Dans la grande entreprise de réécriture de l’histoire de France par les partisans du « grand remplacement », la Première Guerre mondiale, et plus particulièrement la bataille de Verdun, constitue un argument de poids. Son résumé est clair : les Africains ayant permis la victoire française, leurs descendants ont donc des droits sur nous.
Voilà qui explique pourquoi ces ardents défenseurs du « vivre ensemble » que sont MM. Samuel Hazard, maire socialiste de Verdun, et Joseph Zimet, à la ville époux de Madame Rama Yade, et en charge de la Mission du centenaire de la Grande Guerre, ont voulu mettre le sacrifice de millions de Poilus au service de leur idéologie.
Laissons donc parler les chiffres :
1) Effectifs français (métropolitains et coloniaux)
Durant le premier conflit mondial, 7,8 millions de Français furent mobilisés, soit 20 % de la population française totale.
Parmi ces 7,8 millions de Français, figuraient 73 000 Français d’Algérie, soit environ 20 % de la population « pied-noir ».
Les pertes françaises furent de 1 300 000 morts, soit 16,67 % des effectifs.
Les pertes des Français d’Algérie furent de 12 000 morts, soit 16,44 % des effectifs.
2) Effectifs africains
L’Afrique fournit dans son ensemble 407 000 hommes, soit 5,22 % de l’effectif global de l’armée française.
Sur ces 407 000 hommes, 218 000 étaient des « indigènes » originaires du Maroc, d’Algérie et de Tunisie, soit 2 % de la population de ces trois pays.
Sur ces 218 000 hommes, on comptait 178 000 Algériens, soit 2,28 % de tous les effectifs français.
L’Afrique noire fournit quant à elle, 189 000 hommes, soit 1,6 % de la population totale et 2,42 % des effectifs français.
Les pertes des unités nord africaines furent de 35 900 hommes, soit 16,47 % des effectifs.
Sur ces 35 900 morts, 23 000 étaient Algériens. Les pertes algériennes atteignirent donc 17.98 % des effectifs mobilisés ou engagés.
Les chiffres des pertes au sein des unités composées d’Africains sud-sahariens sont imprécis. L’estimation haute est de 35 000 morts, soit 18,51 % des effectifs ; l’estimation basse est de 30 000 morts, soit 15.87 %.
Pour importants qu’ils soient, ces chiffres contredisent donc l’idée-reçue de « chair à canon » africaine. D’ailleurs, en 1917, aucune mutinerie ne se produisit dans les régiments coloniaux, qu’ils fussent composés d’Européens ou d’Africains.
Des Africains ont donc courageusement et même héroïquement participé aux combats de la « Grande Guerre ». Gloire à eux. Cependant, compte tenu des effectifs engagés, il est faux de prétendre qu’ils ont permis à la France de remporter la victoire. Un seul exemple : le 2° Corps colonial engagé à Verdun en 1916 était composé de 16 régiments. Les 2/3 d’entre eux étaient formés de Français mobilisés, dont 10 régiments de Zouaves composés très majoritairement de Français d’Algérie, et du RICM (Régiment d’infanterie coloniale du Maroc), unité alors très majoritairement européenne.
Autre idée-reçue utilisée par l’idéologie dominante : ce serait grâce aux ressources de l’Afrique que la France fut capable de soutenir l’effort de guerre. Cette affirmation est également fausse car, durant tout le conflit, si la France importa six millions de tonnes de marchandises diverses de son Empire, elle en importa 170 millions du reste du monde.
Conclusion : durant la guerre de 1914-1918, l’Afrique fournit à la France 3,5 % de toutes ses importations et 5,22 % de ses soldats. Ces chiffres sont respectables et il n’est naturellement pas question de les négliger. Mais prétendre qu’ils furent déterminants est un mensonge doublé d’une manipulation.