Emmanuel Macron a mangé son pain blanc. Il l’a mangé vite, en jeune homme pressé. Mais il est, aujourd’hui, confronté aux conséquences de ses décisions et de ses actions.
La déliquescence du groupe parlementaire de La République en Marche, son propre parti, est devenue évidente aux yeux de tous. Les « couacs » parlementaires se multiplient. Les dysfonctionnements répétés qui affectent son propre gouvernement commencent à être sur la place publique. Il a perdu le capital de confiance qu’il pouvait avoir dans les grandes administrations, et en particulier dans celles qui représentent la force de l’État, la police et l’armée. Il ne s’est attaqué, que ce soit en actes ou en paroles, à aucun des grands problèmes qui taraudent aujourd’hui notre pays, et pourtant – ou peut-être à cause de cela – il voit sa popularité fondre à vue d’œil.
Il s’est aussi aliéné nombre de ses anciens soutiens, qu’il s’agisse de soutiens dans le cadre national ou à l’international. Il verse désormais dans une démagogie antiparlementariste rampante, avec une loi de « moralisation » de la vie politique à la fois inefficace, injuste, et ne réglant aucun des problèmes auxquels elle prétendait s’attaquer. Il doit se préparer à une crise sociale, dont nul ne peut aujourd’hui prévoir l’ampleur ou la durée dés cet automne, et ce dans une situation où la légitimité même de son pouvoir sera mise en cause.
Erreur de communication ou hypothèses hasardeuses ?
Cette situation peut s’analyser superficiellement comme le produit de la politique réduite à la communication. Comme tout raccourci, ce dernier contient sa vérité. La communication l’a bien souvent, et trop souvent, emporté sur la substance. On l’a vu dans la contradiction entre son projet, libéral, et la nationalisation des chantiers navals STX. On l’a vu, aussi, justement dans les palinodies auxquelles le vote de la loi de « moralisation » de la vie politique a données lieu.
Mais, ce n’est qu’un raccourci. Emmanuel Macron, en réalité, bute sur les hypothèses mêmes de son projet politique. Une de ces hypothèses est qu’un pays peut se diriger comme une entreprise. Une autre hypothèse est qu’il suffit d’avoir un chef intelligent (moi, a dû penser Emmanuel Macron) et des médias complaisants, et que pour le reste on pouvait puiser dans la « société civile » pour faire des députés, et un parti politique.
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La popularité d’Emmanuel Macron chute lourdement
Dans notre baromètre YouGov, le président de la République et son premier ministre voient leur popularité baisser considérablement.
La mauvaise passe se confirme pour le couple exécutif. Selon notre baromètre YouGov du mois d’août réalisé pour Le HuffPost et CNews, la cote de popularité d’Emmanuel Macron chute très lourdement, passant de 43% d’opinions à 36% en un mois. Une effondrement de 7 points qui vient conclure un mois de juillet pour le moins compliqué pour le chef de l’État.
Baisse du budget de la Défense, départ du chef d’état-major des armées, baisse des APL, cacophonie à l’Assemblée... Le président de la République a vu les polémiques s’enchaîner les unes après les autres, ce qui est sanctionné aujourd’hui, comme le laissait penser le sondage Ifop paru dimanche 23 juillet dans le Journal du dimanche.
Et les choses ne sont guère plus réjouissantes pour le premier ministre. Édouard Philippe voit en effet sa cote baisser de 2% pour arriver à 37% d’opinions favorables, dépassant d’une courte tête celle du locataire de l’Élysée.