Bojour M. Soral,
Je vous connais depuis plusieurs années. D’abord via Sociologie du dragueur qu’un ami m’avait prêté, qui est un ouvrage que j’ai lu à dix-sept ans (j’en ai actuellement vingt-et-un) et qui m’a beaucoup aidé à décrypter mon propre comportement et pour cela je vous en remercie. Puis quelques temps plus tard par vos vidéos, en premier lieu, puis par Comprendre l’Empire, E&R et enfin les éditions Kontre Kulture (si seulement Messieurs-Dames Peillon et Balkacem savaient que la bourse qu’ils m’octroient servait à me procurer du Douglas Reed ou du Otto Weininger...).
Je visite donc, comme je vous l’écrivais, le site E&R régulièrement mais ce qui me fait sortir de ma passivité pour vous écrire aujourd’hui c’est que je me reconnais de moins en moins dans les commentaires d’un nombre non négligeable de mes coreligionnaires musulmans. J’aimerais vous apporter, je l’espère, à vous et à nos compatriotes un témoignage différent de ceux que l’on peut voir sur ce site.
Je suis né de parents d’origine algérienne (d’une mère Kabyle et d’un père Oranais), l’un cadre dans l’administration et instructeur fédéral de boxe française et l’autre commerciale. Mon grand-père maternel a été, avant la guerre d’indépendance, chasseur-alpin durant 7 ans et mon arrière grand-père paternel s’est battu contre les allemands durant la grande guerre où il a reçu la légion d’honneur (la même que celle atribuée à Daniela Lambroso et Jacques Séguéla, deux héros de la nations, s’il en est).
Mes parents n’ont jamais connu la banlieue et étaient déjà acculturés quand ma sœur et moi sommes nés, nous avons grandi dans la campagne Seine-et-Marnaise au milieu d’amis français (de souche, j’entends) qui nous invitaient aux mariages et aux baptêmes. Il y avait du vin et du fromage à table. Nous fêtions et nous fêtons toujours Noël, Pâques et l’Aïd, l’on m’offrait des livres sur l’histoire de France et à la maison, on parlait un français châtié et pas un mot d’arabe (mon père ne le parle pas du tout, d’ailleurs). C’est ainsi que j’ai été éduqué et c’est ainsi que j’ai grandi. Ainsi que tous mes cousins et cousines, soit dit en passant.
Rassurez-vous, on m’a tout de même circoncis et appris l’hisoire de mes ancêtres génétiques et je sais qu’ils n’étaient pas blonds aux yeux bleus (bien qu’un royaume Vandale a longtemps régné en Kabylie), ce paragraphe était là pour illustrer ma manière de penser actuelle.
J’ai lu les Évangiles ainsi que le Coran, j’ai appris l’arabe via des cours particuliers, je me considère comme musulman car mes ancêtres l’étaient mais dire que je suis pieux serait un affront, mon amour pour les femmes et pour le vignoble bordelais étant ce qu’ils sont.
Si je vous écris ce soir c’est parce que je souffre. Il est difficile pour une personne issue de l’immigration de critiquer l’immigration, de surcroît maghrébine mais le fait est qu’il suffit de prendre les transports en commun pour se rendre compte du réel malaise.
L’immigration africaine et arabo-musulmane a, en grande majorité, raté son intégration. Du fait, certainement, de leur arrivée en nombre trop important et de la formation de ghettos mais le fait est qu’ils ne sont ni instruits, ni éduqués et rejettent leurs propres échecs sur leur pays de résidence. C’est encore plus flagrant dans le cas de la Suède (où je suis censé me rendre au mois d’août, j’espère échapper à la fouille anale en me rasant de près) qui, elle, n’a jamais été une puissance coloniale et qui n’a fait qu’accueillir ces personnes.
