Egalité et Réconciliation
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Révoltes et insurrections populaires chrétiennes : le christianisme oublié

AteliER
Article initialement publié dans l'atelier E&R

«  Être devenue la bête noire des hommes libres et des pauvres avec un programme comme celui de l’Évangile, convenez qu’il y a de quoi faire rigoler. »

Georges Bernanos

 

Le christianisme a ceci de paradoxal qu’il fut pendant des siècles l’idéologie policière de justification du pouvoir, en même temps que le moteur le plus explosif des révoltes populaires orientées contre le travestissement politique et financier de la prédication primitive.

Jamais l’unité de la chrétienté ne fut réalisée ; elle ne pouvait l’être puisque des sociétés déjà aussi hiérarchisées devaient nécessairement produire des expressions et des interprétations de la foi aussi plurielles qu’antagonistes. Le christianisme fut bien « un monothéisme complexe et tendanciellement diffractant [1] ».

Tous les pouvoirs chrétiens participèrent à l’avilissement du message christique. Voilà pourquoi les élites catholiques, protestantes ou orthodoxes, au service des puissants et de l’argent, furent régulièrement contestées et abhorrées par des foules incendiaires au nom de l’idéal chrétien. Le christianisme institutionnel, sous toutes ses formes facticement antagonistes, s’opposa avec férocité et constance à ce vieux christianisme campagnard, indocile, paradoxal et insubordonné qui constitue notre véritable histoire.

D’Alcuin à Luther, de saint Bernard à Calvin, on note ce même mépris de la spontanéité populaire ; d’une foi rétive que nulle autorité ne peut totalement lénifier ; d’une piété radicale et incontrôlable qu’accroissent chaque jour l’iniquité et la duplicité politique. La splendeur du message chrétien dépérira dans les limbes de l’Histoire si nous ne comprenons pas qu’à côté des brillants mais serviles esprits de saint Augustin, Raban Maur, saint Thomas ou Agobard, exista leur négatif : la masse chrétienne des désœuvrés avides de justice terrestre hic et nunc.

Aux quatre coins du globe et sur plusieurs siècles, des chrétiens, harassés par les injustices sociales, s’insurgèrent pour sauvegarder, restaurer ou affirmer leur foi. Souvent démunis, ils furent toujours réprimés. Ces nombreuses révoltes chrétiennes prirent pour cibles les riches, les clercs stipendiés, les rois « chrétiens », les croisades nobiliaires, la duplicité évangélisatrice, les bourgeoisies financières, l’Église-État, les avant-gardes protestantes dans la main des princes.

« A côté de la collusion avec l’État du haut clergé, dans la plupart des émeutes paysannes du XIVe au XVIe siècle, les curés marchèrent comme élément révolutionnaire avec leurs paroissiens, et souvent prirent la tête de la révolte [2] ». Chaque fois, la coalition des grands intérêts fut nécessaire pour faire taire ces insurrections. C’est cette page abondante et méconnue du christianisme dont nous proposons ici la modeste relecture.

 

Contre-croisade populaire : les Pastoureaux
(1251)

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Une plaque commémorative à Orléans

 

En 1204, la pitoyable croisade lancée deux ans plus tôt de Venise avait abouti à la prise de Constantinople par les croisés chrétiens. Cette déviation n’était que l’aboutissement caricatural d’une série d’expéditions aux objectifs réels de plus en plus mercantiles. Dès 1212, dans le royaume de France, de nombreux mouvements autonomes socio-religieux se signalèrent, nourris par l’ « exaspération des humbles devant les échecs répétés des croisades en Terre Sainte et plus encore peut-être par leurs déviations vers des destinations plus politiques [3] ». La première contre-croisade populaire fut un rassemblement de bergers et d’enfants, qui prit naissance dans le nord-ouest de l’Orléanais. Le contexte spirituel était propice aux manifestations fiévreuses de piété populaire . Comme l’écrit Jacques LeGoff , « au Moyen Âge, le radicalisme religieux consistait tout simplement à vouloir retrouver lavita vere apostolica, la vie vraiment apostolique [4] ».

C’est au milieu du siècle qu’eut lieu la plus importante émotion populaire. Pendant que Louis IX allait détruire les ateliers monétaires d’Afrique du Nord « au nom du christianisme [5] », des contre-croisades s’organisèrent . En 1251, notamment, un soulèvement populaire agita l’Orléanais. Dans le Brabant, en Flandre et en Picardie, par centaines puis par milliers, les paysans se rallièrent à un moine apostat de l’abbaye de Cîteaux, surnommé le « maître de Hongrie », qui les invita à reconquérir Jérusalem. En effet, l’idée se diffusa très vite dans le rassemblement que seuls les pauvres et les petites gens du peuple pourraient libérer le tombeau du Christ. Concentration de 30 000 trublions, le soulèvement tourna à la colère contre les clercs et les moines, accusés de profiter des quêtes pour la croisade, et contre les riches qui, hormis le roi, ne pouvaient être que mauvais.

La rançon colossale exigée pour la libération du souverain – prisonnier en Égypte – exacerba en effet les égoïsmes. La plupart des nobles et des souverains d’Europe rechignèrent à faire le moindre effort pour venir en aide à Louis IX. Blanche de Castille, la mère du roi, qui gérait le royaume en son absence, accepta de recevoir le représentant de cette mystérieuse armée sainte de plébéiens. Peut-être ces paysans étaient-ils un signe de Dieu ; des anges protecteurs qui, a contrario des élites lâches du royaume, iraient libérer son fils. Peut-être était-il aussi judicieux de s’enquérir des réelles motivations de cette jacquerie millénariste ?

