Egalité et Réconciliation
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La Shoah, tombeau de la lutte des classes dans le monde juif

AteliER
Article initialement publié dans l'atelier E&R

Dans cet article nous ne nous interrogerons ni sur le nombre de juifs tués durant la Seconde Guerre mondiale, ni sur la cause des massacres. Nous nous poserons une question somme toute élémentaire mais à nos yeux bien plus intéressante. Une question rarement posée dans sa simplicité même  : quels juifs furent exterminés ?

Les cas exposés plus loin sont particulièrement significatifs dans la mesure où ils révèlent les véritables fractures – prédominantes en temps de guerre – aussi bien chez les juifs que chez les non-juifs. Qui échappa au carnage ? Sur quels critères ? Quelles furent les conséquences sociales et politiques dans la communauté juive de cette persécution ? Rendre hommage aux masses israélites massacrées sur l’autel des gesticulations capitalistes, et méprisées en leur temps par ces bons juifs qui se présentent aujourd’hui comme leurs protecteurs ; étudier même modestement les classes juives en action lors de la Shoah, à rebours des palabres médiatiques ; ôter aux mains sales leurs gants blancs : tels sont les objectifs que s’assignent cet article.

 

L’ accord Haavara (הסכם העברה)

 

Le 7 août 1933, l’accord Haavara (« passage » ou « transfert » en hébreu) a été conclu entre les plus hautes autorités nazies et les plus hauts décideurs sionistes, notamment ceux de la communauté juive de Palestine. Selon cet accord, les juifs d’Allemagne qui émigraient en Palestine avaient la possibilité exclusive – l’accord stipulait que seule cette destination pouvait en bénéficier – d’y transmettre une partie substantielle de leurs capitaux.

Les opérations de compensation commerciale de l’accord Haavara permettaient exclusivement le départ des juifs fortunés. Ces derniers étaient autorisés à conclure un contrat avec un exportateur allemand pour l’expédition de marchandises dans ce pays. Les manœuvres n’ont cessé que bien après les premières persécutions officielles. Elles restèrent fréquentes jusqu’à la déclaration de guerre de septembre 1939, selon Raul Hilberg, et jusqu’au milieu de la guerre 1939-1945 selon Tom Segev [1].

Les quelques 50 000 juifs fortunés qui ont bénéficié de l’accord lui doivent plus que probablement la vie, puisque les 250 000 juifs d’Allemagne et d’Autriche qui ne pouvaient fuir faute de fonds nécessaires ont pratiquement tous été assassinés. Le paiement de mille livres sterling était la condition sine qua non pour obtenir l’autorisation de la Grande-Bretagne de s’installer en Palestine en tant que Capitaliste – le terme utilisé dans le contrat. C’était une somme considérable : « Une famille de quatre personnes pouvait vivre dans un confort bourgeois avec moins de 300 livres sterling par an. » [2] Sans l’apport de capitaux considérable des 50 000 juifs allemands concernés par l’accord Haavara, la colonisation de la Palestine serait restée une chimère.

En dépit des polémiques et des critiques qu’il suscitait dans le monde juif, ce « pacte avec le diable » fut constamment soutenu par les caciques du sionisme palestinien.

 

 

Les dirigeants sionistes

 

« Sauver les juifs » n’était certainement pas la mission que s’assignait le futur père fondateur de l’État d’Israël. David Ben Gourion déclarait en effet, le 7 décembre 1938, au Comité central de son parti, le Mapai, soit un mois à peine après la Nuit de Cristal :

« Si j’avais su qu’il était possible de sauver tous les enfants d’Allemagne en les transportant en Angleterre, mais seulement la moitié en les transportant en Palestine, j’aurais choisi la seconde solution, parce que nous ne devons pas seulement faire le compte de ces enfants, mais nous devons faire le compte de l’histoire du peuple juif [3]. »

Plusieurs futurs premiers ministres de l’État d’Israël avaient ainsi contribué au « succès » de l’accord. Moshe Shertok se démena en faveur de la Haavara lors des divers congrès sionistes ; Golda Meir le défendit vigoureusement à New York.

Le polonais Yitzhak Gruenbaum, cadre du mouvement sioniste de l’entre-deux-guerres et futur premier ministre de l’Intérieur Israélien, définissait, à l’acmé des massacres et en des termes clairs, les priorités du moment :

« Je pense qu’il est nécessaire de le préciser ici : le sionisme est au-dessus de tout. Je ne vais pas exiger que l’Agence juive alloue une somme de 300 000 ou 100 000 livres sterling pour aider la communauté juive européenne. Et je pense que celui qui exige de telles choses effectue un acte antisioniste [4]. »

Dans ces mémoires, In Days of Holocaust and Destruction, il répond à ceux qui lui demandent l’argent nécessaire au sauvetage des juifs en proie aux persécutions, qu ’il n’échangerait « pas une vache d’ici pour dix mille juifs d’Allemagne ».

« Personne n’en veut ! », titrait, en juillet 1938, l’organe du Parti nazi, le Volkischer Beobachter.

Au printemps 1939, les passagers du navire Saint Louis erreront plusieurs semaines à travers l’Atlantique, à la recherche d’un abri. Les pays étrangers ne souhaitaient pas spécialement accueillir les masses populaires juives. Les patrons sionistes, quant à eux, voulaient des juifs en Palestine, et uniquement là.

