Egalité et Réconciliation
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Pour le droit au blasphème, par Alain Soral

Texte initialement publié le 30 avril 2008

Monsieur Le Pen a tort, la chambre à Gaz n’est pas un détail.

Monsieur Le Pen a profondément tort, la chambre à gaz est tout sauf un point de détail, c’est même aujourd’hui, plus qu’hier encore, la religion, le dogme autour duquel tourne toute l’époque contemporaine. Dans l’ordre du sacrifice fondateur, la chambre à gaz a remplacé la croix du Christ.

Pourtant, ou justement pour ça, au nom du droit à la libre pensée face à ceux qui croient et veulent nous obliger à croire, je réclame le droit, pour Jean-Marie Le Pen, de considérer la chambre à gaz comme « un point de détail de la Seconde Guerre mondiale », comme tant d’autres se donnent le droit de chier sur la croix.

Que ce soit celle d’hier ou d’aujourd’hui, le citoyen libre se doit de lutter contre toutes les inquisitions et leurs cortèges sanglants de bûchers et d’abjurations. Nous, Européens, n’avons pas mis trois siècles à nous émanciper du pouvoir temporel du pape pour en arriver là !

Aujourd’hui, dans ce climat de judéomanie délirante – une judéomanie délirante et suspecte qui tient plus de l’esprit de la Collaboration que du combat pour le bien et l’amour des hommes – plus les souffrances de la guerre s’éloignent, plus c’est la Seconde Guerre mondiale toute entière qui devient un détail de la chambre à gaz !

50 millions de morts, russes, communistes, polonais, anglais, américains, civils, résistants, japonais et mêmes allemands et, parmi eux, 500 000 morts français, ce n’est presque plus rien face à la chambre à gaz, ou aux 28 000 enfants juifs que certains voudraient faire assumer pour l’éternité aux écoliers de France innocents.

Dans ma famille de Résistants savoyards où la guerre nous a coûté six morts et la ruine – comme elle coûta son père au petit Jean-Marie –, nous avons nous aussi sauvé des vies ; seulement c’était des Espagnols. Il faut dire qu’en ce temps-là, si on sauvait des juifs, on ne le faisait pas pour sauver le peuple élu mais pour sauver des êtres humains tout court, menacés par la méchanceté et la violence des hommes. À l’époque, on ignorait que 60 ans plus tard ne seraient plus comptabilisés que les sauvés marqués d’une étoile, et que sur le marché des Justes, ça ne vaudrait plus rien, les Espagnols !

De vous à moi, combien cette relecture de la Seconde Guerre mondiale, cette réécriture théo-différentialiste, à la limite de l’inégalité raciale, va-t-elle encore durer ? Combien de temps encore la Mémoire va-t-elle empêcher l’Histoire ? Au moment du Darfour, de la Palestine, de l’Irak, du Tibet... n’y a-t-il pas d’autres combats à mener pour le salut des hommes ? De massacres, de génocides, d’ethnocides à condamner, à empêcher ? Au moment où la montée en puissance de l’Inde et de la Chine est sur le point de remettre en cause le leadership de notre confortable et dominateur monde post-méditerranéen, les querelles intra-monothéistes sont-elle vraiment notre priorité ?

Qui aura le courage de dire, dans cet inquiétant climat de lynchage pour une petite phrase réitérée dans un obscur follicule breton, que le problème ce n’est pas le détail de Jean-Marie Le Pen. Une petite phrase plus taquine que méchante qui lui a déjà coûté 120 briques (et à ce prix-là, on peut comprendre que le peu dispendieux Le Pen ait envie de l’utiliser deux fois). Une petite phrase inattaquable – dois-je le rappeler ? – aux États unis d’Amérique, qui ne sont pourtant pas le pays de l’antisémitisme, parce que là-bas le 1er amendement garantit à tous, et pas seulement à Finkielkraut et ses sorties sur les « Antillais » qui « filent un mauvais coton » ou « l’équipe de France black-black-black » qui serait « la risée de l’Europe », la liberté de pensée et d’opinion.

