« Pourquoi Dieu demande-t-il aux juifs de détruire Amalek ? » : telle est la question posée par le rabbin Eliyahu Kin en 2007 dans la dernière conférence d’un cycle intitulé Les 70 questions les plus difficiles du judaïsme.
« Pourquoi Dieu demande-t-il aux juifs de détruire Amalek ? » :
une intervention du rabbin Eliyahu Kin traduite par ERTV
Rappelons que Dieu a ordonné à Saül, par l’intermédiaire de son porte-parole Samuel :
« Maintenant, va, frappe Amalek, voue-le à l’anathème avec tout ce qu’il possède, sois sans pitié pour lui, tue hommes et femmes, enfants et nourrissons, bœufs et brebis, chameaux et ânes » (1Samuel 15,3). Amalek payait ainsi pour avoir empêché Moïse et ses douze tribus de traverser leurs terres pour envahir la Palestine. Dans une formulation cyniquement paradoxale, Yahvé avait alors demandé à Moïse d’« effacer le souvenir d’Amalek de dessous les cieux », tout en n’oubliant jamais que « Yahvé est en guerre contre Amalek de génération en génération » (Exode 17,14-16 ; Deutéronome 25,19).
Les Amalékites méritaient donc leur châtiment, confirme Rabbi Kin. La volonté de Dieu était que les juifs traversent leurs terre. Et la volonté de Dieu est le Bien, tandis que s’opposer à la volonté de Dieu est le Mal (« Le mal étant l’opposé du bien », précision nécessaire du rabbin). C’est pas compliqué : « Le bien ultime est ce qui accomplit la volonté de Dieu dans ce monde », tandis que le mal est « tout ce qui s’oppose à l’accomplissement de la volonté de Dieu ». Donc exterminer Amalek est le Bien, tandis que ne pas exterminer Amalek est le Mal.
C’est pourquoi Saül a fait le mal en épargnant parmi les Amalékites « le roi Agag et le meilleur du petit et du gros bétail, les bêtes grasses et les agneaux » (1Samuel 15). Pour le punir, Dieu l’a rendu fou et l’a conduit à a mort, pour le remplacer par David, qui fut un meilleur exterminateur (par exemple pour les habitants de Rabba, qu’il « mit en pièces avec des scies, des herses de fer et des haches, et les fit passer par des fours à briques » 2 Samuel 12,31 et 1 Chroniques 20,3).
Rappelons pour mémoire qu’avant les Amalékites, il y avait les Madianites. Eux aussi ont bien mérité d’être exterminés, parce qu’ils ont encouragé les juifs à épouser des non-juives. Or la volonté de Dieu est que les juifs se marient exclusivement entre eux.
Dieu ordonne donc à Moïse un génocide complet. Mais voilà que son peuple rechigne à la tâche et épargne, parmi les Madianites, les femmes et leurs petits enfants. Moïse n’est pas content. « Pourquoi avez-vous laissé la vie à toutes les femmes ? Ce sont elles qui […] ont été pour les Israélites une cause d’infidélité à Yahvé. » Les juifs doivent donc massacrer ces femmes et leurs enfants mâles, mais Moïse, dans sa mansuétude, les autorise tout de même à garder « les petites filles qui n’ont pas partagé la couche d’un homme, et qu’elles soient à vous ». Le butin s’élève à « 675 000 têtes de petit bétail, 72 000 têtes de gros bétail, 61 000 ânes, et, en fait de gens, de femmes n’ayant pas partagé la couche d’un homme, 32 000 personnes en tout » (Nombres 31,1-47).
C’était déjà bien gentil de la part de Dieu d’épargner le bétail. Normalement, pour les villes qui lui résistent, il faut tuer « tout ce qui respire », hommes et bêtes indistinctement (Deutéronome 20,13-18).
Le bon exemple est celui de Jéricho, où fut passé au fil de l’épée « tout ce qui se trouvait dans la ville, hommes et femmes, jeunes et vieux, jusqu’aux taureaux, aux moutons et aux ânes » (Josué 6,21).