 

Sabordage communautaire

 

La passivité et l’indifférence des élites sionistes furent révélées par Sabbataï Beit-Tsvi, qui avait travaillé toute sa vie aux archives de l’Agence juive à Tel Aviv. Il avait « publié » en 1977 un samizdat notamment consacré au rôle joué par le mouvement sioniste dans la tragédie des juifs d’Europe [5]. Longtemps occulté, l’ouvrage revint finalement à la surface via le travail de l’historienne israélienne Dina Porat.

La conférence d’Évian avait été convoquée en mars 1938 à l’initiative du président Roosevelt, afin d’aider les juifs à quitter l’Allemagne. Les représentants sionistes ne se contentèrent pas d’ignorer les cris de détresse des classes populaires juives européennes ; ils torpillèrent tous les plans de sauvetage de la conférence d’Évian. Le futur ministre des Affaires étrangères israélien, Moshé Sharett, déclara, lors du comité de direction du mouvement sioniste, en novembre 1938 – soit deux jours après la Nuit de cristal :

« L’Agence juive ne doit pas être complice de l’émigration des juifs dans d’autres pays. »

En conséquence, la proposition du président de la République Dominicaine, Trujillo, consistant à accueillir 100 000 réfugiés juifs, fut rejetée ex abrupto par les sionistes.

Le sort tragique du Patria fut également révélateur de la « raison d’État » sioniste. À bord de ce navire, amarré au port d’Haïfa, se trouvaient deux mille fugitifs juifs en provenance d’Allemagne et de Tchécoslovaquie. L’Angleterre, qui restait souveraine en Palestine, refusa de laisser entrer autant d’immigrants illégaux contre la volonté des Palestiniens. Cependant, elle ne pouvait abandonner ces juifs – pauvres, faut-il le préciser – et décida de transporter ces réfugiés sur une île de l’océan Indien, en attendant la fin de la guerre. Mais le commandement de la Hagana, organisation clandestine paramilitaire sioniste et future armée israélienne, décida d’empêcher par tous les moyens ce « transfert ». Dans cette optique, elle utilisa des mines pour couler le Patria. Cette opération de terrorisme pré-étatique fut élaborée par le futur directeur des services secrets israéliens, Shaul Avigur, puis approuvée par le ministre des Affaires étrangères de la communauté juive. Le vaisseau coula en une dizaine de minutes, entraînant la mort de plus deux cent vingt juifs [6].

En Allemagne, certaines élites juives, pourtant au cœur du danger, semblaient disposer de fait de certains passe-droits inconnus des masses juives.

 

Le pouvoir de l’argent face aux persécutions

 

Trois familles juives possédaient des intérêts financiers colossaux dans le bassin houiller du centre de l’Allemagne et étaient déterminées à préserver leurs activités, en dépit du contexte politique hitlérien : les Rothschild, les Weinmann et les Petschek. Comme l’écrit Raul Hilberg, « elles ne firent pas front au nom d’une solidarité juive : il y eut en réalité trois combats livrés séparément, menés pour la préservation de trois patrimoines distincts, dans l’espoir de survivre au nazisme, sinon de vivre avec lui » [7]. Ces familles savaient en effet pouvoir se battre avec des armes dont les juifs pauvres – qu’elles méprisaient – ne disposaient pas.

« Les Weinmann se montrèrent parfaitement serviles. Fritz Weinmann se proclama indispensable ; il n’hésita pas à se déclarer nazi [8] » Finalement partiellement expropriée, mais saine et sauve, la famille Weinmann s’installa aux États-Unis en 1941. Fritz Weinmann devint Frederick Wyman. Hans demeura Hans et, fort du patrimoine familial encore intact, fit bientôt partie des plus imposantes fortunes de l’industrie américaine.

Les Petschek connurent plus de difficultés face aux autorités du Reich, qui souhaitaient s’emparer de leur société (exploitation de gisements de charbon et lignite) à un prix dérisoire. L’envergure de sa fortune poussait le groupe « Ignaz Petschek » à l’affrontement direct avec les nazis. La famille se montra moins servile que celle des Weinmann mais fut aussi victime de confiscations punitives. Elle put néanmoins très vite rebondir grâce à ses multiples investissements à l’étranger et aucun de ces membres ne connut de persécutions physiques.

Quant à la famille Rothschild, elle avait pris les devants : ces investissements étaient dispersés ; l’ampleur de ses réseaux et la complexité des montages financiers familiaux rendaient la spoliation hautement improbable. Son ensemble minier et sidérurgique, la Witkowitz Bergbau, fut l’objet de convoitises. L’ « aryanisation » de cette compagnie – dont la propriété des actions fut transférée en 1937 à l’Alliance Assurance Company de Londres – ne put jamais véritablement aboutir. Raul Hilberg, qui décrit les évidentes tentatives nazies de s’approprier les biens des Rothschild, constate cependant :

« Nul ne pouvait abattre d’un seul coup cet empire, nul ne pouvait attaquer une part sans s’exposer à une contre-offensive venue d’une des autres forteresses [9]. »

Bien sûr, de nombreux petits patrons juifs furent dépossédés et leurs entreprises « aryanisées ». Les plus grandes fortunes, elles, ne furent pas atteintes substantiellement , ni par la guerre, ni par la politique nationale-socialiste.

