De grève générale en journée « île morte », le département français qui cristallise tant de problèmes (45% de population étrangère en situation irrégulière !) a réussi à se faire entendre par le Parlement. La France insoumise a réclamé une aide d’urgence de 1,8 milliard et sous la pression, le gouvernement annonce « une conférence pour l’avenir de Mayotte ».
« Barrages routiers, opérations escargot, journées "ville morte", grèves… Depuis trois semaines, les habitants de l’île de Mayotte se mobilisent contre l’insécurité et pour l’amélioration des conditions de vie dans ce département français d’outre-mer. Si les premières manifestations rassemblaient un millier de personnes, ils étaient dix fois plus, mercredi 7 mars, à battre le pavé du chef-lieu, Mamoudzou, selon les chiffres de l’intersyndicale et du collectif d’associations de Mayotte à la tête de la contestation. Le même jour, dans un communiqué commun, les parlementaires de l’île, les maires et les élus départementaux ont annoncé rejoindre le mouvement et indiqué que "les collectivités locales seront fermées jusqu’à nouvel ordre". Ils estiment à 1,8 milliard d’euros les besoins du département pour "mettre en place les conditions de tranquillité des Mahorais." » (Source : France 24)
La réponse d’Annick Girardin, ministre des Outre-mer, le 6 mars 2018 à l’Assemblée nationale :
« Mayotte, c’est 84% d’habitants qui vivent sous le seuil de pauvreté. Mayotte, c’est 45% de personnes étrangères en situation irrégulière. Mayotte c’est la plus grande maternité de France. Pour être au rendez-vous, il nous faudrait créer une classe par jour. »
Devant les grèves en série dans les lycées gangrénés par la violence, le ministre annonce l’envoi de deux pelotons de gendarmes mobiles.
Le député LR Virginie Duby-Muller égrène la liste des violences et raille la mesurette du ministre avec ses « 20 gendarmes supplémentaires » :
« Le cœur du problème mahorais c’est surtout une immigration clandestine totalement incontrôlée »
Le gouvernement actuel, qui vient de débarquer, s’en prend plein la courge, il est vrai que ses députés ne sont pas tous au niveau.
Ça fait plus de 15 JOURS que Mayotte se soulève pour protester contre l'insécurité. Mais cette députée La République En Marche :
1) N'est pas au courant
2) Pense que Mayotte est une ville#Quotidien ⬇ pic.twitter.com/foywo4RsPQ— Quotidien (@Qofficiel) 7 mars 2018
Mais il faut reconnaître que les gouvernements précédents n’ont rien fait de très efficace pour résoudre l’insécurité sociale et physique des Mahorais. Ceux-ci sont en colère et le montrent.
Pour Jean-Luc Mélenchon (le 8 mars à l’Assemblée), la solution se trouve dans un partenariat entre la France, sa métropole et l’Union des Comorres, ces îles qui fournissent le gros contingent des clandestins qui déséquilibrent l’économie et la vie de Mayotte. Il propose de recevoir les 5 000 mineurs isolés en métropole, tout en investissant dans les secteurs de l’eau, des transports et de l’éducation.
Une question demeure : ces clandestins sont-ils assimilables, et à Mayotte, et en métropole ? Mélenchon qui défend le droit du sol, ce qui revient à accepter les clandestins par leurs enfants nés sur place, imagine-t-il l’appel d’air que cela crée ?
Mayotte est évidemment, comme Calais, un laboratoire, celui de l’autorité réelle de l’État et du choc migratoire dans un contexte social tendu.