En Libye, nous savons qui organise l’ignoble trafic d’êtres humains à destination du sud de l’Italie. Ce n’est pas l’État islamique, puisqu’il est assiégé dans Syrte. Ce sont nos « amis » et « alliés », Frères musulmans de Misrata et salafistes de Tripoli ou d’autres cités littorales. Ils se refont actuellement une vertu aux yeux des Occidentaux en attaquant l’État islamique, leur ancien partenaire.
Il n’y a donc pas à s’étonner de voir la déferlante de clandestins prendre de plus en plus de volume puisque c’est aux organisateurs du trafic que l’UE a sous-traité l’éradication de l’État islamique. Les passeurs préviennent les navires européens quand ils lancent sur les eaux des esquifs inaptes à prendre la mer ; pour ne pas avoir sur la conscience la mort de milliers de clandestins, les bons samaritains se précipitent alors afin de leur éviter la noyade. Et pour les installer en Europe... Le 25 mai, 5 600 forceurs de frontière furent ainsi « secourus ». Le 26 juin ils furent 3 324. Du jeudi 23 juin au mardi 28 juin, leur nombre explosa puisqu’ils furent 10 000. Du 1er janvier au 28 juin 2016, selon le HCR, 66 000 d’entre eux furent débarqués dans les ports italiens par les bâtiments de guerre européens. Sur ordre de qui ? La question ne mérite-t-elle pas d’être posée à nos hommes politiques ?
Soutenus militairement par la Turquie, par l’insatiable petit émirat du Qatar, par l’UE et par les États-Unis, ceux qui sont à l’origine du chaos libyen se présentent maintenant comme les garants du retour à la paix. Tout en continuant à organiser en l’amplifiant le juteux trafic des clandestins rebaptisés « migrants ».
Pourquoi cesseraient-ils puisque l’ONU et la « diplomatie » de l’UE les ont mis au pouvoir à travers le gouvernement dit d’Union nationale constitué le 19 janvier 2016 ? Dirigé par Fayez el-Sarraj, cet appendice onusien est dominé par Misrata et placé à la merci de ses milices. Voilà les pyromanes devenus pompiers…
Ce scénario risquant de déboucher sur une guerre entre la Tripolitaine gangstéro-islamique et la Cyrénaïque du général Haftar, il est donc urgent de changer de paradigme. Désormais, la priorité doit être l’éradication des gangs-milices au profit des vrais acteurs tribaux tenus à l’écart du processus politique.
Une politique réaliste serait d’aider à la reconstitution des alliances tribales détruites par l’intervention franco-otanienne de 2011. L’opportunité existe car les avocats de Saïf al-Islam, le fils du colonel Kadhafi, viennent de demander à la CPI d’abandonner les poursuites le visant pour « crimes contre l’humanité ». Or, lui seul, de par ses liens du sang avec, à la fois la confédération tribale de Cyrénaïque et celle de Tripolitaine [1], est à même de jouer le rôle fédérateur nécessaire à la pacification de la Libye. D’autant plus que, le 14 septembre 2015, le Conseil suprême des tribus de Libye l’a désigné comme son représentant légal.
L’obstacle à ce retour au réel a un nom : l’ignorance (ou la complaisance) de l’UE qui s’obstine à soutenir les Frères musulmans de Misrata et les islamistes de Tripoli. Pourquoi ? Voilà une question qui devrait être posée à Bruxelles.