L’armée, maillon essentiel du dispositif allemand, était aussi le théâtre de déconcertantes entorses à la « question juive ».

 

Aryanisation des armes : un grand soldat « juif » reste un… soldat

 

En 1933, Erhard Milch est nommé au poste de secrétaire d’État du ministère de l’Aviation nouvellement créé, sous la responsabilité directe d’Hermann Göring. À ce titre, il contribue à mettre en place la Luftwaffe, à l’origine chargée de la production du matériel de guerre. En 1935, l’origine juive de son père Anton Milch refait surface, le plaçant dans la catégorie des « Mischling au premier degré » (ascendance partiellement juive) qui ne peuvent plus, théoriquement, servir dans l’armée allemande.

La Gestapo ouvre une enquête, rapidement étouffée par Göring, qui produit une déclaration sous serment, signée par la mère de Milch, déclarant que le véritable père d’Erhard est Karl Brauer, son oncle alors décédé. Hitler promulgue lui-même, le 7 août 1935 à Berlin, une attestation d’aryanisation (appartenance à la race aryenne). C’est à cette époque qu’on attribue à Göring la célèbre phrase – peut-être apocryphe mais significative : « Je décide qui est et qui n’est pas un juif. » Erhard Milch est nommé maréchal en juillet 1940 et constitue dès lors un maillon décisif de l’appareil militaire allemand. Il survivra à la guerre et au procès de Nuremberg. Similaire fut le parcours de Helmut Wilberg (1880-1941), l’un des cerveaux du Blitzkrieg, ou « guerre éclaire », et général de corps d’armée dans l’aviation. « Demi-juif », il reçut la Croix de fer et fut aryanisé.

L’auteur de La Tragédie des soldats juifs d’Hitler (2005), l’historien Brian Rigg, a répertorié de nombreuses autres attestations d’aryanisation attribuées à des officiers supérieurs d’ascendance juive. Rigg montre que des milliers de soldats ont présenté ce type de demandes afin de pouvoir continuer à servir l’armée. En 1944, selon un rapport secret des service du personnel de l’armée allemande, une liste de soixante-dix-sept généraux et officiers hauts gradés d’origine juive avaient obtenu un certificat d’aryanité signé de la main d’Hitler [10].

Erhard Milch et Helmut Wilberg, militaires séides et zélés, sont des éléments si essentiels à la machine de guerre qu’Hitler n’accorde strictement aucune importance à leur judéité. Quant à Weinmann – qui devrait théoriquement être voué aux gémonies par Hitler, comme représentant cardinal du « capitalisme juif » –, sa capacité financière et l’égoïsme dont il fait preuve à l’égard de ses congénères le préservent des persécutions majeures. En revanche, pour les autorités nazies, aucun doute possible, les prolétaires juifs factieux sont de vrais israélites. Certes, pour les nazis « un Juif était un Juif ; mais les catégories jouèrent, jusqu’à la fin, un certain rôle » [11].

Heydrich, chef de la police de sécurité du Reich, déclarait le 12 novembre 1938 : « Le problème n’était pas de faire partir les juifs riches, mais de se débarrasser de la racaille juive. » Selon le niveau de puissance et de fortune des intéressés, la judéité était donc soulignée ou ignorée, parfois même supprimée par les autorités nazies.

Soyons clairs. Nous n’accordons aucune importance à la judéité ou non des protagonistes – judéité d’ailleurs proprement indéfinissable–, dans la mesure où c’est le rôle social de l’individu qui nous semble déterminant, a fortiori dans les dynamiques de guerre. Mais nous prenons au sérieux la manière et la rigueur avec lesquelles était attribuée cette judéité par les persécuteurs.

Localement, les divisions de classe entre juifs s’exacerbaient dans diverses institutions.

 

 

Judenrat : la délation de classe

 

L’occupant décida de créer, fin septembre 1939, des Conseils juifs ou, « Judenrats » (ou Judenräte en allemand), structures chargées de diffuser les ordres allemands en territoires conquis. Ces organismes représentaient la communauté juive et effectuaient diverses missions médicales, juridiques et administratives. Ils devaient en outre recenser la population, fournir la main-d’œuvre juive réclamée par les Allemands, et parfois les contingents attendus pour la déportation. C’est cette fonction de police, ou « service d’ordre juif », qui fit vite polémique.

À la tête des Judenrats figuraient essentiellement des notabilités juives d’avant-guerre. On évitait de mettre à la tête de ces organes des socialistes dont les activités antérieures avaient accru, dans une certaine mesure, l’insoumission. Une fois en poste, la tentation était grande de privilégier les gens de son milieu. « Certains s’éloignèrent de ce pouvoir, d’autres s’en enivrèrent » [12]. Hannah Arendt fut très critique à l’égard de ces Judenrats :

« Partout où il y avait des Juifs, il y avait des responsables juifs, reconnus comme tels, et ces responsables, à de très rares exceptions près, collaborèrent, d’une façon ou d’une autre, pour une raison ou une autre, avec les nazis [13]. »

À Lódz, Rumkowski, le « dictateur » du ghetto, instaura un culte de la personnalité ; d’autres dirigeants juifs apparaissaient aux membres de la Communauté comme « des maîtres absolus, régnant sur le ghetto et imposant à la population des décisions sans appel » [14] .

