Quand les Maîtres de la télé te donnent une émission, tu ne craches surtout pas dans la soupe oligarchique. Alors tu fais le boulot, obséquieusement, dans le sens du vent, et tu te transformes en flicaillon de la pensée sans même t’en rendre compte. Et tu finis par défendre cette chieri.e d’écriture inclusive en faisant semblant d’être choqué quand tu entends une grappe de critique sur cette destruction programmée de l’orthographe.
C’est ce qui est globalement arrivé ce dimanche 22 octobre 2017 à Karim Rissouli, le bon Arabe de la télé. Plus royaliste que le roi, ou plus sioniste que le grand Kehalim, c’est la devise de l’animateur montant du service public, qui ne montre un peu de diversité que sous certaines conditions.
Ceux qui pensent que Rissouli représente une petite révolution à la télé se trompent. Se sont succédés depuis la création de l’émission, en septembre 2009, une sacrée brochette de propagandistes : Nicolas Demorand, Géraldine Muhlmann, Caroline Roux – celle qui fait du gringue aux patrons et aux politiques – et depuis 2016 Karim Rissouli. La forme a évolué, elle fait plus djeun’s, plus Internet, plus démocratique (les chroniqueurs sont moins maltraités) mais le fond demeure inchangé : la vulgate mainstream la plus tarte.
Quel que soit l’invité, c’est toujours la même sauce qui sort. Les gens qui réfléchissent ont zappé l’émission depuis des lustres, mais comme c’est gratuit, il y a toujours des téléspectateurs, par exemple dans les asiles (authentique, la télé est toujours allumée dans la salle télé).
L’idéologie de l’émission est calquée sur celle du Canard enchaîné, parce que les journalistes qui bossent avec Karim pensent que c’est le temple de l’indépendance et de la subversion. S’ils savaient… La preuve que ces karimistes ont un train de retard dans l’info, ils citent souvent Libération, le journal que plus personne de sérieux ne lit. Il est écrit par des stagiaires et s’adresse à des stagiaires de la pensée. Libé, une base de revue de presse ? On comprend pourquoi C Politique ne vole pas haut, éditorialement.
- Quelle ambiance...
Dans C pol (raccourci cool), on est contre l’extrême droite, pour le mariage gay, contre le fascisme, pour les victimes des pogroms anti-LGBT qui secouent notre pays, c’est simple, le plateau ressemble à un apéro de bobos le samedi après-midi. Du torchage de gueule au mauvais pinard (métaphore sur l’info). Les chroniqueurs regorgent de bien-pensance « Canal » dans le look et le phrasé, (on a failli dire le flow mais on se serait fait massacrer en coms), il y a même un fact checker, c’est-à-dire un dégonfleur de complotisme censé dénicher des vérités derrière les vérités officielles. Bonjour la tromperie !
Tout craint dans cette émission de désinformation qui se prend pour l’alpha et l’oméga du décryptage, et ce pour une bonne raison : le socialo-sionisme qui sert de socle idéologique à tous ces perroquets de l’oligarchie ne peut pas décrypter le système qui est justement basé sur le socialo-sionisme, ce libéralisme sociétal qui cache un totalitarisme. Et Pascal Bruckner, eh oui, va le dénoncer.
Ce totalitarisme, Karim, l’animateur issu des minorités, offensif sur l’info, jeune d’aspect (par rapport aux vieux croûtons qui animent les émissions d’actu), l’incarne si bien qu’il sait exactement quand intervenir pour rétablir la vérité officielle du type 1984. Écoutez-le reprendre Pascal Bruckner, qui est pourtant un sacré libéral-libertaire de compétition, mais qui tique sur l’écriture inclusive, la nouvelle lubie de la crétinosphère destinée à ramener la France à l’âge de pierre en matière d’éducation.
Le reportage sur Schiappa, monté comme une enquête sur les dessous du 11/09, évoque la relation privilégiée entre Marlène et Brigitte (Macron). Une révélation choc. La voix off décrit « un style cash » et on entend Marlène à l’Assemblée reprendre un macho avec un « oh gardez vos nerfs ». On est bien dans la télé française, lâche comme pas deux, et qui fait semblant de faire de l’information.
« Elle irrite la droite et l’extrême droite »
Il y a dans le portrait de Marlène des choses irrésistibles, comme l’intervention de sa concurrente directe Caroline de Haas, celle qui voulait élargir les trottoirs pour réduire le harcèlement sexuel des migrants à La Chapelle.
- C’est pas Angot c’est Haas
« Marlène Schiappa, à mon avis, son principal problème c’est son président de la République. C’est-à-dire tant que Emmanuel Macron n’aura pas mis des milliards d’euros sur la table pour l’égalité femmes-hommes et n’aura pas fait de ce sujet une priorité politique, elle ne réussira pas à transformer la société. »
Autodestruction idéologique hilarante de la gauche sociétale
Bruckner réagit au hashtag « BalanceTonPorc » :
"Je suis inquiet que le tribunal de l'opinion publique remplace l'Etat de droit" Pascal Bruckner #balancetonporc #CPolitique pic.twitter.com/KDO6AF8qHR
— C Politique (@CPolF5) 22 octobre 2017
Bruckner, intelligemment, compare le féminisme à l’ancienne qui incluait les hommes – le féminisme à la française, universaliste – et celui de BalanceTonPorc – un féminisme à l’américaine – qui les exclut. Un combat exclusif, qui ne va pas dans le sens de l’écriture... inclusive !
"Je ne suis pas favorable à l'enseignement de l'écriture inclusive à l'école" @MarleneSchiappa #CPolitique pic.twitter.com/qs46dpkw06
— C Politique (@CPolF5) 22 octobre 2017
Sur l’écriture inclusive, Schiappa rappelle qu’elle ne la défend pas, tout en utilisant le verbe « visibiliser » à plusieurs reprises. Or ce verbe n’existe pas.
C’est alors que Bruckner fout les pieds dans le plat mainstream dans lequel bouffe Karim :
"L'écriture inclusive est un mélange de crétinisme et de totalitarisme" Pascal Bruckner #CPolitique pic.twitter.com/n2UTVnvukc
— C Politique (@CPolF5) 22 octobre 2017
- Le moment où Rissouli panique au mot « pédophilie »
Et le plus drôle, et on finira là-dessus, c’est que Bruckner est inattaquable en tant que personnalité « culturelle » de premier plan, du coup Karim ne lui rentre pas dans le lard, mais il doit quand même intervenir parce que Bruckner a amalgamé cette connerie d’écriture inclusive à la « pédophilie » ! La double injonction contradictoire fait péter de trouille Karim. On sent qu’il redoute la punition oligarchique, le coup de fil de BHL, l’article de Libé, la remontrance du Monde…
Ah, si un facho avait sorti ça, tout aurait été plus simple et Karim lui aurait réglé son compte sur le champ !
Quant à nous, on a bien rigolé – merci à tous les comédiens – comme à chaque fois qu’un des principes du catéchisme dominant en dézingue un autre. La bien-pensance n’a pas fini d’en chier, on vous le dit !