Attention, Yahvé, c’est-à-dire Dieu, est bon. Donc s’il a ordonné d’exterminer les Amalékites, les Madianites ou les Jérichoïtes, c’est que ces massacres sont l’expression de sa bonté. En fait, voyez-vous, la haine suprême de Dieu est la preuve de son amour suprême. C’est pourquoi, explique le rabbin Elyahu Kin à qui je rends maintenant la parole, « la meilleure manière d’aimer ce que Dieu aime, c’est de haïr ce que Dieu hait. Si vous haïssez ce que Dieu hait, vous aimerez ce que Dieu aime. C’est comme ça que ça marche. Pour vraiment aimer ce que Dieu aime, vous devez haïr ce qu’il hait vraiment. Et Dieu hait Amalek. »
Et là, subtilité : Amalek ne veut pas toujours vous éliminer. Parfois, il veut juste vous assimiler, ce qui est presque pire. « Donc si vous ne le vainquez pas, si vous ne lui faites pas la guerre, vous courez le risque de vous faire assimiler. »
Si les Amalékites sont si dangereux, c’est qu’ils ont reçu « un concentré d’âmes impures », tandis que les juifs, c’est bien connu, ont reçu « un concentré d’âmes divines. » « Selon la Torah, le juif est le plus apte à faire le bien. » Comme par exemple exterminer Amalek.
Cela explique pourquoi Amalek n’aime pas les juifs. « Ce qui dérange Amalek, c’est que le Juif croit dans le moussar, la morale. Il n’aime pas que nous fassions preuve de bonté et de gentillesse. Il n’aime pas notre Torah, car il croit en son exact opposé. » En effet, les Amalekites rejettent la Torah qui leur ordonne d’être exterminés. Ils rejettent donc le bien et font le mal. Ils faut donc les exterminer.
En fin de compte, résume Rabbi Kin, « Nous sommes cruels envers Amalek parce que nous le devons. Parce que c’est exactement ce qu’ils nous feraient s’ils en avaient l’opportunité. S’ils le pouvaient, ils détruiraient le peuple juif. » D’où la parabole du médecin juif qui, s’il avait été prophète, aurait découpé et désossé Hitler à la naissance. Car il faut le dire : « Amalek est la concentration de la haine. » Or, il faut haïr la haine – sauf la haine de Dieu pour Amalek, qu’il faut aimer – donc il faut haïr Amalek de toute la haine de Yahvé, qui est amour. C’est pas compliqué !
Notons que, selon la Bible, Amalek ne veut pas exterminer Israël, simplement les empêcher d’envahir leur territoire pour semer la guerre de l’autre côté. Mais c’est indifférent : ceux qui se mettent en travers du chemin du pouvoir juif sont de potentiels génocidaires de juifs ; il faut les exterminer car, au fond d’eux, ils rêvent sûrement d’exterminer les juifs. Et même s’ils n’y songent pas, il faut les exterminer avant que l’idée ne leur vienne.
Mais, demande le Rab qui pense à tout, pourquoi exterminer aussi les animaux ? « Eh bien, les animaux peuvent facilement égarer nos émotions : regardez tous ces amoureux des animaux, qui parcours la terre entière pour sauver les baleines ! »
Autre explication, au choix : « Pourquoi se débarrasser de ces pauvres animaux ? Dieu refusait de laisser le moindre espace à de la pitié envers ceux appartenant ou associés à Amalek. » Quand on est Dieu, on fait pas les choses à moitié.
En résumé, il faut exterminer Amalek parce que Dieu l’a ordonné, et son commandement est éternel. Quand Amalek sera totalement ratatiné et passé à la moulinette, alors « tout le mal cessera d’exister. Tout le mal disparaîtra. Il n’y aura plus de mal. » Le Bien triomphera, « Dieu sera le roi de l’univers entier. » Ce sera le règne de la Torah. Pour cela, il revient aux juifs de bien écrabouiller Amalek. Dieu ne veut pas le faire lui-même. « C’est le job des juifs de réparer le monde et amener la venue de Dieu dans notre monde. » « Qui peut faire la différence et réparer le monde ? Le peuple juif. Comment ? Par la Torah qui nous donne la force de vaincre le cœur du mal. » En annihilant Amalek.
Mais au fait, qui est Amalek aujourd’hui ? « La réponse est très claire : c’est l’Allemagne », nous dit Rabbi Eliyahu Kin. En effet, les Allemands ont fait la Shoah, qui est éternelle. Hitler, qui se disait prophète, pensait que Dieu voulait exterminer les juifs. Mais c’est faux. Dieu veut exterminer les Amalékites. Exterminer les juifs est le Mal. Exterminer les Amalékites est le Bien. Et les Amalékites, justement, sont les Allemands.
En même temps, précise notre rabbin, « Amalek est partout. » Benjamin Netanyahou ajouterait : surtout en Iran.