Face à la détermination allemande, les représentants communautaires autoproclamés se disaient qu’il était nécessaire de sacrifier une petite fraction pour sauver une fraction plus grande. Bien entendu, cette « petite fraction » était systématiquement et méthodiquement sélectionnée dans les catégories populaires juives. On voit ce raisonnement à l’œuvre dans la communauté juive de Vienne, qui passa un « accord » de déportation avec la Gestapo, dans lequel il était entendu que six catégories de juifs ne seraient pas déportées [15]. Un réflexe de classe similaire se manifeste à Salonique, où la direction juive coopéra avec les services de déportation allemands, moyennant l’assurance que seuls les éléments « communistes » des quartiers pauvres seraient déportés, tandis qu’on ne toucherait pas à la « bourgeoisie » [16].

Simha Guterman, père de famille au cœur des tumultes, constate dans un manuscrit retrouvé :

« Ceux qui avaient de l’argent et la possibilité de fuir étaient partis à temps de Varsovie […] les autres confectionnaient des sacs, emballaient l’essentiel et attendaient [17]. »

À Cracovie, dès mars 1940, un observateur allemand s’étonnait du contraste saisissant entre la misère et l’indigence du quartier juif et l’allure d’entreprise florissante qu’un luxe superfétatoire conférait aux bureaux du Conseil juif.

Dans l’Hexagone, le monopole de la représentation communautaire atteignait son paroxysme.

 

L’UGIF : « Aux ennemis, la loi ; aux amis, tout »

 

L’Union générale des israélites de France (UGIF) est un organisme créé par une loi française du 29 novembre 1941 à la suite d’une demande allemande. La mission de l’UGIF est d’assurer la représentation des juifs auprès des pouvoirs publics, notamment pour les questions d’assistance, de prévoyance et de reclassement social. Tous les juifs demeurant en France sont tenus d’y adhérer, les autres associations juives ayant été dissoutes et leurs biens donnés à l’UGIF.

Les administrateurs de cet organisme appartiennent pour la plupart à la bourgeoisie juive française, et sont nommés par le Commissariat général aux questions juives, la structure initiée par le gouvernement de Vichy à l’instigation des nazis. Le rôle de cet organisme a soulevé beaucoup de controverses.

Dans le livre que Maurice Rajsfus a consacré à la question des juifs dans la collaboration, les notables juifs français font figure d’accusés. Il sont accusés d’avoir livré aux nazis ceux qui ont fourni l’essentiel des victimes, en France, de la politique d’extermination : les juifs pauvres et/ou étrangers. La situation d’un groupe humain victime d’oppression peut tourner au drame « quand se dressent entre les victimes et les bourreaux ceux qui se veulent la bonne conscience d’une masse qui ne les a pas délégués à cet effet [18] ».

Pierre Vidal-Naquet abonde :

« Les notables de l’UGIF étaient des bourgeois et, tout naturellement, ils se sont conduits comme tels, au sein de l’organisme qu’ils dirigeaient, tout naturellement aussi, ils ont considéré comme normal d’envoyer des Juifs pauvres et étrangers travailler dans les colonies agricoles des Ardennes et mener une vie tout de même moins déplaisante à Paris [19]. »

Les élites juives ne collaborèrent pas activement avec les nazis, elles se contentèrent d’accepter servilement les responsabilités qui leurs étaient offertes. D’ailleurs, Maurice Rajsfus constate que ces notables et têtes de file du judaïsme français « sont aussi juifs qu’on peut l’être dès lors que les intérêts ne sont pas en cause ».

Concomitamment, dans les camps de travail des Ardennes, les exilés sont pour la plupart des juifs polonais, lituaniens, roumains. Ils sont tailleurs, maroquiniers, casquettiers, marchands forains ou brocantiers de profession. Parmi eux, pas un seul de ces juifs « assimilés », industriel, intellectuel ou ancien notable de haut rang. On a même du mal à trouver un médecin. Le rôle de classe de l’UGIF était patent : on ne trouvait aucun ouvrier, aucun artisan parmi ses membres.

 

 

Les exceptions symptomatiques de l’étoile jaune

 

L’étoile jaune est une pièce de tissu en forme d’étoile de David, imposée par le pouvoir hitlérien comme signe vestimentaire distinctif aux juifs d’Allemagne et des territoires conquis. Outre l’humiliation, l’étoile jaune facilitait évidemment l’identification des juifs. Comme dans d’autres secteurs des persécutions, de spectaculaires exceptions permettaient à certains d’éviter les avanies et, surtout, les complications graves que pouvait entraîner une identification aussi aisée, notamment en cas de rafles ou d’arrestation.

Philippe Pétain, dans un courrier daté du 12 juin 1942 et adressé à Fernand de Brinon, ambassadeur du gouvernement de Vichy à Paris, écrit :

« Je suis convaincu que les Hautes Autorités Allemandes comprennent parfaitement elle-mêmes que certaines exemptions sont indispensables ; le texte de la 8e ordonnance les prévoit d’ailleurs [20]. »

Un « geste de pure connivence sociale » [21] dans la mesure où deux mois plus tard, c’est Lisette de Brinon, née Franck, épouse juive de l’ambassadeur du gouvernement de Vichy à Paris, qui est la première à profiter de cette dérogation.

