#Macron Candidat, avril 2017 : " il est incompréhensible que des peines de prison de moins de 2 ans ne soient pas exécutées. Je créerai 15 000 places de prison".#Macron Président, mars 2018 : "Je mets fin à la prison pour toutes les peines inférieures à 6 mois". pic.twitter.com/Jew9fzMxi1
— Olivier Marteau (@MarteauOlivier) 6 mars 2018
Le parjure est une habitude chez les politiques, on ne reviendra donc pas sur l’avant et l’après élection, chacun vendant avec plus ou moins d’habileté sa fiole de guérison magique à des gogos cent fois floués. Et dans le domaine de la vente ambulante, Macron est un as.
Les peines inférieures à 6 mois (ou un an) ne seront donc pas effectuées, et chacun connaît la valeur d’exemple du bracelet électronique, des TIG (généraux) ou TIC, travaux d’intérêt collectif... sur les délinquants récidivistes.
« Je rachète ma dette en travaillant pour la société, c’est constructif. »
Il s’agit de jardiner un peu dans les parcs publics, d’aider une mamie à traverser la rue, bref, un « stage » de citoyenneté qui transforme le délinquant multirécidiviste en ange du vivre-ensemble. L’exemple de la vidéo est évidemment idéal.
Lyon Mag a le 6 mars conté l’histoire charmante de ce prévenu de 16 ans qui en était à sa 79e mention sur son casier.
« Le jeune homme a été interpellé dimanche après-midi alors qu’il venait d’avoir une altercation avec un automobiliste quadragénaire avenue Gabriel-Péri à Vaulx-en-Velin. A scooter, l’adolescent s’est rapproché de son vis-à-vis, l’a menacé de mort avant de briser sa vitre à coup de poing. Les éclats de verre ont alors blessé la fille de l’automobiliste au visage (2 jours d’ITT). [...] S’il était condamné cette semaine, cela signerait son implication dans une 79e affaire judiciaire. Aux juges de trouver les mots justes pour lui faire comprendre que son comportement mérite une révision. »
Laissons Nicolas Dupont-Aignan décrire le plan du président pour désengorger les prisons françaises... et augmenter le taux de délinquance dans les rues, selon le principe des vases communicants.
« Ce mardi à Agen, M. Macron a dévoilé son plan pour désengorger les prisons françaises. M. Macron se pose en successeur de Mme Taubira avec une philosophie simple : offrir aux délinquants le plus de chances possibles d’échapper à l’incarcération. M. Macron propose ainsi d’en finir avec les courtes peines de prison ferme (qu’il soit permis de se demander ce que signifie le terme prison ferme dans ce cas) et de systématiser les peines alternatives.
Alors que les agressions aux personnes et aux biens ne cessent d’augmenter, alors que les Français éprouvent un légitime besoin d’un État protecteur, alors que les policiers, gendarmes et personnels pénitentiaires sont de plus en plus soumis aux outrages des voyous, je dénonce et condamne cette politique laxiste, terreau d’une violence incontrôlée. Avachi devant le politiquement correct, M. Macron joue les apprentis sorciers et sa soi-disant révolution pénitentiaire illustre la déconnection entre ce pouvoir hors sol et le pays.
Ma philosophie est la suivante : la prison est un passage obligé pour les délinquants d’où une fermeté nécessaire dans l’application des peines. Mais les prisonniers doivent vivre dans des conditions décentes et je refuse qu’ils s’entassent à plusieurs dans les cellules, d’où ma volonté de construire suffisamment de places de prison. Enfin, la prison doit permettre de réinsérer par l’apprentissage d’un travail. »
S’ensuit la liste de 11 mesures pour nos prisons.
Macron en immersion à Fresnes : « Là où vous avez raison c’est que des petites peines, c’est pas forcément utile ».
Nous avons souvent souligné sur E&R la congruence entre la racaille d’en haut et celle d’en bas, une congruence objective puisque la magistrature, traditionnellement de gauche – donc non punitive – s’est toujours évertuée à réduire voire annuler les peines contre les délinquants de tous ordres. Si la prison n’est pas la solution, si la population n’a pas le droit de se défendre, et que la police voit ses moyens humains et matériels diminuer, à qui se fier pour sa sécurité ?
À la sécurité privée, pardi, celle des nantis ! Même constat dans le domaine de la santé : aux uns la protection de plus en plus décousue d’une sécurité sociale publique, aux autres les remboursements avantageux des « bonnes » mutuelles privées.
La solution Macron de désengorger les prisons en retirant les « petites peines » et de consacrer l’argent théoriquement destiné à de nouvelles prisons à l’amélioration de l’ordinaire (de vie des gardiens et des détenus) des prisons existantes n’est pas idiote mais elle risque de provoquer un appel d’air à la délinquance, ou du moins l’idée d’une dépénalisation/légalisation de fait dans la population à risque.