Avec l’arrivée (un peu tardive) dans le débat des Immortels de l’Académie, la guerre entre les traditionnels et les modernes repart de plus belle et va encore déchirer la France intellectuelle.
Et c’est tant mieux : il est nécessaire de réagir à cette tentative de destruction de la France par ce qu’elle a de plus profond, de plus structurel, de plus organique : sa langue.
Et la langue écrite française est un trésor, vérité que beaucoup de Français qui la négligent (comme on leur a appris à négliger tout ce qui est français) n’ont pas encore saisie.
En revanche, ceux qui s’y attaquent savent très bien ce qu’ils font et pour quel objectif. Démonstration avec un petit débat sur le service public de TV5 Monde mis en ligne le 8 octobre 2017, qui fait la part belle aux partisans de l’écriture inclusive avec les invités Chloé Sebagh, « cheffe de projet à l’agence Mots-Clés » et Raphaël Haddad, « docteur en communication ». Seule « l’intervention » de Raphaël Enthoven en vidéo fera contrepoint :
Les Immortels, à l’unanimité, estiment que cette nouvelle pratique est un danger pour la langue française.
Les immortels de l’Académie française se sont fendus ce jeudi 26 octobre d’une déclaration au ton alarmiste condamnant vertement l’écriture inclusive. Ils vont même jusqu’à prédire un« péril mortel » pour l’avenir de la langue française. Pour rappel, cette graphie consiste à inclure le féminin, entrecoupé de points, dans les noms, comme dans « mes ami·e·s », pour le rendre « visible ». Le « point milieu », ce signe situé à mi-hauteur des lettres, peut être utilisé alternativement en composant un mot comme « lycéen·ne » comme suit : racine du mot + suffixe masculin + le point milieu + suffixe féminin.
Cette pratique défendue par certaines militantes féministes au prétexte que la langue française « invisibiliserait les femmes » a beaucoup fait parler d’elle ces dernières semaines alors qu’un manuel scolaire, destiné à des élèves de CE2, a été publié pour la première fois en écriture inclusive en mars 2017. On peut y lire que « grâce aux agriculteur.rice.s, aux artisan.e.s et aux commerçant.e.s, la Gaule était un pays riche ». L’éditeur a expliqué avoir choisi d’appliquer les recommandations du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes datant de 2015.
Prenant acte de la diffusion de cette « écriture inclusive » qui « prétend s’imposer comme norme », l’Académie française élève à l’unanimité une solennelle mise en garde :
« La démultiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu’elle induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. On voit mal quel est l’objectif poursuivi et comment il pourrait surmonter les obstacles pratiques d’écriture, de lecture – visuelle ou à voix haute – et de prononciation. Cela alourdirait la tâche des pédagogues. Cela compliquerait plus encore celle des lecteurs.
Plus que toute autre institution, l’Académie française est sensible aux évolutions et aux innovations de la langue, puisqu’elle a pour mission de les codifier. En cette occasion, c’est moins en gardienne de la norme qu’en garante de l’avenir qu’elle lance un cri d’alarme : devant cette aberration “inclusive”, la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures.
Il est déjà difficile d’acquérir une langue, qu’en sera-t-il si l’usage y ajoute des formes secondes et altérées ? Comment les générations à venir pourront-elles grandir en intimité avec notre patrimoine écrit ? Quant aux promesses de la francophonie, elles seront anéanties si la langue française s’empêche elle-même par ce redoublement de complexité, au bénéfice d’autres langues qui en tireront profit pour prévaloir sur la planète. »
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