En effet, une note d’août 1942 de Heinz Rothke, chef du service juif à la SS de Paris, établit une liste de 26 juifs officiellement exemptés du port de l’étoile jaune. Il est en outre fait état de plusieurs cas où l’exemption est accordée « pour de pressants motifs économiques » à des cadres « juifs » de l’industrie, de la diplomatie et de la banque. Les dirigeants de l’UGIF appelaient les juifs à « porter l’insigne dignement et ostensiblement », alors que certains membres majeurs de l’organisation en furent dispensés. Ces exceptions suscitaient des réactions stupéfaites, comme en témoignent les rapports des indicateurs allemands à Biarritz (zone occupée) en juillet 1942 :

« On se demande pourquoi les Juifs riches de Paris ne portent pas l’étoile jaune. On ne devrait pas permettre ces exceptions […] autrement les Français penseront que les Allemands se vendent aux riches juifs [22]. »

Le cas de Joseph Joanovici (1905-1965) est également édifiant. Juif né en Bessarabie, il arrive en France en 1925. À force de travail et d’audace, et appuyé par un sens consommé de la mythomanie, il s’impose comme un ferrailleur fort réputé à Clichy. Lorsque éclate la Seconde Guerre mondiale, l’entrepreneur sent qu’il est maintenant nécessaire d’élargir son cercle de contacts et de trouver des protections indispensables. Les Allemands, qui cherchent des fournisseurs pour leur vendre du métal, lui semblent les partenaires adéquats. Il accumule une fortune monumentale pendant les quatre années de l’Occupation et développe un réseau de relations aussi vaste qu’hétéroclite. Ainsi, outre le métal qu’il livre abondamment aux Allemands, il finance certaines franges de la Résistance, et entretient des relations étroites avec les services de renseignements soviétiques.

 

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Joseph Joanovici (1905-1965)

 

Joanovici n’a pas demandé d’exemption et n’a jamais porté l’étoile jaune. D’ailleurs, il obtient un certificat factice d’appartenance à la communauté chrétienne orthodoxe auprès de la préfecture de police de Paris, et même une attestation d’« aryanité » du Commissariat aux Questions juives, moyennant une rétribution [23]. « Monsieur Joseph », plusieurs fois questionné sur son commerce avec les autorités allemandes, est toujours relâché. La tentative d’interpellation de Joanovici, menée par la DST dans les locaux de la préfecture de police, en mars 1947, est un échec. Des complicités internes permettent à ce Janus de s’échapper et favorisent son départ à l’étranger. Il finit par se livrer, passe plus de deux ans en prison, et sort libre en 1952.

 

La sagacité salutaire

 

Dans ce maelstrom de duplicités et de violences, certains militants politiques « juifs » gardaient une lucidité critique maximale. Les extraits de ce tract – évidemment méconnu [24] – diffusé par des membres du RKD (Revolutionnare Kommunisten Deustchlands) le 1er mai 1943, rédigé en yiddish et destiné aux ouvriers juifs, se passent de commentaires :

« Combien de Juifs capitalistes sont déportés ? Pas un seul. Ils ont tous quitté la France et les masses de prolétaires juifs crèvent, déportés dans des wagons plombés vers les camps de la mort. Beaucoup vivent dans la clandestinité sans papiers ni argent, abandonnés par les bourgeois et les bureaucrates juifs.[...] Plus jamais peuple contre peuple, mais classe contre classe. [...]

Travailleurs juifs, camarades, où est votre place ? Avec la bourgeoisie juive ? Ils vous ont toujours détestés et trahis. Ils profitent de la guerre pendant que votre sang coule. Ils sont toujours unis avec les capitalistes non-juifs. Dans quel but les sionistes vous proposent-ils l’entente avec la bourgeoisie juive pour un pays juif qui serait un nouveau camp de concentration pour les masses juives.[...] Votre place est avec les prolétaires du monde entier. Le mouvement sioniste crée des colonies, il y vient beaucoup de jeunes mais il n’y a guère de possibilité de vie pour cette jeunesse. Où va l’argent destiné à la jeunesse ? La bureaucratie de la fédération UGIF usurpe toutes les responsabilités. Jeunesse juive, ne te laisse pas exploiter par les sionistes et la bureaucratie juive. […]

Pouvez-vous oublier nos frères dans les camps de la mort ? N’espérez rien de Roosevelt, Churchill ou Staline ! [...] Les capitalistes sont unis contre nous, unissons-nous contre eux ! À bas la guerre impérialiste, à bas le nationalisme, assez de pogroms, massacres et déportations ! En avant pour la révolution prolétarienne mondiale ! »

Déjà en avril 1943, dans Fraternisation prolétarienne, l’appel aux ouvriers juifs publié par le RKD était explicite :

« Les liens de classe sont toujours plus fort que les liens de “race” […] le sang “germanique” et “juif” de nos camarades coule et se mélange, versé à cause des traîtres et des bourreaux des deux “races”. La terre d’Europe et du monde est bien engraissée de ce sang et la moisson est proche. Quand la révolution des esclaves déportés éclatera, elle châtiera tous les bourreaux et tous les traîtres et leur sang (“germanique” ou “juif”) coulera. Avec les ouvriers révolutionnaires de tous les pays, vous avez tout en commun. Abandonnez toutes les illusions nationalistes ou religieuses n’espérez rien des maîtres anglosaxons, juifs ou russes. »

Dans le même état d’esprit de clairvoyance radicale, l’organe de la communauté juive de Budapest, Uj Elet (1949), rappelait à ses lecteurs que, dans une société moderne, il n’existait pas de nations coupables, mais seulement des classes coupables et des classes dirigeantes esclaves du pouvoir économique [25].