Qui aura le courage, à l’heure où même ses supposés proches : identitaires jaloux et autres apparatchiks en embuscade se désolidarisent du vieux chef comme on se détourne d’un pestiféré, de dire que le problème ce n’est pas le « détail » mais la loi Gayssot ?

Cette loi d’exception contraire à tous les principes démocratiques et républicains, de l’aveu même de tous les politiques et historiens qui comptent, de Simone Veil à feu Vidal-Naquet. Une loi d’exception qui, en instituant par le délit l’Histoire officielle, interdit toute recherche historique et l’Histoire. Dubito ergo sum res cogitans. Nous savons pourtant bien, dans ce pays qui vit naître Descartes, qu’en interdisant le doute, c’est la pensée qu’on interdit. Loi inique, de surcroît fratricide, puisqu’en inaugurant la concurrence des mémoires – et par la jurisprudence dont se réclament déjà les Arméniens, les Africains, les Maghrébins, en attendant les Vendéens et les gays – elle incite au communautarisme victimaire généralisé, tuant la fraternité française et son universalisme républicain.

Trois siècles de haute philosophie, deux siècles de sécularisation du religieux et un siècle de séparation des Églises et de l’État pour en arriver là ? À ce retour en douce d’une Inquisition qui ne dit pas son nom ? Qui criminalise la dissidence, l’insoumission, le relativisme, le décalage, l’ironie, obligeant le rebelle à l’abjuration sous peine de ruine et de prison ?

Devant l’ignoble lynchage des bien-pensants et les discrets lâchages, moi le libre penseur, pour rester du côté des opprimés et des faibles dont le sort change avec l’Histoire, j’affirme mon soutien à Le Pen le relaps ; relaps comme Jeanne d’Arc et Giordano Bruno. Par principe, au nom du droit à la liberté jusqu’à la mal-pensance, au nom du petit doigt d’honneur levé devant les puissants botteurs de derches et leurs cohortes de lèches-culs, de faux culs, j’affirme mon soutien à l’insoumis.

Car ma peur, ma vraie peur, ce ne sont pas les provocations ou les lubies d’un vieil homme, mais la peur bien plus grande de voir ce pays sombrer chaque jour plus bas dans l’obscurantisme totalitaire.

Un pays de soi-disant culture et de liberté où la horde des veules, faux courageux, vrais tartuffes et autres pétaino-gaullistes éternellement dans le sens du vent se réjouissent déjà, à l’unisson, au nom bien sûr de la démocratie du bon et du bien, que le pays de Voltaire se promette de jeter demain en prison un vieux monsieur de 80 ans parce qu’il refuse de se dédire, parce que, têtu jusqu’à la déraison, il refuse de baisser la tête et de faire comme un chien, à coups de pieds au cul comme eux tous, là où on lui dit de faire.

En tant qu’intellectuel français dissident, moi, Alain Soral, qui ne bénéficie même pas des soutiens d’un Soljenitsyne du temps de sa splendeur dans le Vermont (va savoir pourquoi ça s’est gâté depuis), par ce simple texte, je réclame haut et fort, face aux désapprobations tonitruantes et aux silences gênés, le droit au blasphème pour tous, pas seulement pour Houellebecq ou Philippe Val de Charlie Hebdo.

Et, au nom de ce droit sacré en terre laïque, malgré tout ce qui nous sépare : âge, parcours, origine politique, je veux rendre hommage à un grand résistant. Pas un rentier de la Résistance à francisque. Un résistant à cette démocratie totalitaire qui tue la liberté, l’esprit d’indépendance, le sens de l’honneur et de la fidélité. Un résistant à cette République qui, à coup de devoir de mémoire forcé, de repentance obligatoire et autres criminalisations des automobilistes et des fumeurs, transforme peu à peu l’esprit français en catéchisme et le peuple français en bétail.

C’est, en somme, parce que je sais que l’affaire du détail est tout sauf un détail, que je réclame, pour Jean-Marie Le Pen, le droit de se tromper et le droit au détail !

Vive la France libre !