Après un bref entretien avec le meneur des paysans, qui sembla la rassurer, Blanche de Castille accorda au maître de Hongrie l’autorisation de prêcher en chaire à Notre-Dame de Paris. Fin mai, au grand dam des prélats officiels et d’une reine médusée, le maître de Hongrie entama une homélie sidérante. Il réclama l’égalité pour les pauvres, la communauté des biens ici et maintenant, incitant les foules à la révolte. Il condamna la lâcheté de la chevalerie et des élites politiques et religieuses, qui avaient lamentablement échoué dans leur entreprise de reconquête de Jérusalem, car des représentants de l’oppression ne sauraient se muter en libérateurs du tombeau de l’humble Christ. Le roi, qui jouissait d’un incontestable prestige dans une grande partie de la population, restait une figure respectée par les insurgés. Mais l’hypocrisie, la duplicité, les mensonges, le mépris des élites économiques et politiques du royaume avaient fait naître chez les révoltés un ressentiment social tenace que seul un soulèvement exutoire pouvait désormais expurger.

Blanche réalisa alors que cette croisade populaire, au-delà du désir formel exprimé de libérer le monarque, visait d’abord à chahuter le pouvoir local. La frustration longtemps contenue des populations opprimées se déchaîna alors dans des proportions considérables. Les Pastoureaux, de concert avec les masses désœuvrées de la capitale, parcoururent les rues et rossèrent ecclésiastiques et hommes d’argent. Sur la rive gauche, ils infligèrent une correction à la studieuse et protégée population du quartier latin, qui s’était montrée pour le moins réticente à soutenir cet inadmissible sursaut paysan [6]. Le maître de Hongrie faisait et défaisait les mariages sur les bords de Seine ; les Parisiennes ne restaient pas insensibles au charme rustique des robustes insurgés. Il en résulta des mariages que le Maître tînt à célébrer in situ.

Ce mouvement populaire fut vite qualifié d’hérétique et de maléfique par les pouvoirs. Les petits courtisans lettrés aux pieds de la force politique, noircirent à dessein, tout au long de la jacquerie, les agissements des Pastoureaux. Ces derniers constituaient, à l’évidence, un insupportable affront à la royauté et à l’Église officielle, dont «  la méfiance fut constante vis-à-vis des croisades populaires, entreprises sans l’aval pontifical » [7].

Les Pastoureaux se répandirent alors sur le territoire, semant le désordre à Rouen, Tours et dans le Berry. Le 11 juin, à Orléans, un jeune étudiant bourgeois de l’École de droit qualifia le moine révolutionnaire d’ « imposteur ». La réponse du maître de Hongrie et des paysans insurgés fut immédiate : ils saccagèrent le temple du pouvoir officiel et expédièrent violemment ad patres le bavard et servile étudiant. L’université était en effet dès le XIIIe siècle le temple de la génuflexion intellectuelle, en même temps que le réservoir des futures élites du royaume. Le peuple d’Orléans, en juin, ne chercha pas à défendre le clergé, dont il était mécontent à cause de sa conduite et de sa richesse.

L’évêque de la ville tenta bien d’interdire aux habitants, sous peine d’anathème, d’assister à cette prédication qui n’était qu’un « piège du diable » [8]. Ils ne tinrent aucun compte de ces avertissements, qui trahissaient seulement une évidente panique sociale. Ils accoururent en masse écouter l’apostrophe enflammée du maître. Les émissaires du provocateur plébéien parcouraient les environs et engageaient les campagnards à venir grossir les rangs de l’armée de délivrance. « Le peuple de la ville voyait toutes ces horreurs avec des yeux de connivence  » [9] écrivait le chroniqueur Mathieu Paris. Le maître de Hongrie n’avait pas de mots assez durs pour décrire les malversations des représentants politiques, économiques et religieux du royaume : « vagabonds, hypocrites, gloutons, vaniteux ». Les évêques ne pensaient qu’à « amasser de l’or et jouir de toutes sortes de délices ».

Les accusations sans concession de la cour romaine, du pape, des puissants et des usuriers rencontrèrent l’approbation bruyante et inconditionnelle de la foule. L’évêque qui parvint à fuir la ville frappa celle-ci d’interdit et condamna les habitants, « race de chiens » dont l’audace et la complicité insurrectionnelle étaient illégitimes pour ce représentant serve des reptations politiques.

Les chroniqueurs du XIIIe siècle multiplièrent les fumisteries et les récits rocambolesques afin de disqualifier l’agitateur : le maître de Hongrie serait un moine défroqué, converti à l’islam, au service du sultan, ennemi du royaume et stipendié pour égarer les paysans picards dans une lutte illégitime.

Il fallait bien l’alliance des universités, des milices communales mercantiles et de la garde royale pour mettre un terme à cette inacceptable sédition populaire. À Bourges, la violence révolutionnaire inouïe des Pastoureaux – notamment à l’égard des prêteurs juifs – rendit indispensable l’union de toutes les autorités. Avec les agents du roi, les bourgeois formèrent des milices communales et parvinrent à éteindre l’incendie. Le maître de Hongrie fut tué à Villeneuve-sur-Cher le 11 juin.

« Le bruit se répandit qu’on avait trouvé sur les chefs des correspondances avec les musulmans ; ils furent accusés d’avoir le projet de livrer le peuple chrétien au glaive des infidèles : cette accusation, quoique invraisemblable, acheva de les rendre odieux » [10]. Les derniers rescapés et les villageois complices furent impitoyablement exterminés.

Cette émeute traduisit l’indéracinable hostilité nourrie par les milieux populaires pagano-chrétiens envers le pouvoir et le haut clergé.

 

Contre les élites catholiques et protestantes : la Guerre
des paysans chrétiens en Allemagne (Deutscher Bauernkrieg)
(1524)

 

En Allemagne, c’est vers 1476, en Basse-Franconie, que les sermons de pénitence de Jean, le Joueur de fifre, trouvèrent un vaste auditoire. Ce dernier annonça la condamnation future des puissants de ce monde et prêcha la communauté des biens et des âmes. Brûlé en public par les pouvoirs, discrédité post mortem, Jean fut le moteur d’une brève mais vivace révolte populaire franconienne. Cet épisode fut l’un des prodromes de la gigantesque insurrection du siècle suivant [11].