 

« Les » juifs ou « des » juifs persécutés ?

 

De 1933 à 1945 – et d’ailleurs avant comme après –, point de « conscience juive » chez les élites israélites, mais une solide conscience de classe dont témoignent de très nombreux parcours. C’est bien la « racaille juive », comme le dit Heydrich, qui a payé les frais de la guerre et du génocide et non les représentants autoproclamés du peuple juif en Palestine britannique, ou les grandes fortunes industrielles si promptes à rebondir. L’avocate juive socialiste Yvonne Netter pouvait même incriminer au printemps 1933, lors d’un meeting antifasciste organisé par la LICA, « les capitalistes juifs d’avoir aidé pécuniairement Hitler », et d’être « en partie responsables de son succès » [26].

Notre propos n’est pas d’accuser les élites juives de collaboration systématique avec le régime hitlérien. Des hommes et des femmes exemplaires se signalèrent sporadiquement. Mais nous constatons que c’est la position sociale et politique des juifs qui déterminait presque exclusivement leur chance de survie entre 1938 et 1945. En outre, le terme même de « collaboration » – qui suppose dans ce contexte un acte de trahison – est inadéquat. Les élites politiques et économiques juives ne considéraient le pouvoir allemand ni comme un allié, ni comme un adversaire. Néanmoins, des proximités pouvaient se manifester ici et là. En revanche, aucun lien n’unissait ces élites juives aux masses populaires israélites. La persécution des juifs n’avait donc pas mis fin aux antagonismes de classes internes à la communauté ; au contraire elle les avait révélés et exacerbés.

Comme l’a magistralement montré Abraham Léon (lui-même mort à Auschwitz) dans un livre fondamental, à l’époque capitaliste, « le peuple-classe s’est différencié socialement » [27]. De sorte que le « peuple-un », vilipendé par ses détracteurs nationaux-socialistes, n’avait en fait jamais été aussi divisé sur des critères sociaux que dans les années 1930. À l’homogénéité supposée agressive du peuple juif dénoncée dans les discours répondaient, dans les faits, une hétérogénéité et des antagonismes alors à leur apogée. Si tant de juifs – qui ne se voyaient plus comme tels précisément – avaient embrassé l’idéal révolutionnaire, c’est qu’ils ne voyaient dans les élites juives autoproclamées – politiques, religieuses ou financières – que des gardes-chiourme de l’appareil capitaliste qu’il convenait de démanteler.

Quant aux élites sionistes, elles ont beau jeu de solliciter le concours de populations dont elles refoulaient jadis dans l’ombre les aïeux. Jusqu’en 1945, les populations juives européennes étaient majoritairement hermétiques, sinon hostiles, au sionisme. On prônait l’assimilation dans la civilisation européenne, ou le renversement du système économique capitaliste. Quoi de commun entre l’idéal insurrectionnel et incendiaire de pans entiers des classes laborieuses juives de la première moitié du XXème siècle, et l’adhésion impérative au bellicisme obsidional d’un nouvel État ?

La Shoah a fait disparaître sous le poids du drame la conscience de classe radicale qui commençait à briser en éclats le récit mythologique du peuple-un, homogène et solidaire. La fin des luttes de classes internes à la communauté juive – entérinée de facto par l’extermination du prolétariat « juif » et la faillite des grandes doctrines révolutionnaires – a eu pour corollaire la résurgence d’un récit tribal et transclasse, dont l’État d’Israël est aujourd’hui le vecteur.

Aux légitimes divisions sociales et économiques, à l’abîme séparant le bas du sommet de la communauté, s’est désormais substituée une unité factice autour du génocide dont on a pourtant observé les réalités de classe. La persécution démiurgique se voulait universelle, totale. Hitler lui-même affirmait vouloir réduire au silence à la fois l’usure capitaliste israélite et les révolutionnaires juifs séditieux. Néanmoins, force est de constater que, par les mystérieuses lois de l’histoire, c’est bien exclusivement la plèbe juive qui fut exterminée.

Les querelles artificielles et contre-révolutionnaires entre ceux – majoritaires – pour qui « les » juifs ont été exterminés indistinctement et par millions, et ceux – minoritaires – qui vilipendent l’exploitation par « les » juifs de la Shoah, n’ont à nos yeux aucun intérêt. Pis, elles font obstacle aux véritables enjeux. La Shoah rentre de plain-pied dans la lutte des classes.

Le résultat effectif du génocide fut en effet de rallier les masses populaires juives à leurs élites, nonobstant la lâcheté de ces dernières et les contestations évidentes dont elles faisaient précédemment l’objet. L’ « Union sacré perpétuelle », transcendant les clivages sociaux internes pourtant manifestes, contre l’hostilité présumée de l’intégralité de l’humanité : tel est l’aboutissement funeste du génocide et de la création de l’État sioniste.