Alain Soral

 

Illustration : Pablo

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48 Commentaires

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  • #1155826
    Le 3 avril 2015 à 13:22 par paramesh
    Pour le droit au blasphème, par Alain Soral

    quant à création de la shoah en tant que religion nouvelle, c’est tout à fait logique puisqu’ historiquement sa réalité n’est plus discutable. la loi Fabius Gayssot étant la première loi anti blasphème de cette nouvelle religion, sa loi fondatrice.
    que la fuite d’Egypte, Jésus, Mohamed, la shoah, aient historiquement existé est un point de détail pour qui a la foi. une religion ne se justifie pas par l’histoire mais par l’adhésion.
    Même le droit au blasphème est un faux problème, car le respect aux croyances de l’autre tant qu’elles ne me forcent pas à renier les miennes devrait rendre ce droit au blasphème inutile : je PEUX le faire mais cela n’a aucun intérêt si ce n’est de faire mal

     

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  • #1155836
    Le 3 avril 2015 à 13:35 par chromi
    Pour le droit au blasphème, par Alain Soral

    ....mais sait t’on vraiment qui l’a inventé ?....moi tout ce que je vois c’est que les USA ont des chambres à gaz pour tué leurs comdamnés...et c’est le seul pays du monde à faire ca

     

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  • #1155849
    Le 3 avril 2015 à 13:51 par francky
    Pour le droit au blasphème, par Alain Soral

    C’est surtout le Procès du procès de Nuremberg qu’il faudrait faire.... Qu’en pensez vous ? J’attends vos réponses les amis....

     

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  • #1155884
    Le 3 avril 2015 à 14:51 par MaxC
    Pour le droit au blasphème, par Alain Soral

    Rien que l’introduction est sans équivoque et d’une légère teneur prophétique vu le délirium actuel qui sévi à ce sujet. En jouant sur la position contradictoire, la mise en exergue de ce dogme quasi-religieux est éclatante pour ceux qui savent encore lire un texte de façon neutre et pragmatique.

    La société laïque n’a jamais été aussi religieuse qu’aujourd’hui, ce qui m’étonne vraiment c’est l’agressivité des gens dès qu’on ose blasphémer ce dogme, même et surtout chez les goyim, alors qu’ils n’ont absolument aucun problème pour blasphémer soit les autres religions, les vraies religions, voir même les autres massacres, les autres cataclysmes humains de l’histoire.

    On a replacer le Sacré dans leur cœur par un sacré de synthèse.

    Et qu’on ne vienne pas me parler d’humanisme et d’humanité, de compassion et tout ce qui est sémantiquement équivalent. Arrêtez de vous voiler la face, vous n’en avez rien à foutre de vos compatriotes qui sont dans la misère et qui meurent de faim sous vos yeux et dans votre espace-temps et vous jouez les vierges effarouchées pour un temps qui est virtuellement révolu. Vous êtes des escrocs du véritable humanisme, celui qui touche les vivants !

    Un demi-siècle de bourrage de crâne et tu te crée une horde de défenseur acharné qui plus est n’ont absolument aucune culture historique de cette époque. Des gens qui sont tout simplement programmé pour aboyer et réagir comme des chiens qui reniflent le facteur derrière la porte.

    La laïcité est la pire escroquerie intellectuelle de l’histoire, comme tout ce qui est d’essence maçonnique.

     

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  • #1155941
    Le 3 avril 2015 à 15:54 par jehan
    Pour le droit au blasphème, par Alain Soral

    Merci Alain Soral. Belle prose. Vous êtes un homme libre.

     

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  • #1156160
    Le 3 avril 2015 à 19:40 par Charlie
    Pour le droit au blasphème, par Alain Soral

    Un seul mot Soral , bravo ! depuis le temps qu’ils méprisent de leur silence les 44 millions de femmes et hommes massacrés pendant la guerre, il fallait le dire...

     

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  • #1156192
    Le 3 avril 2015 à 20:21 par solaine
    Pour le droit au blasphème, par Alain Soral

    Alain, t’es un homme libre et tu le prouves par ton engagement malgré les embûches que tes ennemis (déclarés ou non) parsèment sur ton chemin pour te faire chuter... rappelle-toi, même le Christ fut crucifié malgré son message d’Amour... alors tiens bon et que Dieu te bénisse !
    T’as un bon fond et c’est cette liberté et honnêteté intellectuelle chevillées au corps qui font ton charme et ta grandeur. Je l’ai déjà dit et le redis encore une énième fois, grâce à E&R on s’informe, on s’instruit, mais pas que... et notre libre arbitre est plus que jamais en alerte... bref, en nous donnant l’exemple, tu nous rends fiers de nous comporter en hommes (et femmes) libres. Merci à toi.
    Vive Alain, E&R et la Liberté d’expression (de blasphémer) pour tous !
    Bien à toi !

