Le mouvement place de la République s’est éteint progressivement, même s’il poursuit son activisme sous d’autres formes. Ses militants veulent croire à une transformation politique.
La Place de la République s’est vidée peu à peu. Finies les AG à ciel ouvert, finis les stands type fête de l’Huma, finies les commissions-débats. Quelques tags qui demeurent dans la station de métro et sur les dalles de la place sont les derniers vestiges de l’activité révolutionnaire. Sur le site Convergence des luttes, qui postait jour après jour les comptes rendus de l’Assemblée populaire, le compteur s’arrête au 31 mai, « 91 mars » en terminologie militante. Trois mois après son commencement, Nuit debout s’est recouché. Pour autant, doit-on en conclure qu’il ne s’agissait que d’un épiphénomène grossi par les journalistes ? Ou bien le mouvement s’est-il déplacé ailleurs ? Il est difficile de mesurer la fécondité d’un mouvement qui revendiquait pour principes une absence de centralisation et de leadership.
« La période de débat à ciel ouvert est terminée, le moment le plus visible du mouvement est fini », estime Julien Bayou, le porte-parole d’EELV qui était très présent place de la République. Patrick Farbiaz, ex-militant de mai 68, membre de la Commission Écologie de Nuit Debout, s’est rendu quotidiennement place de la République, de 16 heures à minuit, pendant deux mois et demi. Il constate aujourd’hui une « baisse d’intensité indéniable ». Mais selon lui, « le mouvement n’est pas éteint, il se prolonge dans les esprits ». « Nuit debout, c’est comme Mai 68, c’est un film, pas un clip comme ont pu l’être le mouvement du CPE ou contre les retraites », assure-t-il. « Une génération a pris conscience d’elle-même ».
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Pas de Grand soir pour Nuit Debout
Les voitures-balais du Réel emporteront jusqu’au dernier crachat de cette rébellion d’ectoplasmes.
Nuit Debout ne s’achèvera pas dans une aurore. Nuit Debout n’enfantera pas de « genre humain transfiguré » ; et la Terre tourne toujours. Les cadavres de bouteilles, les boites de kébab et les rognures de hachisch s’en vont dans la benne à ordures. Les rêves salissants sont balayés d’un geste rapide par un travailleur immigré de la Fonctionnelle – une équipe de nettoyage d’élite –, travailleur qui n’aura bien évidemment jamais mis les pieds dans cette assemblée hypocritement populaire, et qui, sans doute, n’en aura presque rien su (sauf qu’elle engendrait pour lui un fâcheux surcroit d’effort : jusqu’à 200 mètres cube de détritus chaque matin). Nuit Debout pour les bobos, Matins dans l’urine pour les prolos.
Essoufflé au bout de trois mois, le Soviet-club de la République finit bêtement et dans l’indifférence générale. S’est-il seulement passé quelque chose sur la place de la République, durant ces longues semaines ?