Dans son article publié dans Times of Israel, intitulé « Ce que tous les antisémites ont en commun », Andres Spokoiny, président et directeur général du Jewish Funders Network (Réseau des donateurs juifs), nous révèle tout ce que nous ne devrions pas savoir à propos de l’état actuel de la division juif/goy.
« Aujourd’hui », se plaint Spokoiny, « de nombreux juifs sont prêts à ignorer et même excuser l’antisémitisme lorsque les fanatiques haïssent un certain type de juifs ». Au bon vieux temps, l’antisémitisme était une force unificatrice. « Jadis, l’antisémitisme représentait le grand rassembleur juif. Les juifs ont toujours été divisés et querelleurs mais quand il s’agissait d’antisémitisme, tout le monde se mettait d’accord. Les antisémites nous haïssaient sans distinction, alors, face à une menace commune, nous reconnaissions le danger et savions nous unir. »
Spokoiny est nostalgique, il veut voir les juifs réunis comme un seul homme contre l’antisémitisme.
Aux yeux de Spokoiny, les trois types d’antisémitisme contemporain, qu’il soit de gauche, de droite ou islamique (« ce n’est pas seulement fasciste mais carrément génocidaire », selon Spokoiny) n’en représentent en réalité qu’un seul par nature : « Il n’y a qu’un type d’antisémitisme qui habille simplement son vil personnage avec différents apparats idéologiques. » Ce ne sont donc pas seulement les juifs qui devraient être réunis ; les goyim, ou dirons-nous le reste de l’humanité, ne sont pas différents non plus, leurs oppositions à la politique juive, à Israël ou au sionisme ne sont qu’une question « d’apparats idéologiques différents ».
Dans l’univers de Spokoiny, les juifs sont détestés simplement parce qu’ils sont juifs. Les gens ne s’opposent pas à Israël parce que c’est une entité raciste, expansionniste et génocidaire. Ni même parce que certains pourraient être mécontents de la domination, au vu et au su de tout le monde, du lobby israélien sur les affaires étrangères occidentales ou que les jeunes américains ou les jeunes britanniques, hommes ou femmes, sont utilisés comme chair à canon pour les guerres des Zio-con (néo-conservateurs sionistes). Il faut également exclure le fait que c’est parce que certains ont remarqué qu’une poignée d’intellectuels juifs de premier plan ont fait en sorte de refaçonner la philosophie occidentale à l’aide de prétendues idéologies progressistes. Ce n’est pas non plus parce que les médias semblent avoir un parti pris en faveur d’un État criminel, qui se trouve être juif. Chez Spokoiny, l’introspection et le raisonnement sont mis de côté. Dans son univers, les gens haïssent les juifs uniquement de manière aveugle et irrationnelle.
Mais Spokoiny pourrait aussi bien avoir raison. Il existe un élément commun dans l’opposition de gauche, de droite, chrétienne et islamique à la politique, à la culture et à l’idéologie juives : c’est ce que Bernard Lazare a décrit dans son texte de 1894 intitulé L’Antisémitisme : son histoire et ses causes. Il existe un terrain d’entente commun qui unit tous ces prétendus « antisémites ». Les présumés « ennemis des Juifs » sont des personnes qui souhaitent que le passé juif soit soumis à un examen minutieux, à l’instar de tous les autres chapitres historiques. Ils souhaitent que la barbarie israélienne soit endiguée, que le pouvoir de Wall Street soit restreint et que la Palestine soit libre. Ils veulent donner un coup d’arrêt à l’idéologie mondialiste et que l’interventionnisme immoral disparaisse. Les prétendus « antisémites » suivent en réalité la promesse sioniste, ils veulent que les juifs s’assimilent enfin et deviennent des « gens comme tous les autres ». Les prétendus « ennemis des juifs » défendent les positions éthiques, universalistes, rationnelles les plus éclairées. Ils traitent les juifs comme des gens ordinaires et attendent de leur État et de leurs institutions qu’ils adhèrent à des normes éthiques.
Spokoiny déteste l’intellectuel français Alain Soral, condamné cette semaine à un an de prison par un tribunal français pour « négationnisme » (révisionnisme historique).
Aux yeux des organisations juives françaises et de Spokoiny, Soral représente l’ennemi ultime. Il a réussi à présenter un message unificateur qui séduit aussi bien la gauche, la droite que les immigrés musulmans. Soral appelle à une réconciliation universelle qui serait chapeautée par une philosophie nationaliste française égalitaire. Les institutions juives françaises voient l’appel de Soral comme un vil message antisémite simplement parce qu’il ne tient pas compte de l’exceptionnalisme juif. Cependant, certains juifs ont rejoint le mouvement de Soral. Leur geste les a clairement relégués au patriotisme français. Ils ont laissé derrière eux la notion de « peuple élu », ils se considèrent principalement comme des Français.
Selon Spoikoiny : « Nous, membres de la communauté juive, avons besoin de le croire (Soral) ». « Nous devons cesser de participer au jeu “diviser pour mieux régner” avec ceux qui nous haïssent. »
En d’autres termes, Spokoiny veut que les juifs soient un bloc monolithique. Ils doivent se serrer les coudes et exercer leur pouvoir. Si Spokoiny ou toute autre personne pense qu’une telle politique peut éradiquer l’antisémitisme, il doit être soit naïf, soit simplement stupide. Ce que les juifs doivent faire, c’est une introspection et se demander pourquoi l’antisémitisme monte à nouveau. Les juifs doivent identifier leur propre rôle dans cette réalité émergente. Plutôt que de blâmer leurs prétendus ennemis, les juifs feraient mieux de répéter l’exercice des sionistes de la première heure et se demander ce qui, dans la culture l’identité et la politique juives, transforme l’histoire juive en une série de catastrophes.
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Illustration de l’exceptionnalisme juif avec Élisabeth Lévy et Noémie Halioua
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