La députée mahoraise Estelle Youssouffa préconise la levée du visa d’exception, qui ne permet aux étrangers de séjourner que dans l’île française. L’objectif, responsabiliser l’État.
[…] Les deux rapporteurs, la députée Liot de Mayotte, Estelle Youssouffa, et l’élu Horizons de Corse Laurent Marcangeli, ont établi, en 75 pages, un état des lieux détaillé du poids budgétaire de l’immigration dans le 101e département français. Pour eux, la métropole doit prendre sa part. « On nous dit que l’immigration des Comores n’est pas un problème, alors que tout le monde en profite ! », défie l’élue mahoraise.
[…] Les parlementaires préconisent de mettre un terme au « Visa Territorialisé à Mayotte ». Ce titre de séjour, propre au 101e département, permet aux étrangers de séjourner exclusivement à Mayotte, sans aller plus loin – à moins d’attaches familiales en France. […] « On nous dit de serrer les dents, on nous accuse aussi de manquer de solidarité. Mais ici, on est saturés. 50 000 étrangers irréguliers, c’est insupportable pour notre petit territoire de 374 km². Alors que pour l’Hexagone, ce n’est pas grand-chose ! », argue Estelle Youssouffa.
Le rapport révèle des données inédites, obtenues « au forceps » auprès de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte. Les chiffres sont formels : avec 93 000 patients Français pour 85 000 d’autres nationalités en 2022, la moitié des prises en charges hospitalières à Mayotte bénéficie aux étrangers. Pour y remédier, les députés préconisent l’instauration de l’Aide médicale d’État (AME) qui – autre exception – n’existe pas à Mayotte. Ce dispositif permet aux étrangers en situation irrégulière, sous conditions de résidence et de ressources, de bénéficier d’un accès aux soins en France.
L’objectif de l’étendre à l’île est double. D’une part, soulager le centre hospitalier de Mamoudzou, à qui revient actuellement la charge de l’ensemble des soins. « La moitié de l’enveloppe budgétaire de l’hôpital va aux étrangers, qui profitent de soins gratuits. Cela crée une concurrence dans l’accès à la santé, car à l’arrivée au centre, on fait attendre le Mahorais pour donner la priorité au Comorien. Alors que le Mahorais, lui, paie sa consultation », pointe Estelle Youssouffa.
L’autre avantage serait de lever le flou sur le coût réel de l’immigration sur le système hospitalier du département. […] « Nous portons cette proposition depuis plusieurs années, mais l’État l’a toujours rejetée. La seule explication est qu’ils veulent cacher les chiffres. Il serait gênant que la métropole sache le coût véritable de l’immigration sur la santé à Mayotte », estime l’élu, qui rappelle que 75 % des évacuations sanitaires vers La Réunion bénéficient à ce jour aux étrangers Mahorais.
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