Ici, ils utilisent l’excuse d’une colonisation qu’ils n’ont même pas connue. Ils se disent victimes de racisme mais sont les personnes les plus irritantes de la société. J’ai moi-même été traité de quelques noms d’oiseaux mais à qui cela n’est-il pas arrivé ? Je n’ai jamais cru que les Français étaient un peuple raciste parce que je ne l’ai jamais vu. Ils sont simplement réticents à voir, en quelques années, plusieurs millions d’étrangers arriver sur leur sol. Quel peuple ne le serait pas ? Si l’on s’habille convenablement et que l’on sourit en disant bonjour, merci et au revoir, l’on vous sourira en retour. Mais cela ils ne l’ont jamais compris, ils n’ont aucune empathie, aucun recul. Alors ils s’inventent des excuses, une histoire, une identité pour justifier leur échec, se disent musulmans sans avoir lu le Coran, se disent arabes sans parler la langue alors qu’ils ne sont que de simples ratés. Des ratés que j’exècre probablement plus que vous pouvez les exécrer puisque tout ce qu’ils font rejaillit sur moi. J’en viens presque à vouloir manifester pour demander le rétablissement de la guillotine place de la Concorde accompagné d’une série de déchéances de nationalité. Car il faut que cela cesse, vite, que l’ordre soit rétabli, coûte que coûte. Je ne peux me résigner à vivre les dernières heures d’une nation qui s’est dressée fièrement pendant près de 1600 ans..
C’est pour cela que je vous écris. Je ressens, chez certains de vos sympathisants, une revendication panarabique. L’on supporte Soral car il dénonce le sionisme, et dénoncer le sionisme c’est bon pour la Palestine ou l’Algérie ou le Marroc etc... Cela me rappelle la phrase de BHL « c’est bon pour Israël ». Il ne faut absolument pas tomber dans ce travers communautariste, ce n’est pas ça la France. Et ce n’est pas ça non plus, pour moi, E&R, qui est supposé avoir vocation à être l’alliance de tous les patriotes français, pour la France. Et non un rappochement temporaire entre alliés de principe. Pour réussir, non plus son intégration, mais son assimilation il faut être prêt à accepter qu’il n’y a rien au-dessus de l’intérêt de la nation, que cet interêt entre en contradiction avec les interêts d’Israël... ou de la Palestine. Ne vous méprenez pas, je suis profondément anti-sioniste mais j’essaye de faire comprendre que cet anti-sionisme et cet anti-impérialisme, je ne le tiens pas uniquement de mon teint basané et de mon prénom coranique, je le tiens de mon patriotisme. Et j’aimerais qu’il en soit de même pour mes coreligionnaires ou que, si ce n’est pas le cas, ils aient l’honnêteté de penser à l’expatriation comme on demande à certains Juifs l’honnêteté de faire leur aliya en Judée.
Mes mots sont crus mais, comme je vous l’ai dit, je souffre. Je souffre depuis mon enfance et je souffre de plus en plus. Je souffre de devoir sans arrêt me justifier des actes ou des attitudes commis pas d’autres. De me sentir obligé de faire un sourire un peu plus appuyé à la caissière pour tenter d’effacer de sa mémoire le jeune qui venait de l’invectiver. Je souffre de cette peur enfantine de ne connaître jamais de vraie patrie : Français de culture, de pensée, Français de cœur... Français, oui... Mais bougnoule. Arabe pour les Français, Français pour les Arabes. Je ne souhaite cela à personne. Pas même à Élisabeth Lévy. Quoique... Je rectifie, je ne souhaite ça à presque personne.
Cela me fait toujours penser à cette phrase qu’’un représentant algérien avant la guerre d’indépendance avait dit, lors de son auditon à l’Assemblée nationale : « Vous nous refusez d’être français, nous serons donc autre chose. Car il faut que nous soyons quelque chose. ».
Je ne sais pas trop comment conclure. Il est tard et je suis fatigué, je pense que mon propos était que, malgré tout, tout n’est pas perdu. Qu’il existe encore - en cette période d’individualisme et de repli communautaire - des gens, comme moi, qui aiment profondément tous leurs compatriotes d’un amour inconditionnel (quand même !), et qui ont l’intérêt de la France en tête. Quant aux autres, il faudra s’en occuper. Ensemble, je l’espère.
Navré pour la forme brouillon, je n’ai pas l’habitude d’ordonner mes pensées sur papier, je suis plus du genre à ruminer en me lavant les dents.
Amitiés citoyennes,
Eylau
P.S. Vous aviez évoqué La conjuration des imbéciles dans l’une de vos vidéos. Je n’en avais jamais entendu parler et je viens de le finir. Je dois bien avouer qu’ Ignatius Reilly est, de loin, l’un des meilleurs personnages de roman que je connaisse.