En conclusion, Anne Grynberg de s’interroger :

« Ce fut bien un génocide, mais il faudrait apporter à ce terme davantage de précisions [28]. »

Un génocide de classe ?

 

Notes

[1] Tom Segev, Le Septième million, Editions Liana Levi, 2010, p. 30.

[2] Ibid., p. 27.

[3] Ibid., p. 38.

[4] Ibid.

[5] Beit Zvi S.B, Post-Ungandan Zionism on Trial, Volume 1 (Tel Aviv : Beit Zvi, 1991)

[6] Geneviève Pitot, The Mauritian Shekel : The story of jewish detainees in Mauritius, 1940-1945, Rowman and Littlefield, 2000

[7] Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Folio, 2006

[8] Ibid.

[9] Ibid.

[10] Brian Rigg, La tragédie des soldats juifs d’Hitler, Editions de Fallois, 2003

[11] Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem, rapport sur la banalité du mal, Folio Histoire, Gallimard, 1997

[12] Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Folio, 2006.

[13] Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem, rapport sur la banalité du mal, Folio Histoire, Gallimard, 1997

[14] Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Folio, 2006

[15] Mémorandum de Kolisch, 14 octobre 1941.

[16] Cecil Roth, The last days of Jewish Salonica , Commentary, juillet 1955, p.53.

[17] Simha Guterman, Le Livre retrouvé, Editions 10/18, 2001.

[18] Maurice Rajsfus, Des Juifs dans la collaboration, l’U.G.I.F 1941-1944, Editions EDI, 1980

[19] Ibid.

[20] AN F60 1485 et CDJC-XLIXa-90a : lettre du 16 juin 1942, du chef de l’état-major du Militärbefehlshaber in Frankreich (MbF), accompagnée de la copie d’une lettre du 12 juin 1942, du Maréchal Pétain adressée à l’ambassadeur de France, Fernand de Brinon et une note du 17 juin 1942, du SS-Obersturmführer Beumelburg, adressées au Höherer SS.

[21] Bénédicte Vergez-Chaignon, Pétain, Perrin, 2014.

[22] CDJC-XLIXa-107 Lettre du 9 août 1942 du service IVJ de la Sipo SD de Bordeaux adressée à la Sipo SD de Paris, avec deux notes des 4 et 10 juillet 1942 des indicateurs 351 et Bx 534. La note fait état de RB, la fille des usines Citroën qui a épousé M. Montesquio.

[23] Jean-Claude Valla, Ces juifs de France qui ont collaboré, Editions Dualpha, 2010.

[24] http://archivesautonomies.org/IMG/pdf/gauchecommuniste/internationaliste3ecamp/rkd-cr/tracts/tractyiddish.pdf

[25] Editorial d’Uj Elet, 20 octobre 1949, cité par Eugene Duschinsky, « Hungary », in Peter Mayer et al., The Jews in the Soviet Satelittes, Syracuse, 1953 . pp468-469.

[26] Vicki Caron, L’asile incertain : la crise des réfugiés juifs en France 1933-1942, Tallandier, 2008

[27] Abraham Léon, La Conception matérialiste de la question juive, éditions Kontre Kulture.

[28] Anne Grynberg, La Shoah l’impossible oubli, Gallimard, 1995

À ne pas manquer, la conférence de Jacob Cohen et Gilad Atzmon
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21 Commentaires

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  • #1316889
    Le 13 novembre 2015 à 20:19 par Mérée Drante
    La Shoah, tombeau de la lutte des classes dans le monde juif

    Article très intéressant, merci et bravo à l’auteur.

    Il est en effet toujours passionnant de se pencher sur la Shoah, ses buts et ses moyens... Et de découvrir, par dessus le marché (c’est le cas de le dire), que les "tatoués", comme se surnomment les déportés juifs, rescapés des camps, ne sont pas aussi religieusement respectés en Israël qu’ils ne le devraient. Voir ici en lien : http://www.liberation.fr/planete/20...

    On y apprend que 40 % de ces anciens déportés, d’une moyenne d’âge de 83 ans, vivent sous le seuil de pauvreté... Mais que fait Yad Vashem ?

     

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  • #1316897
    Le 13 novembre 2015 à 20:28 par Alan
    La Shoah, tombeau de la lutte des classes dans le monde juif

    Quel article puissant ! Je m’étais déjà poser ces questions après avoir découvert le Haavara, l’UGIF et après avoir lu Anthony Sutton, ce texte expose avec brio et consistance la vérité, qui est que la lutte des classes reste la principale et la plus légitime lutte, quels que soient les âges.

    Merci aux rédacteurs d’E&R !

     

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  • #1316957
    Le 13 novembre 2015 à 21:59 par JulienP
    La Shoah, tombeau de la lutte des classes dans le monde juif

    Enfin un article véritablement emmerdant pour le pouvoir sioniste, ça fait plaisir !
    Bravo pour cet excellent papier ! C’est effectivement une bombe.
    Continuez comme ça, et ne vous enferrez plus dans le négationnisme ! C’est contre-productif, c’est comme si vous vous tiriez une balle dans le pied. Les gens bêtes vous croient, et les gens lucides trouvent ça bizarre, et finissent par découvrir qu’il s’agit en fait de ménager les intérêts du sieur Soral . . .
    Bon, je ne m’attends pas à ce que ce commentaire soit publié, mais quoi qu’il en soit, félicitation !