En 1517, Luther fit trembler l’institution ecclésiastique. Ses 95 thèses furent un acte de provocation à l’égard de la puissance de l’Église officielle et enflammèrent un peu plus les rumeurs de soulèvement dans de vastes territoires. Très vite, Luther fut débordé par cette jacquerie millénariste. On estime qu’environ 300 000 paysans se révoltèrent, et que 100 000 furent tués, lors de ce soulèvement de l’« Homme du commun » (gemeiner Mann).

L’exploitation paysanne et l’indigence corrélative avaient accru, dans cette première moitié de XVIe siècle, le nombre des vagabonds. Qu’il appartînt à un prince, à un baron d’Empire, à un évêque, à un monastère ou à une ville, le paysan était traité comme une vulgaire bête de somme. Les pâturages et les bois communaux leur avaient été presque partout ôtés de force par les seigneurs. Ces derniers disposaient de la personne du paysan , de celle de sa femme et de ses filles.

Trois camps se faisaient face dès 1520 et l’Appel à la noblesse allemande de Luther : le catholicisme impérial, le camp luthérien bourgeois-réformateur et le camp révolutionnaire. Les deux premiers se battirent pour le pouvoir, le troisième pour l’abolir.

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Notes

[1] BASCHET Jérôme, La Civilisation féodale : De l’an mil à la colonisation de l’Amérique, Flammarion, 2009.

[2] ELLUL Jacques, La Subversion du christianisme, Table Ronde, 2004.

[3] FLORI Jean, Les Croisades, Le Cavalier Bleu, 2006.

[4] LEGOFF Jacques, Un long Moyen Âge, Fayard, 2001.

[5] LEGOFF Jacques, Le Moyen Âge et l’Argent, Perrin, 2010.

[6] MELCHIOR-BONNET Christian, Le Journal de la France : la France féodale (tome II), Tallandier, 1986

[7] LEGOFF Jacques, Pour un autre Moyen Âge. Temps, travail et culture en Occident : 18 essais, Gallimard, 1991.

[8] MELCHIOR-BONNET Christian, op. cit.

[9] Ibid.

[10] MICHAUD François-Joseph, Histoire des Croisades, Adamant Medi Corporation, 2001.

[11] BLICKLE Peter, Die Revolution von 1525, Auflage, 2004.

Du même auteur, sur E&R :

 

Sur l’histoire de France, voir aussi :

 
 






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104 Commentaires

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  • #1390368

    Merci à Alex G. pour cette intéressante analyse. J’admire également votre patience face au mépris, fanatisme et manques d’arguments envers vous dans les commentaires.

     

    Répondre à ce message

    • #1390437

      Totalement d’accord avec vous.

      Je remercie Alex pour son article très intéressant et l’analyse qui en découle.

      Je suis en revanche très déçu de l’attitude de certains dans les commentaires, qui au lieu d’apporter des contradictions constructives ou de nouvelles grilles d’analyse qui viendraient enrichir le débat, ne font que caricaturer ou jeter l’anathème.

      Certains ont les fils qui se touchent comme dirait M. Soral, dès qu’on ose toucher à leur idéologie royaliste et catholique traditionaliste. Tant pis pour eux, ils resteront dans l’insulte, la caricature, le complexe narcissique au lieu d’ajouter de la densité au débat et de s’élever eux-mêmes par la même occasion.

      La contradiction et la discussion font partie de l’esprit E&R, étrange que certaines personnes très impliquées dans l’association l’oublient dès qu’on émet des doutes sur certains paradigmes historiques.

      Je suis d’autant plus déçu que ces personnes, méprisées, calomniées, moquées par la doxa dominante et par tout le petit monde de l’université officielle vous reproche de ne pas être assez "universitaire", de ne pas détenir contrairement à eux "la culture, le beau, et le vrai". Comme quoi, on est tous l’idiot de quelqu’un...

      Vive le Logos et la dialectique. Merci pour le respect et le partage de tous ces articles passionnants qui émaillent E&R, peu importe qu’ils utilisent des leviers marxiens, catholiques, musulmans, royalistes, gaullistes et tant d’autres.

      Cordialement,

      Massachiel

       
    • #1392556

      @Massachiel Merci de venir rajouter un peu d’huile sur le feu, cela manquait…

      Insulter Marion Sigaut, sans la nommer mais en faisant en sorte que tout le monde la reconnaisse… Classe !
      Dire qu’elle a « les fils qui se touchent » (en se cachant derrière Soral), la traiter d’idiote à demi-mot . Un complexe narcissique ? Merci pour la consultation psychologique, vous acceptez les chèques ?

      Ya pas à dire, vous enrichissez le débat…

      Alors moi je le dit, et sous mon nom.
      J’ai été formé dans une université officielle (je n’en connaissais pas d’officieuse …) par des matérialistes, héritiers de G. Bois et E. Labrousse.
      Je m’en tape de la politique, ce n’est pas un débat chrétiens / pas chrétiens, marxisme, républicain ou royaliste.

      Les faits historiques qui concernent la période que j’ai étudié sont bidon point. Et ce sont des historiens marxistes matérialistes qui me l’ont appris.

      Lorsque l’on réfléchit quel que soit la discipline on regarde le réel et on tire des conclusions à partir du réel, atomes pour le physicien, cellules pour le biologiste, société actuelle pour le sociologue etc.
      Là, je vois des projections délirantes, de quelqu’un qui a une idée dans sa tête et qui cherche des endroits ou des moments, ou en vrillant la vérité il peut plus ou moins prouver qu’il a raison.

      De plus, Alain Soral connait sa popularité et mérite notre respect parce qu’il a fait des analyses sérieuses, en faisant d’abord de la sociologie, puis en tirant des conclusions jamais l’inverse.

      Relisez Comprendre l’empire ; il présente les Lumières positivement ; et puis il a rencontré Marion Sigaut , et sur la base de nouvelles données historiques, il a révisé son jugement et son analyse. Ici Alex G ne fait que répondre encore et encore et encore à chaque commentaire sans comprendre ce qu’on lui dit.

