Les coachs en séduction, une certaine idée de l’enfer,
un article de Victoria Lavelle (et édité par Natacha Zimmermann) pour Slate
Cours sur les relations femmes-hommes, formations à la drague de rue... Ces soi-disant experts proposent des prestations parfois à plusieurs centaines d’euros, teintées d’une idéologie antiféministe.
Remy, la petite quarantaine, chemise ouverte, mèche blonde et rasé de près, est coach en séduction à Paris depuis trois ans. « Relooking, ateliers street session, consultations en ligne… » Au fur et à mesure qu’il détaille ses formations, les effluves de son eau de Cologne envahissent le hall du luxueux hôtel de Montmartre où nous nous trouvons. Sa clientèle ? « Des ingénieurs, des geeks, des mecs brisés par un divorce ou une rupture, qui ont entre 18 et 50 ans. »
Ils sont quelques dizaines en France à exercer ce métier de love coach, majoritairement dans la capitale. Sur Internet, les pseudos défilent : « Mike, le dragueur de Paris », « Loup, expert en séduction », « Logan séduction », « Léo le philogyne » (« Léo qui aime les femmes », donc). Tous proposent du coaching à des hommes plus ou moins âgés, « isolés socialement et amoureusement », selon Émilie Delétré, coach en séduction et en développement personnel. Drague de rue, conseils sexo, perfectionnement de sa plume virtuelle sur les applis de rencontre : il y en a pour tous les goûts.
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Les livres d’Alain Soral et de Neil Strauss en guise de bibles
Ces coachs en séduction ont développé une philosophie de l’amour à part entière. Leurs références : The Game du journaliste américain Neil Strauss et Sociologie du dragueur [1] de l’essayiste d’extrême droite Alain Soral. Deux livres de psychologie populaire écrits dans les années 2000 [2], devenus des bibles pour ces hommes en quête de relations.
« Cela parle de comment séduire les belles femmes même si on est timide, mal dans sa peau et mal à l’aise », explique Alexis, coach en séduction.
Si le livre de Strauss propose des méthodes concrètes pour séduire – comme celle du « push and pull », « une approche manipulatrice pour troubler l’autre et le rendre dépendant de l’attention qu’on lui porte et qu’on peut lui retirer à tout moment », nous explique un lecteur – celui de Soral est plus théorique. Pépites sexistes, généralités et classification des femmes y sont fréquentes. Exemple : « La pétasse : c’est une couche-utile qui marchande, ne sait pas donner. Le dragueur cherche les pétasses pour retrouver le plaisir de punir. La bonniche : elle donne, elle est mystique et soumise. »
Derrière ces ouvrages, une même pensée : celle de la désirabilité des différences entre hommes et femmes. « Les hommes qui se tournent vers des coachs recherchent des conseils pour apprendre à séduire, à aborder la gent féminine. Quant aux femmes, elles préfèrent un coaching dédié à la relation sur le long terme, à l’engagement », affirme d’ailleurs Nesrine Devlove, coach pour femmes depuis un an.
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La supposée crise du marché
À en croire les coachs, le marché de la séduction est en crise. Dans leur viseur, un ennemi commun : le féminisme, qui serait « allé trop loin, car il a créé un déséquilibre dans les relations hommes-femmes », selon Mélanie Gourarier, sociologue et autrice de Alpha Mâle–Séduire les femmes pour s’apprécier entre hommes. La drague, c’était mieux avant, regrette Remy : « Il y a dix ans, place Saint-Michel, à Paris, on trouvait une trentaine de mecs qui tentaient leur chance auprès des nanas. Aujourd’hui, la drague de rue est abîmée par le féminisme et la distanciation sociale. »
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Pour éviter de dire n’importe quoi,
le mieux reste encore de lire le livre !
À revoir : la bande-annonce de Confession d’un dragueur, le film d’Alain Soral
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Images d’archives : Alain Soral et la conquête des femmes (1996)
Drague, séduction et éternel féminin : revoir également le passage d’Alain Soral chez Mireille Dumas en 1994 !