Hier, Nick Timothy, l’ancien assistant de Theresa May, a été accusé d’utiliser une insulte antisémite dans son article sur le Brexit. Il a co-écrit un article du Telegraph intitulé George Soros, l’homme qui a « cassé la banque de l’Angleterre », soutient le complot secret pour contrecarrer le Brexit.
Timothy n’a pas critiqué Soros parce que juif, il n’a même pas mentionné qu’il l’était. Mais il semble que le fait que Soros soit juif suffit à l’accuser d’« antisémitisme ». Il n’en faut pas plus.
Stephen Bush a écrit dans The New Statesman :
« La raison pour laquelle beaucoup trouvent le traitement du Telegraph si inquiétant est que Soros, qui est juif, a été la cible d’une série de conspirations antisémites ourdies par les gouvernements de plus en plus autoritaires en Pologne, Hongrie et Turquie. »
Il est assez amusant que le banal Stephen Bush ne puisse pas voir qu’il pratique lui-même une manière autoritaire de penser. À moins que la culpabilité par association ne soit devenue le modus operandi de la presse britannique, le fait que certains régimes non approuvés par Bush ou The New Statesman aient décidé de se débarrasser de l’infiltration de Soros n’a guère de pertinence pour Timothy ou son argumentation.
Bush ajoute que « Timothy était l’auteur de ce discours sur les "citoyens de nulle part" qui ne fait que renforcer le sentiment que le discours original était une façon codée de parler de "cosmopolites sans racines", alias le peuple juif ». Ce passage décrit un champ de mines codé selon la méthode casher que nous ne pouvons absolument pas traverser à moins que Bush et The New Statesman ne nous fournissent le lexique complet de novlangue.
Stephen Pollard, rédacteur en chef de Jewish Chronicle, un personnage à l’allure drôle qui balance régulièrement des articles sur la défense de la liberté d’expression, explique dans un tweet pourquoi Timothy est antisémite.
« L’histoire du Telegraph est dérangeante à cause de l’utilisation de l’idée que c’est un "complot secret". Soros est incroyablement ouvert sur ce qu’il fait. Dites que c’est faux ; bien. Mais l’idée que c’est un complot secret est exactement la ligne utilisée en Hongrie et ailleurs précisément parce qu’il est juif. »
Je suis d’accord avec Pollard qu’il n’y a pas de conspirations juive et de complots secrets. Les organisations et les individus juifs ont tendance à faire tout cela ouvertement. L’AIPAC domine la politique étrangère US au grand jour. Les Amis conservateurs d’Israël font de même au grand jour de ce côté-ci de l’Atlantique. Les organisations sionistes dénigrent le Parti travailliste britannique et ses dirigeants en pleine lumière. À la lumière du jour, Daniel Janner, fils du présumé prédateur sexuel Lord Greville Janner, insiste pour être autorisé à remettre en cause les « fantaisistes » qui accusent son père d’abus. Enfin, Stephen Pollard lui-même décrit l’argument légitime de Timothy comme « troublant » parce que ce dernier se réfère à « l’intrigue secrète » de Soros, et je me demande si Pollard serait moins dérangé si le titre du Telegraph disait : « George Soros, l’homme qui a "cassé la Banque d’Angleterre", contrecarre maintenant le Brexit. »
Leur message pour leurs collègues journalistes, commentateurs, universitaires et le reste des Britanniques est clair : les juifs sont en quelque sorte au-delà de la critique. Toute tentative de se pencher sur les actions du lobby, des finances, de la politique, du sionisme et des individus juifs entraînera nécessairement de graves conséquences telles que des accusations d’antisémitisme, de sectarisme et de racisme. Mais, posez-vous la question, si Soros était gay, les critiques de Timothy seraient-elles fustigées comme homophobes ? Si Soros était une femme, la référence de Timothy à un « complot secret » ferait-elle de lui un « porc machiste » ou un misogyne ordinaire ? Et si Soros était Noir ? Une accusation selon laquelle il contrecarrerait le Brexit de manière clandestine nous amènerait-elle à supposer que Timothy est un « suprémaciste blanc » ? Nous connaissons les réponses à ces questions. Il semble que le fait que Soros soit juif mène à l’accusation ridicule selon laquelle Timothy est un « antisémite » engagé dans une rhétorique « racialement chargée » comme l’a décidé Stephen Bush du New Statesman.
La Grande-Bretagne est maintenant une tyrannie orwellienne et, comme dans 1984 , nous avons nos appareils d’opposition contrôlés par Emmanuel Goldstein, qui dominent la dissidence. Alors que nous voyons la liberté de parole s’évaporer, c’est Stephen Pollard qui s’occupe de la soi-disant « opposition » qui prône la liberté d’expression. De même, c’est Jewish Voice for Labour, un organisme exclusivement juif à orientation raciale, qui est appelé à « briser » tout monopole sioniste. Nous avons aussi un Free Speech on Israel, encore une fois un organe juif, qui a été formé pour garder les frontières du discours sur l’antisionisme. La mission est claire. « Au grand jour », les organisations et les individus juifs sont censés dominer les deux pôles de tout débat ayant trait à l’existence juive.
Il est effrayant de voir avec quelle rapidité la Grande-Bretagne a abandonné ses précieuses valeurs libérales d’ouverture et de liberté. Il est encore plus effrayant de voir la vaste approbation suscitée par des conditions de plus en plus tyranniques. C’est fascinant qu’Orwell ait tout prévu. Comme je le dis dans mon récent livre Being in Time, Orwell l’a vu venir.
Il a localisé 1984 en Grande-Bretagne, il a identifié la gauche comme un royaume potentiellement tyrannique. Il a illustré le rôle trompeur joué par Emmanuel Goldstein. La seule question qui reste ouverte est de savoir si la Grande-Bretagne peut se sauver et rétablir ses valeurs ou si elle est condamnée.