Les organisations en pointe dans le putsch ukrainien de 2014 sont Praviy Sektor (Secteur Droit), une fédération de groupes de combat supervisés par l’OTAN depuis les années 1990, et Svoboda (Liberté), un parti politique parrainé par les USA pour incuber en Ukraine des cadres gouvernementaux pro-américains.
Avec de tels soutiens, il était prévisible que les événements prennent une tournure cosmopolite et « multi-culti ». Cette dernière expression désigne la société multiculturelle et déracinée que le capitalisme impose comme modèle unique en Occident. La révolution d’Ukraine dite EuroMaïdan, qui est en fait un coup d’État occidental, ne se contente pas de vouloir introduire le multiculturalisme en Ukraine, elle est en elle-même multi-culti, et la guerre civile en cours dans ce pays vient du refus des Ukrainiens d’y être entraînés de force.
Le gouvernement putschiste à Kiev s’est d’ailleurs fendu d’un communiqué officiel sans ambiguïté pour souligner ses valeurs communes avec Bernard-Henri Lévy notamment : « L’Ukraine est l’un des derniers pays qui continue à avoir confiance en l’Europe – a dit M. Lévy. Selon lui, jouer [sa pièce de théâtre] à Odessa est très symbolique : « la ville est à la fois cosmopolite, multiculturelle, ouverte et, surtout, c’est une ville ukrainienne. »
Poussé à son terme, le multiculturalisme relève de la psychose sociale, c’est-à-dire d’une multiplication sans limite des identités provoquant un mouvement centrifuge d’éclatement et de morcellement social. Pour être viables, l’identité et la société ont nécessairement besoin d’unité, d’homogénéité, de cohésion, donc d’un mouvement centripète de rassemblement et d’enracinement. La multitude identitaire infinie caractérise aussi le courant du postmodernisme, où l’on célèbre l’identité bigarrée, protéiforme, composite, caméléon, carnavalesque. À ce titre, l’EuroMaïdan est un événement postmoderne car il est impossible de le rattacher à une identité particulière et homogène ; l’analyse dévoile au contraire un phénomène hybride, bariolé, un melting-pot, un bric-à-brac contradictoire et discordant d’origines diverses et mélangées, qui relève de la « technologie politique » et du bricolage artificiel et non d’un événement spontané, sur le même principe que les Femen.
Quant aux acteurs de l’événement, notamment les organisations Praviy Sektor, Svoboda et leurs amis en Ukraine ou ailleurs, ils sont des produits de l’époque, des métis culturels postmodernes déracinés aux identités multiples, dont la vraie bannière est « arc-en-ciel », d’où la sympathie profonde de la gauche libertaire (LGBT, NPA, EELV, « antifas ») pour la « révolution anti-Poutine de Maïdan ».