       
    • #1392700

      @Claire Colombi

      Madame, votre discours est contradictoire.

      Je vous cite :
      "Les faits historiques qui concernent la période que j’ai étudié sont bidon point.
      Là, je vois des projections délirantes, de quelqu’un qui a une idée dans sa tête et qui cherche des endroits ou des moments, ou en vrillant la vérité il peut plus ou moins prouver qu’il a raison."

      Je ne vois pas le début d’un argument ; il s’agit d’une attaque personnelle visant à disqualifier, ponctuée d’ailleurs de fautes grossières.

      Puis :
      "Ici Alex G ne fait que répondre encore et encore et encore à chaque commentaire sans comprendre ce qu’on lui dit."

      J’ai pris la peine de répondre à des attaques sans fondements, en m’efforçant à chaque ligne de recentrer le débat sur l’essentiel, à savoir :

      - l’existence (ou non) d’un christianisme qui irrigua ces révoltes
      - le mode de répression utilisé qui signale une analogie(calomnie, alliance hétéroclite)
      - parfois, mais seulement dans trois de ces révoltes, la confrontation directe entre deux christianismes véritablement antagonistes

      Puisque votre attention semble se porter sur les Pastoureaux (exclusivement), voilà la question (de fond) à laquelle il faut répondre :

      Ces contre-croisades populaires (influencées par des discours chrétiens enflammés dont la dimension fut occultée), qui furent violentes, certes, mais aussi calomniées et réprimées plus que de mesure, furent-elles l’expression d’un autre christianisme, radicalement antithétique du christianisme institutionnel ?

      Le débat peut être fertile, à condition de ne pas mépriser l’auteur d’un article, surtout via des commentaires désobligeants rédigés avec si peu de soin.

       
  • #1390486

    Tout auteur a le droit de faire des erreurs. Mais quand on les lui signale et qu’il ne s’excuse pas, il devient un menteur et on peut le soupçonner à bon droit d’être un provocateur.

     

    Répondre à ce message

    • #1390536

      Si vous m’indiquez une erreur d’interprétation fondamentale, merci de me la signaler : je vous inscrirai au premier rang de mes bienfaiteurs.

      Il faut me prouver que ces cinq révoltes dont il est question dans l’article, n’ont pas été réprimées par l’alliance "contre-nature" de tous les pouvoirs de l’époque. Il faut ensuite me montrer en quoi le christianisme est étranger à chacune de ces révoltes, quelle que soit la forme qu’il ait pu prendre.

      Cet article vous apprend l’existence d’une filiation "révolutionnaire" chrétienne. Il est bien sûr polémique, et n’a pas pour objet de singer le travail des plumes serviles, des spécialistes de la reptation et du bavardage universitaire.

      Les lecteurs peuvent le trouver audacieux, ou imprécis. Mais allez donc fouiller et étudier ces révoltes décisives que les sympathisants E&R ignoraient probablement complètement (surtout Shimabara, les Diggers, la SOJ, le combat Muntzer-Luther)

       
    • #1390667

      @ Alex G - Dans mon message du 3.2 à 22h40, je vous reprochais d’avoir écrit : "Ces derniers [les seigneurs] disposaient de la personne
      du paysan, de celle de sa femme et de ses filles". Or le droit de cuissage est une invention du 18e siècle, et je viens de vérifier que même
      Wikipédia le reconnaissait. Beaucoup de reproches vous ont été faits par des intervenants beaucoup plus calés que moi, dont Marion Sigaut
      qui a particulièrement fait ses preuves, et vous vous êtes systématiquement arc-bouté dans vos théories hors-sol, préférant l’invective
      (vous écrivez à Marion Sigaut par exemple : "Madame, votre mépris et votre suffisance n’honorent pas votre intelligence") plutôt que de vous
      remettre un tantinet en question. Ce n’est pas constructif. Si vous voulez progresser, il va falloir apprendre à écouter.

       
    • #1390817

      Il n est pas question de droit de cuissage... ils sont à disposition symboliquement, matériellement,
      dans le rapport de force social. C’est votre seule remarque sur l’article ??
      Madame Sigaut a fait preuve d’une grande suffisance pour attaquer ce travail
      , quand j ai tenté , avec courtoisie, d orienter
      le débat sur la matérialité des faits. Enfin, votre derniére remarque est d un incroyable mépris. Je vous invite à lire l article pour fournir des commentaires plus féconds.

       
    • #1391902

      Ça commence à bien faire. Je n’ai jamais fait preuve de suffisance à l’égard de qui que ce soit.
      Je n’ai pas relevé la première fois pour ne pas entretenir inutilement une polémique qui aurait tourné sur la forme et non sur le fond. C’aurait d’ailleurs dû être le travail de la modération que de vous empêcher de m’insulter, beaucoup de travail j’imagine .
      Vous en remettez une louche et vous m’insultez, bien à l’abri derrière un pseudonyme.
      Vous n’y connaissez rien en Histoire monsieur. Rien. Et ce n’et pas vous insulter que de l’écrire.
      Votre long article, savamment découpé de telle sorte qu’il faille faire partie des élus pour le lire en entier, est une démonstration de votre ignorance en matière historique, sur le fond et sur la forme. Et votre mauvaise foi explose à chacune de vos réponses, notamment celle que vous venez de faire à Antinomas.

       
    • #1392118

      @Marion Sigaut

      Madame, nous sommes partis sur mauvaises bases. Votre premier commentaire sur ce fil était objectivement désobligeant, mais comme vous n’aviez alors pas lu l’article, j’en comprends maintenant la teneur. Je ne prétends pas être un "universitaire" ou un "historien" ; vos accusations d’incompétence n’ont donc aucun effet.

      Ce que je regrette, car j’ai du respect pour votre travail, c’est que vous n’ayez pas posté un seul commentaire sur le fond de l’article, sur le sens des événements et la véracité du déroulement de ces insurrections.