« Pense Amalek ! » Ainsi se résume l’attitude de Netanyahou vis-à-vis de l’Iran, selon un de ses conseillers [1]. Pour les sionistes, de Ben Gourion à Netanyahou, l’histoire reste biblique jusqu’à l’accomplissement des prophéties, et écraser Amalek est un éternel recommencement. Sans aucun doute, depuis quelques années, les sionistes « pensent Amalek » à propos de la Russie, qui s’est mise en travers de leur chemin en Syrie.
À ce propos, le Premier ministre israélien Naftali Bennett a rencontré Vladimir Poutine au Kremlin il y a quelques jours. On se demande bien quel marché il lui a proposé. M’est avis que c’est quelque chose du genre : « Vlad, laisse-nous dépecer la Syrie et nous ne déclencherons pas une guerre mondiale contre toi. » Tout le monde, en effet, sait que les sionistes ont été capables par deux fois de transformer un conflit européen en guerre mondiale en y entraînant les États-Unis. Ils ont le savoir-faire.
Mais revenons à Rabbi Eliyahu Kin et son exégèse talmudique qui détermine que les Amalékites sont les Allemands. N’y a-t-il pas là une incitation à la haine contre les Allemands, voire un appel au meurtre ? Non, car le prétendre serait antisémite, ce serait de l’incitation à la haine ! De toute façon, c’est Dieu en personne qui appelle à exterminer Amalek, et on ne peut pas contredire Dieu.
Si un Amalékite déclare que Dieu hait les juifs et ordonne d’exterminer les juifs, alors là, oui : c’est un fou dangereux, il faut le mettre en prison, ou bien dans un hôpital psychiatrique. Mais si un rabbin dit que Dieu veut que les juifs exterminent les Amalékites, qui sont les Allemands, ou les Iraniens, ou les Russes, alors tout va bien, parce que nous sommes ici dans l’exégèse de la parole de Dieu. Respect.
Nous, peuples christianisés, avons appris que Dieu a, en des temps reculés, choisi les juifs et leur a ordonné d’exterminer les Amalékites et tous les peuples qui s’opposaient à leur domination, et que donc les juifs l’ont fait de droit divin, et que Saül a démérité en épargnant un seul homme. Oui, les prêtres nous ont enseigné tout ça. Mea Culpa, comme dirait Céline.
Que pourrions-nous bien objecter au rabbin ? Que Dieu a changé ? Qu’il s’était un peu laissé emporter ? Que les Amalékites ne sont plus ce qu’ils étaient, et qu’ils ont maintenant le droit de s’opposer à la conquête sioniste de Canaan ? Autant admettre que nous sommes cuits, prêts pour les fours à briques du roi David. Après tout, Dieu ordonne bel et bien, dans la Bible des chrétiens, d’exterminer les Amalékites, femmes, enfants et bestiaux compris. C’est indéniable, incontestable, irréfutable. Et Dieu est Dieu, nom de Dieu.
Nos ancêtres préchrétiens étaient beaucoup mieux armés contre ce qu’il percevaient comme la sociopathie collective juive. Ils voyaient très clairement que les juifs étaient sous l’emprise d’un dieu méchant. Plutarque rapporte dans son traité sur Isis et Osiris que certains Égyptiens assimilaient le dieu des juifs à leur dieu Seth, meurtrier d’Osiris, exilé par le conseil des dieux dans le désert d’où il revient sans cesse apporter la famine, la discorde et la violence. Cette opinion était si répandue dans le monde gréco-romain qu’on s’imaginait que les juifs adoraient dans leur Temple une tête d’âne, symbole de Seth.
Nous devons urgemment revenir à ce simple bon sens. Il en va de notre survie. Yahvé, le dieu des juifs, nous a fait croire qu’il était Dieu, alors qu’il est le diable. Nous devons retrouver nos esprit et proclamer que la Bible hébraïque est le livre le plus mensonger et le plus dangereux qui ait jamais existé. C’est une incitation permanente à la haine et un appel au meurtre contre tous les Amalékites qui s’opposent au projet biblique de domination mondiale et à leur propre destruction.
Il faut exiger qu’on interdise à quiconque de se revendiquer de ce livre maudit. OK, gardons les Psaumes. Mais la notion de « peuple élu » doit devenir hors-la-loi.
Et pendant qu’on y est, interdisons la mutilation rituelle des nouveaux-nés, comme l’avait fait le bon empereur Hadrien.