Pas besoin d’avoir fait Socio à Rennes 2 ou Psycho à Lyon 2 pour comprendre que l’industrie du cinéma d’animation va morfler, puis le cinéma tout entier derrière. Il suffit de regarder ce qui suit.
Les avancées de la technologie de l’image ont permis de produire ce filminet. Un simple internaute, armé d’un simple script préalable, a simplement appuyé sur un bouton. Adios la prod à 200 millions, dont 100 de marketing avec un scénar progressiste suicidaire.
Le film d’animation de l’année : cliquez sur le gros chat, il va bouger
Les acteurs voient le danger arriver : ceux qui ont accepté d’être numérisés ont cédé leur image à jamais, sauf les mégastars qui ont les moyens de négocier. Tout a commencé en Amérique, mais la panique traverse l’Atlantique.
Le coup de gueule d’un mauvais acteur contre l’IA dans le cinéma
Déjà secoués par la crise du cinéma, qui est une crise du contenu, pas du format – le septième art a été privatisé par une oligarchie qui se présente comme une grande famille et qui ne produit que du consanguin –, le carré des acteurs va se prendre le boulet de l’IA.
Vous allez nous dire, personne n’y échappera dans aucune des catégories professionnelles, même la nôtre. Parfois l’IA fera du bien (ou du mieux), parfois du mal, ou pire. Un agriculteur branché pourra mieux organiser sa production, tandis que l’industrie cinématographique se retrouve devant un choix cornélien : arrêter la technologie, ce qui est impossible, ou perdre sa puissance.
Car dans très peu de temps, n’importe quel geek de 15 ans pourra faire son film et l’envoyer sur le Net. Plus de salle, plus de producteur, plus de distributeur, plus d’acteurs, plus de MeToo, plus d’UGC (ouf), plus de CNC (on a failli écrire CSC mais c’est pareil). Plus d’intermédiaire, surtout.
Nous évoluons dans une société parasitée par la couche intermédiaire. Les perdants sont les producteurs et les consommateurs, c’est-à-dire l’offre et la demande. L’intermédiaire se place en régisseur de l’offre et de la demande, et se gave. Les fortunes récentes de l’uberisation sont issues de ce glissement de valeur.
Si les productions industrielles fabriquées à la chaîne risquent de disparaître, ou d’être remplacées par de l’IA, l’artisanat pourra, lui, revenir en force : la boucle sera bouclée. C’est le cas de la série d’animation Arcane, fabriquée par un studio français (Fortiche) qui mélange les techniques et les genres, la 3D sophistiquée avec la 2D à l’ancienne. Ennemis jurés du franglais, ne regardez surtout pas ce qui suit.
Cinéma, animation, 3D et IA vont fusionner, faire d’étranges petits et de gros dégâts. Il restera le cinéma indépendant à côté des grosses machines à sorties mondiales, le reste sera laminé. On est en train de passer de l’ère des dinosaures à celle des mammifères. On aura du De Niro en 2050 mais sans ses salades pro-Biden, Di Caprio sans la coke, ou Cotillard sans le yacht. Gageons que là encore, une nuée d’intermédiaires sauteront sur les projets pour prendre leur dîme au passage.
Si la technologie remplace l’homme-technique, elle ne remplace pas l’homme-idée : comme toujours, c’est l’idée qui fera la différence.
En 2023, Disney sort Wish, un flop à 200 millions de dollars. En 2022, le même studio perd 200 millions avec Strange World (Avalonia : l’Étrange Voyage), une superproduction avec un héros gay. Flow, une histoire originale et poétique réalisée par un studio franco-belge pour trois petits millions d’euros, fera un succès en salles en 2024.