      En tout cas, je vous sais catholique, et j’espère que cette révolte des paysans et samourais japonais de Shimabara, dont vous avez peut-être (?) appris l’existence, attisera votre curiosité.

       
  • #1390493

    Bravo à l’auteur, pour son article et pour la manière dont il réagit face à une agressivité assez délirante.

    Je remarque que certains refusent de concilier une approche matérialiste et une approche spirituelle de l’histoire. Les deux sont pourtant loin d’être incompatibles, elles sont même complémentaires. Je crois même que c’est ce que fait Alain Soral tous les jours.
    En quoi la grille d’analyse marxienne utilisée dans cet article nierait-elle la dimension spirituelle du christianisme ? Je n’ai rien lu de tel, ni dans le début, ni dans la suite dans l’atelier.

    Certains considèrent par ailleurs qu’il ne faut pas attaquer le christianisme, parce que c’est ce que font nos ennemis. C’est simplifier la réalité et basculer dans l’essentialisme : l’auteur ici n’attaque pas le christianisme, mais introduit simplement l’idée d’une ambivalence, avec des chrétiens complices du pouvoir et d’autres chrétiens essayant de s’en affranchir. Où est l’insulte au christianisme là-dedans ? Dire qu’il n’est pas monolithique par rapport aux luttes de classes est-il "faire le jeu de nos ennemis" ?

    Quant aux critiques consistant à dire que cet article n’est pas de l’histoire, elles sont navrantes de cloisonnement. Il ne me semble pas que l’auteur se soit présenté comme historien. Mais faut-il être historien et travailler les archives pour être autorisé à s’intéresser aux choses du passé ? On peut aussi adopter un regard global, loin du travail de l’historien, et tenter de trouver du sens dans des phénomènes en apparence très distincts.
    Le sujet de l’article n’est pas un sujet d’historien, car il est transversal à plusieurs époques et plusieurs zones géographiques. Comparer les époques et les territoires et tenter de retrouver des invariants dans les destinées humaines, c’est un travail de synthèse théorique intéressant et nécessaire, tout autant que celui de l’historien, mais de nature très différente. Si l’auteur commet des erreurs factuelles, soit, qu’on lui fasse remarquer. Mais qu’on vienne lui dire que son travail ne vaut rien parce qu’il y a des erreurs factuelles ou des imprécisions, c’est parfaitement hors sujet : son essai ne vise pas à décrire de manière exhaustive des événements, mais à proposer une théorie d’interprétation de l’histoire.

    Enfin, je conseille aux catholiques allergiques à Marx de lire ce que Marx écrit sur le Christ. Ou bien Cousin. Ou encore Alain Soral...

     

    Répondre à ce message

    • #1390543

      Monsieur, votre commentaire témoigne d’une grande intelligence d’esprit mais, surtout, d’une véritable lucidité critique.

      L’objectif de l’article est précisé en introduction. C’est une analyse des récurrences historiques sur le pouvoir, la subversion de la spiritualité, et la manière dont sont toujours réprimées et calomniées, en dernière instance, les révoltes populaires. C’est également un travail sur la défiguration historique subie par le christianisme.

      J’ajoute que je suis issu de l’université, mais je refuse de livrer des travaux "séparés" (au sens de Debord)

      Ensuite, croyez-moi, il est très difficile de trouver des documents sur la révolte des paysans et samourais japonais, les esclaves brésiliens... Cela nécessite un travail considérable.

      Les questions essentielles sont posées dans l’article. Ceux qui le liront jusqu’au bout comprendront parfaitement l’essence de ce travail.

      J’ai réalisé un autre travail, par ailleurs salué, sur "la Shoah et le tombeau de la lutte des classes dans le monde juif". Je vous invite à le consulter. Les questions véritablement fondamentales, et pas subsidiaires ou à la périphérie de l’histoire, suscitent toujours passion et débat.

       
  • #1390678
    Le 6 février 2016 à 21:18 par Claire Colombi
    Révoltes et insurrections populaires chrétiennes : le christianisme (...)

    On commence sur ce site à être habitué aux dialogues de sourds.
    A tous ceux qui sont fatigué de ces pugilats épuisants, dans le calme, précisons certaines choses.
    Les reproches fait à cet article, qui sont parfois épidermiques, sont aussi l’effet d’une grande lassitude de voir toujours et toujours les mêmes erreurs répétées.
    On ne peut pas faire de la philosophie ou de la politique sur des bases historiques fausses, et les idéologies de ces derniers siècles, basées sur des spéculations aux prémisses erronées (Rousseau par exemple) mènent à des catastrophes.

    Pour revenir sur les Pastoureaux, il faut essayer de comprendre cette histoire AVANT d’en tirer des conclusions. Un étranger sortie d’on ne sait où, "Maître de Hongrie", moitié chef de secte moitié agent agitateur ( à la Cohn-Bendit en mai 68), harangue des foules et ils se mettent en marche. Qui sont ils ?
    Parce que s’ils sont paysans ils étaient pauvres ? Mais les paysans ( 80% de la population au moins) ne sont pas, au Moyen âge, une classe au sens marxisme du terme. Il y a dedans des gens qui possèdent leurs moyens de production, (les laboureurs), d’autres non, certains sont très riches, d’autres manants .

    Et la reine les reçoit ? Elle laisse leur prophète parler en chaire ? Quel dictature d’un pouvoir oppressif qui s’est coupé du peuple effectivement. Après avoir été reçu par la Reine de France, ils assassinent des jeunes qui viennent faire leurs études à Paris. Fils de laboureurs, d’artisans, de juristes ... les "escholiers" méritaient leurs sorts ?
    Il faudrait justifier ces actes parce qu’ils sont fait au nom de Dieu… Je trouve cela facile de tuer des gens dans la rue puis de se cacher derrière le nom de Dieu.
    Il faudrait croire ces pastoureaux sur parole. Ils voulaient l’égalité du Christ sur terre. Ca doit être vrai puisqu’ils le disent... Vous imaginer dans deux siècles des philosophes disant que le Crif voulait la protection des juifs opprimés en France, que les féministes voulaient sauver les femmes d’un patriarcat oppressif… Car dans si vous cherchez des immanences à travers les âges, tout les groupes politiques expliquent qu’ils agissent pour faire le bien.