     

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  • #1156759
    Le 4 avril 2015 à 16:25 par Rekedi
    Pour le droit au blasphème, par Alain Soral

    Bravo M. Soral. Pour moi, ce texte est historique !

     

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  • #1157295
    Le 5 avril 2015 à 14:36 par Attente
    Pour le droit au blasphème, par Alain Soral

    Pourquoi ce "point de détail" revient au devant de la scène ?....pourquoi Mr Bourdin a-t-il insisté sur ce point lors de son entretien avec Mr. Le Pen ? quand les médias recherchent le buzz et le sensationnel, ils n’hésitent pas à remuer la M....inutilement. Pourquoi il ne lui a pas parlé de ses crimes de sang en Algérie au lieu d’insister sur ses déclarations qui remontent à 30 ans. ou pour Mr.Bourdin, les victimes algériennes de Le Pen sont un point de détail de l’histoire ??
    Qu’est ce qu’un point de détail ??....si point de détail veut dire insignifiant, et anodin on ne peut pas dire que le génocide des juifs pendant la 2eme guerre mondial était anodin et insignifiant donc ce n’est pas un point de détail.
    Tout comme le génocide des indiens d’Amérique....sauf que le génocide des amérindiens est devenu un VRAI point de détail de la colonisation des Amériques car on n’en parle plus et on ne commémore pas la mémoire des victimes.
    A chacun sa vision de l’histoire et ses points de détails, les algériens, sont un point de détail pour Mr Bourdin, les juifs le sont pour le Pen, et les amérindiens le sont pour tout le monde !!
    En tant qu’être humain algérien, non juif et non amérindien, j’éprouve de la compassion pour les victimes juives de la 2eme guerre mondiale, comme pour les victimes amérindiennes de la colonisation des Amériques et algériennes du conflit de décolonisation.
    Si Le Pen affirmait que ses crimes personnelles en Algérie était un "detail de l’histoire" en tant qu’algérien je ne crierais pas au blasphème, je dirais juste qu’il est fidèle à lui même et à ses idéaux colonialistes de jeunesse, et que sa vérité n’est pas la mienne.

     

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    • #1159124
      Le Avril 2015 à 15:34 par zodraz
      Pour le droit au blasphème, par Alain Soral

      bonjour
      JMLP n’ a pas de crime de sang prouvés à son actif car devons nous rappeler ici que cette période est un conflit armé soit une guerre , ensuite ce n’est pas la tentative de génocide qui est un point de détail pour JMLP mais de savoir précisément les procédés utilisés ,gaz ,fusillades , faim , épidemies , mauvais traitements , épuisement au travail ... etc ... ( voir la vidéo origiale de l’interview )

       
    • #1166817
      Le Avril 2015 à 06:26 par Aoncle
      Pour le droit au blasphème, par Alain Soral

      De la compassion pour les victimes juives de la Seconde Guerre mondiale...

      Et pour les QUARANTE MILLIONS d’Européens non juifs victimes de la Seconde Guerre mondiale ? Par exemple pour neuf millions d’Allemands ?

       
  • #1162601
    Le 13 avril 2015 à 20:14 par santiago
    Pour le droit au blasphème, par Alain Soral

    Bravo patron !
    cette remise à l’heure des pendules était grandement nécessaire, qui mieux que vous pour non seulement la lutte pour la justice et la vérité, mais pour soutenir ce résistant extraordinaire qu’est JMLP, un homme d’un courage exceptionnel, trahi partiellement par les siens, par les plus faibles d’entre eux, les plus soumis ... c’est triste !
    Il faut lui dire qu’il est ici chez lui, et qu’ici TOUT le monde le soutient !

     

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