Salut la dissidence, me v’là.

J’ai payé mes cinquante euros, j’me sentais tout excité. Le système tout entier devrait s’écrouler après ça, non ?

Putain j’ai payé et rien s’est passé. Bon est-ce qu’au moins je vais perdre mes cheveux, me retrouver avec une belle gueule et un canapé bleu (remarquez la différence !) et me mettre à dire de manière rationnelle les choses que je ne fais que ressentir depuis des années ?

Combien de vues j’ai ?

Aucune ?! Putain mais je suis un dissident, merde quoi !

Comme quoi le Rubicon qu’on traverse n’est pas toujours celui qu’on croit.

J’le vois le Soral depuis trois ans qui me dit : « T’es soumis ! » Je sais, « tout est verrouillé ! », je sais, « les élites françaises ont sciemment décidé d’abandonner l’intérêt de la France en cooptant sans cesse les moins attachés au patriotisme et par un phénomène de centrifugation, il ne reste au centre plus que des traîtres à la patrie » : je m’en doutais, « t’es pas le seul a penser ça ! » – alors ça, je savais pas ! « Et y’a peut-être une explication et celle-ci peut donner l’espoir d’une solution ! » Je savais pas ça non plus. Donc le voilà lui qui depuis dix ans essaie d’allumer un peu le feu des consciences et me voilà moi, derrière mon petit écran à ne rien faire qu’absorber, je passe à l’engagement et j’espère que ça va changer quelque chose ? Pas très malin ça !

Il m’en a appris des choses le Soral, et en premier que le chemin sera long et sinueux et que lui peut me prendre pour un con mais que moi je ne peux pas me prendre pour lui parce qu’il en a chié et que moi je l’ai juste regardé.

Il m’en a appris d’autres aussi, mais je vais pas tout dire, je veux pas d’emmerdes.

Pour moi la gauche je l’avais connue que caviar, question de génération. Un simple artifice de bonnes intentions pour donner au prolo le goût de voter pour elle. Que voulez-vous, moi j’ai toujours été un bourgeois ou plutôt quelqu’un qui avait du pognon que le bon côté, je l’avais pas gagné, juste dépensé, et j’me disais toujours que s’il en voulait le prolo, il avait qu’à bosser plus dur, à aller à l’école ! Enfin quoi, chacun peut bien réussir dans ce monde, regardez-moi, j’ai réussi et j’en suis fier ! En plus le prolo veut ma peau et il n’aime pas le pays ou il habite (moi si, j’ai jamais trouvé mieux ailleurs). Non, la gauche c’était décidément contre tout ce qui faisait sens à mes yeux.

Surtout ne soyez pas surpris par la bêtise du raisonnement, de mon point de vue ça se tenait, et mon milieu (amis, parents, collègues) le renforçait (conscience de classe pour les connaisseurs). D’ailleurs j’avais très vite repéré que le caviar, les prolos en bouffaient pas, moi parfois, ce qui rendait les leaders de gauche plus proche de moi que de leurs électeurs et ça me débéquetait (seulement leurs mensonges pas la situation).

Puis voila Soral qui me montre une gauche qui s’intéresse à la patrie sans réserve, et ne dit pas : « Mort aux bourgeois ! », mais : « Travaille avec moi ! » La révélation ! Même le bougnoule il me montre que c’est vraiment une chance pour la France, et je le crois ! Alors que de voir la victoire de 98 ne m’en avait absolument pas convaincu (trop hype colors of Benetton style et en plus j’aime pas le foot).

Soral a remplacé la publicité par l’intellect, l’affect par le concept et là, ô miracle ! Je comprends ! En résumé, Mohamed n’est pas encore un Breton, mais il a vocation à le devenir à sa manière. Par contre ce n’est pas du goût de ceux qui l’ont fait venir, eux ils le veulent pour faire chier, créer des tensions, avilir la France. En rendant le symptôme tellement insupportable qu’on arrête de demander la cause de la maladie. Et aussi, ce n’est pas le prolo qui n’aime pas la France, mais seulement ceux qui parlent en son nom.

Bon, j’avoue que j’en fréquente pas beaucoup des Mohamed, pas le même milieu, mais je ne fréquente pas beaucoup de Bretons non plus, mais ils ne me posent pas de problèmes a priori donc nos récents arrivants ne devraient pas m’en poser non plus (les racailles bretonnes ou autres mises a part).

Non, vraiment là, Soral, il m’a offert une révélation et rien que pour ça je lui en dois une. J’ai rajouté deux euros pour la vidéo. Bon c’est vrai qu’il se répète, mais c’est le problème de la vérité, on ne peut pas la changer tout le temps (prends-en de la graine BHL).

Bon ben voila j’en ai fini pour mon premier acte de dissident, j’ai déboursé du pognon, écrit une petite lettre rapide aux camarades, mais je vais quand même retourner au boulot pour remplir la gamelle et m’assurer une position sociale au cas où être dissident serait un mauvais choix politique. Et c’est bien là que le bât blesse, on peut tous s’imaginer Bayard, mais il n’y en a qu’un seul qui puisse l’être.

T. I.

PS : Je parle beaucoup de Soral mais c’est que d’écrire E&R ça me casse le rythme. Vous faites tous un travail d’exception avec un courage que j’aimerais un jour me découvrir.