    Vouloir démontrer ceci ou cela, sans comprendre le contexte politique, et les véritables enjeux, est une erreur de méthodologie et peut mener à de grave contresens. Cela condamne également à une philosophie hors-sol, qui s’auto-alimente de ses propres conclusions, pour prouver qu’elle dit vrai.

     

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    • #1390787

      Mais avez-vous lu cet article en intégralité ? C’est la mise en relation de ces révoltes qui constitue le noyau du propos.

      Sur les Pastoureaux : Je ne pense pas que comparer un prédicateur chrétien maximaliste, dans un royaume de France du XIIIe siècle où les ordres mendiants sont créés pour répondre aux nouveaux besoins spirituels (et à la faillite d’une partie de l’église officielle), et l’agitateur d’Etat du carnaval de 68 soit digne d’une universitaire.

      Le contexte est celui des contre-croisades ; si celles-ci ont pu éclore et se multiplier, c’est que les croisades étatiques n’étaient pas du goût de tout le monde, notamment des plus démunis.

      Je ne fais pas l’apologie de la violence des Pastoureaux. Au XIIIème, quand des masses se mettent en mouvement d’insurrection, elles usent et abusent effectivement de violence. Une violence à la mesure de la rudesse des rapports sociaux de l’époque. Effectivement, au XIIIe puis au XIVe, quand des paysans ou des artisans (Ciompi) se révoltent, ils ne font pas des pétitions.

      Vous continuez dans l’excès : Ai-je utilisé le terme de "dictature" ? Madame, un pouvoir ne peut pas tolérer la désobéissance. Il en va de sa légitimité, et ce, depuis le néolithique. La reine n’avait probablement pas le choix de les recevoir ; Pensez-vous sérieusement que des dizaines de milliers de paysans et de laboureurs qui condamnaient la duplicité des croisades officielles menées par la fine fleur de la noblesse, n’inquiétaient pas Blanche ?

      Les données factuelles nous manquent, bien sûr, quant à la suite précise des événements.En revanche, ce qui est attesté, c’est que cette révolte populaire est irriguée en profondeur par un contre-discours chrétien qui constitue un défi objectif lancé aux autorités.

      La violence qui s’est déchaînée par la suite sur les Pastoureaux, et sur des villageois innocents, est tout de même symptomatique. Seuls des chroniqueurs liés aux pouvoirs (évidemment) ont écrit sur cette révolte. Les calomnies sous lesquelles les Pastoureaux furent immédiatement noyés (un lien avec l’islam...) me laissent penser que les techniques de délégitimation des séditions populaires n’ont pas beaucoup évolué.

      L’existence de révoltes populaires chrétiennes et de contradictions sociales et spirituelles dans la société médiévale n’entache en rien la grandeur de celle-ci.

       
    • #1391682

      J’ai lu votre article et bien compris son but de mise en relation d’épisodes de l’histoire piochés ici et là. Mais fonder un raisonnement, même intelligent sur des prémisses fausses reste le fond du problème.
      D’ailleurs vous avez le droit de trouver un lien entre les picards du XIIIeme siècle, les indiens d’Amazonie, le Japon du XVIe, les Diggers et la pensée de Céline : mais oser une comparaison entre deux agitateurs de foules exogènes me vaudrait l’indignité ?

      Et puisque vous vous permettez de me juger, pitié arrêtez d’écrire moyen-âge médiéval, c’est un pléonasme aussi irritant qu’un homme masculin, un enfant infantile, un islam musulman…

      Je ne défends pas la grandeur du moyen-âge, je défends la recherche de la vérité historique.

       
    • #1391798

      @Claire Colombi

      Vos lignes me font grand plaisir. Vous avez lu l’article : c’était, vous le concéderez, la moindre des choses avant d’écrire un commentaire offensif.

      Je m’étonnais de cette mise en relation entre le maître de Hongrie et Dany le "Rouge" puisque ce dernier était un agent provocateur contre-révolutionnaire, aujourd’hui fort bien intégré dans le système de domination.

      Vous avez compris la démarche de l’article. En revanche, vous parlez de "prémisses fausses" mais n’étayez pas cette sentence péremptoire. Observez la façon dont sont réprimées ces révoltes, le discours produit pour les disqualifier, l’alliance contre-nature formée pour les neutraliser...

      Des Pastoureaux aux paysans du Kent, des Vaudois aux Maillotins, nonobstant les nuances, ces hommes (et femmes !) furent surtout excédés par ce fait bien simple : Un pouvoir, qui se souille inévitablement dans le mensonge, les manipulations, l’indistinction, la servitude vis-à-vis de l’argent, ne peut que défigurer la substance du message du Christ. La seule prémisse fausse fut civilisationnelle. Il y avait des millions de chrétiens au Moyen Age, mais en aucun cas un véritable pouvoir chrétien (véritable oxymore).

      La recherche de la vérité : le pouvoir et l’argent ne peuvent être contrôlés par une instance politique, fût-elle "chrétienne", "démocratique", "communiste", etc.

      Des Carolingiens favorisant les marchands juifs, aux ordres mendiants légitimant la naissante et croissante civilisation urbaine, en passant par des croisades grâce auxquelles les cités marchandes capitalistes du M-A italien décollèrent , la société médiévale n’était pas exempte de "contradictions", comme toute société.

