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Affaire Werlet : de la liberté d’expression à la police de la pensée

Le 11 septembre 2014 la XVIIème chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Paris a condamné Thomas Werlet, directeur de la publication du site internet Le National émancipé, pour provocation à la haine raciale, prétendument à cause de la publication d’un article relatif à la mémoire de l’amiral Horty, en réalité pour délit d’opinion.

Le prétexte, Horty

Depuis quelques années, en Hongrie, à la faveur d’un certain renouveau nationaliste, on honore la mémoire de l’amiral régent Miklos Horty de Nagybanya (1868-1957), dont la dépouille repose depuis 1993 à Kenderes (Hongrie), sa terre natale. Ici l’on replace sur les murs d’une école la plaque de marbre commémorative d’où elle avait été enlevée en 1947 ; là on érige sa statue en bois grandeur nature ; à Csokakä, près de Budapest, le 16 juin 2012, un buste en pierre est inauguré.

C’est dans ce contexte qu’à Gyömrö, à 30 km de Budapest, où la famille Horty avait un château, un conseiller municipal du Jobbik propose que la place qui s’appelait place Miklos Horty jusqu’en 1945, baptisée place de la Liberté depuis, recouvre son nom. Le conseil municipal adopte la proposition à l’unanimité. Mais un certain Janos Hallama conduit la contestation. Une manifestation a lieu. Finalement le conseil municipal recule, seul le parc s’appellera Miklos Horty. Mais cela ne suffit pas à Janos Hallama, qui veut un référendum local pour annuler cette dernière décision. Le reférendum a donc lieu. Mais il donne une majorité de 66 % pour le maintient de la décision municipale ; et comme 18% seulement d’électeurs ont participé cela ne suffit même pas à en valider le résultat.

C’est cette dernière information qui est donnée par l’AFP. Reprise en anglais par le Telegraph elle est relayée telle que par Stormfront, un site américain néo-nazi. C’est ensuite qu’une traduction en français, traduction infidèle qui conserve néanmoins la référence au Telegraph, est publiée sur un blog français. Et c’est là que le texte est remarqué par un membre du Parti solidaire français, qui travaille à alimenter le site, organe de presse de ce dernier mouvement, Le National émancipé. Il juge brièvement l’information intéressante, un coup d’œil sur la source suffit à le rassurer et il publie.

Dans les jours, ou peut-être même les heures qui suivent, le Directeur de la publication remarque l’article, et, eu égard au climat délétère régnant, estime qu’il présente le risque de pouvoir fonder des poursuites pour provocation à la haine raciale. Le texte publié mentionne en effet qu’une « poignée » de juifs ont « manigancé » pour imposer un référendum « sans parvenir à en truquer les résultats ». Prudent, Thomas Werlet décide de retirer le texte.

 

La véritable raison : la police de la pensée

Mais il est trop tard. Le 23 janvier 2013 le ministère de l’Intérieur (Valls) écrit au ministère de la Justice (Taubira) qui lui même le 12 avril écrit au Parquet général, qui, le 16 avril, transmet au Parquet qui le 24 avril transmet à la Police judiciaire qui ouvre le 10 mai une enquête qu’elle clôt cinq jours plus tard, le 15 mai, sur un rapport concernant Thomas Werlet : « connu de nos services pour ses propos antisémites ».

Propos antisémites. De quoi s’agit-il ? demande l’intéressé qui comparait à la Barre, le 12 juin 2014. Son casier ne révèle aucune infraction de ce type. Tout juste la publication, sur un blog, d’une des nombreuses versions de « La noce à Rebecca ». Sinon, rien. On ne saura pas de quel propos parlent « les services », et l’on ne précisera pas en quoi, s’ils ont existé, ces propos ont consisté, ni comment ils pouvaient être subsumés sous la terrible notion (de fait) d’antisémitisme.

Pour le reste, l’enquête policière s’avère avoir été bâclée. Même le Parquet découvre les faits à l’audience, avec le témoignage, à la Barre, du jeune militant nationaliste qui avait mis le texte en cause en ligne. Dans leurs plaidoiries, Parquet et Ligue des droits de l’Homme entrent dans des circonvolutions où l’on parle de Shoah et de négation de la Shoah, ils prétendent que Thomas Werlet cherche à échapper à ses responsabilités.

Ce n’est pas le cas. Comme le rappelle l’avocat de la défense, Thomas Werlet est présent à l’audience pour assumer ses responsabilités. Mais encore faudrait-il que faute il y ait. Le texte quoique entaché de deux ou trois expressions déplaisantes, pécherait plutôt pas son objectivité. L’écrit incriminé, somme toute, informait de ce qu’en Hongrie il est des personnes pour lutter contre l’antisémitisme.

En vérité, les poursuites ne se fondaient pas même sur des propos qu’aurait tenus Thomas Werlet, mais sur les pensées qu’une administration et que la Ligue des droits de l’homme se croient autorisés de lui supposer. Est-ce par complexe ? La Ligue des droits de l’homme veut-elle faire oublier le caractère pour le moins judéo-critique de son objet (« lutter contre toutes les mutilations sexuelles », article 2 des Statuts de la LDH, nous soulignons). C’est une grave dérive que des agents de l’État s’arrogent ainsi le privilège exclusif de défendre la Liberté, alors que de par leur position, il ne faut cesser de le marteler, ils sont structurellement et naturellement des ennemis de la Liberté.

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