrits, vos conférences et vos publications trouvent aussi un écho favorable. Et de manière croissante.
En espérant répondre présents le jour où il le faudra.
Chic à Cyr !