       
  • #1390692

    Bravo a Alex G pour ce brillant article qui n’ en déplaise à certaines pleureuses a le mérite de nous apprendre tout un pan de l’ histoire que nous connaissons mal. Si certains se sentent offusqués par son coté sois-disant "marxiste" je me demande ce qu’ils foutent sur le site à Soral, Le but de ce site c’est de la réinformation et non pas de la propagande catholique, la lecture des commentaires laisse pantois devant tant de suffisance, d’ orgueil, de malhonneteté intellectuelle et surtout cette totale incapacité à remettre en cause ses petites certitudes qui nous rappelle la fameuse communauté d ’ élus qu’ il est interdit de critiquer sous peine d’ anathème , le parallèle est franchement saisissant, normal me direz-vous puisque l’ origine est identique, voilà ce que cela donne quand l’ ego gonfle au point de se sentir un élu puisque tous les autres sont dans le faux et iront en enfer,on est proche de la paranoia ... la palme d’or pour " ✞ Extra Ecclesiam nulla Salus ✞" ou le degré 0 de la pensée et de la spiritualité, chapeau bas l’ artiste ! Cordialement.

     

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  • #1390757

    Si on veut avoir une idée de ce qu’est une révolte chrétienne, on doit se rappeler celle des "vieux-croyant". (Voir le tableau saisissant de La Boyarine Morozova de Vassili Sourikov qui représente la poursuite des vieux-croyants. Le personnage principal tient deux doigts croisés en haut pour indiquer que c’est la manière correcte de faire le signe de croix, à savoir avec deux doigts au lieu de trois).

    Ce qu’en dit wiki est tout à fait curieux. Il semblerait que ce schisme ait eu pour origine (comme pour certaines croisades) un conflit entre des vues géopolitiques assez troubles de princes et du clergé, et la sincérité spontanée et formidable de certaines parties des populations qui elles, apparemment idiotes, voyaient en fait des trahisons car une religion ne se "réforme" pas ! Evidemment..

    Au milieu du 18 siècle, la Russie a été en guerre avec l’État polono-lituanien et l’Empire ottoman ; le tsar Alexis Ier (1629-1676) et le patriarche Nikon pensèrent qu’un grand empire orthodoxe avec Alexis comme nouvel empereur byzantin et Nikon comme patriarche de Constantinople aurait pu en peu de temps devenir réalité. Ils furent soutenus dans leurs ambitions par quelques patriarches du Moyen-Orient. Ceux-ci attirèrent l’attention de Nikon et du tsar sur les différences rituelles et textuelles entre l’Église russe et celle de Constantinople et insistèrent sur le fait que cette circonstance présentait un obstacle à l’uniformisation éventuelle de toutes les Églises orthodoxes. On décida de comparer les livres russes avec ceux de Grèce et de corriger les premiers à l’aide des originaux grecs en cas de besoin. Au lieu de comparer les livres russes et grecs, Nikon ordonna de faire de nouvelles traductions des livres liturgiques contemporains édités selon la règle néogrecque dont les traductions slaves furent adoptés aussi à Kiev. Au concile de 1666-1667, l’opinion des adeptes des réformes, selon laquelle le vieux rite russe était plutôt hétérodoxe et même hérétique, servit à ratifier les nouveaux livres et rites tandis que les vieux furent anathématisés de même que leurs adeptes. Au fond, les décisions de ce concile jetèrent le blâme sur le passé de l’Église russe. On démentit la théorie de Moscou comme « troisième Rome » : il s’avéra que la Russie, loin d’être gardienne de l’orthodoxie, n’était n’était qu’un amoncellement d’erreurs liturgiques grossières. Pour les opposants aux réformes, la signification même de l’histoire russe en fut annulée. (lire..)

     

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  • #1391175

    Cette histoire des Pastoureaux est révélatrice des problèmes insolubles auxquels se heurtent les utopistes. Ca me rappelle l’histoire de Pierre Lhermitte et,au fond, celle de toute révolte. Les bonnes intentions et les justes causes se noient vite dans l’approximation, les injustices, les abus de pouvoir inhérents à la nature humaine. Car tout le problème est là : si l’homme était vertueux, tout se passerait mieux.
    Même chose du côté du pouvoir, des institutions peu à peu gangrénées par le conformisme, le népotisme, la corruption. Il semble qu’on ne puisse sortir de ce cycle : pouvoir - corruption du pouvoir - révolution - nouveau pouvoir - corruption de ce nouveau pouvoir etc ...
    Tout de même, des institutions comme la royauté en France ou la papauté à Rome semblent avoir envisagé ce problème et mis en oeuvre des garde-fous pour s’inscrire dans la durée. Je les préférerai toujours aux soi-disant rebelles souvent incultes, manipulés et sanguinaires ...

     

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    • #1391281

      "rebelles incultes, manipulés et sanguinaires" ? Une seule conclusion : vous n’avez pas lu l’article, c’est fort dommage. Vous pouvez le consulter dans l’atelier. Les révoltes étudiées sont pour la plupart non-violentes et constructives.

      Autre chose : les Pastoureaux "incultes, manipulés.." c’est la voix du pouvoir, le discours des plumes de cour de l’époque.

       
  • #1391541
    Le 7 février 2016 à 21:47 par Paysan Breton
    Révoltes et insurrections populaires chrétiennes : le christianisme (...)

    Un article qui repose sur deux contre-sens essentiels, mais peu importe parce que l’auteur peut y plaquer sa grille de lecture à lui. On a la camp des "officiels, du "pouvoir", les "riches", les "clercs" face à la "masse" insurrectionnelle, les "pauvres", les "hordes". Vision tout à fait romantique, ou révolutionnaire au sens de 89... mais bien peu historique.

    Que cherche à montrer l’article ? La résurgence de révoltes sociales qui auraient comme (très petit) dénominateur commun ... la foi catholique. What else ? C’est confondre le plan spirituel et le plan temporel. Il est certes légitime de parler du catholicisme social, soit l’application concrète de préceptes inspirés de la vie de Jésus ou des Evangiles, mais c’est en revanche une grave erreur de partir du politique ou du social, bref du temporel, pour aller vers le spirituel puisqu’il en procède. La foi catholique est la foi catholique, que l’on soit riche ou pauvre.