     

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    • #1318200

      Ton commentaire prouve qu’il faut te consacrer une catégorie à toi tout seul, celle "des gens bêtes et lucides de mauvaise foi". Bravo.

       
    • #1320656

      @JulienP
      Trouve moi un seul article d’ER qui conteste explicitement l’existence des chambres à gaz. Nier leur existence est puni par la loi et, par conséquent, ER ne peut se tirer une balle dans le pied, pour reprendre ton expression, en s’exposant à des poursuites judiciaires.
      Ce détail juridique écarté, chacun est libre de penser ce qu’il veut sur la question. Et ce n’est pas sa prise de position qui le rangera dans la catégorie "bête" ou "lucide" mais son aptitude à défendre rationnellement (et non pas émotionnellement) son avis. Je n’en dirai pas plus.
      @ER
      Cet article est un pur chef-d’oeuvre de logique !!

       
  • #1316979
    Le 13 novembre 2015 à 22:43 par Sternum
    La Shoah, tombeau de la lutte des classes dans le monde juif

    Même si l’on était déjà partiellement informé de ces procédés honteux, lire ce document fort bien rédigé, donne la nausée, tellement l’élite sioniste apparaît pour ce qu’elle est : des individus sans scrupules, parfaitement méprisables. Le meilleur représentant actuel, est le personnage adipeux, qui intervient régulièrement sur les plateaux TV, en se définissant comme un très grand ami du sieur Netanyahu.
    Cela fait longtemps que l’on avait compris que les juifs assassinés pendant la seconde guerre mondiale, étaient les pauvres diables. Le plus abjecte est que l’élite sioniste, tout honte bue, spécule sur leur souffrance, pour assoir sa domination sur les peuples, par la manipulation, la culpabilité, et la terreur sociale en Europe.

    En conséquence, il est important de continuer à appliquer, comme ligne de conduite personnelle, que le juif d’en bas, est un frère en humanité, tandis que celui d’en haut, sauf à ce qu’il soit vertueux, est une crypto crapule à vomir.

    Quelle grande tristesse, et quelle affliction que notre pauvre monde fonctionne ainsi.

     

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  • #1317025
    Le 13 novembre 2015 à 23:30 par gelindo
    La Shoah, tombeau de la lutte des classes dans le monde juif

    Chapeau pour cet article. J’aurais apprécié que vous auriez aussi mentionné le fait que La nuit de Cristal, contrairement à la version officielle, était un coup fomenté par des juifs afin d’inciter leur coreligionnaires à quitter l’Allemagne.

    Gelindo

     

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  • #1317036
    Le 13 novembre 2015 à 23:37 par katholikhos
    La Shoah, tombeau de la lutte des classes dans le monde juif

    Le présupposé shoatique gâte cet excellent article. Mais toutefois, je m’étonne que l’on s’étonne du manque de solidarité des juifs lors des persécutions : comme le dit très bien l’article, le "peuple-un" ou "peuple-famille" n’est qu’un mythe manifeste et il le reste encore aujourd’hui, alors qu’il s’aggrave d’un autre clivage, racial celui-là, entre ashkénazes européens et séfarades, considérés un peu avec la même aménité que le Klan considérait les nègres...

     

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  • #1317160
    Le 14 novembre 2015 à 01:27 par Monsieur Michu
    La Shoah, tombeau de la lutte des classes dans le monde juif

    "Guerre éclaire" ? La guerre qui éclaire ? Ou la guerre qui passe comme un éclair ?
    Guère clair, tout ça.

     

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  • #1317180
    Le 14 novembre 2015 à 01:53 par mira
    La Shoah, tombeau de la lutte des classes dans le monde juif

    Sauver sa peau grâce à son argent ne me choque pas foncièrement mais que les sionistes fassent couler un bateau de migrants juifs ou ne fournissent l’aide financière pas à un maximum de juifs européens parce qu’ils sont pauvres me choque vraiment. Cela prouve que le sionisme est, dès le départ, une idéologie basée sur la discrimination.

    Excellent article. Merci

     

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  • #1317391
    Le 14 novembre 2015 à 08:42 par Frédéric Bautista
    La Shoah, tombeau de la lutte des classes dans le monde juif

    J’ai toujours pensé que le fond du problème était le pouvoir de l’argent.

    Cet article me conforte dans ce sentiment.

    Bien sur les convictions et grands mouvement politiques jouent un grand rôle...
    Mais quel est l’origine de ces mouvement, qui les fédèrent et portent leur projets ?

    Qui, si ce n’est ceux qui en ont les moyens...

    Ce que je veux dire par là pour être clair, c’est que derrière toutes les misères de ce monde, il y a toujours un gros tas de fric qui se cache...

     

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  • #1320282
    Le 16 novembre 2015 à 15:37 par Paul82
    La Shoah, tombeau de la lutte des classes dans le monde juif

    "Une question rarement posée dans sa simplicité même : quels juifs furent exterminés ?"

    Oui en effet.
    Cet article est remarquable. Bravo à l’auteur ainsi qu’à toute l’équipe. Trop souvent on passe à côté d’infos essentielles, faute de temps, de moyens, et dans le cas présent, de traductions (anglais, hébreu, allemand etc).

    Merci E&R !

     

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