    Outre la confusion de ces deux plans, il me semble que l’erreur fondamentale soit une méconnaissance profonde de la chrétienté médiévale. Parler de l’ambivalence du christianisme parce que certains exercent un pouvoir et d’autres pas, c’est omettre que la légitimité du pouvoir vient de Dieu et qu’il est impensable pour tout Chrétien de remettre ce pouvoir en cause. Une révolte n’a donc par définition rien de "catholique".

    Alors je propose comme prochain sujet d’étude : Révoltes et insurrections païennes" de la Grèce antique : "le paganisme oublié", ou "Révoltes et insurrections impériales" : "l’Empire oublié" avec la Révolte des Boxers, la bataille de Sedan et celle du Lechfeld au cours desquelles les "hordes" de pauvres imprégnés de l’idéal impérial se sont soulevées contre le côté obscur de la Force.

     

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    • #1391622

      Bonsoir, merci de votre commentaire. Avez-vous lu l’article dans son intégralité ?
      Vous parlez d’une vision "bien peu historique". Puis vous écrivez qu’il "impensable pour tout Chrétien de remettre en cause ce pouvoir" (qui vient de Dieu). C’est plutôt cette sentence qui me semble peu historique.

      Les révoltes des Cristeros et des Vendéens ne sont donc pas catholiques (chrétiennes) ? Ah, mais si, puisque là, les pouvoirs en charge de la répression étaient "républicains"...

      Les paysans chrétiens de 1524, les esclaves brésiliens, les Diggers et les paysans de Shimabara ne se sont pas révoltés au nom de la foi catholique, mais de la foi chrétienne. Les considérations sociales étaient bien sûr majeures (confiscation des biens communaux, travail forcé, surdose fiscale), mais le message christique, en ce qu’il porte de subversif à l’égard des pouvoirs et de l’argent, a considérablement accru la détermination des insurgés.

      Cet article- qu’il faut lire intégralement, de préférence- montre deux choses : l’existence d’un christianisme qui ne se satisfait pas de la compromission avec le pouvoir temporel, les choses de ce monde, l’argent et la coercition étatique ; et la récurrence de l’alliance hétérogène de pouvoirs facticement antagonistes dans la répression de ces insurrections populaires. (Particulièrement flagrant pour la Guerre des Paysans et la révolte des Japonais).

      Il y a ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui le subissent. Cette vérité banale, presque affreusement banale, devrait être rappelée même chez des "dissidents".

       
    • #1392024
      Le Février 2016 à 13:01 par Heureux qui, comme Ulysse...
      Révoltes et insurrections populaires chrétiennes : le christianisme (...)

      @ Alex G

      « Il y a ceux qui exercent le pouvoir et ceux qui le subissent. Cette vérité banale, presque affreusement banale, devrait être rappelée même chez des "dissidents". »

      Très juste, sauf que votre vision "moderne" (marxiste) de la scène vous aura fait oublier jusqu’à l’étymologie car le fait de "subir" le pouvoir ne signifie pas qu’il vous est hostile. Si cela est vrai aujourd’hui, cela ne l’était pas forcément hier.
      Ainsi, aller sous (sub-eo), c’est à dire se placer sous l’autorité d’un pouvoir légitime et protecteur relevait de l’ordre des choses par le passé, mais l’égalitarisme forcené de la Gueuse ne permet plus de le comprendre.

       
    • #1393110

      Non seulement le Christ n’a jamais appelé à la révolte contre les riches et les puissants, mais il demande même de payer son impôt à César...

      Sur quoi, sur qui ces révoltes se seraient-elles fondées ? Soyez plus précis que des termes politico-romantiques comme "idéal" chrétien" !

      D’autre part, votre binarité se contredit elle-même : quel intérêt pour les hommes de s’opposer à un pouvoir parce qu’il est pouvoir ? Pas pour le prendre manifestement ! Auraient-ils été anars ? Adeptes de la cogestion ?

      Des sources et des preuves s’il vous plaît !

       
  • #1392021

    Cher Alex,
    Je n’ai malheureusement pas pu lire votre article en entier n’ayant pas l’accès à la partie privée du site mais les commentaires, en tous cas, sont croustillants.
    Qu’il est doux d’être païen ! Quand je vois les pétages de plomb et l’hypersusceptibilité des chrétiens je me dis qu’il faut mieux les avoir en face que dans son camp ! :-)))))

     

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  • #1392810
    Le 9 février 2016 à 11:25 par Heureux qui, comme Ulysse...
    Révoltes et insurrections populaires chrétiennes : le christianisme (...)

    Il faudra un jour que quelqu’un nous explique ce que les tenants de l’anti-France viennent faire ici.
    Tant sur la forme que sur le fond, ces personnes ne sont pas dignes de notre héritage et ne comprennent pas l’essence de notre nation.
    Comment peut-on afficher une adhésion à l’esprit chevaleresque et à ce que fut Jehanne d’Arc pour nous Français et autoriser dans le même temps que l’on manque de respect à nos grandes dames de France contemporaines qui participent par leur travail et leur probité au retour de l’excellence qui fut la nôtre ?
    Car oui, il s’agit bien d’un privilège que de pouvoir échanger avec vous Claire et Marion, surtout lorsque nos avis divergent d’ailleurs.
    Et lorsque l’on est privilégié, on ne maltraite ni ne méprise l’objet qui est la cause de cet état. C’est cela la France, ce pays où l’élégance impose de faire porter des fleurs à celles que l’on a pu offenser dans un moment d’égarement.
    Le féminisme aura surtout fait des ravages dans l’esprit des hommes en les faisant renoncer à leur condition ; ceux-là mêmes qui viendront pleurnicher sur le sort que la gent féminine leur réserve aujourd’hui, mais sans jamais s’engager dans une introspection pourtant salutaire.
    Mon Dieu que cette époque est triste et misérable !

     

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